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sices elementa mathematica, experimentis confirmata, La Haye, 1720 et 1742, trad. en français par Joncourt, 1746; Philosophiæ Newtonianæ instituta, 1723 et 1744; Introductio ad philosophiam, metaphysicam et logicam continens, 1736 et 1756, trad. en français par Joncourt, ouvrage devenu classique. En métaphysique, 'S Gravesande est disciple de Locke : il fait comme lui consister la liberté dans le pouvoir de faire ce qu'on veut, plutôt que dans celui de choisir.

GRAVESEND, v. et port d'Angleterre (Kent), à 35 k. S. E. de Londres, sur une éminence qui domine l'entrée de la Tamise ; 7000 hab. Port très-fréquenté, douane très-active : on y examine les papiers des bâtiments qui se rendent à Londres. Construction navale; bains de mer; but de promenade en bateau à vapeur pour les habitants de Londres.

GRAVINA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Bari), à 55 k. S. O. de Bari; 10 000 hab. Évêché. Anc. duché. Patrie de Dominique de Gravina.

GRAVINA (Dominique de), historien italien du XIVe siècle, né à Gravina, a écrit en latin le Journal des événements qui se sont passés dans la Pouille de 1332 à 1350 ; ce Journal est inséré dans les Scriptores rerum italicarum de Muratori, tome XII.

GRAVINA (Pierre), poëte latin, né à Palerme vers 1453, mort en 1527, embrassa l'état ecclésiastique; se fixa à Naples, où il eut pour protecteurs Gonsalve de Cordoue et Prosper Colonne, et se lia avec Pontanus, Sannazar et autres personnes de mérite. Ses poésies, qui se composent principalement d'épigrammes, ont été recueillies en partie par Scipion Capèce, et imprimées à Naples, 1532. On regrette la perte de son poëme De Gonzalvi Cordubæ rebus gestis.

GRAVINA (J. Vincent), jurisconsulte et littérateur, né à Roggiano, près de Cosenza, en 1664, mort à Rome en 1718, fonda avec quelques amis à Rome, en 1695, la célèbre Académie des Arcadiens (Arcadi). Il obtint en 1699 une chaire de droit civil au collége de la Sapience à Rome, puis enseigna le droit canonique, et eut le mérite de remonter aux meilleures sources. Il ne négligea jamais les lettres; il forma Métastase, et se plut à faire la fortune de ce grand poëte. Ses ouvrages ont été réunis à Naples, 1756, 3 vol. in-4; les plus remarquables sont : De Ortu et progressu juris civilis, Naples, 1701-1713; De Instauratione studiorum ; Delle Favole antiche, trad. en français par J. Regnault; Della Ragione poetica, 1708; Della Tragedia, 1715. Gravina avait lui-même composé plusieurs tragédies.

GRAVINA (Ch., duc de), amiral espagnol, né à Naples en 1747, était, dit-on, fils naturel de Charles III. Il passa en Espagne avec ce prince, reçut en 1793 le commandement d'une division de la flotte, eut une part honorable à la défense de Roses en Catalogne assiégée par l'armée française, et mérita le grade de contre-amiral. La paix ayant été faite avec la France, il commanda la flotte espagnole réunie devant Cadix à la flotte française sous les ordres de l'amiral Villeneuve, 1805 : il fut blessé à la bataille de Trafalgar, qui avait été livrée contre son avis, et mourut peu après de ses blessures, en 1806.

GRAY, Gradicum, ch.-l. d'arr. (Hte-Saône), sur la Saône, à 56 kil. N. O. de Vesoul; 6535 hab. Trib. de commerce, collége. Port fréquenté, chemin de fer, beau pont, vieux château, casernes, moulin magnifique. Grands chantiers de construction; grand commerce en grains et en vins; entrepôt des denrées expédiées du midi de la France et des colonies pour l'Allemagne; produits des houillères et verreries des dép. de la Loire et du Rhône; merrains et bois de marine destinés pour Toulon. — Fondée vers le VIIe s., cette v. dépendait de la Franche-Comté. Louis XIV la prit en 1668 et la démantela.

GRAY (Thomas), poëte anglais, né à Londres en 1716, mort en 1771, fut élevé à Éton, où il se lia avec Horace Walpole; étudia le droit à Cambridge, et obtint dans cette université une chaire d'histoire qu'il ne remplit jamais. Il était d'un caractère mélancolique. Gray a laissé des odes, des élégies et quelques poésies latines, entre autres un poëme : De principiis cogitandi. Ses poésies forment un très-petit volume, mais l'élégance et la sublimité de quelques-unes ont suffi pour le placer parmi les premiers poëtes anglais. On estime surtout son Élégie écrite dans un cimetière de campagne, traduite par Chénier, imitée par Fontanes dans le Jour des Morts; ses Odes sur le Printemps, sur le Collége d'Éton; l’Hymne à l'Adversité. La meilleure édit. de ses œuvres est celle de J. Mitford, Londres, 1816 et 1853 : elle contient, outre les poésies, des lettres de l'auteur et une notice sur sa vie. Les poésies ont été trad. par Lemierre neveu, Paris, 1798. — V. GREY.

GRAZIANI (Ant. Marie), écrivain, né en 1537 à Borgo-San-Sepoloro en Toscane, mort en 1611, fut le secrétaire et le coopérateur du cardinal Commendon, qu'il accompagna dans ses diverses, missions; puis devint secrétaire de Sixte-Quint, fut fait en 1592 évêque d'Amelia, et envoyé en 1594 comme légat près de la république de Venise. On a de lui divers écrits historiques, en latin, estimés pour leur exactitude et leur élégance : De bello Cyprio, Rome, 1616 (trad. en français par Lepelletier, 1685); De casibus virorum illustrium, Paris, 1680, trad. par Lepelletier; et une Vie de Commendon, publiée et traduite du latin par Fléchier, 1669. — Un autre Graziani, Jean, né a Bergame en 1670, mort en 1730, a aussi écrit sur l'histoire. On lui doit, entre autres ouvrages, une Histoire de Venise, en latin (Padoue, 1728), qui continue celle d'A. Morosini.

GRAZIANI (Jérôme), poëte, né en 1604 à Pergola, mort en 1675, eut pour protecteur François I, duc de Modène, qui le prit pour secrétaire (1657) et lui donna le comté de Sarzano. On a de lui : Cleopatra, poëme en 6 chants, qu'il composa à 22 ans (1626); la Conquista di Granata (1650), poëme en 26 chants, qui le place au nombre des meilleurs poètes épiques de son pays; une tragédie de Cromvell, 1671, la meilleure pièce de ce genre qu'ait eue l'Italie jusqu'à la Mérope de Maffei.

GRAZZINI (Ant. Franç.), poëte italien, surnommé il Lasco ou le Dard (nom d'une espèce de poisson), né en 1503 à Florence, mort en 1583, fonda en 1540 l'Académie des Umidi. Ayant été exclu de cette compagnie à la suite de querelles littéraires, il se vengea par des satires ; en outre, il fonda avec plusieurs autres savants, en 1582, une nouvelle compagnie, l'Académie della Crusca (V. ce mot), qui devint bientôt plus importante que la première. Grazzini a composé six Comédies (Venise, 1582); des Stances, et Poésies diverses; la Guerra de' Mostri, poëme bouffon (1584) ; et un recueil de Nouvelles, 1559, que leur licence a fait condamner à Rome.

GRÉAL ou GRAAL. On appelle dans la Légende le Saint-Gréal un vase mystique qui contenait le sang de J.-C. recueilli de ses blessures par Joseph d'Arimathie, vase qu'on prétendait être le même que celui dans lequel était contenu le vin que but le Sauveur à la dernière cène. Ce vase aurait été conservé par Joseph d'Arimathie et transporté par lui dans la Bretagne (Angleterre); il conférait à celui qui le possédait toutes sortes de privilèges merveilleux ; mais il ne pouvait être conquis que par un chevalier vierge. Le St-Gréal joue un grand rôle dans les romans des chevaliers de la Table-Ronde : ce précieux vase ayant été perdu, les chevaliers firent plusieurs expéditions à sa recherche. Leroux de Lincy a publié le Roman du St-Gréal, qui paraît être une œuvre du XIIe siècle. — Quelques-uns font venir le nom de St-Gréal des mots sang réal (pour royal ou réel).

GREATRAKES (Valentin), guérisseur irlandais, né en 1628, mort en 1680, servit quelque temps dans l'armée avec distinction, puis fut juge de paix. Enclin à la contemplation, il se crut inspiré et doué du don de guérir les écrouelles. Il commença en 1662 à faire des cures, et obtint une telle réputation que