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fut compris dans la proscription des Girondins du 31 mai 1793, arrêté à Bordeaux, et guillottiné. Dans la première ardeur de son fanatisme républicain, avant le 10 août, Grangeneuve avait formé le projet de se faire assassiner afin de faire peser les soupçons sur le roi et de soulever ainsi le peuple.

GRANIQUE, Granicus, auj. Oustvolasou, petite riv. de l'Asie-Mineure (Mysie), tombait dans la Propontide, à l'O. de Cyzique. Alexandre remporta sur ses bords sa 1re victoire sur les Perses, 334 av. J.-C. Lucullus y battit Mithridate l'an 73 av. J.-C.

GRANJA (La), c.-à-d. la Ferme, résidence royale des souverains d'Espagne, près de St-Ildephonse, est située, comme notre Versailles, sur une éminence. Elle fut fondée par Philippe V. — La Granja a été, le 12 août 1836, le théâtre d'une insurrection militaire qui força la régente Christine à accepter provisoirement la constitution de 1812 ; une nouvelle constitution fut par suite rédigée et promulguée en 1837 : Espartero eut tout le pouvoir.

GRAN-SASSO ou MONTE-CORNO, un des sommets de l'Apennin central dans l'anc. roy. de Naples, à 17 k. N. E. d'Aquila ; 2980m : c'est le plus haut de l'Apennin.

GRANSON, Grandisonium, v. de Suisse (Vaud.), ch.-l. du district, à 32 kil. N. de Lausanne et près de Morat, sur la rive occid. du lac de Neuchâtel ; 800 hab. Vieux château, résidence des anciens barons de Granson. Charles le Téméraire y fut complètement battu par les Suisses en 1476.

GRANT (Terre de), côte S. E. de l'Australie, sur le détroit de Bass, s'étend de 138° 15' à 144° 2' long. E.

GRANT (Ch.), homme d'État, né en Écosse l'an 1746, mort à Londres en 1823, fut nommé par lord Conrwallis président du bureau du commerce à Calcutta en 1787 ; devint en 1793 un des directeurs de la Compagnie des Indes ; introduisit d'importantes améliorations et proscrivit le trafic des emplois. Député du comté d'Inverness à la Chambre des Communes, il contribua puissamment à faire renouveler la charte de la Compagnie (1813). Il se signala également par sa philanthropie, travailla à l'émancipation des esclaves, à la propagation de l'instruction, et introduisit en Écosse les écoles du dimanche.

GRANTHAM, V. d'Angleterre (Lincoln), à 35 kil. S. de Lincoln, sur un canal qui aboutit au Trent ; 9000 h. École où étudia Newton. Courses de chevaux.

GRANVELLE (Ant. PERRENOT de), cardinal, ministre de Charles-Quint et de Philippe II, né à Ornans près de Besançon en 1517, mort à Madrid en 1586, fut initié à la politique par son père, qui était chancelier de Charles-Quint. Évêque d'Arras dès 23 ans, il montra une grande habileté aux diètes de Worms et de Ratisbonne, où il assistait son père, et fut nommé garde des sceaux en 1544. Il conclut en 1553, contre les Réformés, une alliance difficile entre l'Espagne et l'Angleterre, qui fut sanctionnée par le mariage du fils de Charles-Quint avec Marie, fille de Henri VIII, roi d'Angleterre. Cette alliance ayant été rompue à l'avènement d’Élisabeth, l'habile ministre en conclut une autre avec la France à Cateau-Cambrésis, en 1559. Chargé enfin, avec Marguerite de Parme, par Philippe II, d'établir dans les Pays-Bas le gouvt absolu et l'unité religieuse, il s'acquitta de cette mission avec un zèle qui lui valut le chapeau de cardinal (1561) ; mais il se fit par sa rigueur tant d'ennemis qu'il se vit obligé de s'éloigner (1554). Il se retira à Besançon, et s'y livra à la culture des lettres. Philippe II le nomma en 1571 vice-roi de Naples, puis le rappela près de lui et lui confia la régence pendant son voyage en Portugal. Promu en 1584 à l'archevêché de Besançon, il mourut avant d'avoir pu se rendre dans son nouveau diocèse. Granvelle a laissé manuscr. de précieux Mémoires sur les affaires du temps, qui étaient conservés à la bibliothèque de Besançon et qui ont été publ. en 1839 et années suiv. par M. Weiss, dans les Documents inédits, sous le titre de Papiers d'État de Granvelle.

GRANVILLE, Grannonum, ch.-l. de cant. (Manche), sur une presqu'île, à 26 kil. N. O. d'Avranches ; 13 568 h. Port sûr, mais d'accès difficile : môle magnifique ; fortifications. Trib. et chambre de commerce ; école de navigation ; chantiers de construction ; entrepôt de sel. Pêche d'huîtres (dites de Cancale), cabotage, armements pour la pêche de la morue et pour l'Amérique ; grand commerce d'exportation avec l'Angleterre. Bateaux à vapeur pour Jersey. — Cette v. se fut qu'un bourg jusqu'au XVe siècle : en 1440 les Anglais en firent une place forte ; elle fut prise par les Français en 1450, brûlée par les Anglais en 1695, assiégée en 1793 par les Vendéens qui ne purent s'en emparer, et bombardée en 1803 par les Anglais.

GRANVILLE (George), vicomte de Lansdowne, homme d'État, né en 1667, mort en l735. Il se fit remarquer à la Chambre des Communes dans les rangs des Tories, fut nommé en 1710 secrétaire d'État de la guerre à la place de Robert Walpole, puis fut élevé au rang de pair, de membre du conseil privé, et enfin nommé trésorier de la maison de la reine. Disgracié à l'avènement de George I, il se vit accusé d'avoir favorisé une descente du prétendant en Angleterre, et subit une année de détention, 1715. En 1722 il passa en France, où il demeura dix ans. Ami des lettres, ce lord les cultivait lui-même : ses Œuvres, qu'il publia en 1732, se composent de comédies, de tragédies, et de dissertations historiques. Il fut un des protecteurs de Pope.

GRANVILLE SHARP, philanthrope, né en 1735 à Bradford-Dale, mort en 1813, fils d'un doyen du Northumberland, fut un des premiers et des plus ardents à combattre l'esclavage des nègres. Il occupait un emploi dans les bureaux de la guerre, et refusa des postes plus importants afin de vaquer librement à la mission qu'il s'était donnée. Il fit prévaloir ce principe que tout esclave qui met le pied sur le sol de la Grande-Bretagne est libre; fonda la colonie de Sierra-Leone en Afrique (1787), et fut un des fondateurs de la Société pour l'abolition de la traite. Il a écrit plus de 50 pamphlets pour répandre ses vues. Il a aussi laissé quelques écrits philosophiques.

GRASSE, ch.-l. d'arr. (Alpes marit.), à 15 kil. de la Méditerranée et à 912 kil. S. E. de Paris ; 12 825 hab. Trib., collége. Rues étroites, belle promenade du Cours. Huile d'olive, savon, tabac, liqueurs, essences, parfums renommés. Commerce d'oranges, citrons, miel, cire, et des produits de ses fabriques. Jadis évêché (V. GODEAU). Patrie des peintres Fragonard. — Cette ville remonte au XIIe siècle ; elle servit souvent d'asile aux habitants de Fréjus et d’Antibes contre les incursions des pirates. — L'arr. de Grasse appartenait avant 1860 au dép. du Var.

GRASSE (Franç. Jos. Paul, comte de), lieutenant général des armées navales, né en 1723 à Valette en Provence, mort en 1788, passa par tous les grades, fut nommé chef d'escadre en 1779, et assista à toutes les batailles qui eurent lieu pendant la guerre de l'indépendance en Amérique : attaqué en 1782 dans la mer des Antilles près des Saintes par lord Rodney dont les forces étaient bien supérieures, il fut forcé d'amener son pavillon après un combat des plus acharnés et resta deux ans prisonnier en Angleterre ; il ne revint en France qu'à la paix. A son retour il publia un Mémoire justificatif et fut honorablement acquitté.

GRASSET DE ST-SAUVEUR (Jacq.), compilateur, né en 1757 à Montréal, au Canada, mort en 1810, vint étudier à Paris, et fut longtemps vice-consul en Hongrie et dans le Levant. Il a publié : Costumes civils de tous les peuples connus (avec Sylvain Maréchal), 1784 et ann. suiv.; Tableaux cosmographiques de l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, 1787 ; l'Antique Rome, 1795, en 50 tableaux ; Encyclopédie des voyages, 1795-96; le Sérail ou Histoire des intrigues secrètes du Grand Seigneur, 1796 ; les Fastes du peuple français, 1796 ; Esprit des ana, 1801 ; Voyage pittoresque dans les quatre parties du monde, 1806 ;