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peut-être avait donné prise par une vie peu réglée, fut déclaré coupable d’adultère, de sacrilège, de magie, de maléfice et de possession, et condamné à être brûlé vif après avoir été appliqué à la torture. La sentence fut exécutée en 1634 sur la place de Loudun. On regarda cette exécution atroce comme une vengeance du cardinal, contre lequel Urbain Grandier avait écrit un pamphlet. Aubin, écrivain protestant, a publié à Amsterdam en 1776 : Histoire des diables de Loudun, ou Cruels effets de la vengeance de Richelieu. On conserve à la Bibliothèque impériale la procédure du curé de Loudun.

GRANDJOUAN, hameau de la Loire-Infér., à 24 k. de Châteaubriant, dépend de la commune de Nozay ; 200 h. École régionale d’agriculture et ferme-école, fondée en 1833 ; fabr. d’instruments aratoires ; haras de juments arabes.

GRAND JUGE, titre créé en France en 1802 pour un haut fonctionnaire chargé de l’administration de la justice. V. RÉGNIER.

GRAND-LEMPS (Le), ch.-l. de c. (Isère), arr. et à 20 kil. S. de La Tour-du-Pin ; 2070 hab.

GRAND-LIEU (lac de), lac de France, dans le dép. de la Loire-Inf., à 10 k. S. O. de Nantes, avait 8 kil. sur 6 et 3894 hectares de superficie. Il communiquait avec la rive gauche de la Loire par un canal navigable de 22 kil. Il a été desséché en 1860. — Selon une tradition, l’emplacement occupé maintenant par ce lac était autrefois un vallon délicieux du nom d’Herbadilla, qu’ombrageait la forêt de Vertave et qui fut submergé vers 554 ou 580.

GRAND-LUCÉ (Le), ch.-l. de c. (Sarthe), à 25 k. S. O. de St-Calais ; 2500 hab.

GRAND-MAÎTRE, titre des chefs de certains ordres et de certains corps. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et Arts.

GRANDMÉNIL (J. B. FAUCHARD de), célèbre comédien, né à Paris en 1737, mort en 1816, avait suivi d’abord la carrière du barreau. Par suite de contrariétés de famille, il alla s’engager au théâtre de Bruxelles, puis il rentra en France, joua aux grands théâtres de Bordeaux et de Marseille, fut appelé en 1790 à Paris, et parut avec le plus grand succès à la Comédie-Française. Il faisait les rôles à manteaux : il excellait dans les rôles de l’Avare, d’Arnolphe (dans l’École des femmes), de Francaleu (dans la Métromanie), du commandeur (dans le Père de famille). Lors de la réorganisation de la Comédie-Française, il fut nommé sociétaire. Il prit sa retraite en 1811. Il était professeur au Conservatoire et membre de l’Académie des beaux-arts.

GRAND MOGOL. V. MOGOL.

GRAND-MONT. V. GRAMMONT.

GRAND-OURS (lac du), lac de l’Amérique du Nord, par 123° 35' long O., 65° 10' lat. N., a 140 kil. sur 50. Ses eaux s’écoulent dans le fleuve Mackenzie.

GRAND-PORT. V. PORT-BOURBON.

GRANDPRÉ, ch.-l. de c. (Ardennes), sur l’Aire, à 15 kil. S. E. de Vouziers ; 1500 hab. — Jadis ch.-l. d’une seigneurie qui appartint à la maison de Joyeuse.

GRANDRIEU, ch.-l. de c. (Lozère), à 31 kil. de Mende ; 1500 hab.

GRAND-SERRE (Le), ch.-l. de c. (Drôme), sur la Galaure, à 50 kil. N. N. E. de Valence ; 1700 h. Hauts fourneaux, affinerie pour fer et acier. Ruines d’un château fort, nommé jadis Castrum Serris.

GRANDS JOURS. On donnait primitivement ce nom, dans le comté de Champagne, aux assises solennelles que les comtes tenaient à Troyes à certains jours de l’année pour rendre justice. Dans la suite ce nom s’étendit aux assises extraordinaires que les rois de France envoyaient tenir par leurs commissaires ou tenaient eux-mêmes dans les provinces éloignées de la capitale. Les juges étaient tirés des parlements. C’est le règne de François I qui offre le plus d’exemples de grands jours ; ce roi en fit tenir à Poitiers en 1531 et 1541 ; à Moulins en 1534, 1540 et 1545 ; à Troyes en 1535, à Angers en 1539, à Riom, 1546, etc. Les derniers furent tenus en 1605 par Henri IV dans le Quercy et le Limousin, en 1634 à Poitiers, sous Louis XIII, et en 1665 à Clermont-Ferrand, sous Louis XIV. Ceux-ci sont connus par la relation qu’en a rédigée Fléchier.

GRANDVAL (Ch. Franç. RACOT de), acteur célèbre, né à Paris en 1711, mort 1784, joua pendant 40 ans avec un succès soutenu : il excellait également dans la comédie et dans la tragédie. Il a laissé quelques pièces fort plaisantes, mais licencieuses. — Son père, Nic. Racot de Grandval, né en 1676, mort en 1755, avait aussi été acteur ; il fut ensuite organiste. On a de lui un poëme intitulé : Cartouche ou le Vice puni, 1725.

GRANDVILLE (J. J.), dessinateur, né en 1804 à Nancy, mort en 1847, reçut les premières leçons de son père, peintre de miniatures, vint se perfectionner à Paris, et s’ouvrit une voie nouvelle en créant la caricature philosophique et sociale. Il débuta par les Tribulations de la petite propriété, que suivirent les Plaisirs de tout âge, la Sibylle des salons, puis les Métamorphoses du jour, dont les piquantes figures, moitié hommes, moitié animaux, rendirent son nom populaire. Il enrichit de ses dessins la Silhouette, l’Artiste, la Caricature, le Charivari, illustra Guliver, Robinson, Béranger, Jérôme Paturot, interpréta avec un admirable talent les Fables de La Fontaine, donnant aux animaux l’expression de la physionomie humaine, puis en vint à composer des livres en estampes où le texte n’est plus que l’accessoire (Scènes de la vie privée et publique des animaux, Petites misères de la vie humaine, etc.). Il donna dans les derniers temps de sa vie les Fleurs animées, les Étoiles animées, l’Autre monde, compositions empreintes d’un certain mysticisme qui avait sa source dans la tristesse : il avait perdu coup sur coup une femme qu’il aimait et trois jeunes enfants. Grandville était parvenu à exprimer avec autant de justesse et de concision que d’esprit les sentiments les plus secrets du cœur humain, les traits les plus fins du caractère.

GRANDVILLIERS, ch.-l. de c. (Oise), à 34 kil. N. O. de Beauvais ; 1800 h. Calicot, draperies, etc. Bâti en 1213 par Philippe de Dreux, évêque de Beauvais. Aux env., beau château de Domerancourt.

GRANET (Franç. Marius), peintre, né à Aix en 1775, mort en 1849, était fils d’un maître maçon. Il se trouvait réduit à peindre des poupes et des proues de vaisseau lorsqu’il fut tiré de cette humble profession par le comte de Forbin, son compagnon d’études. Après avoir visité avec cet ami Paris et l’Italie, il s’ouvrit une voie nouvelle en s’attachant aux effets de lumière : il débuta en ce genre par une Vue du cloître des Feuillants, envoya de Rome en 1810 Stella traçant une Vierge sur les murs de sa prison, peignit ensuite le Chœur des Capucins de la place Barberine, où l’illusion est parfaite, et ne cessa de produire d’excellents ouvrages qui assurèrent sa réputation. Admis à l’Académie en 1830, il donna depuis la Mort du Poussin (1834), la Communion des premiers chrétiens dans les Catacombes (1837), la Cérémonie funèbre aux Invalides après l’attentat de Fieschi (1839), où son talent se montra sous de nouvelles faces. On l’a quelquefois appelé le Rembrandt français ; cependant il réussit le plus souvent à éviter les écueils de l’artiste hollandais. Peintre de la lumière par-dessus tout, Granet a su par le choix des sujets et des lieux, par le caractère de ses personnages, élever son style à la hauteur de la peinture d’histoire. Raoul Rochette a lu à l’Institut, en 1851, une Notice sur cet artiste.

GRANGENEUVE (J. Ant.), avocat de Bordeaux, né dans cette ville en 1750, fut nommé député de la Gironde à l’Assemblée législative, puis à la Convention, et prit une part active et honorable à toutes les discussions : lors du procès de Louis XVI, il se récusa, ne pouvant, dit-il, réunir en sa personne les fonctions d’accusateur, de témoin et de juge. Il