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du lin avaient été proclamés en 1842 par la Société d'encouragement; au moment où il mourut, une société de fixateurs et de mécaniciens venait de lui assurer une pension de 6000 fr., et le gouvt français allait enfin le récompenser. Une loi rendue en 1853 assura du moins une pension viagère à ses héritiers. Outre la machine à filer le lin, Phil. de Girard perfectionna la machine à vapeur, inventa les lampes hydrostatiques à niveau constant; ainsi qu'un procédé pour fabriquer les bois de fusil à la mécanique. M. G. Desclosières a publié une Notice sur sa vie et son invention.

GIRARD (le P. Grégoire), instituteur suisse, de l'ordre des Cordeliers, né en 1765 à Fribourg, mort en 1850, fut d'abord curé catholique à Berne. Il dirigea de de 1805 à 1823 l'école française de Fribourg, qu'il porta au plus haut point de prospérité; professa de 1825 à 1835 la philosophie à Lucerne, et se retira en 1835 dans un couvent de son ordre, où il se consacra à la rédaction de ses ouvrages. Le plus important est le Cours éducatif de langue maternelle, en français, publié à Paris par MM. Rapet et Michel (1845-48, 6 vol. in-12) : il y transforme l'étude de la langue, si souvent fastidieuse et stérile, en un puissant moyen de culture intellectuelle et morale. Cet ouvrage, vraiment original, valut à l'auteur un prix extraordinaire de 6000 fr. que lui décerna l'Institut de France (1844), et le titre de correspondant de l'Académie des sciences morales. On lui doit encore un Cours de philosophie (Lucerne, 1829-1831, en allemand), remarquable par la clarté et l'élévation.

GIRARDIN (René Louis, marquis de), maréchal de camp, né à Paris en 1735, mort en 1808, était issu de la famille noble des Gherardini de Florence. Il est un des premiers en France qui aient su embellir les jardins et leur donner des formes pittoresques : il disposa dans ce goût sa terre d'Ermenonville, y offrit une retraite à J. J. Rousseau, et fit élever au philosophe après sa mort un tombeau dans l'île des Peupliers. On lui doit un traité De la Composition des paysages, 1777, ouvrage estimé.

GIRARDIN (Stanislas Xavier, comte de), fils du préc., né en 1762 à Lunéville, mort en 1827, eut un instant pour maître J. J. Rousseau. Il entra au service à 17 ans, embrassa les principes delà Révolution, fut député du bailliage de Senlis aux États généraux, présida en 1790 le directoire de l'Oise, et plus tard l'Assemblée législative; fut incarcéré pendant la Terreur et ne recouvra la liberté qu'au 9 thermidor. En 1802, il présida le tribunat; il accompagna en 1806 le roi Joseph à Naples, servit au siége de Gaëte comme colonel, et en Espagne comme général, devint en 1812 préfet de la Seine-Inférieure, où il se fit chérir de ses administrés; et n'en fut pas moins destitué à la Restauration. Cependant, en 1819, il fut appelé à la préfecture de la Côte-d'Or. mais il fut révoqué dès 1820. La même année il était élu député de la Seine-Inférieure. A la Chambre il se fit remarquer par sa constance à soutenir les doctrines constitutionnelles. On a publié en 1828 : Discours et Opinions, Journal et Souvenirs de St. Girardin. — L'aîné de ses fils, le cte Ernest Stanislas de G., plusieurs fois député, sénateur sous le 2e empire, est mort en 1874. — Son frère cadet, le cte Alex. de G. né en 1776, mort en 1855, fit avec distinction les campagnes de l'Empire, se distingua surtout à Austerlitz, où, avec 10 hommes, il fit 400 prisonniers et prit 4 pièces de canon, à Ostrowno, où, avec 2 bataillons, il repoussa 6000 Russes, à Champaubert et à Montmirail, où sa brillante conduite lui valut le grade de général de division. Il se rallia aux Bourbons en 1815 et fut 1er veneur de Louis XVIII et de Charles X. On a de lui un grand nombre d'écrits de circonstance, parmi lesquels on remarque : Projet de législation sur les chasses, 1817; la Question chevaline simplifiée, 1843. Il est père de M. Émile de Girardin, le célèbre publiciste.

GIRARDIN (Mme de), femme distinguée par son esprit et ses talents littéraires, née en 1805 à Aix-la-Chapelle, morte en 1855, était fille de la célèbre Mme Sophie Gay, et fut d'abord connue sous le nom de Delphine Gay. Dès l'âge de 17 ans, elle adressait à l'Académie une pièce de vers sur le Dévouement des sœurs de Ste-Camille pendant l'épidémie de Barcelone; bientôt après, elle célébra, dans des chants pleins de sensibilité, de naturel et d'harmonie, plusieurs des événements qui excitaient la sympathie générale, la Mort de Napoléon, la Mort du général Foy, l'Insurrection de la Grèce, ce qui lui mérita le surnom de Muse de la Patrie. Dès 1824, elle publia, sous le titre d’Essais poétiques, un recueil de ses productions qui fut accueilli avec la plus grande faveur : Charles X lui fit dès lors une pension de 1500 fr. sur sa cassette. A Rome, en 1827, elle reçut une véritable ovation à l'occasion d'une pièce de vers sur le Retour de Romains captifs à Alger. Elle était dans tout l'éclat de sa réputation et de sa beauté lorsqu'en 1831 elle épousa M. Émile de Girardin. Son salon devint bientôt le rendez-vous de toutes les illustrations littéraires. Mme de Girardin a cultivé avec succès le roman (le Lorgnon, le Marquis de Pontanges, la Canne de Balzac, Marguerite), la comédie (l'École des Journalistes, 1839; Lady Tartufe, 1853; la Joie fait peur, 1854; le Chapeau d'un horloger), et même la tragédie (Judith, 1843; Cléopâtre, 1847); elle réussissait surtout dans la peinture des sentiments les plus délicats. Elle écrivit de 1836 à 1839, pour le feuilleton de la Presse, des Courriers de Paris, pleins de verve, d'esprit et d'enjouement (réunis sous le titre de Le Vicomte de Launay et de Lettres parisiennes). Une belle édit. de ses Œuvres complètes en 6 v. in-8 a paru en 1860.

GIRARDON (François), sculpteur, né à Troyes en 1630, mort à Paris en 1715, fut protégé par le chancelier Séguier, qui l'envoya à ses frais étudier à Rome. De retour en France, il orna de ses ouvrages, en marbre et en bronze, les maisons royales. Après la mort de Lebrun, il obtint la charge d'inspecteur général des sculptures. Ses ouvrages les plus remarquables sont les groupes en marbre d’Apollon chez Thétis, de Pluton enlevant Prosérpine, et de l’Hiver, dans le jardin de Versailles; la statue équestre de Louis XIV, en bronze, qui ornait la place Vendôme, et qui fut détruite dans la Révolution, le Mausolée de Richelieu, à la Sorbonne, et celui de Louvois, qui était dans l'église des Capucines, auj. détruite.

GIRARDOT (Nic. de), horticulteur, né vers 1715, avait d'abord servi dans les mousquetaires et avait été blessé à Dettingue (1733). Rentré dans la vie privée, il se retira à Bagnolet, près de Vincennes, et s'y adonna à la culture du pêcher. Il améliora cette culture et en communiqua le goût à son voisinage, si bien que la vente des pêches a depuis fait la réputation et la fortune des jardiniers de Bagnolet, de Montreuil et de Vincennes.

GIRAUD (J. B.), sculpteur, né en 1752 à Aix en Provence, m. en 1830. Ses principaux ouvrages sont un Mercure, un Hercule, un Achille mourant. Il entra à l'Académie en 1789. Il fit mouler à ses frais les plus précieux monuments de la sculpture antique, et coopéra à l'ouvrage intitulé Recherches sur l'art statuaire des Grecs. — Son frère, Grégoire Giraud, né au Luc (Var) en l783, m. en 1836, fut son élève et son émule. Il le seconda dans ses efforts pour conserver les traditions de l'antique. On lui doit plusieurs bas-reliefs remarquables: la Mort de Pallas, Philoclète blessé; une statue de Triomphateur, et un Faune jouant avec les serpents sacrés.

GIRAUD (le comte Giovanni), auteur comique italien, originaire de France, né à Rome en 1776, m. en 1834, quitta le service pour se livrer à la poésie dramatique, fut en 1809 nommé par Napoléon inspecteur général des théâtres de l'Italie, et alla après 1814 s'établir en Toscane, où il s'enrichit par le commerce. Son Teatro domestico, recueil de petites pièces de société, composé en grande partie à l'imi-