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en soumit une partie dont il donna le gouvernement à Theimouroz II en 1740. Héraclius, successeur de ce dernier (1760-1798), menacé d’un concurrent par le souverain de Perse Kerim-Khan, s’allia aux Russes et finit par se reconnaître leur vassal en 1783 ; mais en 1795, Aga Mohammed fit une invasion en Géorgie, prit Tiflis et emmena une foule d’habitants en esclavage. L’arrivée d’une armée russe prévint une nouvelle invasion (1797). Georges XI, fils d’Héraclius, signa en mourant l’acte qui soumettait ses États à l’empereur Paul I (1799). En 1802, la Géorgie fut déclarée province russe ; mais de continuelles révoltes rendirent pendant longtemps encore cette possession purement nominale.

GÉORGIE, Georgia, un des États-Unis de l’Amérique du Nord, bornée au N. par l’État de Tennessee, au N. E. par la Caroline du Sud dont le sépare la Savannah, à l’E. par l’Océan, au S. par la Floride, à l’O. par l’Alabama : 490 k. sur 400 ; 1 057 286 h. (les esclaves en forment près de la moitié) ; ch.-l. Milledgeville. La Géorgie offre plusieurs chaînes de montagnes au N. O. ; dans cette partie, le climat est tempéré ; partout ailleurs il est chaud. Le sol est très-fertile, surtout en coton, le commerce fort actif ; plusieurs chemins de fer. Dans la partie occid. habitaient plusieurs tribus belliqueuses, dont les principales étaient les Creeks et les Cherokees : elles ont été expulsées en 1835. — Jadis le nom de Géorgie s’étendait à toute la contrée située à l’E. du Mississipi, et comprenait les États actuels de Mississipi et d’Alabama. Les Anglais s’y établirent pour la 1re fois en 1733, sous le règne de George II (d’où son nom). La colonie souffrit d’abord de la guerre qui éclata peu après entre l’Espagne et l’Angleterre ; mais en 1752 la compagnie qui la dirigeait résigna ses droits à la Couronne, et dès lors la colonie prit un nouvel essor. Elle se déclara indépendante en 1776 et entra en 1861 dans la confédération des États séparatistes.

GÉORGIE MÉRIDIONALE, dite aussi île du Roi-George, île de l’Océan austral, à l’O. de la Terre-de-Feu, par 39° long. O., 54° 30′ lat. S. Glaces et neiges éternelles. Découverte en 1675 par le Français La Roche.

GÉORGIE SEPTENTRIONALE, archipel de la mer polaire, de 97° à 117° long. O. et par 75° lat. N., a pour îles principales les îles Melville, Sabine, Bathurst. Découvert par les Anglais.

GEORGIEVSK, v. forte de la Russie (gouvt du Caucase), sur la petite Kouma, à 320 kil. N. O. de Tiflis ; 3000 hab. (presque tous Cosaques du Volga). Fondée en 1771, elle fut de 1793 à 1825 le ch.-l. du gouvt du Caucase.

GÉPIDES, Gepidæ, une des trois divisions du peuple goth, se fixa vers les sources de la Vistule, sur le revers des monts Carpathes, tandis que les Ostrogoths et les Visigoths poussaient au Sud : de là, dit-on, leur nom, qui voulait dire traînards ou paresseux. Entre les années 240-246 de J.-C., les Gépides forcent à s’expatrier les Burgundes, qui habitaient le nord de l’Allemagne, et les refoulent, par la Thuringe et la Franconie, vers le Rhin. Eu 269, sous Claude II, les Gépides commencent leurs incursions sur le territoire romain. Soumis par les Huns, ils secouent le joug à la mort d’Attila (453), sous la conduite d’Ardaric, et s’établissent entre le Marosch au N., le Danube au S., la Theiss à l’O. et la Ternes au S. E. Vers l’an 548, éclata entre les Gépides et les Lombards, qui étaient devenus leurs voisins, une guerre sanglante, qui finit par amener la destruction des premiers : les Avares, appelés par les Lombards, exterminèrent une partie de la nation (567) ; le reste émigra et se dispersa. Rosemonde, fille de Cunimond, dernier roi gépide, qu’Alboin, roi des Lombards, avait tué de sa propre main, vengea la mort de son père dans le sang du meurtrier qu’elle avait été forcée d’épouser (573).

GÉRA, v. de la principauté de Reuss, ch.-l. de la seigneurie de Géra, sur l’Elster-Blanc, à 25 k. S. O. d’Altenbourg ; 12 000 hab. Ville murée, palais des princes de Reuss. Industrie, lainages, étoffes de soie, cotonnades : brasseries, etc. La seigneurie de Géra, enclavée entre les pays de Saxe-Altenbourg, Saxe-Weimar, et le gouvt prussien de Mersebourg, a 474 kil. carrés et 32 000 h. Elle appartient en commun aux deux États de Reuss-Schleitz et Reuss-Lobenstein-Ebersdorf.

GERACE, Locri, puis Hieracium, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Calabre Ult. Ire), à 53 kil. E. N. E. de Reggio ; 8000 hab. Évêché. Eaux minérales sulfureuses, vin estimé. Cette ville fut très-endommagée par le tremblement de terre de 1783.

GÉRANDO (Joseph Marie, baron de), né à Lyon en 1772, mort en 1842, fut élevé par les Oratoriens et destiné à l’Église, prit part, en 1793 à la défense de Lyon contre les troupes de la Convention, ce qui le contraignit à s’exiler ; rentra en 1796, s’enrôla et assista à la bataille de Zurich (1799). Cultivant la philosophie au milieu des camps, il fut à la même époque couronné par l’Institut pour un remarquable mémoire sur l’influence du langage (des Signes et de l’Art de penser dans leurs rapports mutuels, 1800), et par l’Académie de Berlin pour un mémoire sur la Génération des connaissances humaines (Berlin, 1802), mémoire qui devint plus tard l’Histoire comparée des systèmes de philosophie. Attaché par Lucien Bonaparte au ministère de l’intérieur, il fut nommé en 1804 secrétaire général de ce ministère, accompagna en 1805 Napoléon en Italie, et introduisit l’administration française en Toscane (1808), dans les États romains (1809), puis en Catalogne (1812). Membre du conseil d’État dès 1811, il en fut écarté à la Restauration, mais il y rentra bientôt. Il fut appelé en 1819 à la chaire de droit administratif nouvellement créée, et élevé à la pairie en 1837. Il était de l’Académie des sciences morales depuis 1804. Zélé philanthrope, De Gérando fut un des fondateurs de la Société de la morale chrétienne, de la Société pour l’instruction élémentaire, de la Société d’encouragement pour l’industrie, des salles d’asile ; il créa lui-même à Paris en 1839 un ouvroir qui porte encore son nom. Outre les mémoires déjà cités, on a de lui : Histoire comparée des systèmes de philosophie, publiée d’abord en 1804, en 3 vol. in-8 ; refondue dans une 2e édition, dont les 4 premiers vol. parurent en 1822 et années suivantes, et dont les 4 derniers n’ont paru qu’en 1847, d’après ses manuscrits ; Du perfectionnement moral, 1824, 2 vol in-8 ; De l’éducation des sourds-muets, 1827 ; Cours normal des instituteurs primaires, 1832 ; Institutes de droit administratif, 1829 et 1845, 4 vol. in-8. On lui doit aussi le Visiteur du pauvre (1820) ; De la bienfaisance publique (1839). Il a laissé en manuscrit des traités Des Méthodes et De l’Existence de Dieu, et un Examen de Condillac, de Descartes, de Malebranche, de Locke. D’abord disciple pur de Condillac, De Gérando se garantit bientôt de l’exagération de cette école, et donna un des premiers l’exemple d’un éclectisme impartial : son Histoire comparée des systèmes est encore la meilleure histoire de la philosophie qui ait paru en France. Son style, correct et même orné, est un peu diffus. M. Mignet a lu une Notice historique sur ce savant à l’Académie des sciences morales en 1854. — Un de ses fils, {{M.|[[w:Gustave}} de Gérando|J. De Gérando]], auj. procureur général, a lui-même publié plusieurs écrits philanthropiques et religieux : Tableau des Sociétés religieuses et charitables de Londres, 1824 ; Divines prières et méditations, 1839 ; le Démocrate chrétien, 1848.

GÉRARD (S.), évêque de Toul, 963-994, protégea les savants et fonda des écoles. On l’hon. le 23 avril.

GÉRARD, dit Tom, instituteur de l’ordre de St-Jean de Jérusalem, né en 1040 dans l’île de Martigues, sur la côte de la Provence, fut nommé vers 1080 supérieur d’un hôpital pour les pèlerins annexé à l’église qui venait d’être bâtie à Jérusalem par des négociants d’Amalfi, jeta en 1100 les fon-