Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/755

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1688 par Guillaume d'Orange, George embrassa le parti du vainqueur, qui le créa duc de Cumberland. Son épouse ayant succédé en 1702 à Guillaume sur le trône d'Angleterre, il fut nommé grand amiral ; du reste, il ne prit aucune part aux affaires. Il mourut en 1708, à 55 ans.

GEORGE est aussi le nom de onze rois de Géorgie. George I se révolta contre l'empereur grec Basile II (1021), résista victorieusement à ses efforts et obtint de lui une paix avantageuse ; il mourut en 1027. — George IV (1206-1222), fit plusieurs conquêtes dans l'Aderbidjan, s'allia aux rois francs de Syrie et de Palestine, mais ne put préserver la Géorgie de l'invasion des Mongols en 1220. — George VI profita de la décadence des Gengiskhanides pour affranchir la Géorgie ; il m. en 1346. — George XI, fils d'Héraclius, ne régna que deux ans, 1798-99. Ne pouvant s'opposer aux ravages des Turcs et des Lesghis, il légua en mourant ses États à la Russie. V. GÉORGIE.

GEORGE PISIDÈS, écrivain grec qui florissait vers 630, était diacre, garde des archives et référendaire de l'église de Constantinople. On a de lui : De expeditione Heraclii contra Persas ; Bellum arabicum ; Hexameron, poëme où il raconte la création ; De vanitate vitæ, autre poëme. Ses contemporains le regardaient comme un grand écrivain et un grand poëte. Ses œuvres ont été publiées à Rome en 1777, in-f°, et réimpr. à Montrouge, par l'abbé Migne, 1860.

GEORGE LE SYNCELLE, historien grec, ainsi nommé de la fonction qu'il exerçait (le syncelle était un clerc qui habitait la même cellule que le patriarche et l'accompagnait partout), fut attaché à Taraise, patriarche de Constantinople ; écrivit de 780 à 800, et mourut, à ce qu'on croit, vers 800. Il a laissé une Chronographie qui va jusqu'à l'an 284 de J.-C., et que Théophane l'Isaurien a continuée jusqu'en 813. Elle a été imprimée dans la Byzantine et à Bonn, par G. Dindorf, 1829. Elle paraît avoir été faite, ainsi que la Chronique d'Eusèbe, d'après Jules Africain et offre quelques renseignements précieux.

GEORGE DE TRÉBIZONDE, écrivain grec, né en 1396 en Crète, d'une famille originaire de Trébizonde, mort à Rome en 1486, vint à Venise vers 1430 pour y enseigner le grec ; fut appelé à Rome par le pape Eugène, et chargé de traduire des ouvrages grecs en latin ; mais il s'acquitta avec peu de soin de cette mission et se vit bientôt surpassé par Valla et Théodore Gaza. Il a traduit, entre autres ouvrages, les Problèmes et la Rhétorique d'Aristote, l’Almageste de Ptolémée, quelques écrits de S. Cyrille et de S. Jean Chrysostôme, et a écrit une Comparaison d'Aristote et de Platon où il élève le premier fort au-dessus du second; il fut combattu par Gémiste Pléthon.

GEORGE SCHOLARIUS. V. GENNADE.

GEORGE CADOUDAL. V. CADOUDAL.

GEORGEL (J. François), jésuite, né en Lorraine, en 1731, mort en 1813, s'attacha au prince Louis de Rohan qui l'emmena dans son ambassade à Vienne, devint son grand vicaire quand il eut été nommé cardinal, et fut chargé de le défendre dans le célèbre procès du Collier. Déporté pendant la Révolution, il se réfugia en Suisse, puis alla en Russie offrir à Paul I la grande maîtrise de l'ordre de St-Jean de Jérusalem (1799). Il revint en France sous le Consulat ; et fut nommé vicaire général de l'évêque de Nancy. Il a laissé d'intéressants Mémoires sur la fin du XVIIIe siècle (1760-1806), publiés à Paris en 1818, 6 vol. in-8.

GEORGETOWN, v. et port des États-Unis (district de Colombia), sur le Potomak, à 4 kil. O. N. O. de Washington dont la sépare le Rock-Creek; 8000 h. Collége catholique. Commerce considérable.

GEORGETOWN ou STABROEK, capit. de la Guyane anglaise, ch.-l. du gvt de Demerara, près de la Demerara ; 21 000 hab. Évêchés catholique et anglican. Exportation de sucre, café, rhum, etc.

GEORGETOWN, ch.-l. de l'île du Prince-de-Galles; 10 000 hab. Port, fort, arsenal, casernes, etc.

GEORGETOWN, v. de l'île de Grenade. V. ST-GEORGE.

GÉORGIE, en arabe, en persan et en turc Gurdjistan (c.-à-d. pays d'esclaves), et en russe Grousia, prov. de l'empire russe, bornée au N. par le Caucase qui la sépare de la Circassie, à l'O. par la mer Noire, au S. par l'Arménie et le cours inférieur du Kour, à l'E. par le Daghestan et le Chirvan : 450 kil. sur 300 ; 250 000 hab.; ch.-l. Tiflis ; autres villes : Gouri et Télavi. La Géorgie se divise en trois districts : 1° le Karthli (vulgairement appelé Carduel ou Kartalinie) ; 2° le Kakheth ; 3° le Somkheth. A ces trois provinces, qui forment la Géorgie propre, longtemps appelée Géorgie persane, il faut ajouter la Gourie, l'Iméréthie, la Mingrélie et le Souaneth qui composaient la Géorgie turque, et qui appartiennent auj. également à la Russie. La Géorgie est toute couverte des ramifications du Caucase ; on y trouve partout des vallées fertiles et délicieuses; aussi a-t-on voulu y placer le paradis terrestre. Elle est arrosée par de nombreuses rivières dont la principale est le Kour. Le climat est chaud et le sol très-fertile ; on y cultive avec succès le mûrier, la vigne et le coton. On y élève de superbes troupeaux de gros et de menu bétail ; on y trouve des mines d'or, d'argent, de fer, de cuivre et d'étain, des rubis, de l'alun, du jaspe, de l'ambre noir. Les Géorgiens sont très-braves; mais ils sont féroces, pillards et adonnés à l'ivrognerie. Leurs femmes sont célèbres dans tout l'Orient par leur beauté. La religion du pays est celle des Grecs dits orthodoxes ; ils ont une langue à part, qui a deux dialectes, le sacré et le profane.

Les Géorgiens habitent le pays connu autrefois sous le nom d’Ibérie, ainsi qu'une partie de la Colchide à l'O. et de l’Albanie à l'E. Ils font remonter leur origine jusqu'à 2640 av. J.-C., et reconnaissent pour 1er roi Thagarmos, qu'ils font contemporain de Nemrod. Ils se soumirent volontairement à Alexandre ; mais après la mort du conquérant (323), ils choisirent pour chef Pharnavaz, descendant de leurs anciens rois, qui délivra le pays de toute domination étrangère, et fit alliance avec Antiochus, roi de Syrie. Artocès, un de ses successeurs, fut l'allié de Mithridate ; mais, vaincu par Pompée (65) il se soumit aux Romains. Néanmoins la Géorgie conserva ses rois : elle fut gouvernée par les Arsacides de 71 av. J.-C. à 242 après, et, à partir de 242, par les Sassanides. Le Christianisme y fut introduit en 280 et y remplaça le culte des astres. Au VIe siècle, Chosroës Nouschirvan détrôna Bakour IV, et donna aux Géorgiens un roi de sa famille (568). Les Géorgiens résistèrent longtemps aux armes victorieuses des Arabes ; mais en 732, Merwan, qui fut depuis le calife Merwan II, étendit sa domination au delà du Kour, et à la fin du VIIIe siècle, la Géorgie tout entière était regardée comme une province des califes. Elle avait alors pour rois des princes de la dynastie des Bagratides ou Pagratides, qui déjà régnait en Arménie. En 861, les Géorgiens secouèrent le joug musulman, mais au Xe s. ils furent successivement soumis par les Dilemites sortis du Ghilan et par les Bouïdes. Sous Bagrat IV (1027-1072), Alp.-Arslan soumit ce pays, et un grand nombre de Turcs Seldjoucides s'y établirent. David III releva la Géorgie (1089), et, secondé par les Khazars, étendit au loin ses conquêtes. En 1248, la Géorgie fut réunie au vaste empire des Gengiskhanides. De 1386 à 1400, elle eut à subir plusieurs invasions de Tamerlan, qui la réduisirent à l'état le plus déplorable. Alexandre I (1407-1442) partagea ses États entre ses trois fils, qui formèrent les royaumes rivaux de Karthli, de Kakheth et de Gourie, et il prépara ainsi la ruine de la Géorgie : en effet, dès 1520, la Géorgie orientale devint vassale des Sophis de Perse, et la Géorgie occidentale des sultans ottomans. Ceux-ci conquirent tout le pays en 1589 ; mais, de 1603 à 1615, Chah-Abbas la reprit aux Turcs et la remit sous la domination de la Perse ; elle retomba presque tout entière sous le joug des Turcs en 1724. Nadir-Chah