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temps de concert avec Cuvier ; mais à partir de 1807, il s’en sépara et se livra presque entièrement à des spéculations sur la philosophie de l’hist. naturelle, science dont on peut le regarder comme le père. Il s’attacha à démontrer l’unité de composition organique entre les diverses espèces d’animaux, unité déjà pressentie par Buffon et Gœthe, et fonda la théorie des analogues qui lui servait à démontrer l’unité de composition. Il conçut aussi dès 1807 une idée qui est le complément des précédentes, celle de l’analogie qu’offrent les caractères permanents des espèces inférieures avec les caractères transitoires de l’embryon dans l’homme et les animaux supérieurs ; enfin, il se servit de sa doctrine pour expliquer heureusement, par des arrêts de développement, les inégalités des êtres et les monstruosités des individus. Un débat célèbre s’éleva en 1830, au sein de l’Acad. des sciences, entre Cuvier et Geoffroy, au sujet de l’unité de composition : le monde savant se partagea entre les deux antagonistes. Le style de Geoffroy a du nerf et de l’éclat, mais est quelquefois négligé, et par suite obscur. Ses principaux ouvrages sont : Histoire naturelle des mammifères (avec Fréd. Cuvier), 1819-1837, in-fol. ; Philosophie anatomique, 1818 et 1822, 2 vol. in-8 (c’est là que se trouve exposée sa nouvelle doctrine) : Principes de la philosophie zoologique, 1 vol. in-8, 1830 (il y résume sa discussion avec Cuvier) ; Études progressives d’un naturaliste, 1835, in-4. Statue à Étampes. Son Éloge a été lu à l’Académie par M. Flourens.

GEOFFROY-SAINT-HILAIRE (Isidore), zoologiste, fils du précédent, né à Paris en 1805, m. en 1861, fut successivement aide-naturaliste au Muséum, suppléant à la Faculté des sciences de Paris, doyen de celle de Bordeaux, professeur de zoologie au Muséum et à la Faculté des sciences de Paris, et inspecteur général des études ; entra en 1833 à l’Académie des sciences ; s’attacha surtout à confirmer et à développer les idées philosophiques de son père. Ses principaux écrits sont un Traité de Tératologie (1832-36), des Essais de Zoologie générale (1840) et l’Histoire naturelle générale des règnes organiques (1854-61). Il fonda en 1854 la Société d’acclimatation.

GÉOGRAPHES GRECS (les PETITS), géographes qui n’ont fait que des périples, des monographies, ou dont il ne nous reste que des fragments peu étendus ; tels sont : Hannon de Carthage, Scylax de Caryande, Isidore de Charax, Artémidore, Agathémère, Dicéarque, Denys le Périégète, Scymnus de Chios, Arrien, Marcien d’Héraclée, etc. La collection en a été publiée par David Hœschel, Augsbourg, 1600, in-8 ; par J. Gronovius, Leyde, 1697, in-4 ; par J. Hudson, 1698-1712, 4 v. in-8 ; et par C. Müller (dans la Bibl. grecque de Didot, 1855). — On appelle Grands géographes Strabon, Pausanias, Ptolémée, Étienne de Byzance.

GEORGE ou GEORGES (S.), Georgius, était, selon une légende, un jeune prince de Cappadoce, qui souffrit le martyre sous Dioclétien, et qui, comme Persée, sauva la fille d’un roi qu’un dragon allait dévorer : on le représente armé d’une lance et pourfendant le dragon. Il est fort célèbre en Orient, et c’est de là que son culte a passé en Occident. On l’honore surtout en Russie, en Angleterre et à Gênes. Les Russes ont adopté S. George avec son dragon pour leur principal emblème et ont donné son nom au premier de leurs ordres militaires ; les Anglais et les Génois l’ont pris pour patron. Il est aussi le patron des armuriers. On le fête le 23 avril.

GEORGE (ordre de ST-), ordre militaire de Russie, institué en 1769 par Catherine II. — Ordre de Bavière dont l’institution remonte aux croisades, et qui fut renouvelé en 1729 par Charles-Albert (depuis, l’empereur Charles VII).

GEORGE I, roi d’Angleterre, de la maison de Hanovre, né à Osnabruck en 1660, mort en 1727, était fils d’Ernest Auguste, 1er électeur de Hanovre, et de la princesse Sophie, petite-fille de Jacques I, roi d’Angleterre, et succéda en 1698 à son père comme électeur. En 1714, à la mort de la reine Anne, il fut appelé au trône d’Angleterre comme le plus proche héritier dans la ligne protestante, et commença ainsi la dynastie anglaise de Hanovre. Il s’appuya sur le parti whig et conserva le plus souvent une sage neutralité dans les guerres du continent. Toutefois, il prit part à la triple alliance de 1717 et à la quadruple alliance de 1718 contre l’Espagne. Il avait choisi pour principal ministre Robert Walpole, dont l’habileté réprima toutes les tentatives de désordre, et rendit vaines les intrigues du prétendant Jacques III. Malheureux en famille, il fut obligé de divorcer avec Sophie de Zell, qui s’était compromise par une intrigue amoureuse, et enferma cette princesse dans un château fort, où elle termina son existence après 32 ans de captivité (1716).

GEORGE II, roi d’Angleterre, fils du précéd., né en 1683, m. en 1760, succéda à son père en 1727. Il garda d’abord pour ministre le célèbre Walpole, qui sut conserver la paix pendant les 12 premières années de ce règne ; mais l’ayant ensuite écarté, il entreprit des expéditions désastreuses. Dans la guerre de la succession d’Autriche, il se déclara pour Marie-Thérèse et contre la France : ses armes, heureuses à Dettingen (1743), échouèrent aux combats de Fontenoy (1745) et de Lawfeld (1747), qui furent suivis du traité d’Aix-la-Chapelle (1748). Il est vrai qu’en même temps son trône était raffermi par la victoire de Culloden, remportés sur le prétendant, Charles-Édouard, en Écosse (lT46). La guerre s’étant rallumée sur le continent en 1755, l’Angleterre éprouva de nouveaux revers en Allemagne et perdit tout le Hanovre ; mais ces pertes furent compensées par de brillantes conquêtes aux Indes et en Amérique. On doit à G. II la création du British Museum.

GEORGE III, roi d’Angleterre, né en 1738, m. en 1820, succéda en 1760 à George II, son grand-père, obtint de brillants succès contre la France et l’Autriche dans la guerre de Sept ans, conclut en 1763 une paix avantageuse, qui cependant ne satisfit pas encore son pays, excita par des mesures arbitraires une émeute qui faillit lui être fatale (1768) ; eut à soutenir la guerre contre les colonies d’Amérique révoltées, fut forcé en 1783 de reconnaître l’indépendance des États-Unis, mais étendit les conquêtes de l’Angleterre dans l’Inde, et réunit définitivement l’Irlande au royaume. Il combattit de tout son pouvoir la Révolution française, et s’empressa de rompre la paix d’Amiens, conclue an 1802. En 1810, il tomba en démence ; il ne mourut que dix ans après. George III eut pour principal ministre le célèbre Pitt ; c’est sous son règne que brillèrent à la tribune Fox, Burke, Sheridan, et sur mer Jervys et Nelson. Il laissa plusieurs fils ; Georges IV et Guillaume IV, qui régnèrent, Édouard, duc de Kent, père de la reine Victoria, Ernest-Auguste, qui fut roi de Hanovre.

GEORGE IV, roi d’Angleterre, fils de Georges III, né en 1762, m. en 1830, eut une jeunesse scandaleuse. Il fut appelé à la régence en 1811, lorsque son père fut tombé en démence, mais il ne prit le titre de roi qu’en 1820. Quoiqu’il se fût précédemment déclaré pour les Whigs, il s’abandonna longtemps aux Tories, et eut pour principaux ministres Castlereagh et Wellington. Il contribua à renverser Napoléon, mais tint une conduite peu loyale envers le héros vaincu qui était venu se confier à lui. Il rendit de nombreuses lois contre la liberté de la presse, et eut à réprimer des troubles incessants dans l’Irlande. Cependant en 1823 il se rapprocha du parti libéral, et prit pour ministre Canning ; en 1829, fut accordée l’émancipation des Catholiques. George IV avait épousé en 1796 la princesse Caroline à laquelle il intenta un scandaleux procès en adultère.

GEORGE, duc de Clarence. V. CLARENCE.

GEORGE, prince de Danemark, frère de Christian V, épousa la princesse Anne, fille de Jacques II, roi d’Angleterre. Lorsque ce dernier eut été détrôné en