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étendit son territoire à droite et à gauche sur le golfe qui prit son nom, et conquit autour d'elle les côtes S. E. et S. O. du golfe, qui prirent le nom de Rivière (rive) du Levant et Rivière du Ponent. En 1190, Gênes avait remplacé ses consuls par un podestat. Elle eut aux XIIe et XIIIe siècles à soutenir contre Pise une guerre acharnée, dans laquelle elle finit par triompher. Après une victoire navale remportée en 1284 près de l'île de la Melloria, elle enleva à sa rivale Sassari, l'île de Corse, et détruisit les ports de Pise et de Livourne, 1290. Les Génois, ayant puissamment contribué à rétablir sur le trône de Constantinople les empereurs grecs, obtinrent des Paléologues, en récompense, d'immenses avantages. Ceux-ci leur cédèrent les faubourgs de Péra et de Galata (à Constantinople), la v. de Caffa en Crimée, où ils conduisirent une colonie, Smyrne, Scio, Mételin, Ténédos, etc., 1261-1295. Depuis cette époque Gênes entra en lutte avec Venise pour la suprématie en Orient : elle mit cette république à deux doigts de sa perte dans les guerres dites de Caffa (1350-55) et de Chiozza (1378-81); mais enfin elle se vit contrainte de céder le pas à sa rivale. Gênes était depuis longtemps déchirée par des dissensions intérieures, surtout par les querelles des Guelfes et des Gibelins, et affaiblie par de fréquentes révolutions ; ses habitants changeaient sans cesse de gouvernement : après avoir obéi à des consuls et à des podestats étrangers, ils s'étaient donné en 1257 des dictateurs sous le titre de capitani, puis des protecteurs (1270), qui gouvernaient concurremment avec des abbés du peuple, espèces de tribuns ; enfin ils se donnèrent des doges (ou ducs), en 1339. Le 1e fut Simon Boccanegra ; les maisons ducales les plus connues sont les familles nobles des Doria, des Spinola, des Fieschi, des Grimaldi ; puis les familles plébéiennes des Adorni, des Fregosi. Deux fois les Génois, incapables de se gouverner par eux-mêmes, se mirent entre les mains de la France, sous Charles VI (1391) et sous Louis XI (1458) ; puis ils se donnèrent aux marquis de Montferrat, aux ducs de Milan. Ils avaient déjà perdu au milieu de ces révolutions la plus grande partie de leurs possessions italiennes ; l'invasion des Turcs leur enleva leurs établissements sur la mer Noire et dans l'Archipel (1475). André Doria avait de nouveau soumis Gênes à la France ; mais mécontent de François I, il s'allia avec Charles-Quint, affranchit Gênes de la domination française, et lui donna une nouvelle constitution (1528) : les doges furent rétablis, mais ils ne furent plus à vie ; ils étaient élus pour deux ans, et on leur adjoignait deux consuls et un censeur (André Doria fut le 1er censeur). Fiesque conspira, mais sans succès, contre ce nouveau gouvt (1547). Gênes resta depuis étroitement liée à l'Espagne, et prit parti pour elle contre la France. En 1684, Louis XIV fit bombarder Gênes qui avait insulté son ambassadeur ; le doge dut venir en personne lui faire réparation. En 1746, les Autrichiens occupèrent Gênes ; ils en furent chassés 3 mois après. En 1768, les Génois cédèrent à la France la Corse, dont ils ne pouvaient plus comprimer les révoltes. En 1796, cette place fut occupée par les Français, et l'année suivante son territoire forma la République ligurienne. En 1800, les Français, commandés par Masséna, soutinrent dans Gênes un siége mémorable contre les Anglais et les Autrichiens ; ils furent forcés de rendre la v., mais ils y rentrèrent peu après. En 1805, l’État de Gênes fut incorporé à l'empire français, et forma les dép. de Gênes, des Apennins et de Montenotte. En 1814, Gênes fut donnée au roi de Sardaigne par le congrès de Vienne.

GÊNES (État de). L'anc. république comprenait une étroite lisière de terrain (dite Rivière) entre les Apennins et la mer, et se divisait : 1° en Riv. du Levant (où se trouvaient les v. de Gênes, Rapallo, Lavagna, Sestri di Levante, Spezio, Luni, Sarzane) ; 2° en Riv. du Ponent (Novi, Gavi, la Bocchetta, Savone, Albenga, Vintimille, San-Remo) ; 3° en marquisat de Finale. On peut y ajouter la Corse, qu'elle perdit en 1768.

GÊNES (dép. de), un des dép. de l'empire français, entre la mer, le Pô, le dép. du Taro et ceux de la Stura et de Montenotte, avait pour ch.-l. Gênes.

GÊNES (Intendance générale ou duché de), une des 8 intendances génér. des anc. États sardes, s'étend depuis Nice à l'O. jusqu'au duché de Parme au S. E., et se subdivise en 7 intendances : Gênes, Savone, Albenga, Novi, Chiavari, Bobbio, Spezia.

GÊNES (golfe de), Ligusticus sinus ou mare Ligusticum, golfe situé entre la France et l'Italie sept.

GENÈS ou GENEST (S.), comédien, remplissait, lors de l'entrée de l'empereur Dioclétien à Rome, le rôle d'un néophyte dans une bouffonnerie où les mystères des Chrétiens étaient tournés en ridicule, quand tout à coup il déclara, au milieu de la représentation, qu'il se sentait éclairé d'une lumière intérieure et qu'il était chrétien. Conduit devant l'empereur, il mourut dans les tourments, martyr de la foi nouvelle, 286. Rotrou a traité ce sujet dans une de ses tragédies. On honore S. Genès le 25 août.

GÉNÉSARETH (lac de). V. TIBÉRIADE (mer de).

GENÈSE (du mot grec génésis, génération, le premier livre du Pentateuque de Moïse et de toute la Bible, comprend le récit de la création et l'histoire des premiers hommes jusqu'à la mort de Joseph et à la naissance de Moïse.

GENESIUS (Joseph), de Byzance, historien du Bas-Empire, au Xe siècle, est auteur d'une Hist. de l'empire grec (de 813 à 886), imprimée à Venise, 1733, in-fol. grec-latin, dans la collection Byzantine.

GENEST (l'abbé), littérateur, né en 1639 à Paris, m. en 1719, élu membre de l'Académie française en 1689, avait été homme d'épée avant de prendre le petit collet. Secrétaire des commandements du duc du Maine, il devint un des familiers et fut l'un des ornements de la petite cour de Sceaux. Il a écrit plusieurs pièces pour cette cour, entre autres une tragédie de Pénélope, que Bossuet citait avec éloge, des Odes à la louange de Louis XIV, et un poëme sur la Philosophie cartésienne, 1716. — V. GENÈS (S.).

GENÈVE, Geneva en latin, Genf en allemand, v. de Suisse, ch.-l. du cant. de Genève, à l'extrémité S. O. du lac Léman, près du confluent du Rhône et de l'Arve, à 507 kil. S. E. de Paris, à 626 par chemin de fer ; 32 000 hab. dont env. 20 000 Calvinistes. Belle cathédrale St-Pierre, hôtel de ville, collége, observatoire, hôpital, 4 ponts, statue de J. J. Rousseau, œuvre de Pradier. Sociétés savantes, université, fondée par Calvin, bibliothèques, musées et collections diverses, etc. Genève est une des v. les plus éclairées et les plus industrieuses qui existent : son horlogerie, sa bijouterie sont renommées ; elle fabrique des instruments de mathématiques et de chirurgie ; des étoffes, de laine, de soie, etc. Commerce important de transit ; navigation active sur le lac : bateaux à vapeur pour Coppet, Nyon, Vevey, Thonon, etc.

D'abord aux Allobroges, Genève fut comprise dans la Province romaine, et devint au Ve siècle une des villes princip. des Burgundes. Suivant le sort de la Bourgogne, elle passa avec elle sous la domination des Francs, et devint, après Charlemagne, le siége d'un évêché souverain, relevant de l'Empire. Pendant la féodalité, elle fut le théâtre de rixes fréquentes entre ses évêques et ses comtes qui portaient le titre de comtes du Genevois. Ceux-ci, s'étant éteints en 1410, furent remplacés par les ducs de Savoie. Genève secoua le joug de ces ducs en 1524, fit alliance en 1526 avec Berne et Fribourg, embrassa la Réforme en 1533, expulsa son évêque, devint la résidence de Calvin, qui y fit proscrire le culte catholique (1535), et fut dès lors considérée comme la Rome du Calvinisme. Le duc de Savoie tenta en vain de la surprendre en 1602 ; il fut forcé de signer l'année suivante un acte qui reconnaissait l'indépendance de Genève, sous la garantie de la France, de Berne et de Zurich. Genève, avant 1801, était non pas un canton suisse, mais une république alliée des cantons. Cette république eut d'abord un gouvt démocratique ; il devint