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franchit les Pyrénées vers l’an 542, et s’établit dans les prov. nommées depuis Gascogne et Guyenne. Vaincus et soumis en 602 par Thierry II ; roi de Bourgogne, et Théodebert II, roi d’Austrasie, ils furent réunis au duché d’Aquitaine. Mais dès 630, la Gascogne fut détachée, avec l’Aquitaine, du roy. des Francs, et donnée à Boggis, 2e fils de Caribert. En 714, les Gascons se soulevèrent, mais Pépin et Charlemagne les replacèrent sous la dépendance des ducs d’Aquitaine. La Gascogne formait alors un duché comprenant six comtés : Bigorre, Bordeaux, Agen, Fezensac, Lectoure, plus le comté de Gascogne propre, qui avait pour ch.-l. St-Sever, nommé pour cette raison Cap-de-Gascogne. Le titre de duc de Gascogne passa en 1036 par mariage à la maison de Poitiers-et-Aquitaine ; en 1137 le mariage d’Éléonore, héritière des comtes d’Aquitaine, avec Louis VII, réunit un instant la Gascogne à la couronne de France ; mais le 2e mariage de cette princesse (avec Henri Plantagenet, 1152) mit la Gascogne sous la domination anglaise. Elle resta aux Anglais jusqu’en 1453, époque à laquelle Charles VII la réunit définitivement à la France. L’abbé Montlezun a publié en 1850 une Hist. de la Gascogne.

GASCOGNE (golfe de), Aquitanicus sinus, partie de l’Océan Atlantique comprise entre les côtes occident. de la France et les côtes septent. de l’Espagne.

GASCONS. Ce sont proprement les Basques venus d’Espagne pour occuper la Gascogne (V. GASCOGNE) ; mais on étend vulgairement la dénomination de Gascons à tous les habitants du pays compris entre les Pyrénées et la Garonne. Les Gascons ont l’esprit fin, délié, adroit, fécond en inventions, mais ils ont aussi la réputation de fanfarons.

GASSENDI (Pierre), philosophe français, né en 1592 à Champtercier près de Digne, mort à Paris en 1655, se fit remarquer par sa précocité, obtint au concours une chaire de rhétorique dès l’âge de 16 ans, et enseigna la philosophie et la théologie à Aix dès 21 ans. Il embrassa l’état ecclésiastique, devint en 1623 prévôt de la cathédrale de Digne, et fut pourvu d’un bénéfice avantageux qui lui permit de bonne heure de se livrer à son goût pour les sciences. En 1624, il publia une critique d’Aristote (Exercitationes paradoxicæ adversus Aristotelem), qui souleva beaucoup d’adversaires, mais qui attira sur lui l’attention. En 1645, il fut appelé à Paris et nommé professeur de mathématiques au Collége de France. Il se lia avec les savants les plus distingués, tels que Galilée, Kepler, Hobbes, Mersenne, Pascal, Lamothe-le-Vayer, et devint le centre de leurs réunions. Savant universel, il se distingua à la fois comme philosophe, physicien, mathématicien, astronome, historien, antiquaire ; mais c’est surtout comme philosophe qu’il est célèbre. Il fut un des premiers à sentir le vide de la philosophie d’Aristote et il l’attaqua hardiment dans ses Exercitationes ; il lui préférait celle d’Épicure, et il fit des travaux d’une érudition admirable pour restaurer et réhabiliter cette doctrine si longtemps oubliée et condamnée. Il publia dans ce but trois ouvrages importants : De Vita et moribus Epicuri, 1647 ; Animadversiones in librum X Diogenis Laertii (livre consacré à Épicure), 1649 ; Syntagma philosophiæ Epicuri, 1649 ; il y rassemblait tous les passages des anciens ou il est parlé d’Épicure, exposait et confirmait plusieurs des opinions de ce philosophe, tout en combattant avec force ses dogmes impies. Gassendi se forma en outre une doctrine à lui, sorte d’éclectisme qui avait pour base les données de l’expérience : elle se trouve exposée dans son Syntagma philosophicum, ouvrage posthume, où il traite toutes les parties de la science. Il eut avec Descartes de vives discussions et écrivit contre lui deux traités : Disquisitio metaphysica adversus Cartesium, 1642 ; Dubitationes et instantiæ adversus Cartesii metaphysicam, 1644 ; il attaquait surtout la doctrine des idées innées, et enseignait que toutes nos idées viennent des sens, les unes immédiatement, les autres médiatement. Il réfuta aussi les folies mystiques de Robert Fludd et de Morin. On doit à Gassendi plusieurs ouvrages d’astronomie, d’importantes découvertes sur cette science, et d’excellentes biographies de Tycho-Brahé, Copernic, Peyresc, etc. Ses œuvres ont été réunies à Lyon, 1658, 6 v. in-fol., avec sa vie par Sorbière. Bernier a donné un excellent Abrégé de sa doctrine ; Molière et Bachaumont avaient reçu ses leçons.

GASSENDI (J. J. BASILIEN de), général d’artillerie, de la même famille que le préc., né à Digne en 1748, mort en 1828, se distingua surtout au passage du St-Bernard, où il donna l’idée de transporter les canons à bras en les plaçant dans des troncs d’arbres creusés, quitta le service, avec le grade de général de division, pour entrer dans l’administration, devint conseiller d’État, sénateur en 1806, et fut nommé pair de France par les Bourbons. On lui doit l’Aide-mémoire à l’usage des officiers d’artillerie, 1789, manuel estimé et souvent réimprimé.

GASSION (Jean de), maréchal de France, né à Pau en 1609, servit en Piémont sous le duc de Rohan, passa ensuite en Suède, et combattit en Allemagne sous les ordres de Gustave-Adolphe ; se signala à la bataille de Leipsick, gagnée par ce prince en 1631 ; revint en France après la mort de Gustave, commanda l’aile droite de l’armée française à la journée de Rocroy (1643), et y décida la victoire. La même année, après s’être signalé à la prise de Thionville, où il fut blessé, il fut créé maréchal, quoique huguenot. Il prit Courtray, Furnes, Dunkerque, mais en 1647 il reçut un coup de mousquet au siège de Lens, et mourut 5 jours après. Ce général joignait à une audace extrême dans l’action une grande prudence dans le conseil.

GASSNER (J. Joseph), né en 1727 à Bratz (Tyrol), mort en 1779, fut d’abord curé de Klœsterle dans le pays des Grisons, et se fit une grande réputation par des guérisons qu’on regarda comme miraculeuses. Croyant que les maladies étaient l’effet de la possession, il prétendait les guérir en chassant les démons au nom de Jésus. Il parcourut, à partir de 1773, la Suisse et une partie de l’Allemagne, suivi d’une foule de malades, et séjourna surtout à Elwang, à Sulzbach, à Ratisbonne. L’autorité ecclésiastique et l’empereur Joseph II, alarmés de l’influence qu’exerçait cet enthousiaste, le forcèrent à cesser ses exorcismes et à se renfermer dans sa cure. (1777). On a écrit une foule de volumes, soit pour raconter, soit pour discuter les miracles de Gassner. Il a publié lui-même une Instruction pour combattre le Diable (en allem.), 1774.

GASTINE, GASTINAIS. V. GÂTINE, etc.

GASTON DE FOIX, D’ORLÉANS. V. FOIX, ORLÉANS.

GASTON (Hyacinthe de), poëte, né à Rhodez en 1767, mort en 1808, servit dans l’armée de Condé, puis se réfugia en Russie ; revint en France sous le consulat et fut fait proviseur du lycée de Limoges. On a de lui une traduction de Virgile en vers (Paris, 1808), bien inférieure à celle de Delille.

GASTOUNI, v. de l’État de Grèce (Élide), sur une riv. de même nom, à 110 kil. N. O. de Tripolitza ; 3000 hab. Petit port, château. Aux environs, ruines de l’ancienne Élis.

GATA, v. d’Espagne (Badajoz), sur la riv. Gata, au pied des monts de Gata, à 50 kil. S. O. de Valencia : 2400 h. — Les Monts de Gata lient les monts de Grédos à la sierra Estrella ; la Gata (affluent de l’Alagon) y prend sa source. Ces montagnes tirent leur nom des carrières d’agates qui s’y trouvent.

GATA, Charidemum prom., cap d’Espagne, à la pointe S. O., sur la Méditerranée, au S. O, d’Almeria, par 36° 43’30 « lat. N., et 4 » 28′ 3″ long. O. Duquesne y livra aux Espagnols en 1643 un combat dans lequel il fut blessé.

GATAKER (Thomas), théologien et critique anglais, né à Londres en 1574, mort en 1654, fut successivement instituteur particulier, prédicateur, et recteur de Rotherhithe (Surrey). On a de lui plu-