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pour grand maître en 1771 le duc de Chartres (depuis duc d'Orléans); et sous l'Empire, Joseph, frère de Napoléon; sous le second, le prince Murat.

Les associations maçonniques ont de tout temps excité la défiance des gouvernements, par la facilité qu'elles offrent aux conspirateurs de se réunir secrètement; on les a aussi regardées comme hostiles à la religion. Elles furent proscrites en 1425 par le parlement anglais, en 1561 par la reine Élisabeth; en 1757, le Châtelet de Paris procéda contre elles; elles furent également poursuivies en Espagne, en Russie; en Italie, les papes Clément XII, Benoît XIV, Pie VII et Léon XII les ont condamnées. Elles ont continué à subsister partout. Mais elles paraissent avoir perdu de leur importance philosophique; leurs réunions ont pour but principal des œuvres philanthropiques ou des banquets.

FRANCS-TAUPINS, talpari, fossores, ouvriers mineurs des armées qui fouillaient la terre à la façon des taupes, et sapaient la base des murs et des tours avec des machines de fer appelées talpæ. On les tenait en mépris : le nom de taupin devint une injure adressée par la noblesse aux milices des campagnes.

FRANCUS ou FRANCION, personnage fabuleux, que d'anciens chroniqueurs donnent pour père à la nation française. lis en font un fils d'Hector, qui serait venu s'établir en Gaule après la ruine de Troie. Ronsard, dans sa Franciade, avait adopté cette fable.

FRANEKER, v. du roy. de Hollande (Frise), sur un canal, à 17 k. O. de Leeuwarden; 5000 h. Bien bâtie, très-propre. Université longtemps florissante, fondée en 1585, supprimée en 1811, transformée depuis en Athénée; bibliothèque, jardin botanique, etc. Instruments de mathématiques, corderies.

FRANGIPANI (les), c.-à-d. Brise-pains, surnom de la famille des Schinella, lui vint, dit-on, de ce que dans un temps de famine l'un de ses membres distribua du pain au peuple de Rome. Elle se signala dans les XIIe et XIIIe siècles par son dévouement pour l'empire et son acharnement contre les Guelfes et le St-Siége, surtout contre Gélase II : ce pontife, arraché de l'autel et indignement maltraité par Cencio Frangipani, fut obligé de s'enfuir en France. Après la bataille de Tagliacozzo, 1268, Conradin fut livré par un Frangipani, Jean d'Astura, qui reçut pour prix de sa trahison des fiefs considérables et s'établit à Naples, où il devint chef d'une nouvelle branche de la même famille. On trouve encore auj. des Frangipani dans le Frioul et jusqu'en Hongrie.

FRANK (Jean Pierre), médecin, né en 1745 à Rotalben (margraviat de Bade), mort en 1821, attira l'attention par ses recherches sur la Police médicale, professa la médecine à l'Université de Gœttingue (1784), puis à celle de Pavie (1785), fut appelé en 1795 à Vienne pour organiser le service médical des armées, en 1804 à Wilna pour fonder une clinique, et refusa l'offre que lui fit Napoléon de se fixer en France. Ses principaux écrits sont : Système de police médicale (en allemand, 6 vol. in-8, Manheim, 1779-1819) : c'est le 1er ouvrage complet où aient été traitées toutes les questions d'hygiène publique; Médecine pratique (en latin, 6 vol. in-8, Manheim, 1792-1821), ouvrage vraiment pratique, fruit de 50 années d'observations : il a été trad. par Goudareau, 1820-1828. Frank a laissé son nom à un remède toni-purgatif qui a joui d'une grande vogue. — Son fils, Jos. Frank, né en 1771, le remplaça à Pavie, puis à Wilna, et publia ses Œuvres posthumes, Vienne, 1824. Il a donné lui-même un grand traité de pathologie médicale : Praxeos medicæ universæ præcepta, Leipsick, 1821-43, 13 vol. in-8, trad. en français par Bayle. — V. FRANCK et FRANCKE.

FRANKENAU, bourg de Bavière (Franconie moy.), à 25 k. d'Anspach; 1700 h. Résidence du prince de Hohenlohe-Schillingsfürst.

FRANKENBERG, v. du roy. de Saxe, à 12 kil. N. E. du Vieux-Chemnitz; 3500 hab. Lainages, toiles, étoffes de coton, indiennes, brasseries. Cuivre aux environs. Jadis fortifiée par Charlemagne pour la garantir des Saxons. Anc. comté. Parmi les comtes de Frankenberg, on remarque J. Henri, cardinal-archevêque de Malines et primat de Belgique, qui lutta contre l'empereur Joseph II pour la liberté de l’Église.

FRANKENHAUSEN, ville de la Principauté de Schwartzbourg-Rüdolstadt, sur la Wipper, à 55 k. N. E. de Gotha; 4000 h. Grande saline, eaux thermales. Les Anabaptistes y furent taillés en pièces en 1525: Th. Munzer, leur chef, fut pris et décapité.

FRANKENSTEIN, v. murée des États prussiens (Silésie), à 65 kil. S. O. de Breslau; 5370 hab.

FRANKFORT, capit. du Kentucky, sur la r. dr. du Kentucky, à 95 k. de sa jonction avec l'Ohio; 5000 h.

FRANKLIN (Benjamin), né en 1706 à Boston (Massachusetts), était fils d'un pauvre fabricant de savon et fut d'abord ouvrier imprimeur. A force d'ordre et d'économie, il devint lui-même en 1729 chef d'une imprimerie importante à Philadelphie, et acquit bientôt une honnête aisance. Il s'occupa dès lors d'objets d'utilité publique, fonda une bibliothèque et une société littéraire, publia des journaux et des almanachs qui lui servaient à répandre dans le peuple une utile instruction, et ne tarda pas à entrer dans l'administration. Il fut d'abord secrétaire (1736), puis membre de l'assemblée de Pensylvanie (1747), et fit adopter d'importantes mesures, telles que )'organisation d'une milice nationale, la fondation de colléges et d'hôpitaux. En même temps, il se livrait à l'étude des sciences, faisait de précieuses découvertes sur l'électricité, reconnaissait l'identité de la foudre et du fluide électrique, inventait le paratonnerre (1752) et faisait les plus heureuses applications de la science : on lui doit le système de chauffage connu sous le nom de Cheminée à la Franklin. Il fut nommé en 1753 maître général des postes en Amérique et fut député en 1757 en Angleterre, pour défendre près de la métropole les intérêts de ses compatriotes. Il réussit dans plusieurs négociations délicates et fit révoquer en 1765 l’acte du timbre, qui enlevait aux colonies américaines le droit de s'imposer elles-mêmes. Mais de nouvelles vexations ayant allumé la guerre entre l'Angleterre et l'Amérique, il quitta Londres en 1775. Nommé à son arrivée député de la Pensylvanie au congrès, il concourut avec Washington à organiser la défense du pays et eut une grande part à la déclaration de l'indépendance (1776). Envoyé en France pour solliciter des secours, il fut accueilli à Paris avec enthousiasme, et obtint tout ce qu'il demandait (1778). En 1783, il signa le traité de paix qui assurait l'indépendance de sa patrie. Il retourna deux ans après aux États-Unis; son retour fut un triomphe. Il fut nommé président de la Pensylvanie. En 1788, il se retira des affaires et mourut deux ans après, à l'âge de 84 ans. A sa mort, l'Union prit le deuil pendant un mois, et l'Assemblée nationale de France pendant 3 jours. — Franklin ne fut pas seulement un excellent citoyen et un habile physicien; il fut encore un grand moraliste et un modèle de vertu : il s'était créé une méthode de réforme morale, qui consistait à combattre successivement chaque vice. Il contribua au perfectionnement de ses concitoyens par une foule d'écrits populaires, parmi lesquels on remarque la Science du Bonhomme Richard. Turgot a résumé les plus beaux titres de Franklin. dans ce vers célèbre :

Eripuit cœlo fulmen, sceptrumque tyrannis.

Les œuvres de Franklin ont été réunies à Londres, 1806-1811, 3 vol. in-8. Elles ont été trad. en franç. dès 1773 par Barbeu-Dubourg. On a publié depuis la Science du Bonhomme Richard, avec divers opuscules, Dijon, 1795; des Mélanges de morale et d'économie politique, trad. par A. Ch. Renouard, 1825; les Mémoires de Franklin, trad. par Laboulaye, 1865, et sa Correspondance, trad. par Laboulaye, 1866. Son Éloge a été lu par Condorcet à l'Académie des sciences, dont il était associé. M. Mignet a publié en