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FRANCONIE (monts de), chaîne de mont. de Bavière (Hte-Franconie), à l’O. du Fichtelberg ; sommet principal, le Sieglitzberg, 760m.

FRANCONVILLE, vge du dép. de Seine-et-Oise, à 12 kil. S. E. de Pontoise et à 6 kil. O. de Montmorency ; 1250 h. Maisons de plaisance. On y voyait autrefois un beau château, auj. détruit. Station du chemin du Nord.

FRANCOVELLE, sculpteur. V. FRANCHEVILLE.

FRANCS, Franci, en ail. Franken, c.-à-d. libres ou fiers, intrépides, confédération des Germains du N.-O., se composait de peuples qui habitaient entre le Weser, le Rhin et le Mein : Chamaves, Cattes, Chauques, Bructères, Tenctères, Angrivariens, Attuariens, Sicambres, Dulgibins, etc. Plus tard, on donna spécialement ce nom à deux de leurs tribus, aux Francs Saliens, qui habitaient sur les bords de la Sala (Yssel), et qui s’établirent ensuite dans l’O et le centre des Gaules ; et aux Francs Ripuaires, qui occupaient surtout la rive droite du Rhin et avaient Cologne pour ville principale. — La confédération des Francs apparaît vers l’an 240 de J.-C. sous l’emp. Gordien III. Elle devint bientôt célèbre par sa bravoure, et fit diverses invasions en Gaule, surtout sous Gallien ; elle fut battue par Aurélien, Probus, Constance Chlore, Constantin (qui fit périr par milliers les prisonniers francs dans le cirque de Trêves). Les Francs revinrent dans les Gaules sous Constance II et sous Julien : ce dernier les battit en 358, mais il permit aux Francs Saliens de se fixer dans la Toxandrie (Brabant). Malgré ces guerres continuelles, les Francs comme les autres barbares, étaient en possession de fournir des recrues aux armées romaines ; divers Francs (Baudo, Sylvain, Mellobaude, Arbogast), furent tout puissants près des empereurs et disposèrent de la pourpre à leur gré. Lors de la grande invasion de 406, ils restèrent fidèles aux Romains, défendirent la frontière gauloise et voulurent barrer le passage aux barbares qui marchaient sur le Rhône ; n’ayant pu y réussir, ils prirent leur part des dépouilles de l’empire. En 429 au plus tard, sous Clodion, ils entrèrent en Gaule, s’établirent vers Tongres ou à Tournai, ravagèrent Trêves avec fureur, et parcoururent le pays jusqu’à la Loire. Ils s’allièrent souvent aux Romains contre les Armoricains, les Saxons, les Visigoths, et s’unirent à eux pour repousser, en 451, les hordes d’Attila dans les plaines de Châlons. Enfin, sous Clovis, ils devinrent le peuple dominant de la Gaule, et formèrent plusieurs petits royaumes dans ce pays qui prit alors le nom de France (V. FRANCE) ; à la même époque ils embrassèrent la religion catholique. — Les Francs étaient partagés en tribus nombreuses qui semblent avoir eu chacune leur roi. Les chefs militaires (heerzog) avaient autour d’eux des bandes d’antroueste (antrustions) ou fidèles qui, se groupant volontairement à leur suite, avaient pour vivre sa table ou le pillage. Il faut donc distinguer chez les Francs la nation et la bande. La couronne, bien qu’étant exclusivement le partage d’une seule famille, était néanmoins élective entre les membres de cette famille : le roi élu était élevé sur le pavois. Une assemblée générale, dite mall, décidait des grandes affaires. Un grand juge dit morddom (major domus, maire du palais), rendait la justice. Les coutumes, très simples d’abord, ne furent rédigées qu’après Clovis : les textes les plus anciens ne remontent pas au delà de Dagobert. Il y eut deux de ces codes grossiers, la Loi salique, la Loi ripuaire : ils répondaient à la division de la nation en Saliens et Ripuaires.

FRANCS (en Orient). Dans tous les États du Levant on désigne sous le nom de Francs tous les Européens, soit parce que les Français jouèrent le rôle le plus important dans ces contrées depuis le temps des Croisades, soit à cause des privilèges que la Porte a toujours accordés aux Français, qui furent très souvent ses alliés. On appelle langue franque un jargon parlé dans le Levant, qui sert d’intermédiaire entre les Européens et les Orientaux ; il est surtout composé d’italien.

FRANCS-MAÇONS, société secrète répandue dans différentes contrées du globe, surtout en Angleterre, en Allemagne et en France, a pour objet, d’après les statuts publiés par l’ordre même : « l’exercice de la bienfaisance, l’étude de la morale universelle, et la pratique de toutes les vertus ». Les Francs-Maçons se considèrent comme frères et doivent s’entr’aider en quelque lieu qu’ils se trouvent, à quelque nation, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent. On n’est admis dans l’ordre qu’après certaines cérémonies initiatrices et certaines épreuves dites voyages ; les initiés jurent de ne rien révéler des secrets de l’ordre. Ils ont des signes convenus pour se reconnaître. Les Francs-Maçons ont adopté certains symboles qui sont tous empruntés à l’art de bâtir : le tablier de peau, la truelle, l’équerre, le compas ; ils sont distribués en un certain nombre de petites assemblées dites loges, présidées chacune par un vénérable ; le lieu dans lequel ils se réunissent est appelé temple, en mémoire du temple de Salomon. Ils reçoivent, selon qu’ils sont plus ou moins avancés dans l’initiation, des grades divers, dont le nombre ne s’élève pas à moins de 33 ; mais il n’y a que trois de ces grades vraiment essentiels, ceux d’apprenti, de compagnon et de maître ; les initiés qui sont arrivés au grade le plus élevés forment une espèce de conseil qu’on nomme Grand Orient ; Le Grand Orient de France réside à Paris. Les Francs-Maçons ont deux banquets par an pour célébrer les deux fêtes de l’ordre, l’une au solstice d’été, l’autre au solstice d’hiver. — L’origine de la maçonnerie est enveloppée d’une grande obscurité : les uns la font sortir des mystères de l’Égypte et de la Grèce, les autres la font remonter à la fondation du temple de Jérusalem sous Salomon, et lui donnent pour instituteur Hiram, architecte de ce temple ; d’autres enfin la regardent comme un reste de l’ordre des Templiers, des Francs-Juges ou de la Société des Rose Croix. Selon l’opinion la plus probable, l’institution maçonnique devrait son existence à une confrérie ou association d’architectes et de maçons qui ne commence à être connue qu’au VIIIe siècle de notre ère ; ces artistes voyageant d’un bout de l’Europe à l’autre, auraient construit ces basiliques, ces cathédrales gothiques du moyen âge si remarquables par leur élégance et leur uniformité. C’est en Lombardie que ces maçons exercèrent d’abord leurs talents ; de là ils se répandirent dans la Gaule, pénétrèrent dans l’Allemagne à la suite de Charlemagne, et passèrent ensuite en Angleterre où ils formaient déjà au Xe siècle une puissante corporation, qui eut pour président le prince Edwin, frère du roi Athelstan ; on les voit au XIIIe siècle construire la magnifique cathédrale de Strasbourg sous la direction d’Erwin de Steinbach (1271). Ils avaient obtenu des empereurs et des papes le privilège exclusif d’exécuter certains travaux d’architecture : pour éviter toute concurrence, ils tenaient leurs procédés secrets et exigeaient un long noviciat. Avec le temps, et lorsque les procédés de l’architecture furent universellement connus, l’association maçonnique perdit son caractère primitif ; un grand nombre de personnes étrangères à l’architecture y furent admises ; néanmoins les instruments et les dénominations tirés de l’art de construire y conservés, mais ce ne furent plus que des symboles ; les réunions ne conservèrent bientôt plus de l’organisation primitive que l’esprit de fraternité. C’est en Angleterre que l’on trouve les traces les plus anciennes de l’ordre maçonnique organisé à peu comme il l’est aujourd’hui : en 1327 tous les étaient maçons ; en 1502 Henri VII se déclara protecteur de l’ordre et tint une loge dans son propre palais. Ce n’est qu’en 1725 que cette nouvelle maçonnerie fut introduite en France ; elle le fut par lord Derwent-Waters gentilhomme dévoué aux Stuarts. Elle ne tarda pas à se répandre ; elle eut