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Il a le premier imaginé de parodier des opéras italiens. On lui doit des traductions littérales de la Jérusalem délivrée (en société avec Panckoucke), Paris, 1785, 5 vol. in-8; du Roland furieux, 1787, 10 vol. in-12, et plusieurs écrits sur la musique.

FRANÇAIS (le comte Ant.), dit Français de Nantes, né en 1756 à Beaurepaire en Dauphiné, mort en 1836, était directeur des douanes à Nantes lorsqu'il fut élu membre de l'Assemblée législative, en 1791. 11 s'y fit remarquer à la fois par son patriotisme et sa modération, entra en 1798 au Conseil des Cinq-Cents, devint, après le 18 brumaire, préfet de la Charente-Inférieure, fut nommé en 1804 conseiller d'État et directeur des Droits réunis, et bientôt après comte de l'Empire. Député de l'Isère de 1819 à 1822, il fut élevé à la pairie après la révolution de 1830. Français de Nantes a publié sous le voile de l'anonyme : Manuscrit de feu Jérôme, 1825; Recueil de fadaises de feu Jérôme, 1826, écrits pleins d'originalité, dans la manière de Sterne et de Swift. Vers la fin de sa vie il s'occupa surtout d'agriculture. Pendant qu'il était directeur des Droits réunis, Français de Nantes recueillit dans ses bureaux beaucoup de gens de lettres que la Révolution avait atteints.

FRANC-ALLEU, terre libre de toute charge sous le régime féodal (V. ALLEU). — On donnait spécialement ce nom dans l'anc. France à un petit pays de France situé sur les confins de la Hte-Marche et de la B.-Auvergne. Il faisait partie du pays de Combrailles, dépendait de la sénéchaussée de la Hte-Marche et avait Sermur pour chef-lieu. Il devait son nom aux franchises dont il jouissait.

FRANCAVILLA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre d'Otrante), à 33 kil. N. E. de Tarente; 12 000 h. Tabac semblable à celui d'Espagne. Étoffes et bas de coton. Poterie.

FRANCE, Gallia, Gallia Transalpina, un des États de l'Europe occidentale, par 42° 20'-51° 5' lat. N., et 7° 9' long. O. — 5° 56' long E., est bornée au N. par la Manche et le Pas-de-Calais (qui la séparent de l'Angleterre), par la Belgique, le Luxembourg et l'Allemagne; à l'E. par l'Alsace-Lorraine, la Suisse et l'Italie; au S. par la Méditerranée et l'Espagne; à l'O. par l'Océan Atlantique. Étendue : 1064 kil. du N. O. au S. E.; 924 kil. du S. O. au N. E.; superficie : 541 000 kil. carrés; population en 1872 (même après les pertes territoriales de 1871) 38, 067, 091; capitale, Paris. On comprend dans son territoire plusieurs îles qui l'avoisinent : la Corse et les îles d'Hyères dans la Méditerranée; les îles de Ré, d'Oléron, d'Ouessant, Belle-Ile et l'Ile-Dieu dans l'Océan Atlantique. La France possède en outre des colonies dans les diverses parties du monde: 1° en Amérique, les îles St-Pierre et Miquelon, la Martinique, la Guadeloupe, avec les petites îles qui en dépendent, et la Guyane française; 2° en Afrique, l'Algérie, le Sénégal et l'île de Gorée, les îles Bourbon, Ste-Marie, Mayotte et Nossi-Bé; 3° en Asie, les établissements de Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon, Chandernagor (dans l'Inde), de Saigon (en Cochinchine); 4° dans l'Océanie, les îles Marquises et de Taïti, la Nouv.-Calédonie et les îles Gambier. La France a quelque temps possédé en Amérique la Louisiane, le Canada, St-Domingue, Ste-Lucie et Tabago; en Afrique, l'île de France et partie de Madagascar; en Asie, plusieurs comptoirs, dont le plus important était Surate ; mais elle a perdu toutes ces possessions.

Nous donnerons successivement la description générale du pays, puis les divisions de la France actuelle, celles de la France anc., et enfin l'histoire.

I. Description. Considérée sous le rapport physique, la France offre plusieurs chaînes de mont. dont quelques-unes très-élevées : ce sont, le Jura et les Alpes à 1 E. ; les Vosges au N. O. du Jura; puis, en redescendant au S. E., les mont. de la Bourgogne, du Forez, de l'Auvergne et les Cévennes; enfin, au S. les Pyrénées, qui la séparent de l'Espagne. Elle a cinq grands fleuves : la Meuse (qui n'y a qu'une faible partie de son cours), le Rhône, la Garonne, la Loire, la Seine. La France est en outre arrosée par m grand nombre de rivières navigables (Somme, Orne, Vilaine, Charente, Adour, Aude, Hérault, Var, qui se jettent dans la mer; Yonne, Marne, Aisne, Oise, Allier, Cher, Loiret, Indre, Vienne, Mayenne, Ariége, Lot, Tarn, Dordogne, Isère, Drôme, Durance, etc., qui se jettent dans les grands fleuves); en même temps qu'ils fertilisent le territoire, tous ces cours d'eau facilitent la navigation. Les canaux les plus remarquables sont ceux du Midi, du Centre, du Rhône au Rhin, de Bourgogne, le canal latéral à la Loire, ceux du Cher, de Nantes à Brest, de Niort à La Rochelle, du Loing, de Briare. On compte 28 routes nationales, 97 routes départementales, beaucoup de routes vicinales, et un grand nombre de chemins de fer, qui pour la plupart aboutissent à la capitale. La France possède de riches mines de houille, de lignite, d'asphalte ; le fer, le plomb y abondent aussi ; le cuivre est plus rare, l'argent bien plus encore; l'or ne vaut pas la peine d'être exploité; on y trouve de nombreuses carrières d'albâtre, de porphyre, de granit, de beaux marbres, des pierres lithographiques, des pierres meulières, des pierres à bâtir, des pierres à fusil, des ardoises, du plâtre, du kaolin, de la terre à faïence, de la terre vitriolique et sulfurique, de la terre à foulon, etc; de nombreuses salines, des sources salées et des marais salants, des eaux minérales renommées (Bagnères, Aix, Balaruc, Barèges, Vichy, Mont-Dore, Eaux-Bonnes, Bourbonne, Bourbon-Lancy, Plombières, Forges, St-Amand, etc.). — Le sol, bien que varié, est presque partout fertile et offre de riches plaines à céréales, de belles prairies naturelles et artificielles, des vignobles renommés (en Champagne, Bourgogne, Lyonnais, Dauphiné, Bordelais, Languedoc, Roussillon). On trouve cependant des landes incultes au S. O., sur les côtes de l'Océan, ainsi que dans la Sologne, et de vastes bruyères dans les dép. de l'anc. Bretagne. Les forêts, bien que dévastées depuis 60 ans, occupent encore une très-grande superficie. Outre les céréales et le vin, la France donne, selon le climat, une foule d'autres productions : chanvre, tabac, houblon, graines oléagineuses, plantes tinctoriales, fèves, pois, haricots, châtaignes, pommes de terre, fruits en quantité, olives, truffes; la betterave est un objet de grande culture et fournit immensément de sucre : on élève beaucoup de vers à soie, ainsi que d'abeilles; beaucoup de volailles, de bêtes de somme, de gros et petit bétail (on a introduit depuis peu d'années le mérinos et la chèvre du Thibet). L'industrie est très-florissante : dans le Nord et quelques parties de l'E., elle ne le cède qu'à l'Angleterre ; elle l'emporte sur tous les autres pays pour les arts de goût. La France produit surtout des draps et autres tissus de laine, des soieries magnifiques, des toiles de toute espèce, des batistes, linons, percales, dentelles, tulles, blondes, toiles de coton, cotonnades et mousselines; toiles peintes, gants, rubans, tapis et tapisseries, couvertures, chapellerie, peausserie de tous les genres, porcelaine, faïence, poterie, verrerie, raffinerie, distilleries, brasseries, sucreries, produits chimiques, armes, poudre, quincaillerie, horlogerie, bijouterie, ébénisterie, carrosserie, métallurgie, plaqués, machines, instruments de musique et de science, imprimés, gravure, etc. Le commerce tant intérieur qu'extérieur est des plus considérables. Les principales exportations consistent en soieries, lainages, étoffes de coton, modes et objets de toilette, toiles, vins, eaux- de-vie, liqueurs, huile d'olive, meubles et objets de mode, livres et objets d'art, armes, peaux, instruments de précision ; les importations, en denrées coloniales (sucre, café, coton, tabac, indigo, cacao, cochenille), fil, huiles diverses, potasse, goudron, toiles, or, argent, étain, cuivre.

La nation française est la plus homogène de l'Europe; cependant les Méridionaux diffèrent sensible-