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fut élu en 1848 représentant à l’Assemblée nationale, et s’y fit apprécier du prince Louis-Napoléon, qui, en 1851, après le 2 décembre, l’appela au ministère de l’instruction publique, poste qu’il conserva jusqu’à sa mort. Il fut élevé en 1853 à la dignité de sénateur et admis en 1854 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Comme ministre, M. Fortoul voulut faire une plus forte part à l’étude des sciences et associer plus étroitement les sciences et les lettres. En outre, il modifia profondément l’organisation de l’instruction publique en supprimant la section permanente du Conseil de l’Université, en réduisant à seize le nombre des académies, et surtout en se réservant la faculté de révoquer sans jugement les professeurs de tout ordre. On a réuni en 1854-56, sous le titre de Réforme de l’enseignement, le recueil de ses actes administratifs, et, sous le titre d’Études d’archéologie et d’histoire, ses divers travaux d’érudition. Il avait précédemment publié à part plusieurs ouvrages dans lesquels on trouve réunies l’érudition et l’élégance : Histoire du XVIe siècle ; Étude sur la maison des Stuarts ; le Génie de Virgile ; la Danse des morts expliquée ; De l’Art en Allemagne : ce dernier est le plus remarquable de ses écrits.

FORTUNAT, Venantius Honorius Clementianus Fortunatus, évêque de Poitiers, et l’un des meilleurs poëtes de son temps, né vers 530 près de Trévise, mort en 609. Il vint en Gaule vers 565, assista aux noces de Sigebert et de Brunehaut, composa un épithalame pour cette cérémonie ; fut attaché comme chapelain au monastère fondé à Poitiers par Ste Radegonde, épouse du roi Clotaire, et édifia son siècle par ses vertus. Ses Œuvres ont été publiées à Cagliari, 1573, à Cologne en 1600, à Mayence, 1617, et trad. dans la collection Panckouoke. Elles se composent d’un poëme en 4 chants en l’honneur de S. Martin, de poésies religieuses en vers élégiaques, et d’hymnes adoptées en partie dans les offices : on y remarque le Vexilla regis. Son style est souvent incorrect et prétentieux, mais ses écrits sont un monument précieux pour l’histoire de l’époque.

FORTUNE, déesse allégorique, adorée chez les Grecs et surtout chez les Romains. On la représente chauve par derrière, avec des ailes et se tenant debout, un pied posé sur un globe ou une roue en mouvement et l’autre pied en l’air. Elle avait à Antium, chez les Volsques, ainsi qu’à Préneste et qu’à Fanum Fortunæ dans l’Étrurie, des temples magnifiques où l’on rendait des oracles.

FORTUNÉES (îles). V. CANARIES.

FORUM, c.-à-d. place publique. On désignait plus spécialement sous ce nom la principale place publique de Rome, celle où se réunissaient les assemblées par tribus. Elle était située à peu près au centre de la ville, entre les monts Quirinal et Palatin. Dans le Forum s’élevait la tribune aux harangues ou rostres. Tout autour régnaient des portiques, des temples et des basiliques où l’on rendait la justice. Le Forum est auj. désert et s’appelle Campo Vaccino (ou Champ aux Vachers), parce qu’il avait été converti au moyen âge en un marché de bestiaux. En 1812 et 1813, l’administration française a fait déblayer une partie du Forum, mis à jour quelques-uns de ses monuments et commencé des travaux de conservation qui ont été continués par le gouvernement papal. Aux VIIIe et IXe siècles de Rome on créa 4 nouveaux forums, dits de Jules-César, d’Auguste, de Nerva et de Trajan. Ce dernier était le plus beau.

FORUM, suivi d’un nom au génitif, désigne un grand nombre de v. anciennes qui primitivement n’étaient que des champs de foire. Telles sont : FORUM ALLIENI, v. de la Gaule Cispadane, auj. Ferrare ; — F. APPII, v. d’Ombrie, auj. San-Donato ; — F. CLAUDII, v. des Alpes Grecques, chez les Centrons, auj. Moutiers en Tarantaise ; — F. CORNELII, v. de la Gaule Cispadane, auj. Imola ; — F. DIUGUNTORUM, v. de la Gaule Transpadane, auj. Crema ; — F. GALLORUM, v. de la Gaule Cispadane, près de Modène, où Antoine défit Vibius Pansa et fut à son tour défait par Hirtius (43 av. J.-C.) : c’est auj. San Donino ou Castel-Franco ; — F. JULII, v. de Vénétie, chez les Carni, auj. Cividale-di-Friuli ; — v. de la Gaule Narbonnaise, auj. Fréjus ; — F. LIVII, v. de la Gaule Cispadane, chez les Senones, auj. Forli ; — F. NERONIS, v. de la Gaule Narbonnaise 2e, auj. Lodève ; — F. NOVUM, v. de Gaule Cispadane, auj. Fornoue ; — F. POPILII, v. de Gaule Cispadane, auj. Forlimpopoli ; — F. SEGUSIAVORUM, v. de la Lyonnaise 1re, auj. Feurs ; — F. SEMPRONII, v. d’Ombrie, auj. Fossombrone ; — F. VULCANI, en Campanie, auj. la Solfatare.

FOS. V. FOS-LÈS-MARTIGUES.

FOSCARI (François), doge de Venise de 1423 à 1457, soutint avec avantage plusieurs guerres contre les ducs de Milan et soumit les pays de Brescia, de Bergame et de Vérone, mais fut abreuvé de chagrins domestiques. Il perdit successivement trois de ses fils, et vit exiler le 4e, accusé d’avoir reçu des présents de princes ennemis de la république. Foscari fut déposé en 1457, et mourut trois jours après l’élection de son successeur. Ses malheurs ont fourni à lord Byron le sujet d’un drame et à Verdi d’un opéra.

FOSCARINI (Marc), doge de Venise en 1762, né en 1695, m. en 1763, est auteur d’une Histoire de la littérature vénitienne, Padoue, 1752, ouvrage riche en documents, et rédigé avec critique, mais malheureusement inachevé. — Un autre F., Michel, 1632-92, a continué l’Histoire de Venise de Nani.

FOSCOLO (Ugo), écrivain italien, né à Zante en 1776, mort en 1827. Lorsque Venise fut donnée à l’Autriche, il se retira en Lombardie et fut nommé professeur de littérature à Pavie. Accusé en 1815 d’avoir pris part à une conspiration pour chasser d’Italie les Autrichiens, il se réfugia en Angleterre. On a de lui des poésies, dont la plus remarquable est le Chant des tombeaux et un poëme intitulé les Grâces ; trois tragédies médiocres : Thyeste, Ajax et Ricciarda, et les Dernières lettres de Jacques Ortiz, 1802, roman dans le genre de Werther, où l’on trouve une vive sensibilité, mais quelque emphase : c’est le meilleur de ses écrits ; il a été trad. par Sénones, 1814, et par M. Trognon, 1819. Ses Œuvres complètes et ses Lettres ont été publ. à Florence, 1850-54.

FOS-LÈS-MARTIGUES, vge du dép. des Bouches-du-Rhône, à 9 kil. S. O. d’Istres et à 40 kil. S. O. d’Aix, sur les bords du canal de Bouc ; 1200 hab. On présume que c’est le lieu où abordèrent les Phocéens qui vinrent bâtir Marseille, et l’on a cru retrouver leur nom dans son nom. Il est plus probable cependant qu’il vient de Fossa Mariana, canal actuellement obstrué, que Marius fit creuser à ses troupes entre le Rhône et la mer, et qu’on nomme auj. le Bras-Mort. À l’embouchure de ce canal était Fossæ Marianæ portus, ruiné par les Sarrasins.

FOSSA. Ce mot, joint à un adjectif ou à un nom propre au génitif, désignait un canal. On connaît surtout : Fossa Corbulonis (auj. le Vliet), canal qui joignait la Meuse au Rhin en traversant l’île des Bataves ; — Fossa Drusiana, qui mettait en communication le Rhin septentrional (Yssel) avec le lac Flevo ; — Fossa Mariana, canal creusé par les troupes de Marius en 103, tandis qu’il attendait les Cimbres : il allait du Rhône à Marseille (V. FOS-LÈS-MARTiGUES). Fossa tout seul désignait le détroit qui sépare la Sardaigne de la Corse, auj. détroit de Bonifacio.

FOSSALTA, riv. de la Romagne, affluent de la Scultenna, célèbre par la bataille que les Guelfes de Bologne y remportèrent en 1249 sur les Gibelins : ils y firent prisonnier le roi Enzio.

FOSSANO, v. du Piémont, à 19 kil. N. E. de Coni, près de la Stura ; 16 000 hab. Évêché. Château fort, arsenal. Prise par les Français en 1796. Championnet y fut battu par Mélas en 1799.

FOSSAT (le), ch.-l. de cant. (Ariége), sur la Lize, à 20 kil. N. O, de Pamiers ; 1000 hab.

FOSSÉ (P.-Thom. du), V. DUFOSSÉ.

FOSSEUX, branche des Montmorency. V. ce nom.