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Les principales productions sont les céréales, le lin, le chanvre, le colza, le houblon, le tabac ; il y a peu de bois, mais beaucoup de pâturages: on y nourrit quantité de bêtes à cornes et des chevaux excellents. L'industrie principale consiste dans la fabrication de la bière, des toiles et des dentelles.

Du temps des Romains, le territoire de la Flandre, qui faisait partie de la Gaule Belgique (Belgique 2e), était occupé par les Morini, par une partie des Nervii et des Menapii. Ces peuples opposèrent une vive résistance à César : les Nerviens à eux seuls armèrent contre lui 60 000 hommes et faillirent exterminer ses légions. Cette partie remuante de la Gaule Belgique se souleva, à la suite du Batave Civilis, 68 ap. J.-C. Le Christianisme y fut introduit, sous Maximien et Dioclétien, par Piat, Chrysole et Eucher, tous trois martyrs. En 445, Clodion, chef des Francs, vainqueur des Romains, envahit cette contrée et prit Tournay et Cambray. À cette invasion succédèrent, en 449, les ravages d'Attila. En 486, Clovis s'empara du pays, qui, sous ses descendants, fit partie de la Neustrie; il fut administré par des gouverneurs dits Forestiers. Ce n'est qu'au VIIe s. qu'apparaît le nom de Flandre : encore ne s'étendait-il à cette époque qu'au territoire de Bruges. Ce pays fut compris dans le roy. de France par le traité de Verdun, 843. En 862, il fut érigé en comté, vassal des rois de France, en faveur de Baudouin, dit Bras de Fer, gendre de Charles le Chauve, dont la famille le conserva jusqu'en 1119. Les comtes de Fl. étaient en 987 au nombre des six pairs de Hugues Capet. Deux comtes de Flandre eurent le titre de régent de France : l'un, Baudouin V, fut tuteur de Philippe I; l'autre, Philippe, fils de Thierry, eut la tutelle de Philippe-Auguste. Un 3e, Baudouin IX, fut empereur de Constantinople (1204). Après l'extinction de la 1re dynastie de ses comtes, la Flandre fut possédée, en vertu d'un testament de Baudouin VII, par Charles I, le Bon, fils de Canut, roi de Danemark (1119-1127), et après la mort de celui-ci par Guillaume Cliton, fils de Robert II, duc de Normandie, que le roi de France Louis le Gros investit du comté ; mais Guill. Cliton périt l'année suivante (1128) au siège d'Alost. Thierry d'Alsace, fils de Thierry, duc de Lorraine, lui succéda et transmit le comté à ses descendants. Dans les guerres de la France et de l'Angleterre, les comtes de Flandre prirent souvent parti pour celle-ci, malgré les liens de vassalité qui les attachaient à la France. Après la mort de la comtesse de Flandre Marguerite II, qui avait épousé successivement Bouchard, seigneur d'Avesnes, et Guy de Dampierre, la Flandre échut à Guy de Dampierre, un de ses fils (1280). La révolte de Guy contre Philippe le Bel, en 1297, fut suivie de la conquête et de la réunion de son comté à la couronne de France; mais en 1302 les Flamands s'insurgèrent, battirent Philippe le Bel à Courtray, et obtinrent qu'on leur rendit leurs comtes (1304). En 1337, sous Louis I de Dampierre, les villes flamandes, à l'instigation du premier Arteveld, reconnurent comme roi de France Édouard III d'Angleterre, et par là donnèrent lieu à la guerre de Cent ans, entre les rois de France et d'Angleterre. En 1382, elles se révoltèrent, sous la conduite de Philippe Arteveld, contre Louis II, leur comte, qui appela les Français à son secours, et ils s'attirèrent ainsi la terrible défaite de Rosebecque. Après la mort de Louis II (1384), la dynastie française de Valois-Bourgogne remplaça celle des Dampierre par le mariage de Philippe I, duc de Bourgogne, avec Marguerite, fille de Louis II. Cette époque fut pour les villes de Flandre un temps de splendeur et de prospérité ; les villes populeuses de Gand, de Bruges, d'Ypres, etc., avaient acquis par leur commerce des richesses immenses; mais, jalouses de leurs libertés, elles étaient sans cesse en querelle avec leurs seigneurs. Après la mort de Charles le Téméraire, qui avait toujours été en guerre avec Louis XI (1465-1477), le comté de Flandre échut à sa fille Marie ; celle-ci, en épousant l'archiduc Maximilien, porta ce comté avec toutes ses dépendances dans la maison d'Autriche ; de là, les longues guerres de la France avec cette maison. En 1526, le traité de Madrid, en abolissant la vassalité de la Flandre, brisa le dernier lien qui attachait ce pays à la France. Charles-Quint l'incorpora aux 17 provinces qui formèrent le cercle de Bourgogne. Le traité des Pyrénées, en 1659, rendit à la France quelques villes de la Flandre et de l'Artois. Le traité de Nimègue lui donna tout l'Artois et une bonne partie de la Flandre avec un peu du Hainaut et la ville de Cambray (1678). La paix d'Utrecht (1713) conféra la Flandre non française à la ligne d'Autriche-Autriche; elle passa en 1740 à la maison de Lorraine-Autriche, mais toujours en restant partie intégrante de l'empire germanique. En 1792, les Français envahirent la Flandre impériale, et ils l'occupèrent depuis jusqu'en 1814. Ils en formèrent les dép. de la Lys et de l'Escaut. En 1814, cette partie de la Flandre fut donnée au roi des Pays-Bas, qui en fit deux provinces. Après le soulèvement des Belges en 1830, elle resta à la Belgique.

Comtes de Flandre.
lre Dynastie. Jeanne, qui épousa Fernand de Portugal, puis Thomas de Savoie, 1206
Baudouin I, 862 Marguerite II, qui épousa Guillaume de Dampierre, 1244.
Baudouin II, 879 Dynastie de Dampierre.
Arnoul I et Baudouin III, 918 Guy, 1280
Arnoul II, 965 Robert III, 1305
Baudouin IV, 989 Louis I, 1322
Baudouin V, 1036 Louis II, 1346
Baudouin VI, 1067 Marguerite III, de Dampierre, épouse Philippe I, duc de Bourgogne, 1384
Arnoul III, 1070 Dynastie des ducs de Bourgogne.
Robert I, 1071 Jean sans Peur, 1405
Robert II, 1093 Philippe II, le Bon, 1419
Baudouin VII, 1111 Charles II, le Téméraire, 1467
Divers. Marie, qui épouse Maximilien d'Autriche, 1477
Charles I de Danemark, 1119 Philippe III, le Beau, 1482
Guillaume Cliton de Normandie, 1127 Dynastie d'Autriche.
Dynasties d'Alsace et de Hainaut. Charles III (Charles-Quint), 1506
Thierry I, d'Alsace, 1128
Philippe, 1168
Marguerite I, qui épousa Baudouin VIII, comte de Hainaut, 1191
Baudouin IX, empereur de Constantinople, 1194

M. Van Praet, en 1828, et M. Ed. Leglay, en 1844, ont donné l’Histoire des comtes de Flandre.

FLANDRE ALLEMANDE, FLAMANDE OU FLAMINGANTE, partie maritime de l'anc. comté de Flandre, s'étendait entre la mer du Nord et la Lys, et avait pour v. princ. Gand et Bruges. On y parlait le flamand.

FLANDRE FRANÇAISE, prov. sept. de l'anc. France, au S. de la préc., avait pour capit. Lille; autres v. princ. : Douai, Cassel, Dunkerque, Hazebrouck. Elle était ainsi nommée, même avant d'appartenir à la France, parce qu'on y parle le français pur. Elle forme auj. la plus grande partie du dép. du Nord (les 4 arr. de Dunkerque, Hazebrouck, Lille, Douai). — Elle appartenait d'abord au comté de Flandre, et fut cédée à la France en 1678, par la paix de Nimègue. Envahie en 1791 par les Autrichiens, elle fut un instant occupée, malgré l'héroïque résistance des Lillois ; Pichegru la reprit en 1793.

FLANDRE GALLICANE, dite aussi Flandre welche ou wallone, partie de l'anc. Flandre, comprise entre la Lys au N. et la Flandre française au S. O. ; Tournay en était la ville principale. On l'appelait ainsi parce qu'on y parlait le dialecte wallon.

FLANDRE IMPÉRIALE, partie de l'anc. Flandre située sur les 2 rives de l'Escaut, s'étendait, sur la r. g., de Gand à Anvers, et sur la r. dr., entre l'Escaut et