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vres de Fénelon ont été publiées par l'abbé Querbœuf aux frais du clergé de France, Paris, 1787-92, 9 vol. in-4; mais cette publication fut interrompue par la Révolution; la seule édition vraiment complète est celle qu'ont donnée MM. Gosselin et Caron, d'après les mss. de l'auteur et avec sa Correspondance, 1820-30, 36 vol. in-8. Sa Vie a été écrite par Ramsay et par l'abbé Querbœuf; son Éloge a été composé par La Harpe, d'Alembert et l'abbé Maury. Bausset a donné l’Histoire de Fénelon, 1808, 3 vol., 1817, 4 vol. in-8. On doit à M. Gosselin l’Histoire littéraire de Fénelon, 1843, ouvrage qui complète le précédent.

FÉNELON (J. B. A. DE SALIGNAC, abbé de), né en 1714 à St-Jean-d'Estissac en Périgord, était petit-neveu du préc. Il fut aumônier de Marie Leczinska, femme de Louis XV, puis dirigea un établissement charitable fondé pour améliorer le sort des petits Savoyards à Paris. Malgré ses vertus, il fut arrêté comme suspect sous la Terreur, et traduit au tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort : tous les Savoyards résidant à Paris se rendirent à la Convention pour demander la grâce de celui qu'ils appelaient leur bon père ; leurs prières furent vaines, et il subit la supplice le 8 juillet 1794. C'est en son honneur que le nom d'Asile-Fénelon a été donné à l’établissement charitable de Vaujours, destiné à élever des enfants pauvres.

On connaît encore, dans cette famille, Bertrand de Salignac de La Mothe-Fénelon, ambassadeur auprès de la reine Élisabeth de 1568 à 1575, dont on a quelques écrits (Siége de Metz en 1552, Voyage de Henri II aux Pays-Bas, etc.), et une Correspondance diplomatique fort instructive, publiée par Teulet de 1838 à 1841, 7 vol. in-8.

FENESTRANGE, Vistringen, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 16 k. N. de Sarrebourg; 1500 h. Bonneterie, tannerie, blanchisseries de toiles. Jadis ch.-l. d'une baronnie et une des archi-maréchaussées de l'empire d'Allemagne. La maison de Fenestrange s'étant éteinte au XVe siècle, ses domaines passèrent, les uns aux princes de Salm, les autres par mariage aux princes de Croï et d'Havré. Marie-Antoinette en fit don à la famille Polignac.

FENESTRELLE, bourg du Piémont, sur le Clusone, à 30 kil. N. O. de Pignerol; 800 hab. Eau de menthe. Ce bourg est situé dans un col entre deux montagnes sur lesquelles on voyait jadis des forts qui ont été rasés en 1796. Le col de Fénestrelle fut franchi par l'armée française en 1516.

FENIN (Pierre de), chroniqueur du XVe siècle, d'une famille noble de l'Artois, a rédigé une Chronique qui s'étend de 1407 à 1427, et qui a été publiée en 1653 par Godefroy, à la suite de l’Histoire de Charles VI par Juvénal des Ursins, et réimprimée dans les collections de Mém. relatifs à l'hist. de France par Petitot, et par Michaud et Poujouiat.

FENNI, nom latin des FINNOIS.

FENOUILLOT DE FALBAIRE. V. FALBAIRE.

FENRIR, loup qui joue un rôle important dans la mythologie Scandinave, était fils de Loke. Enfermé dans le Valhalla par les Ases, parce qu'une prédiction annonçait qu'il dévorerait un jour Odin, il brisa deux fois ses chaînes : les dieux effrayés firent forger par les Alfes noirs, génies malfaisants, mais habiles ouvriers, des fers que rien ne pouvait rompre, et l'attachèrent par le cou sur un rocher où il doit rester prisonnier jusqu'à la fin du monde.

FENTON (Élisée), poëte anglais, né en 1683 à Shelton (Stafford), mort en 1730, passa la plus grande partie de sa vie auprès du comte Orrery, dont il éleva le fils, puis auprès de la veuve de sir William Trumball, qui lui avait aussi confié l'éducation de son fils. On a de lui un recueil de Poésies, remarquables par l'élégance, 1717; une tragédie de Marianne, 1723; la traduction des Ier, IVe, XIXe et XXe livres de l’Odyssée, insérée dans celle de Pope; et une Vie de Milton, estimée de Johnson.

FÉODALITÉ (de feodum, fief). On nomme ainsi un état de choses né de l'envahissement et de la conquête de l'empire romain par les Barbares, et qui consistait dans une espèce de confédération de seigneurs investis chacun d'un pouvoir souverain dans leurs propres domaines, mais inégaux en puissance, subordonnés entre eux, et ayant des devoirs et des droits réciproques. De là, une distinction entre les seigneurs suzerains et les vassaux ou feudataires. Le vassal était celui qui, ayant reçu à titre de récompense une propriété territoriale nommée bénéfice ou fief, se trouvait par là dans la dépendance du donateur; auquel il, devait foi et hommage. Le suzerain était celui qui, ayant conféré le fief, avait droit à l'obéissance du vassal. Du reste, le même seigneur pouvait être suzerain pour certains fiefs (ceux qu'il avait conférés), et vassal pour d'autres (ceux qu'il' avait reçus). — Le système féodal paraît avoir existé en germe de temps immémorial chez les Germains; il fut régulièrement établi en Gaule à l'époque de la conquête des Francs ; toutes les terres conquises furent alors divisées en alleux ou terres libres, dévolues par le sort à des chefs indépendants, et bénéfices ou fiefs (comme on les nomma plus tard) terres concédées par un chef à ses compagnons d'armes en récompense des services qu'ils lui avaient rendus à la guerre. Dans l'origine presque tous les bénéfices étaient amovibles; quelques-uns étaient viagers; mais bientôt ils devinrent héréditaires; néanmoins il y eut longtemps à la fois des fiefs temporaires, des fiefs viagers et dés fiefs perpétuels. En France, l'hérédité des fiefs fut sanctionnée en 587 par le traité d'Andelot: elle le fut de nouveau trois siècles après par l'édit de Quierzy-sur-Oise (877), qui étendit l'hérédité aux gouvernements des provinces de l'empire carlovingien. De ce moment commence la véritable époque féodale; les possesseurs des fiefs devenus héréditaires accrurent facilement leur puissance sous les derniers Carlovingiens, et les grands feudataires devinrent de fait indépendants. En 987, Hugues Capet consomma le triomphe de la féodalité en renversant la dynastie régnante; mais aussi dès la même époque commence la lutte du pouvoir royal contre la féodalité. Hugues Capet et ses premiers successeurs ne sont encore vraiment rois que dans leurs propres domaines. Louis VI fut le premier qui sut rendre à la royauté le rang qui lui appartenait. L'établissement des Communes, en fournissant aux rois un auxiliaire contre la puissance des vassaux; les Croisades, en forçant les seigneurs d'engager à la couronne des domaines qu'ils ne purent depuis recouvrer, portèrent les premiers coups à la féodalité; Philippe-Auguste, S. Louis, Philippe le Bel, soit par la force des armes, soit par jugement, achat, donation, succession, réunirent nombre de fiefs au domaine royal. Leurs successeurs, devenus plus forts, attaquèrent victorieusement les privilèges des feudataires;, enfin, Louis XI et Richelieu portèrent les derniers coups à la féodalité. La Révolution française acheva d'en faire disparaître les dernières traces.

En Allemagne, la féodalité s'établit comme en France ; mais elle eut un autre résultat. Les empereurs furent trop faibles pour lutter contre leurs grands vassaux : de là la multiplicité des petits États indépendants que renferme encore aujourd'hui cette contrée.

FER (île de), la Pluvialia ou Ombrios des anciens, la plus occid. des îles Canaries, par 20° 30' long O., et 25° 45' lat. N. : 22 kil. sur 16; 5000 hab.; ch.-l., Valverde. Sol montueux et volcanique; forêts, pâturages; orseille, fruits, bons vins, eau-de-vie. Cette île a longtemps servi de point de départ pour compter les longitudes, sans doute parce qu'on la considérait comme placée à l'extrémité du monde. Une ordonnance de Louis XIII rendue en 1634 y fît passer la 1er méridien. Ce Ier méridien, adopté alors par une grande partie des États de l'Europe, n'est plus guère employé auj. que par les Allemands. Depuis l'adop-