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ce fut là le premier noyau des États de l’Église, et l’origine de la puissance temporelle des papes.

ÉTIENNE III, Sicilien, pape de 708 à 772, fut élu après une vacance de 13 mois. Il fit condamner dans un concile les antipapes Constantin et Philippe.

ÉTIENNE IV, Romain, pape de 816 à 817, vint en France sacrer Louis le Débonnaire.

ÉTIENNE V, Romain, pape de 885 à 891, fit des prodiges de charité pour soulager le peuple pendant une cruelle famine.

ÉTIENNE VI, Romain, pape de 896 à 897, fit exhumer le corps de Formose, son prédécesseur, qu’il accusait d’avoir usurpé, présenta dans un concile ce cadavre revêtu des habits pontificaux, l’accusa d’avoir usurpé le siège de Rome, lui fit trancher la tête par le bourreau et le fit jeter dans le Tibre. Cette vengeance atroce ayant soulevé le peuple, Étienne fut chargé de fers et jeté dans une prison où il périt étranglé.

ÉTIENNE VII, Romain, régna de 929 à 931, sans rien faire de remarquable.

ÉTIENNE VIII, Allemand, pape de 939 à 942, était parent de l’empereur Othon. Il fut élevé sur le St-Siége par la protection de Hugues, roi d’Italie. Sa qualité d’étranger le fit détester des Romains.

ÉTIENNE IX, pape de 1057 à 1058, d’abord abbé du Mont-Cassin, était frère de Godefroi le Barbu, duc de Lorraine. Il réforma les mœurs, et mourut à Florence en odeur de sainteté, après 8 mois de règne.

ÉTIENNE, empereur d’Orient, fils de Romain I, fut associé par son père à l’empire en 919, avec ses 2 frères Christophe et Constantin, et régna jusqu’en 945, époque à laquelle il fut exilé.

ÉTIENNE I (S.), roi de Hongrie, succéda en 997 à son père Geysa, 4e  duc de Hongrie, réforma les mœurs barbares de ses peuples, fit venir des missionnaires qui prêchèrent l’Évangile, publia un code, et reçut du pape Sylvestre II, en l’an 1000, le titre de roi, avec celui d’apôtre de la Hongrie. Il mourut en 1038. La couronne que lui donna le pape sert encore auj. pour le sacre des rois de Hongrie. Il est honoré le 2 sept. - L’impératrice Marie-Thérèse institua en son honneur, en 1764, l’Ordre de S. Étienne, destiné à récompenser le mérite civil. On n’y admet que des nobles. La décoration est une croix pattée verte, bordée d’or, avec un écusson portant, outre les lettres M. T. (Marie-Thérèse), la couronne de Hongrie surmontée d’une croix blanche et entourée des mots : Publicum meritorum præmium. Au revers on lit en abrégé : S. Stephano regi apostolico.

ÉTIENNE II, roi de Hongrie, dit le Foudre ou l’Éclair, succéda en 1114 à Coloman II, son père, fit la guerre, avec des succès divers, aux Vénitiens, aux Polonais, aux Russes et aux Bohémiens, et fut vaincu par Jean Comnène, empereur de Constantinople. Il se rendit odieux par ses cruautés. N’ayant point d’enfants, il résigna sa couronne à Béla, son cousin, et se fit moine. Il mourut en 1131.

ÉTIENNE III, fils de Geysa II, lui succéda en 1161 et secourut l’emp. Manuel Comnène contre Venise. En son absence, ses oncles Ladislas et Étienne usurpèrent ; il fut rétabli dès 1163, et régna jusqu’en 1172.

ÉTIENNE IV, le Cuman, succéda en 1270 à Béla IV, son père ; s’illustra par ses victoires sur Ottokar, roi de Bohême, et rendit la Bulgarie tributaire. Il mourut en 1272.

ÉTIENNE BATHORI, roi de Pologne. V. BATHORI.

ÉTIENNE DE BLOIS, roi d’Angleterre, de la maison de Blois, né en 1105, avait pour mère une fille de Guillaume le Conquérant, qui avait épousé un comte de Blois. À la mort de Henri I (1135), il usurpa le trône sur Mathilde, fille et légitime héritière de ce prince. Il eut longtemps à combattre contre Mathilde et Henri son fils (Henri II), que soutenait la roi d’Écosse David, oncle de Mathilde ; il finit cependant par rester tranquille possesseur du trône, mais à la condition de reconnaître Henri pour son successeur. Il mourut en 1154. Il avait épousé l’héritière des comtes de Boulogne

ÉTIENNE DE BYZANCE, grammairien grec, natif de Constantinople, qui vivait vers la fin du Ve siècle, avait composé, sous le titre d’Ethnica, un Dict. géographique et historique, ouvrage précieux pour l’étude de l’antiquité ; il ne nous en reste qu’un extrait fait par le grammairien Hermolaüs, contemporain de Justinien, et quelques fragments, publiés par Berkelius et Gronovius, Leyde, 1688, in-fol. ; par G. Dindorf, Leipsik, 1825, 4 vol. in-8, et par Meinecke, Leipsik, 1849, 2 vol. in-8.

ÉTIENNE ou ESTIENNE, Célèbre famille d’imprimeurs et de savants français, a pour chef Henri Étienne, né à Paris vers 1460, mort en 152l, et a surtout été illustrée par Robert et Charles, fils de Henri et par H. Étienne II, fils de Robert, L’hist. des É. a été écrite par Maittaire, Lond. 1709, par Renouard, 1837, et par A. F. Didot, 1856 (dans la Biogr. gén.).

ÉTIENNE (Robert), né à Paris en 1503, mort à Genève en 1559, fut à la fois le plus habile imprimeur et un des plus savants hommes de son temps. Il penchait vers la Réforme, ce qui lui suscita des difficultés de la part des théologiens ; mais il fut longtemps protégé par François I. Inquiété à la mort de ce prince pour une traduction de la Bible, qu’on accusait d’infidélité, il se retira à Genève (1552), et y embrassa ouvertement le Calvinisme. Parmi ses éd. on remarque sa Bible latine, 1532, in-fol., un des chefs-d’œuvre de la typographie ; le Nouveau Testament grec, 1550 ; Eusèbe, Denys d’Halicarnasse, Dion Cassius, auteurs dont il imprima le premier les ouvrages ; parmi ses écrits originaux, le Thesaurus linguæ latinæ, Paris, 1532, souvent réimprimé ; et un Dictionarium latino-gallicum, 1543, 2 vol. in-fol. Robert Étienne était gendre de Simon de Colines, habile imprimeur de Paris, et fut d’abord son associé.

ÉTIENNE (Henri II), fils de Robert, né à Paris en 1532, eut de bonne heure une vive passion pour l’étude du grec, parcourut l’Italie pour y découvrir des manuscrits, suivit son père à Genève et embrassa comme lui le Calvinisme, puis vint s’établir imprimeur à Paris. Ayant épuisé sa fortune dans de savantes investigations à l’étranger, il fut longtemps soutenu par un riche protecteur, Ulrich Fugger. Il employa douze ans à préparer et à imprimer un grand Dictionnaire de la langue grecque, qui parut sous le titre de Thesaurus græcæ linguæ Paris, 1572 (réimpr. à Londres de 1816 à 1828 en 7 v. in-f., et à Paris par les frères Didot, 1840 et ann. suiv.) ; mais cet ouvrage admirable n’ayant pas obtenu tout le succès qu’il méritait, Henri Étienne se trouva ruiné et fut forcé de quitter Paris. Il erra longtemps de ville en ville, poursuivi par ses créanciers et mourut aliéné, à l’hôpital de Lyon, en 1598. Il a publié presque tous les ouvrages grecs, prosateurs et poëtes ; a donné entre, autres les éditions princeps d’Anacréon (avec une trad. en vers latins, qui est un chef-d’œuvre}, d’Appien, de Maxime de Tyr, etc., et a trad. en latin Théocrite, Pindare, Sextus Empiricus, etc. Ses éd. les plus célèbres sont : Poetæ græci principes heroici carminis, 1556, in-fol. ; Pindari et cæterorum octo Lyricorum carmina, l560, in-24 ; Artis medicæ principes, 1567, 2 vol. in-fol. ; Platonis opera, 1578, 3 vol. in-fol. Il a en outre rédigé un Ciceronianum Lexicum, 1557, et a laissé quelques ouvrages écrits en français, parmi lesquels on remarque la Conformité des merveilles anciennes avec les nouvelles ou Apologie pour Hérodote, 1556, un Traité de la Conformité du français avec le grec, 1565, et celui De la Précellence du langage français, 1579, réimprimés tous deux en 1853 par Léon Feugère.

ÉTIENNE (Charles), frère de Robert, né en 1604, se fit recevoir médecin, fut précepteur chez l’ambassadeur Baïf, puis s’établit imprimeur (1551) et publia aussi d’excellentes éditions. Il mourut en 1584, endetté. Outre des Dictionnaires latin et grec, on lui doit un Dictionarium historico-geographico-poeticum, 1553, qui jouit d’une grand vogue, et le Prædium rusticum, 1554, mis en français par Liébault,