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lippe V en 1703, et contribua puissamment à assurer la couronne d'Espagne au petit-fils de Louis XIV; il fut fait maréchal de France par Louis XIV et grand d'Espagne par Philippe V, et fit partie du conseil de régence en 1715. après la mort de Louis XIV. Il était de l'Académie française et de l'Académie des sciences. — César d'Estrées, né en 1628, mort en 1714, fils cadet d'Annibal, fut de bonne heure évêque de Laon et fut fait cardinal en 1674 : par son caractère conciliant, il travailla à pacifier l'Église, et par son esprit il mérita d'être reçu membre de l'Académie. Ses Négociations avec Rome de 1617 à 1687 sont conservées en mss. à la Bibliothèque impériale. – Louis Letellier, comte d'Estrées, fils d'une sœur du maréchal Victor Marie, né en 1695, mort en 1771 : il se distingua à Fontonoy (1745) et à Raucoux (1746), devint maréchal en 1756, commanda en chef en Allemagne, et battit le duc de Cumberland à Hastenbeck (1757). Le nom de d'Estrées s'éteignit avec lui.

ESTRÉES (l'abbé D'). V. DESTRÉES.

ESTRELLA (SIERRA DA), chaîne de mont. du Portugal, dans les prov. de Beira et d'Estramadure, s'étend vers l'E. jusqu'aux frontières d'Espagne où elle se lie aux monts de Gata, s'unit vers l'O. aux monts de Cintra, et court au S. O., encadrant du côté oriental le cours du Zezere.

ESTREMOZ, Extrema ou Stremontium, v. forte de Portugal (Alentéjo) , à 40 kil. N. E. d'Évora; 5300 hab. Citadelle, arsenal. On y fabrique des vases en terre poreuse pour rafraîchir l'eau (Alcarazas). Les Espagn. y battirent les Portugais en 1665.

ESTRITHIDES, dynastie danoise qui occupa le trône de 1047 à 1375, tire son nom d'Estritha, fille de Suénon I, et mère de Suénon II. V. DANEMARK.

ESTYES, Æstyi, peuple de la Sarmatie européenne, Finnois d'origine, habitait près de la mer des Suèves (Baltique), et a donné son nom à l'Esthonie.

ESZEK, Mursa, v. des États autrichiens, capit. de l'Esclavonie, sur la r. dr. de la Drave, près de son confluent avec le Danube, à 218 kil. S. de Bude; 13 000 hab. Place forte, arsenal, casernes, etc. La ville proprement dite ne contient que 80 maisons bourgeoises : mais en dehors des ouvrages qui la défendent s'étendent de vastes faubourgs. La forteresse a été bâtie au XVIIe siècle par Léopold I après la conquête de l'Esclavonie.

ÉTABLES, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 13 k. N. O. de St-Brieuc, sur la Manche; 263 hab.

ÉTABLISSEMENTS DE S. LOUIS, recueil d'ordonnances et règlements publiés par Louis IX en 1269, et qui s'appliquaient spécialement à l'Île-de-France. Quelques-uns croient que ce recueil a été fait par des légistes après la mort du roi. C'est le 1er code promulgué en France depuis les Capitulaires de Charlemagne. On y trouve une double législation, l'une toute féodale, pour les nobles; l'autre tirée des lois romaines, pour les roturiers. Ces Établissements ont été publiés par Ducange, en 1668, à la suite de Joinville; par Laurière, en 1723, dans la collection des Ordonnances; par St-Martin, en 1786, avec une version en langue moderne; et de nos jours par M. Isambert, dans le Recueil des anciennes lois françaises.

ÉTAIN, ch.-l. de c. (Meuse), à 20 kil N. E. de Verdun; 2494 hab. Autrefois ville forte. Collège.

ÉTAMPES, Stampæ, ch.-l. d'arr. (Seine-et-Oise), à 52 kil. S. de Versailles, sur les riv. d'Étampes et de Juine; 7650 hab. Trib. de 1re inst., collège. Tour de Guinette, où fut enfermée la reine Ingeburge : c'est le seul reste de l'ancienne forteresse bâtie par le roi Robert. Tanneries, mégisseries, plus de 50 moulins. Grand commerce de grains, farines, légumes. Patrie d'E. Geoffroy-St-Hilaire, qui y a une statue. — La v. d’Étampes est fort ancienne : elle est citée dès le VIe siècle. Plusieurs conciles s'y sont tenus, notamment en 1130. Elle a beaucoup souffert pendant les guerres religieuses des XVIe et XVIIe s. Henri IV la prit en 1590 et en rasa les fortifications. Étampes fut érigée en comté en 1327 par Charles IV. François I en fit un duché en faveur d'Anne de Pisseleu, sa maîtresse (1536). Ce duché a été possédé en dernier lieu par Gabrielle d'Estrées.

ÉTAMPES (Anne de PISSELEU, duchesse d'), dite d'abord Mlle d'Heilly, maîtresse de François I, née vers 1508, était fille d'honneur de Louise de Savoie, duchesse d'Angoulême, mère de François I, et avait dix-huit ans lorsque ce Prince la connut. Il la maria à un certain Jean de Brosse et lui donna le comté d'Étampes, qu'il érigea pour elle en duché. La duchesse domina François I pendant 22 ans : elle combla les siens de faveurs, troubla la cour et porta la désunion dans la famille royale par sa haine contre Diane de Poitiers, maîtresse du Dauphin; elle favorisa, en livrant des secrets d'État, les succès de Charles-Quint et de Henri VIII en France, dans l'intention de rabaisser le Dauphin qui était chargé de les combattre, et fit signer à François I le honteux traité de Crespy. Après la mort de François I, en 1547, elle fut reléguée dans ses terres et embrassa le Protestantisme. Elle mourut dans l’obscurité vers 1576. D'un esprit brillant et cultivé, elle passait à la cour pour « la plus savante des belles et la plus belle des savantes. »

ÉTAMPES-VALANÇAY (Achille d'). V. VALANÇAY.

ÉTAMPES (Jacques d'). V. la FERTÉ-IMBAULT.

ÉTAPLES, Stapulæ, ch.-l. de c. (Pas-de Calais), à l'embouchure de la Canche, à 10 kil. N. O. de Montreuil; 1800 hab. Station. Raffineries, entrepôt de sel, eau-de-vie, bière. Pêche. Cette ville possédait autrefois un port, auj. envahi par les sables. Un traité de paix y fut signé entre Henri VII et Charles VIII en 1492, au moment où ce dernier partait pour l'Italie.

ÉTATS (Terre des), île de l'Océan Atlantique méridionale, à l'E. de la Terra de Feu, dont le détroit de Lemaire la sépare : 70 kil. sur 20. Stérile et déserte.

ÉTATS GÉNÉRAUX. On donna ce nom jusqu'en 1789 aux assemblées générales de la nation, composées de la réunion des députés des trois ordres, c'est-à-dire de la noblesse, du clergé et du tiers état.

La 1re assemblée qui prit ce titre fut convoquée en 1302 par Philippe IV, dit le Bel, à l'occasion du différend qui s'était élevé entre ce prince et le pape Boniface VIII ; la réunion eut lieu à Notre-Dame de Paris : les 3 ordres prononcèrent en faveur du roi.

Les principales assemblées des États généraux qui suivirent eurent lieu :

En 1308, à Tours, sous Philippe le Bel, au sujet de l'abolition des Templiers;

En 1313, pour voter la levée des tailles;

En 1317 et en 1328, pour le couronnement de Philippe V et Philippe VI, à l'exclusion des femmes, par application de la loi salique;

En 1356 et 1357, à Paris, pendant la captivité du roi Jean, pour voter des subsides et traiter de la délivrance du roi (cette assemblée est célèbre par les troubles qu’excita dans Paris le prévôt Étienne Marcel);

En 1420, à Paris: ils ratifièrent le traité de Troyes, et votèrent un subside sous l'empire des menaces du roi d'Angleterre Henri VI;

En 1468, à Tours: ils s'opposèrent à ce que la Normandie fût démembrée pour le frère du roi, et décidèrent que l'apanage des princes ne consisterait désormais qu'en un revenu fixe de 12 000 liv. de rente;

En 1484, convoqués à Tours par Anne de Beaujeu, régente : ils déclarèrent la majorité de Charles VIII, dont la garde fut néanmoins confiée à sa sieur Anne de Beaujeu, et demandèrent l'abolition d'un grand nombre d'abus. Cette assemblée est la première où il y ait eu des formes d'assemblée législative. Le Journal des États de 1484 a été publié dans les Documents inédits de l'histoire de France,

En 1506, à Tours : ils se prononcèrent contre le mariage de Claude de France, fille de Louis XII, avec Charles d'Autriche, et pour son union avec le duc d’Angoulême (François I);

En 1560, à Orléans, pendant la minorité de Charles IX : ils donnèrent la régence à Catherine de Mé-