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où il ouvrit une école. Il put dans la suite revenir à Rome, et s’y concilia l’estime d’Adrien et de Marc-Aurèle. Ce philosophe était d’une patience inaltérable : un jour, son maître Épaphrodite lui ayant cassé la jambe en la frappant, il se contenta de lui dire : « Je vous avais bien dit que vous me la casseriez. » Il ne reste aucun ouvrage écrit par Épictète lui-même ; mais Arrien, son disciple, a rédigé des Dissertations sur sa vie et sa philosophie, en 8 livres, dont 4 liv. nous sont parvenus, ainsi qu’un Manuel de sa doctrine, connu sous le nom grec d’Enchiridion, et commenté par Simplicius. La morale d’Épictète, toute négative, se réduisait à deux mots : Abstiens-toi, résigne-toi. On a donné une foule d’éditions du Manuel. On trouve cet opuscule réuni aux Dissertations, dans une édit. de Jér. Wolf. gr.-lat., Bâle, 1560. Il a été trad. en français plus de vingt fois, notamment par Duvair (1606), Gilles Boileau (1655), Dacier (1715), Lévesque, Lefebvre de Villebrune (1782), Belin de Ballu (1790), Pillot (1814), Chédieu (1847). Les Dissertations ou Entretiens ont été trad. par Thurot, 1839, et par Courdaveaux, 1862. Schweighæuser a recueilli tout ce qui reste d’Épictète, sous ce titre : Epicteteæ philosophiæ monumenta, Leipsick, 1799-1800, 5 vol. in-8. Il se trouve aussi dans la Bibliothèque grecque des Didot.

ÉPICURE, célèbre philosophe grec, né au bourg de Gargettos, près d’Athènes, en 341 av. J.-C., m. en 270, était fils d’un maître d’école. Il lut de bonne heure Démocrite pour lequel il se passionna, étudia ensuite les principaux systèmes enseignés de son temps, et se crut bientôt en état de former une secte nouvelle. Il enseigna d’abord à Mitylène, puis à Lampsaque et transporta son école à Athènes en 309. Il fit dans cette ville l’acquisition d’un jardin où se réunissaient ses disciples, qui y vivaient en commun. En morale, Épicure enseignait que le plaisir est le souverain bien de l’homme et que tous nos efforts doivent tendre à l’obtenir ; mais il faisait consister le plaisir dans les jouissances de l’esprit et du cœur tout autant que dans celles des sens. En physique, il expliquait tout par le concours fortuit des atomes ; il niait l’immortalité de l’âme ; il admettait des dieux, êtres d’une nature supérieure à l’homme, mais il leur refusait toute action sur le monde et niait la Providence, prétendant ainsi détruire par la racine toute superstition. Il avait composé, selon Diogène Laërce, près de 300 ouvrages, dont aucun ne nous est parvenu. On a seulement de lui deux Lettres, publiées par Schneider (Leipsick, 1813) ; des fragments des livres II et XI d’un Traité sur la nature, retrouvés à Herculanum et publiés par Orellius, Leipsick, 1818. On trouve de nombreux renseignements sur la vie et la doctrine d’Épicure dans Diogène Laërce, livre X. Lucrèce a exposé la physique de ce philosophe dans son poème De Natura rerum. Gassendi s’est efforcé de réhabiliter sa mémoire dans l’ouvrage intitulé : De Vita, moribus et doctrina Epicuri, et de rajeunir sa philosophie dans son Syntagma philosophiæ epicureæ, 1655. Le Batteux a donné en 1758 la Morale d’Épicure.

ÉPIDAMNE, V. d’Illyrie. V. DYRRACHIUM.

ÉPIDAURE, Epidaurus, nom commun à 3 villes grecques : la 1re en Dalmatie, chez les Enchéléens, auj. Ragusi-Vecchio ; - la 2e en Laconie, sur le golfe Argolique, à 5 k. N. de Napoli de Malvoisie ;la 3e et la plus célèbre, en Argolide, sur le golfe Saronique, à 35 k. E. de Nauplie : c’est auj. Pidavro. Esculape en était la divinité principale, et y avait un temple magnifique avec une statue d’or, et un oracle renommé, que l’on venait consulter de toutes les parties de la Grèce. L’Épidaure actuelle possède un métropolitain grec. Il s’y tint en 1822 un congrès national qui proclama l’indépendance de la Grèce.

ÉPIGONES, c.-à-d. nés après, descendants, nom donné aux fils des Sept chefs qui étaient morts au 1er siège de Thèbes. Ces princes, qui étaient aussi au nombre de sept, et dont les principaux étaient : Thersandre, fils de Polynice ; Égialée, fils d’Adraste ; Alcméon, fils d’Amphiaraüs ; Diomède, fils de Tydée ; Sthénélus, fils de Capanée, vinrent, 10 ans après la guerre de Thèbes, mettre de nouveau le siège devant cette ville, s’en emparèrent et mirent Thersandre sur le trône. Cet événement est placé en 1303 av. J.-C. par les uns, vers 1217 ou même 1197 par les autres.

ÉPIMÉNIDE, Crétois, de la v. de Cnosse, contemporain de Solon, avait une grande réputation de piété et passait pour communiquer avec les Dieux. Solon l’appela à Athènes pour purifier la ville, qui avait été affligée de la peste, et pour réformer le culte, 596 av. J.-C. Il mourut vers 538, dans un âge très-avancé. On a débité sur Épiménide des contes ridicules : on prétendait qu’il avait vécu près de 300 ans, qu’il avait dormi pendant cinquante ans dans une caverne, qu’il avait le pouvoir de prédire l’avenir, etc. On lui attribuait plusieurs ouvrages entre autres un poème sur les Argonautes et un traité des sacrifices usités en Crète. Heinrich, dans son Epimenides (Leips., 1801), a réuni tout ce qu’on sait sur sa vie, ses doctrines et ses écrits.

ÉPIMÉTHÉE, fils de Japet et frère de Prométhée, épousa Pandore, et eut l’imprudence d’ouvrir la boîte fatale que cette femme avait reçue de Jupiter, et que Prométhée avait refusée (V. PANDORE). Il fut père de Pyrrha, femme de Deucalion.

ÉPINAC, d’abord Monestoy, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 16 k. N. E. d’Autun ; 1000 hab. Houillère, verrerie. Anc. fief relevant de l’évêché d’Autun.

ÉPINAL, ch.-l. du dép. des Vosges, sur la Moselle, à 377 k. E. de Paris ; 12 000 h. Trib., collége, bibliothèque, musée. Chemin de fer, belle promenade dite le Jardin Doublat ; statue de Cl. Lorrain, né près de là. Commerce de plantes oléagineuses ; fabriques de papiers ; imageries, merceries, etc. - Fondée en 980 par un évêque de Metz, sous le nom de Spinalium, cette ville se donna en 1446 au duc de Lorraine. Charles le Téméraire s’en empara en 1473 ; René II de Lorraine la reprit en 1476. Le maréchal de Créqui la prit pour le roi de France en 1760.

ÉPINAY, vge du dép. de la Seine, sur la r. g. du fleuve, à 4 k. N. N. O. de St-Denis, à 11 k. de Paris : 1200 h. Anc. résidence royale, où mourut Dagobert. Lieu natal du maréchal Maison.

ÉPINAY (Mme  d’), fille de M. Tardieu des Clavelles, officier distingué, née vers 1725, morte en 1783, épousa M. de La Live d’Épinay, riche fermier général, son cousin, dont les prodigalités la forcèrent à une séparation. Elle était liée avec les hommes de lettres les plus célèbres, J. J. Rousseau, Grimm, Duclos, Diderot, d’Holbach ; elle combla de bienfaits J. J. Rousseau, qu’elle appelait plaisamment son Ours, et fit bâtir pour lui, auprès de son parc de la Chevrette, dans la vallée de Montmorency, la jolie maison de l’Hermitage ; mais celui-ci, après avoir senti pour elle une vive passion, devint jaloux de Grimm, et ne la paya plus que d’ingratitude. On a de Mme  d’Epinay : Mes Moments heureux (1752) ; Lettres à mon fils (1758) : Conversations d’Émilie (1781), ouvrage fait pour l’enfance et qui obtint en 1783 le prix d’utilité (prix Montyon). On a publié en 1818 : Mémoires et correspondance de Mme  d’Épinay (réimpr. en 1859 d’une manière plus complète par G. Brunet), et postérieurement : Anecdotes inédites, pour faire suite aux Mémoires ; Correspondance inédite de l’abbé Galiani avec Mme  d’Épinay.

ÉPIPHANE (S.), docteur de l’église grecque, archevêque de Constance (l’anc. Salamine) en Chypre, né vers 310 près d’Éleuthéropolis en Palestine, mort en 403, était issu d’une famille juive. Entraîné par l’exemple des solitaires de la Thébaïde, il se retira lui-même dans une solitude près de sa ville natale et y fonda un monastère. C’est de là qu’il fut tiré malgré lui pour être fait évêque (367). Profondément versé dans les Écritures, il ne l’était pas moins dans l’étude des langues : il savait l’hébreu, le syriaque, l’égyptien, le latin et le grec. Il combattit avec le