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ÉLISABETH DE BOSNIE, fille d’Étienne, roi de Bosnie, épousa Louis le Grand, roi de Hongrie et de Pologne. À la mort du roi, 1382, elle prit la régence et la tutelle de sa fille Marie. Elle fut détrônée et jetée en prison avec sa fille par Charles de Durazzo, roi de Naples. Après le meurtre de cet usurpateur, 1386, elle ressaisit la couronne, mais elle fut, la même année, renversée par Giornard, gouverneur de Croatie, partisan de Durazzo, qui la fit noyer.

ÉLISABETH WOODVILLE, fille de Richard Woodville, créé depuis lord Rivers, était dame d’honneur de Marguerite d’Anjou. Elle fut d’abord mariée à sir John Gray de Groby, partisan de la maison de Lancastre, qui fut tué à la 2e bataille de St-Albans, en 1461. Élisabeth alla redemander les biens de son époux à Édouard IV, qui venait, en plaçant la couronne sur sa tête, de faire triompher le parti d’York : elle plut au roi, qui l’épousa, 1464. Ce mariage, désapprouvé par Warwick, prolongea la guerre civile. Élisabeth eut d’Édouard deux fils ; mais après la mort de leur père (1483), ils furent inhumainement arrachés des bras de leur mère et mis à mort par l’ordre du duc de Glocester (Richard III). La malheureuse Élisabeth fut accusée plus tard de conspirer contre le roi Henri VII, et renfermée en 1486 au couvent de Bardmonsey, où elle mourut deux ans après.

ÉLISABETH D’ANGLETERRE, fille d’Édouard IV et d’Élisabeth Woodville, née en 1466, était le dernier rejeton de la maison d’York. Elle épousa en 1486 le roi Henri VII, de la maison de Lancastre. Ce mariage, qui avait pour but d’éteindre les haines des deux familles rivales, en confondant leurs droits, fut accueilli avec joie par l’Angleterre ; mais Élisabeth, malgré ses vertus, ne put se concilier l’affection de Henri qui, jaloux des marques d’affection que le peuple lui prodiguait, ne voyait en elle qu’une rivale. Elle mourut en 1502, abreuvée de chagrins.

ÉLISABETH, reine d’Angleterre, fille de Henri VIII et d’Anne Boleyn, née en 1533. Son père l’avait d’abord déclarée illégitime et incapable de régner ; mais il révoqua cet arrêt par son testament, et Élisabeth fut reconnue sans contestation à la mort de Marie, sa sœur, en 1658. Vivant jusque-là dans une profonde retraite, elle s’était livrée avec ardeur à l’étude et avait acquis des connaissances au-dessus de son sexe : elle parlait et écrivait, non-seulement le français et l’italien, mais aussi le latin et le grec. A peine montée sur le trône, elle s’empressa de rétablir la religion protestante, que Marie avait proscrite : elle organisa l’Église anglicane, par le bill des 39 articles, 1562, et se constitua chef de cette église. Elle fit fleurir l’agriculture, le commerce, la marine, les lettres, et porta l’économie dans les finances ; mais elle souilla son règne par son acharnement contre le Catholicisme et par sa conduite barbare envers la reine d’Écosse, Marie Stuart. Irritée contre cette princesse, qui avait eu, il est vrai, l’imprudence de prendre le titre de reine d’Angleterre, mais dont le plus grand tort était d’être catholique et de l’emporter sur elle en beauté, elle excita des troubles dans ses États, l’attira en Angleterre où elle la retint prisonnière, l’impliqua dans une accusation d’attentat contre sa personne et la fit enfin décapiter (1587). Philippe II, roi d’Espagne, qui avait inutilement sollicité la main d’Élisabeth, arma contre l’Angleterre, sous le prétexte de venger cette mort, et équipa à cet effet une flotte formidable, l’invincible armada ; mais cette flotte fut en peu de temps détruite par la tempête et par les efforts de Drake et des autres marins anglais (1588). Élisabeth envoya ensuite des secours à Henri IV, occupé, à conquérir son royaume (1590), réprima les Irlandais que l’Espagne avait soulevés (1600), et soutint plusieurs fois les Pays-Bas attaqués par cette puissance. La main de cette princesse fut demandée par plusieurs souverains, et le Parlement la pressa plus d’une fois de faire un choix, mais elle ne voulut jamais se marier. Elle eut cependant plusieurs favoris : les plus célèbres sont Dudley, comte de Leicester, et Robert, comte d’Essex. Ce dernier s’étant révolté, elle le fit condamner à mort (1601) ; mais à peine la sentence était-elle exécutée qu’elle en conçut une vive douleur ; elle mourut peu après, en 1603. Elle désigna pour son successeur Jacques, roi d’Écosse, fils de Marie Stuart. Élisabeth gouverna avec un despotisme presque absolu et convoqua très-rarement le Parlement. Avec quelques-unes des qualités d’un grand roi, cette princesse eut toutes les faiblesses d’une femme : coquetterie, vanité, jalousie, fausseté.

ÉLISABETH STUART, fille de Jacques I, roi d’Angleterre, fut mariée en 1613 à l’électeur palatin, Frédéric V, à qui les États de Bohême déférèrent la couronne en 1619. Plus ferme et plus ambitieuse que Frédéric, elle le décida à accepter l’offre périlleuse qui lui était faite. Après la bataille de Prague (1620), qui leur enleva la couronne à tous deux, elle le suivit dans sa fuite et voulut partager tous ses dangers. Elle mourut à Londres en 1632.

ÉLISABETH, princesse palatine, fille de la préc. et du roi de Bohème Frédéric V, née en 1618, annonça de bonne heure un goût prononcé pour les sciences, et reçut à Leyde des leçons de Descartes. La crainte d’être distraite de ses études chéries lui fit refuser la main du roi de Pologne, Wladislas IV. Elle se retira en Allemagne, et y obtint l’abbaye luthérienne d’Hervorden, où elle mourut en 1680. Descartes, dans la dédicace des Principes, fait un grand éloge de l’intelligence de cette princesse ; il lui a adressé plusieurs de ses Lettres sur des sujets de morale.

ÉLISABETH DE FRANCE, reine d’Espagne, fille de Henri II et de Catherine de Médicis, née en 1545, morte en 1568. Philippe II, roi d’Espagne, l’avait demandée pour son fils don Carlos, mais il l’épousa lui-même en vertu du traité de Cateau-Cambrésis, 1559. Elle mourut en couches à 23 ans. On prétendit que sa fin prématurée était l’effet d’un crime, qu’aurait inspiré à Philippe sa jalousie contre son propre fils. Le marquis Duprat a écrit sa Vie, Paris, 1859. - Une autre Élisabeth de France, fille de Henri IV et de Marie de Médicis, née en 1602, morte en 1644, fut mariée en 1615 à l’infant d’Espagne (depuis Philippe IV), et fut mère de Marie-Thérèse, qu’épousa Louis XIV. Le duc d’Olivarès la fit écarter des affaires et elle n’obtint quelque influence qu’après la disgrâce de ce ministre, en 1640. — Mme Élisabeth, sœur de Louis XVI, née en 1764, s’est fait remarquer par son amour et son dévouement pour son frère : elle ne le quitta point dans les moments les plus périlleux et fut enfermée au Temple avec le reste de la famille royale. Conduite à l’échafaud en 1794, elle subit le supplice avec une admirable résignation. M. de Fort-Rion a publié des Mémoires de Mme Élisabeth.

ÉLISABETH FARNÈSE, nièce du dernier duc de Farnèse, épousa en 1714, à 22 ans, le roi d’Espagne Philippe V, peu après la mort de sa 1re femme, prit un grand ascendant sur ce prince, fit exiler la princesse des Ursins, et donna toute sa confiance à Alberoni, à qui elle devait la couronne. Après la mort du dernier des Farnèse, elle réussit à faire donner successivement à ses deux fils, don Carlos et don Philippe (V. ces noms), les duchés de Parme et de Plaisance. Elle mourut en 1766, 20 ans après Philippe.

ÉLISABETH-PETROWNA, impératrice de Russie, fille de Pierre le Grand et de Catherine, née en 1709, monta sur le trône en 1741, par l’effet d’une révolution qui en fit descendre le jeune czar Iwan, et qui fut en partie conduite par le comte de Lestocq. Les partisans d’Iwan furent, les uns exilés, les autres enfermés dans des cachots ; mais aucun ne fut privé de la vie ; Élisabeth voulait que sous son règne nul de ses sujets ne fût puni de mort : aussi les Russes lui ont-ils donné le surnom de Clémente. Elle repoussa les Suédois et les contraignit, par le traité d’Abo, en 1743, à lui céder la Finlande. Elle déjoua à la même époque une conspiration tramée par le marquis de Botta, seigneur hongrois, et le lieutenant