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1776, fut nommé conseiller du roi en 1783, attorney général en 1788, puis chef des plaids-communs (1793), pair d’Angleterre (1799), et remplit les fonctions de lord chancelier de 1801 à 1827. Tory exalté, il combattit opiniâtrement la réforme parlementaire et l’émancipation des Catholiques. C’est lui qui dirigea les poursuites dans le procès de la reine Caroline.

ELDORADO, c.-à-d. le Pays d’or, pays imaginaire de l’Amérique du Sud, que l’on supposait situé entre l’Orénoque et le fleuve des Amazones, près du lac Parima. Un Espagnol, nommé Martinez, qui prétendait l’avoir découvert, lui avait donné le nom d’Eldorado à cause de l’immense quantité d’or et de métaux précieux qu’il disait avoir vus dans Manoa, capit. prétendue de cette contrée. Cette fable fut surtout accréditée par Orellana, compagnon de Pizarre. Malgré les recherches d’une foule de voyageurs, cette merveilleuse contrée est toujours restée introuvable. Toutefois, les découvertes récentes des trésors de la Californie semblent l’avoir réalisée ailleurs.

ÉLÉATES ou ÉLÉATIQUES, secte de philosophes grecs, fondée à Élée dans la Grande-Grèce par Xénophane, niait l’autorité des sens et de l’expérience pour n’accorder de crédit qu’à la raison ; regardait par suite comme impossibles tout changement et toute diversité, réduisait tout à un être unique et immuable, et tombait ainsi dans le panthéisme. Les principaux philosophes de cette école étaient Xénopnane, Parménide, Zénon d’Élée, Mélissus de Samos. Mullach a publié Fragmenta Eleaticorum, à la suite d’Ocellus Lucanus, Berlin, 1846.

On étend quelquefois le nom d’Éléatiques aux philosophes atomistiques, parce qu’on suppose que Leucippe, leur chef, séjourna à Élée et y eut pour maître Parménide. On distingue alors les É. physiciens ou atomistiques, et les É. métaphysiciens ou panthéistes.

ÉLÉAZAR, c-à-d. qui a l’appui de Dieu, nom de plusieurs Juifs, dont les plus connus sont : 1o  un frère de Judas Machabée, qui combattit courageusement contre Antioohus Eupator, et périt sous un éléphant qu’il venait d’éventrer en s’efforçant de faire le prince prisonnier (V. MACHABÉE) ; — 2o  un grand prêtre, fils d’Onias et frère de Simon le Juste, auquel il succéda : c’est lui, dit-on, qui envoya les Septante à Ptolémée Philadelphe ; — 3o  un saint vieillard qui, sous Antiochus Épiphane, aima mieux périr que de manger la chair de porc.

ÉLÉAZAR (S.). V. ELZÉAR.

ÉLECTEURS DE L’EMPIRE, princes d’Allemagne auxquels appartenait le droit d’élire les empereurs. Après l’extinction de la race carlovingienne en Allemagne, au Xe siècle, l’empire devint électif. Le nombre des électeurs, d’abord illimité, fut, vers le XIIIe s., réduit à sept, savoir, les archevêques de Mayence, de Trêves et de Cologne ; les ducs du Palatinat, de Brandebourg et de Saxe, et le roi de Bohême. La Bulle d’or, donnée par Charles IV en 1356, confirma ces sept électeurs dans le droit de choisir l’empereur ; cependant la Bohême fut plus tard privée du droit d’élection, ainsi que le Palatinat, qui fut remplacé par la Bavière. Par le traité de Westphalie, en 1648, le Palatinat recouvra ses droits. En 1692, la maison de Brunswick-Lunebourg fut élevée à l’électorat. En 1777, l’électorat de Bavière cessa par l’extinction de la famille régnante et fut réuni au Palatinat. Cet état de choses subsista, sauf l’addition des électeurs de Bade et de Hesse en 1803, jusqu’à la dissolution de l’empire en 1806. En 1814, on rétablit un instant le système de 3 électorats, mais la création de la Confédération germanique les abolit définitivement. Toutefois le prince de Hesse-Cassel continua à porter le titre d’électeur, quoiqu’il n’y eût plus rien à élire. V. ALLEMAGNE.

Lors de l’organisation de l’empire français, on créa un Grand électeur, chargé de convoquer les collèges électoraux et le Corps législatif. Joseph Bonaparte fut investi de cette dignité.

ÉLECTRE, sœur d’Oreste, le sauva de la fureur d’Égisthe après le meurtre d’Agamemnon, leur père, et l’aida à le venger. Elle épousa Pylade, l’ami de son frère. Eschyle, Sophocle et Euripide chez les Grecs, Crébillon et Longepierre chez nous ont mis sur la scène les aventures de cette princesse.

ÉLECTRYON, roi de Mycènes, père d’Alcmène et beau-père d’Amphytrion. V. AMPHITRYON.

ÉLÉE, Elea, Velia, auj. Castel-a-Mare delle Brucca, v. d’Italie (Lucanie), sur la mer Tyrrhénienne, à l’embouch. du ruisseau dit Hélès, fut fondée par les Phocéens en 536 av. J.-C., s’enrichit par le commerce et la navigation, et donna le jour à deux philosophes célèbres, Parménide et Zenon d’Élée, chefs de l’école dite éléatique. — V. de l’Asie-Mineure (Éolide), à l’embouch. du Caïque, en face de Lesbos.

ÉLÉONORE DE GUYENNE, fille et héritière de Guillaume X, dernier duc d’Aquitaine, née en 1122, épousa, à l’âge de 15 ans, Louis de France (Louis VII), et lui apporta en dot le duché de Guyenne, avec la Gascogne, la Saintonge et le Poitou. La légèreté de sa conduite et son goût pour les divertissements déplurent bientôt à Louis, La mésintelligence s’étant accrue pendant la 2e croisade, où Éléonore avait suivi son époux (1147), celui-ci obtînt le divorce du concile de Beaugency (1152). Six semaines après, Éléonore épousait Henri Plantagenet, comte d’Anjou et duc de Normandie, depuis roi d’Angleterre sous le nom de Henri II (1154), et par là faisait passer les riches provinces de l’Aquitaine sous la domination de l’Angleterre. Ce mariage ne fut pas plus heureux que le premier : Éléonore, jalouse de plusieurs dames de la cour, fit assassiner l’une d’elles, Rosemonde ; en outre, elle jeta le trouble dans la famille royale, et souleva même les enfants contre leur père. Henri, fatigué de sa conduite, la fit enfermer dans un couvent (1173) ; elle ne sortit de sa prison qu’à l’avénement de son fils Richard Cœur de Lion en 1189. Elle fut chargée du gouvernement pendant l’absence de ce dernier, lors de la 3e croisade. Quelque temps-après le retour du roi, elle se retira dans l’abbaye de Fontevrault, où elle mourut en. 1203. C’est elle qui fit rédiger les rôles d’Oléron, curieux monument de la jurisprudence maritime de l’époque.

ÉLÉONORE DE PROVENCE, connue sous le nom de Ste Éléonore, fille de Raymond Bérenger IV, comte de Provence, épousa Henri III, roi d’Angleterre, et devint célèbre par sa piété. Après la mort de son époux (1272), elle se retira dans l’abbaye d’Ambresbury, où elle mourut en 1292. On la fête le 1er juillet.

ÉLÉONORE DE GUZMAN, dame espagnole, était veuve de don Juan de Velasco, lorsqu’elle inspira le plus violent amour à Alphonse XI, roi de Castille, déjà marié à Constance de Portugal. Elle prit sur le roi le plus grand ascendant et jouit pendant 20 ans de toute l’autorité d’une reine. Elle donna le jour à deux jumeaux, dont l’un régna depuis sous le nom de Henri de Transtamare. Après la mort du roi (1350), elle fut arrêtée par les ordres de Constance, et malgré les efforts de ses fils, qui avaient pris les armes pour la sauver, elle fut étranglée à Séville, sous les yeux de cette princesse et du jeune roi son fils, Pierre le Cruel.

ÉLÉONORE TELLEZ, dame portugaise d’une grande beauté, était mariée à un seigneur du pays, don Juan d’Acunha, lorsque Ferdinand, roi de Portugal, en devint éperdument amoureux. Ce prince décida son mari à s’en séparer. l’épousa et la proclama reine en 1371, malgré le mécontentement général. Éléonore fit mettre à mort ses ennemis, combla de libéralités ses partisans, et eut même l’impudence d’élever au faîte des honneurs don Juan Andeiro, avec lequel on l’accusait d’avoir un commerce criminel. Après la mort du faible Ferdinand (1383), bien qu’elle eût été nommée régente en l’absence d’enfants mâles, elle ne put se soutenir : son favori fut massacré dans ses bras par l’infant don Juan, frère du feu roi, et elle-même fut enfermée par son gendre, don Juan, roi de Castille, dans le monastère de Tordesillas, près de Valladolid, où elle mourut en 1405.

ÉLÉONORE DE CASTILLE, fille de Henri II, roi de Cas-