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fournie le duc de Bourgogne, son beau-frère : il réunit de nombreux partisans, battit à Barnet le comte de Warwick, qui périt dans le combat, et remonta sur le trône (1471). Peu de semaines après, il écrasa le reste de ses ennemis par la victoire remportée sur Marguerite à Tewksbury : cette malheureuse princesse fut confinée avec son fils dans la Tour, où était déjà son époux; et bientôt son fils fut inhumainement massacré (V. Edouard, fils de Henri VI). Débarrassé de tous ses ennemis intérieurs, Édouard envahit la France pour soutenir Charles le Téméraire contre Louis XI et débarqua à Calais (1475) ; Louis XI réussit à l'éloigner à force d'or. Édouard passa le reste de son règne dans les plaisirs et la débauche, abandonnant tout le pouvoir à une favorite, Jane Shore. En 1478, il mit à mort un de ses frères, George, duc de Clarence, accusé de haute trahison.

ÉDOUARD V, fils du préc., lui succéda à 12 ans, et fut mis sous la tutelle de Richard, duc de Glocester (1483), ainsi qu'un frère plus jeune que lui de trois ans, Richard, duc d'York. Il y avait à peine deux mois qu'il avait été proclamé lorsque Glocester, voulant usurper le trône, fit enfermer les deux frères dans la Tour de Londres, et les fit assassiner par une sicaire, Tyrrel, qui les frappa la nuit dans leur lit (1483). Horace Walpole a cherché à jeter des doutes sur cet événement. La fin tragique des deux jeunes princes a fourni à Casimir Delavigne le sujet d'une de ses plus belles tragédies, les Enfants d’Édouard, et à Paul Delaroche le sujet d'un tableau célèbre.

ÉDOUARD VI, fils de Henri VIII et de Jeanne Seymour, né en 1537, fut proclamé en 1547, à la mort de son père, sous la régence du comte de Hartford, depuis duc de Somerset, son oncle maternel. Après la mort tragique de celui-ci, il fut confié à lord Dudley, duc de Northumberland, qui régna réellement sous son nom. Ce fut alors que la Réforme, commencée sous Henri VIII, fit les plus grands progrès et prit de la consistance. Le jeune prince fut élevé avec soin dans la nouvelle religion ; mais la mort le surprit en 1553. V. SOMERSET et DUDLEY.

ÉDOUARD, prince de Galles, surnommé le Prince Noir, à cause de la couleur de son armure, né en 1330 d’Édouard III et de Philippine de Hainaut, se distingua fort jeune à la bat. de Crécy, gagnée par son père sur Philippe de Valois (1346), et gagna lui-même en 1356 celle de Poitiers, où le roi Jean fut vaincu et fait prisonnier. Son père érigea pour lui la Guyenne en principauté sous le nom de principauté d'Aquitaine, et l'en investit solennellement (1363). Édouard fixa sa résidence à Bordeaux, et y tint une cour vraiment royale. En 1367, il alla lutter en Espagne contre Du Guesclin en faveur de Pierre le Cruel, et remporta la victoire de Najera dans la Navarre; mais il rapporta de cette expédition une maladie qui le conduisit au tombeau, en 1376. « Il laissa, dit Hume, une mémoire immortalisée par de grands exploits, par de grandes vertus et par une vie sans tache. » — Un de ses fils monta sur le trône d'Angleterre sous le nom de Richard II.

ÉDOUARD DE LANCASTRE, prince de Galles, fils unique de Henri VI et de Marguerite d'Anjou, né en 1453, quitta l'Angleterre avec sa mère en 1463, lorsque le parti d'York eut triomphé (V. ÉDOUARD IV), y rentra en 1471, après avoir épousé la fille du comte de Warwick, autrefois son plus grand ennemi; mais tomba, ainsi que sa mère, entre les mains d’Édouard IV après la bataille de Tewksbury, et fut massacré par l'ordre des ducs de Clarence et de Glocester, frères du roi (1472). Shakespeare, dans la 3e partie d’Henri VI, a mis sur la scène la mort du prince de Galles.

ÉDOUARD PLANTAGENÊT, dernier prince de ce nom, fils de George, duc de Clarence, et d'Isabelle, fille du fameux comte de Warwick, fut fait comte de Warwick par Édouard IV, en mémoire de son aïeul maternel. Henri VII, étant monté sur le trône et craignant qu'il ne fit valoir ses droits, le fit enfermer à la Tour (1485); puis, ce malheureux prince étant entré dans une conspiration, il le fit décapiter (1499).

ÉDOUARD (CHARLES-), le dernier des Stuarts. V. STUART (Charles Édouard).

ÉDOUARD, roi de Portugal, fils de Jean I, régna de 1433 à 1438. Il mit de l'ordre dans les finances épuisées par de longues guerres, rétablit la discipline dans l'armée et fit des lois somptuaires. En 1436, il fit assiéger Tanger en Afrique ; mais son armée fut entièrement défaite, et son frère, l'infant Ferdinand, fait prisonnier par les Maures. En 1438, la peste vint ajouter à ce désastre en portant ses ravages à Lisbonne, et Édouard lui-même ne put échapper au fléau. Ce prince protégea les sciences et les lettres ; on lui doit un code sur l'administration de la justice.

ÉDOUARD DE BRAGANCE, infant de Portugal, né en 1605, mort en 1649, était lieutenant général dans les armées de l'empereur Ferdinand III. Lorsque Jean IV, son frère, eut chassé les Espagnols du Portugal, en 1649, le roi d'Espagne, craignant ses talents militaires, sollicita son arrestation, et l'empereur consentit à le livrer. Il fut enfermé au château de Milan et y mourut après 8 ans de captivité.

EDRED, roi anglais de la dynastie saxonne, 2e fils d’Édouard l'Ancien, succéda à son frère Edmond en 946 ; réprima plusieurs révoltes des Danois, et vainquit Malcolm, roi d’Écosse. S. Dunstan eut sous son règne une grande part aux affaires. Édred mourut en 955, laissant le trône à son neveu Edwy.

EDRIS. V. ÉDRISITES.

ÉDRISI (Abou-Abdallah-Mohammed AL), géographe arabe, né vers 1099, à Ceuta, était issu de la famille des Édrisites. Chassé des domaines qu'il possédait en Afrique, il voyagea beaucoup, puis se fixa en Sicile, où le roi Roger II lui fit le meilleur accueil. Il vécut à la cour de ce prince et exécuta pour lui, vers 1153, un globe ou plutôt un planisphère terrestre en argent du poids de 400 livres, sur lequel il avait fait graver tout ce qu'on savait alors de géographie : il fit pour l'expliquer un traité de géographie fort complet pour l'époque et qui a longtemps servi de base aux études géographiques. On n'en possédait qu'un abrégé, publié pour la 1re fois en arabe à Rome en 1592, et trad. en latin sous le titre de Geographia Nubiensis, par G. Sionite, Paris, 1619. Amédée Jaubert en a retrouvé en 1829 un ms. complet à la Bibliothèque impériale et en a publié la trad. en français, Paris, 1837-39, 2 vol. in-4, avec notes.

ÉDRISITES, dynastie musulmane qui régna à Fez et dans tout le Maghreb de 785 à 919, époque où les Fatimites s'emparèrent de toute l'Afrique septentr. Edris I (785-93), de la race d'Ali, chassé d'Arabie, vint s'établir à Walily et conquit Tlemcen. Il fut empoisonné par l'ordre du calife Haroun-al-Raschid. Edris II (793-828) fonda Fez en 807. Mohammed I, Ali, Yahia I et II, ajoutèrent à leurs possessions Ceuta et Tanger. Sous Ali II et Yahia III commença la décadence des Édrisites. Yahia IV (905-19), fut défait par une armée d'Obéid-Allah, 1er calife fatimite, puis chassé de sa capitale et mourut dans la misère en 944. Après lui on voit encore Haçan I, son parent, reprendre Fez en 922, mais il périt en 925. Kassem-el-Kenoum résista quelque temps aux Fatimites (932-949). Son fils Ahmed se mit sous la protection des Ommiades et se retira en Espagne où il périt en combattant les Chrétiens (960). Haçan II, poursuivi à la fois par les Fatimites et les Ommiades, fut vaincu par ces derniers et conduit à Cordoue, où il fut mis à mort (984).

ÉDUENS, Ædui, peuple gaulois, habitait au S. des Lingones et à l'O. de la Grande-Séquanaise ; leur pays répondait à une partie du Nivernais et de la Bourgogne; c'était, avec les Arverni, le peuple le plus puissant de la Gaule. Leurs v. princ. étaient Bibracte (Autun), Cabillonum (Châlon), Matisco (Mâcon), Nivernum (Nevers). Ils étaient régis par un chef électif dit vergobret. Les Romains firent alliance avec eux, et le sénat les proclama frères de la république.