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bat de quatre cavaliers, d'après Léonard de Vinci; de la Vierge, d'après le Guide, sont regardées comme des chefs-d'œuvre. On a aussi de lui de très-beaux portraits de Louis XIV, Descartes, Colbert, Lebrun, Rigaud, Philippe de Champagne, Santeuil, etc.

EDEN, c.-à-d. en hébreu délices, nom donné dans la Genèse au Paradis terrestre, lieu de délices où Dieu plaça Adam et Ève après la création, et que l’Écriture compare à un vaste jardin. On ne sait pas bien où était ce jardin délicieux : l'opinion la plus accréditée le place dans l'anc. Médie, entre le Phase, l'Oxus, le Tigre et l'Euphrate, qui représentent, à ce qu'on croit, les quatre fleuves dont parle la Genèse : le Phison le Gihon, le Chidékel et le Phrat. Origène et quelques hérétiques ont pensé que l'Eden n'a jamais existé sur la terre et que c'est une pure allégorie.

EDER, Adrana, riv. d'Allemagne, a sa source en Westphalie, à 10 k. O. de Berlebourg, arrose la Hesse et la principauté de Waldeck, passe à Waldeck, à Fritzlar, et se jette dans la Fulde à 10 k. au-dessous de Cassel, après un cours de 125 kil. Elle charrie de l'or.

ÉDESSE, dite aussi Callirrhoé, auj. Orfa, ville fort ancienne de la Mésopotamie, capit.de l'Osroène sous les Romains, au N. de la province, était une des v. frontières de l'empire et renfermait de célèbres fabriques d'armes et de boucliers et des arsenaux. Édesse, dont on attribuait la fondation à Nemrod, eut, du Ier siècle av. J.-C. au IIIe après, des princes particuliers (V. ABGAR). Cette ville reçut une des premières la doctrine du Christ, et ses habitants la conservèrent jusqu'au temps des croisades : elle eut jusqu'à 300 couvents et posséda un évêché, dont S. Ephrem fut titulaire et qui fut depuis érigé en archevêché : c'est encore auj. le titre d'un archevêché in partibus. Édesse fut plusieurs fois prise et reprise dans les guerres entre l'empire d'Orient et les Sassanides. Les Arabes s'en emparèrent ainsi que de toute la Mésopotamie en 639. En 1097, Baudouin, frère de God. de Bouillon, prit cette v. et y fonda un comté, qui fut transmis en 1100 à Baudouin II, en 1118 à Josselin de Courtenay et en 1131 à Josselin II. Il se composait d'Édesse, de Samosate, de Saroudj, de Tel-Bacher, etc. Ce comté, le premier État chrétien fondé par les Croisés, était regardé comme le boulevard de Jérusalem. Soumis en 1144 par Zenghi, il fut repris en 1146 par Josselin II, mais il fut reconquis la même année par Noureddin et il est resté depuis aux mains des Musulmans.

ÉDESSE, auj. Vodina, v. de Macédoine (Émathie), sur l'Erigon, fut avant Pella la capitale du royaume.

EDETANI, peuple de l'Hispanie Tarraconaise, à l'E. des Celtibères, avait pour v. principales Edeta, auj. Liria, Segobriga, Cæsaraugusta, Valentia.

EDFOU, l’Atbô des anc. Égyptiens, l’Apollinopolis magna des Grecs, village de la H.-Égypte, sur a rive g. du Nil, à 83 kil. S. E. de l'anc. Thèbes, et à 177 k. S. E. de Djirdjeh; 2000 hab. Ville jadis importante : ce n'est plus auj. qu'un assemblage de misérables cabanes et de ruines. Beaux restes de plusieurs temples avec inscriptions hiéroglyphiques.

EDGARD, le Pacifique, roi d'Angleterre, fils d'Edmond I, succéda à son frère Edwy en 957, vainquit les Northumbriens et les Écossais, soumit une partie de l'Irlande, poliça ses États et leur donna de sages lois. S. Dunstan fut son principal conseiller, et le clergé sous son règne jouit d'une grande faveur. Ayant entendu vanter la beauté d'Elfrida, fille d'un grand seigneur, il chargea un de ses favoris de l'amener à sa cour. Celui-ci devint amoureux d'Elfrida, et l'épousa, après avoir trompé le roi par un rapport infidèle; mais Edgard, apprenant la vérité, le poignarda et épousa sa veuve. Cet événement est le sujet d'une tragédie anglaise de Mason. Il m. en 975.

EDGARD ATHELING, neveu d’Édouard le Confesseur, avait des droits au trône d'Angleterre, mais fut dépossédé par Harold, puis par Guillaume le Conquérant (1066). Après une tentative inutile pour recouvrer la couronne, il renonça à toute prétention et servit fidèlement Guillaume. Il était le dernier rejeton de la ligne masculine des rois anglo-saxons.

EDGARD, roi d’Écosse, fils de Malcolm III et neveu du préc., régna de 1098 à 1107. Il chassa l'usurpateur Donald VIII et maria sa sœur Mathilde au roi d'Angleterre Henri I.

EDGE-HILL, colline d'Angleterre (Warwick), près de Kington et à 20 k. S. E. de Warwick. Les Parlementaires y remportèrent leur 1re victoire sur les troupes de Charles I, 1642.

EDGEWORTH (Richard LOVELL), né à Bath en 1774, m. en 1817, était originaire d'Irlande, où son père possédait la terre d'Edgeworthtown. Il s'appliqua de bonne heure à la mécanique, eut en 1763 la première idée du télégraphe aérien, et imagina en 1767 une voiture qui transportait avec elle un petit chemin de fer sur lequel elle roulait. En 1771, il vint s'établir à Lyon et y commença la construction d'une digue pour détourner le cours de la Saône et reculer sa jonction avec le Rhône ; mais, mal secondé, il fut obligé de renoncer à ses travaux. Il prit part en 1782 aux efforts tentés par les Irlandais pour assurer leur indépendance, fut élu en 1798 député de l'Irlande à la Chambre des Communes, et se prononça ouvertement contre l'union. Depuis 1804, il partagea tout son temps entre la mécanique, l'agronomie et le perfectionnement de l'éducation. On lui doit des Traités sur la construction des moulins, en français, 1778; — sur la résistance de l'air, 1783 ; — sur l'application des ressorts aux charrettes, 1812; — sur les chaussées et les voitures, 1813 ; Practical education (avec sa fille), 1798, trad. par Pictet : Professional education, 1808.

EDGEWORTH (Maria), romancière et moraliste irlandaise, fille du préc., née en 1767 à Edgeworthtown morte en 1849, consacra son talent à l'éducation de l'enfance et à la moralisation du peuple, et composa dans ce but un grand nombre de petits ouvrages, où le plus souvent la leçon ressort du simple récit des faits, et dont la plupart sont devenus populaires. Elle débuta par l’Éducation pratique (avec son père 1798), que suivirent bientôt l’Éducation familière, le Guide des parents, les Contes moraux pour les jeunes garçons, les Contes pour les jeunes filles, les Contes populaires, les Contes du beau monde (Tales of fashionable life), les Jeunes industriels, et une foule d'autres. On lui doit aussi d'intéressants romans sur l'Irlande, qui donnèrent à W. Scott l'idée de se faire le romancier de l’Écosse. Presque tous ses ouvrages ont été trad. par Mmes L. Belloc, Elisa Voïart, Él.de Bon, Gottis, Niboyet, Sobry, etc.

EDGEWORTH DE FIRMONT (Henri ESSEX), confesseur de Louis XVI, né en Irlande en 1745, mort à Mittau en 1807, était cousin de Richard Edgeworth. Il assista Louis XVI à ses derniers moments et lui adressa, dit-on, sur l'échafaud ces mots devenus célèbres : Fils de S. Louis, montez au ciel. Il a laissé des Mémoires, qui ont été trad. par Dupont, Paris, 1816, et des Lettres, trad. par Élisabeth de Bon, 1818.

ÉDILES, magistrats romains, ainsi appelés parce qu'un des principaux devoirs de leur charge était d'avoir soin des édifices (ædes). Ils étaient nommés pour un an. C'est une des charges par lesquelles on débutait dans la carrière des honneurs : on pouvait l'obtenir dès 27 ans. On distinguait les édiles plébéiens et les édiles curules ou patriciens. Les édiles plébéiens, au nombre de deux, furent institués en 493 av. J.-C., la même année que les tribuns. En 366 av. J.-C., ces édiles ayant refusé de subvenir aux frais de nouveaux jeux qui venaient d'être créés, le sénat leur adjoignit deux nouveaux édiles, pris dans l'ordre des patriciens. Ces derniers avaient la chaise curule, le laticlave, l'entrée au sénat et le droit d'images ; ils avaient l'intendance des grands jeux romains qui se célébraient aux frais de l'État, et devaient en outre en donner d'autres à leurs propres dépens. Les édiles plébéiens donnaient aussi des jeux à leurs frais, mais moins dispendieux; leurs fonctions prin-