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ECBATANE, auj. Hamadan? grande v. de l'Asie ancienne, capit. de la Médie, vers le centre, au pied du mont Oronte (Elvend), au S. O. de la mer Caspienne et au N. E. de Babylone, avait 250 stades de circuit et était entourée de 7 murailles s'élevant les unes au-dessus des autres. On y admirait un temple magnifique de Mithra ou du Soleil. Elle fut, selon les historiens grecs, bâtie vers 705 av. J.-C, par Déjocès; selon la Bible, vers l'an 600 par Arphaxad (Phraorte), roi des Mèdes, contemporain de Nabuchodonosor. En 561, cette ville, où régnait alors Astyage, tomba au pouvoir de Cyrus, et elle ne fut bientôt plus qu'une capitale secondaire : les rois de Perse venaient y passer l'été. Darius vaincu s'y réfugia à la suite de la bat. d'Arbèles (331); mais Alexandre y arriva bientôt après, et le força de s'en éloigner ; le conquérant y trouva d'immenses richesses. Parménion fut mis à mort à Ecbatane; Éphestion y mourut. La ruine de cette ville commença sous les Séleucides, qui la dépouillèrent de toutes ses richesses et détruisirent ses principaux monuments. Auj. il n'en reste que des débris informes; on n'est même pas d'accord sur son emplacement.

Il y avait dans la Perside une autre Ecbatane, dite Ecbatana Magorum, parce qu'elle renfermait un collège de Mages. C'est auj. Gherden.

ECCELIN I, surnommé le Bègue, seigneur de Romano, est le chef d'une maison qui posséda de grands biens dans la Marche Trévisane, et qui joua un rôle important aux XIIe et XIIIe siècles, pendant les guerres des Guelfes et des Gibelins. Après avoir accompagné en 1147 Conrad III dans une croisade et s'y être signalé par ses exploits, il obtint le souverain pouvoir dans Vicence, qu'on croit être sa patrie. Il entra dans la ligue Lombarde, et combattit Frédéric Barberousse, puis fit alliance avec ce prince, 1175, et mourut vers 1180. — E. II, le Moine, son fils, lui succéda à Vicence. Chassé par la faction des Guelfes (1194), il se mit à la tête des Gibelins, s'allia avec ceux de Vérone et de Padoue, combattit à outrance les Guelfes, à la tête desquels était le marquis d'Este, et finit par rentrer dans Vicence avec le secours de l'empereur Othon IV, qui lui donna le titre de vicaire impérial. Il partagea en 1215 ses États entre ses enfants, et se retira dans un cloître, ce qui le fit surnommer le Moine. Il mourut en 1235. — E. III, le Féroce, fils du préc., lui succéda en 1215, se mit à la tête des Gibelins, s'allia avec l'empereur Frédéric II, s'empara du pouvoir à Vérone, à Vicence, à Padoue, à Brescia, et commit dans les villes soumises à ses lois des cruautés qui surpassent l'imagination. Le pape Alexandre IV prêcha en 1256 contre ce tyran une croisade dans laquelle entrèrent les Guelfes, et à la tête de laquelle se mit le marquis d'Este. Après avoir quelque temps résisté, Eccelin finit par succomber et fut blessé mortellement au pont de Cassano en 1259. Après sa chute, Albéric son frère, qui régnait à Trévise, fut mis à mort avec toute sa famille.

ECCLÉSIASTE (l'), l'ECCLÉSIASTE, livres de la Bible. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences.

ÉCHANSON, officier chargé de verser à boire au roi. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

ÉCHARD (dom Jacques), érudit français, né à Rouen en 1644, mort à Paris en 1724. On doit à ce dominicain un ouvrage fort estimé : Scriptores ordinis Prædicatorum recensiti, notisque historicis et criticis illustrati, Paris, 1719-21, 2 vol. in-fol.

ÉCHARD (Laurent), historien anglais, né en 1671, mort en 1730. On a de lui : Histoire romaine, 1699; Histoire ecclésiastique jusqu'à Constantin, 1702; Histoire d'Angleterre depuis l'invasion de J. César jusqu'à la fin du règne de Jacques Ier, 1707, et un Dictionnaire géographique, publié sous le titre de The Gazetteer, qui a servi de modèle à celui de Vosgien.

ÉCHELLENSIS (ABRAHAM). V. ABRAHAM.

ÉCHELLES (les), ch.-l. de cant. (Savoie), arr. de Chambéry, sur les confins des États sardes, à 19 k. S. O. de Chambéry; 1200 h. Elle est partagée par la Guiers en deux parties, dont, avant 1860, l'une appartenait à la Sardaigne et l'autre à la France (Isère). Ce lieu ne pouvait communiquer jadis avec Chambéry qu'en escaladant à l'aide d'échelles un rocher qui l'en séparait; d'où son nom : en 1670, Charles-Emmanuel II y fit percer une route.

ÉCHELLES DU LEVANT (les). On nomme ainsi les ports marchands de la Méditerranée orientale, soumis à la domination ottomane et dans lesquels les Européens ont des comptoirs. Les principaux sont : Constantinople, Salonique, Smyrne, Alep, Beyrouth, Chypre, Alexandrie, etc. — On dit aussi quelquefois les Échelles de Barbarie en parlant des ports de l'Afrique septentr. — Cette expression doit son origine aux échelles ou degrés appuyés sur les môles des ports de ces places et au bas desquels les vaisseaux viennent décharger les passagers et les marchandises.

ECHENOZ-LA-MÉLINE, vge de la Haute-Saône, à 3 k. de Vesoul; 900 h. Vastes grottes où l'on trouve des ossements fossiles.

ÉCHEVIN, en latin scabinus (du vieux mot allemand scheben, juge, savant, ou de skafen, constituer, ordonner), titre d'un officier public au moyen âge. Marculfe, qui écrivait vers 660, fait le premier mention des échevins comme assesseurs du comte et de son viguier ou lieutenant dans le jugement des causes. Sous les Carlovingiens, on voit les échevins rendre la justice dans les plaids ou assemblées publiques; ils sont élus par les notables des villes, confirmés par le roi et soumis à l'inspection des commissaires royaux (missi dominici). A partir de la 3e race, ils ne sont plus que des officiers de justice seigneuriale, choisis et nommés par les grands feudataires; une partie même de leurs fonctions judiciaires passa entre les mains des baillis, et dans beaucoup d'endroits les échevins ne furent plus que des officiers municipaux, conseillers du maire. Les échevins de Paris étaient les assesseurs du prévôt des marchands et siégeaient avec lui à l'hôtel de ville. La révolution de 1789 abolit les échevins et transporta leurs attributions aux maires et aux conseils municipaux.

ECHIDNA (mot grec qui signifie vipère), monstre fabuleux, moitié femme et moitié serpent, produit par Chrysaor, issu lui-même du sang de Méduse. Du commerce de ce monstre avec Typhon naquirent Cerbère, l'Hydre de Lerne, la Chimère de Bellérophon, le Sphinx de Thèbes, le lion de Némée et plusieurs autres monstres.

ÉCHINADES, auj. Curzolaires, îles de l'Adriatique, sur la côte de l'Acamanie, à l'E. de Céphallénie, vis-à-vis de l'embouch. de l'Achéloüs. Elles sont presque inhabitées. Il y en avait 9 suivant Pline, et 5 suivant Ovide. Un bras du fleuve Achéloüs s'étant desséché, plusieurs des îles Échinades se joignirent au continent. Selon la Fable, les Échinades étaient d'anciennes nymphes qui furent transformées en îles pour s'être attiré le courroux d'Achéloüs. Le nom de ces îles paraît venir du grand nombre des hérissons (ekhinos, en grec) qu'on y trouve.

ÉCHIQUIER (Cour de l'), cour de justice en Angleterre qu'on croit avoir été introduite par Guillaume le Conquérant, est chargée d'administrer les revenus de la couronne et de juger tous les cas litigieux nés de la perception des impôts. Son nom vient, dit-on, du tapis dont on couvrait jadis la table de travail, tapis sur lequel étaient figurés plusieurs compartiments qui représentaient un échiquier et qui servaient à faire les comptes. Cette institution paraît avoir existé en Normandie avant la conquête de l'Angleterre.

ÉCHO, nymphe de la suite de Junon, fille de l'Air et de la Terre, servit Jupiter dans ses amours en amusant la déesse par de longs discours lorsque le dieu était avec une de ses maîtresses. Junon, s'en étant aperçue, l'en punit en la condamnant à ne plus parler sans qu'on l'interrogeât, et à ne répondre qu'en répétant les derniers mots des questions qu'on lui ferait. La nymphe Écho s'éprit du beau Narcisse,