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Il passa le reste de sa vie à plaider contre la Compagnie, à laquelle il réclamait 13 millions, qu’il avait, disait-il, avancés pour son service, et mourut dans la misère et l’humiliation à Paris, en 1763, sans avoir pu se faire rendre justice. Il avait publié peu avant sa mort un Mémoire qui fit grand bruit.

DUPLESSIS. V. RICHELIEU, MORNAY et GRATET.

DUPONT DE NEMOURS (Pierre Samuel), économiste, né à Paris en 1739, mort en 1817 en Amérique, s’attacha au célèbre Quesnay, composa en commun avec lui plusieurs ouvrages, entre autres la Physiocratie (1768), se lia avec Turgot, qui l’appela près de lui pendant qu’il était ministre des finances, partagea la disgrâce de ce ministre, puis fut rappelé aux affaires par Vergennes, et fut un des rédacteurs du traité de 1783, qui reconnaissait l’indépendance de l’Amérique. Député en 1789 aux États généraux par le bailliage de Nemours, il vota les réformes les plus importantes, mais il encourut la colère du peuple pour avoir combattu la création des assignats et s’être montré fidèle à Louis XVI. Soustrait à la mort sous la Terreur par un ami qui le cacha, il alla chercher un refuge en Amérique, où il fut fort bien accueilli. Il ne revint en France que sous le Directoire et fut du Conseil des Cinq-Cents. En 1814 il fut nommé secrétaire du gouvernement provisoire ; mais après le rétablissement de Napoléon il retourna en Amérique. Dupont de Nemours a laissé une foule d’ouvrages sur l’économie, la politique, la physiologie, l’histoire naturelle, la physique générale. Outre la Physiocratie, nous citerons la Philosophie du bonheur, où il fonde la morale sur une seule loi, aimer ; de curieux Mémoires sur les animaux, où il prête aux brutes un langage ; une traduct. en vers du Roland furieux, et d’intéressants mémoires sur Turgot. Il rédigea quelque temps le Journal d’agriculture. Il avait été nommé membre de l’Institut dès sa fondation.

DUPONT DE L’ÉTANG (Pierre), lieutenant général, né à Chabannais (Charente) en 1765, mort en 1840, fut, au commencement de la Révolution, aide de camp des généraux Théobald et Arthur Dillon ; se distingua au combat de l’Argonne, et fut nommé successivement général de brigade (1793) et général de division (1797). Il combattit à Marengo et sur le Mincio ; parut avec beaucoup d’éclat dans les campagnes de 1805 et de 1806, et contribua puissamment à la victoire de Friedland. Envoyé en Espagne en 1808, il y obtint d’abord quelques avantages ; mais bientôt Castanos l’obligea de signer la capitulation déplorable de Baylen (23 juillet 1808). A son arrivée en France, il fut arrêté comme ayant trahi les intérêts de l’armée ; il demeura enfermé au fort de Joux jusqu’au retour de Louis XVIII. Appelé en 1814 au ministère de la guerre, il servit les passions du parti réactionnaire avec un tel excès que le roi fut obligé de l’éloigner au bout de quelques mois. Il fut député de la Charente de 1815 à 1830. Ce général cultivait la poésie dans sa retraite ; on a de lui une trad. des Odes d’Homère, 1836 ; l’Art de la guerre, poëme en dix chants, 1839, et quelques pièces détachées.

DUPONT (J. H.), dit D. de l’Eure, homme politique, né en 1767 à Neubourg (Eure), mort en 1855, fut successivement avocat au parlement de Rouen, accusateur public près le tribunal criminel de l’Eure, membre du Conseil des Cinq-Cents (1797), conseiller à la Cour impériale de Rouen (1811), puis président de cette cour ; siégea sous l’Empire au Corps législatif, et sous la Restauration à la Chambre des Députés, prit place parmi les membres les plus courageux de l’opposition libérale, fut, pour ce motif, destitué de ses fonctions de président (1818), devint, après la révolution de 1830, ministre de la justice, mais ne tarda pas à rentrer dans l’opposition et acquit une telle popularité qu’en 1848 il fut appelé par acclamation à la présidence du gouvernement provisoire ; mais, affaibli par l’âge, il ne fut président que de nom et ne put rien pour empêcher le mal qui se fit alors. Dans les différents postes qu’il occupa, Dupont de l’Eure se signala constamment par son intégrité et son patriotisme : aussi était-il respecté de tous les partis.

DUPORT (Adrien), député de la noblesse de Paris aux États généraux, né à Paris en 1759, était conseiller au parlement lors de la Révolution. Il fut une des lumières de l’Assemblée constituante, où il forma avec Lameth et Barnave une sorte de triumvirat qui hérita de la popularité de Mirabeau. Il présenta le 29 mars 1790 un travail admirable sur l’organisation du pouvoir judiciaire, et fit adopter le jugement par jurés. Chargé d’interroger Louis XVI après son évasion, il le fit avec tous les égards convenables. Poursuivi après le 10 août, il quitta la France, se retira en Suisse et mourut à Appenzell en 1798.

DUPORT DU TERTRE (François Joachim), littérateur, né à St-Malo en 1716, mort en 1759, abandonna l’ordre des Jésuites, où il était entré, pour s’occuper de littérature et d’histoire, et fut le collaborateur de Fréron et de l’abbé de La Porte. Il a laissé : Abrégé de l’histoire d’Angleterre, 1751 ; Histoire des conjurations, conspirations et révolutions célèbres, 1754 et années suivantes ; Bibliothèque amusante et instructive, 1755. - Son fils, L. Franç., né en 1754, était avocat avant la Révolution, en adopta les principes, mais avec modération, fut en 1790 ministre de la justice, perdit cet emploi à la chute de Lessart, et périt sur l’échafaud révolutionnaire en 1793. Il passe pour l’un des auteurs de l’Histoire de la Révolution par deux amis de la liberté, 1790.

DUPPEL, vge du Sleswig, en face de Sonderbourg. Les Danois y battirent les troupes de la Confédération germanique en 1848.

DUPPLIN, vge d’Écosse (Perth), voisin d’Aberdalgie, où les Écossais furent battus par les Anglais, 1332. V. ABERDALGIE.

DUPRAT (Ant.), cardinal, chancelier de France, né à Issoire en 1463, mort en 1535, était premier président au parlement de Paris (1507), lorsque la comtesse d’Angoulême lui confia l’éducation de soh fils, depuis François I. A l’avénement de ce prince (1515), il fut nommé chancelier. Il suivit François I en Italie, négocia avec Léon X le Concordat de 1516, qui sacrifiait les libertés gallicanes, et le fit enregistrer au parlement de Paris, malgré la plus vive opposition des cours souveraines, des universités et du clergé de France. Le chancelier devint dès lors l’objet d’une haine universelle, haine qui s’accrut encore lorsque, pour faire face aux dépenses qu’occasionnait la guerre contre Charles-Quint et aux profusions de la cour, il créa et vendit des offices, et leva des contributions sur le clergé. Cependant il n’en conserva pas moins un immense crédit : pendant l’absence et la captivité de François I, la duchesse d’Angoulême, régente du royaume, ne gouverna que par ses conseils, et le roi, à son retour, anéantit une procédure que le parlement avait commencée contre lui. Duprat, veuf depuis plusieurs années, avait embrassé l’état ecclésiastique, et la régente l’avait nommé archevêque de Sens ; en 1527 il fut créé cardinal, et en 1530 légat a latere. Il s’occupa alors particulièrement des affaires de religion, et provoqua toutes les mesures de rigueur qui furent prises contre les réformés. Ce ministre déploya une grande habileté, mais il fit le malheur du peuple par son ambition, son avidité et son dévouement servile aux volontés du prince. A la mort de Clément VII, 1534, il voulut lui succéder, et offrit à François I de subvenir par lui seul aux frais de son élection ; mais le roi n’accueillit pas la proposition. Sa Vie a été écrite en 1857 par le marquis Duprat, un de ses arrière-neveux, qui a cherché à réhabiliter sa mémoire. — Son fils, Guillaume Duprat, né en 1507, mort en 1560, évêque de Clermont, assista au concile de Trente, et introduisit à Paris les Jésuites, pour lesquels il fonda le collége de Clermont, depuis collége de Louis-le-Grand.

DUPRAT (PARDOUX), Pardulphus Prateius, jurisconsulte, né en 1520 à Aubusson, mort vers 1569,