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vilège d’être la seule chantée à St-Denis pour les obsèques des rois jusqu’au XVIIIe siècle. On lui attribue l’air de Charmante Gabrielle.

DUCAURROY (A. M.), jurisconsulte, né à Eu en 1788, mort à Paris en 1850, enseigna jusqu’à sa mort le droit romain à la Faculté de Paris et se distingua par la lucidité de ses leçons et la solidité de ses doctrines. Débarrassant l’enseignement du droit romain des commentaires qui l’étouffaient et de l’esprit de système, il le ramena à l’étude des textes : il publia dans ce but les Institutes de Justinien, trad. sur le texte de Cujas, 1813, les Institutes nouvellement expliquées, 1822-27. Il publiait, avec MM. Bonnier et Roustain, un Commentaire du Code Civil lorsque la mort vint le surprendre. Ducaurroy est un des fondateurs de la Thémis et de la Revue de Législation.

DU CAYLA (Zoé, comtesse), née en 1784, morte en 1850, était fille de l’avocat Talon, qu’elle sauva, par ses prières, des poursuites auxquelles il fut exposé sous Napoléon I comme agent des Bourbons. Admise dans l’intimité de Louis XVIII, elle prit sur lui un grand ascendant. Elle consentit à brûler les papiers de la procédure Favras, qui lui venaient de son père, et reçut en don du roi le château de St-Ouen, près Paris. Elle s’occupa d’exploitations agricoles et obtint la belle race de moutons qui porte son nom.

DU CERCEAU (le P.), jésuite, né à Paris en 1670, mort en 1730, enseigna dans plusieurs colléges de son ordre, composa plusieurs pièces, latines et françaises, qui furent jouées dans ces colléges, fut produit à la cour, devint précepteur du prince de Conti, et périt accidentellement, tué par son élève qui le frappa involontairement en maniant un fusil. On a de lui des poésies latines, publiées en 1705, sous le titre de Carmina varia, et parmi lesquelles on remarque le drame de l’Enfant prodigue, des poésies françaises (fables, contes, épîtres, épigrammes), dont les meilleures éditions sont de 1785 et de 1805 ; des petites comédies françaises, parmi lesquelles on cite Grégoire ou les Incommodités de la grandeur, Ésope au Collége, la Défaite du Solécisme, et dont le recueil a été publié en 1803 ; une Histoire de Thamas Koulikhan, 1728 et 1742 ; la Conjuration de Rienzi, laissée imparfaite, et achevée par le P. Brumoy, 1733. M. Péricaud a donné en 1828 une édition des Œuvres de Du Cerceau (théâtre et poésies), 2 vol. in-8.

DU CERCEAU (ANDROUET), architecte. V. ANDROUET.

DUCEY, ch.-l. de cant. (Manche), sur la Selune, à 9 kil. S. E. d’Avranches ; 1932 hab.

DUCHÂTEL (Pierre), Castellanus, savant prélat, né à Arc en Barrois vers 1480, mort en 1552, étudia à Dijon, et fut, dès l’âge de 16 ans, en état d’enseigner le latin et le grec. À la recommandation d’Érasme, il fut employé pendant quelque temps à Bâle comme correcteur d’imprimerie ; puis il se mit à voyager, visita l’Italie, l’Égypte, la Palestine, la Syrie, la Grèce. À son retour, il fut présenté par le cardinal Du Bellay à François I qui, goûtant son esprit, le nomma son lecteur ordinaire, puis l’éleva aux siéges de Tulle, de Mâcon, d’Orléans (1551), et en fit enfin son grand aumônier. Il jouit d’un grand crédit et s’en servit pour favoriser les lettres. Il était très-tolérant : il défendit courageusement les droits de l’église gallicane et protégea tant qu’il le put Robert Estienne et Dolet.

DUCHÂTEL (TANNEGUY). V. TANNEGUY.

DU CHÂTELET (Émilie LE TONNELIER DE BRETEUIL, marquise), femme célèbre par son esprit, née à Paris en 1706, morte en 1749, fut mariée jeune au marquis Du Châtelet, lieutenant général, et vécut avec la licence que la Régence avait introduite dans les mœurs. Elle avait étudié le latin, l’anglais et l’italien, ainsi que les sciences physiques et mathématiques. Elle fut liée avec les hommes les plus distingués de son temps, principalement avec St-Lambert et avec Voltaire, qui passa plusieurs années près d’elle à Cirey et qui l’appelle dans ses vers la docte Uranie. On lui doit des Institutions de physique, avec une Analyse de la philosophie de Leibnitz, 1740, une trad. des Principes de Newton, publiée par Clairaut, 1756, avec son éloge par Voltaire. On a publié en 1806 des Lettres inédites de la marquise Du Châtelet au comte d’Argental, et en 1820 la Vie privée de Voltaire et de Mme Du Châtelet.

DUCHÉ DE VANCY, poëte, né à Paris en 1668, mort en 1704, était fils d’un gentilhomme de la maison de Louis XIV, fut lui-même valet de chambre du roi et suivit en Espagne le duc de Noailles comme secrétaire. Son talent plut à Mme de Maintenon, qui lui fit obtenir la pension qu’avait eue Racine et le chargea de composer pour la maison de St-Cyr des poésies sacrées, des histoires édifiantes et des tragédies religieuses (Absalon, Jonathas, Débora). On a aussi de lui des opéras ; les plus connus sont Céphale et Procris, et Iphigénie en Tauride. Duché avait pris Racine pour modèle et il en approcha quelquefois. Il était membre de l’Acad. des inscriptions.

DUCHESNE (André), Quercetanus, érudit, né en 1584 à l’Ile-Bouchard en Touraine, se concilia par ses utiles travaux la protection de Richelieu, et fut nommé géographe et historiographe du roi. Il mourut par l’effet d’un funeste accident, écrasé par une charrette, en 1640. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages précieux pour l’histoire : les Antiquités et recherches de la grandeur des rois de France, 1609 ; les Antiquités des villes, châteaux, 1610 ; Bibliothèque des auteurs qui ont écrit l’histoire et la topographie de la France, 1618 ; Histoire des rois, ducs et comtes de Bourgogne, 1619 ; Historiæ Normannorum scriptores, 1619 ; Historiæ Francorum scriptores coætanei, 1636-1641. Il a aussi publié les Œuvres d’Abélard, 1616, d’Alain Chartier, 1617 ; les Lettres d’Étienne Pasquier, 1619, et laissé de nombreux manuscrits. Il avait traduit Juvénal dans sa jeunesse, 1606. — Son fils, François Duchesne, né en 1616, mort en 1693, fut aussi historiographe. Il acheva et publia quelques-uns de ses ouvrages, entre autres le recueil des Historiens de l’Hist. de France, l’Histoire des papes, 1653, celle des cardinaux, 1660, et rédigea lui-même une Hist. des Chanceliers, 1680.

DUCHESNE (J. B. Joseph), peintre en miniature, né à Gisors en 1770, mort à Paris en 1856, se fit remarquer à l’exposition de 1804 et devint sous la Restauration peintre de la famille royale. Il ne réussit pas moins dans la peinture sur émail et fut chargé de continuer au Musée du Louvre la série des émaux commencée par Petitot et interrompue depuis plus d’un siècle. On admire ses portraits de Napoléon, des duchesses d’Angoulême et de Berry, de Louis-Philippe et de la reine Amélie, et celui du jeune duc de Galiera, qu’il exécuta à 82 ans. Ses miniatures se distinguent par le naturel de la pose, la vérité de l’expression, la vie et la fraîcheur des carnations.

DUCHESNE (le Père). V. HÉBERT.

DUCHESNOIS (Mlle Joséphine RAFIN), tragédienne, née en 1777, à St-Saulve près de Valenciennes, morte en 1835, débuta en 1802 dans le rôle de Phèdre, et obtint sur le champ un succès prodigieux. Elle fut reçue sociétaire du Théâtre-Français en 1804 et quitta la scène en 1833. Sa figure était peu avantageuse ; mais sa taille, sa voix et le jeu de sa physionomie faisaient oublier facilement ce défaut. Cette actrice, d’une sensibilité exquise, excellait dans les tragédies de Racine ; parmi les rôles qu’elle a créés, Jeanne d’Arc (de d’Avrigny) et Marie Stuart (de Lebrun) sont ceux où elle s’éleva le plus haut.

DUCIS (Jean François), poëte tragique, né à Versailles en 1733, d’une famille pauvre, originaire de Savoie, mort à Paris en 1816, ne prit aucune part aux grands événements politiques de son temps, et s’adonna tout entier à sa passion pour la poésie et le théâtre. Shakespeare fut son principal modèle : il eut le mérite de transporter sur notre scène quelques-unes des beautés du poëte anglais, mais il l’affaiblit en voulant l’accommoder au goût français. Les pièces qu’il imita sont : Hamlet (1769) ; Roméo et Juliette