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DOMESDAY ou DOOMSDAY-BOOK (c.-à-d. livre du jugement), grand rôle des propriétés foncières de l'Angleterre, analogue à notre cadastre, que Guillaume le Conquérant fit dresser de 1080 a 1086, afin de servir de base pour régler à l'avenir tous les différends qui s'élèveraient au sujet des fiefs. Le manuscrit, conservé dans l'abbaye de Westminster, existe encore. Le Domesday-book a été imprimé à Londres en 1783, 2 vol. in-f. En 1816, on publia des Additions et des Index, 2 vol. in-fol. On y joint une Introduction générale, rédigée par Ellis en 1833, 2 vol. in-8.

DOMÈVRE, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 18 kil. N. de Toul; 400 hab. Filature de coton, manufacture de calicot. Station du chemin de fer de l'Est.

DOMFRONT, Donnifrons ou Dumfronium, ch. l. d'arr. (Orne), sur une colline d'où sort la Varenne, à 61 kil. N. O. d'Alençon; 2417 hab. Tribunal, collége. Toiles, coutils, droguets, serges; forges, papeteries, verreries. — Fondée au XIe siècle par Guillaume, comte de Bellesme, elle fut prise et reprise plusieurs fois par les Français et les Anglais aux XIIIe et XIVe siècles, et par les Protestants et les Catholiques pendant les guerres religieuses du XVIe s. ; en 1574 elle fut définitivement enlevée aux Protestants.

DOMINICAINE (République). V. HAÏTI.

DOMINICAINS ou FRÈRES PRÊCHEURS, ordre religieux de la règle de St-Augustin, fut fondé par S. Dominique, à Toulouse, en 1215, et approuvé la même année par le pape Innocent III. Il reçut pour mission de prêcher et de convertir les hérétiques. Les fonctions inquisitoriales furent ajoutées en 1233 à ses attributions. L'ordre des Dominicains se répandit bientôt dans toute la chrétienté et forma un grand nombre de maisons distribuées en 8 provinces : Espagne, Toulouse, France, Provence, Lombardie, Rome, Allemagne, Angleterre. Il s'introduisit dès 1218 à Paris, où les Dominicains furent connus sous le nom de Jacobins, parce que leur couvent était rue St-Jacques. Cet ordre a fourni un grand nombre de papes et de personnages célèbres : Albert le Grand, S. Thomas d'Aquin, Raymond de Penafort, Vincent de Beauvais, Caïetan, Dom. Soto, etc. Il soutint une longue rivalité avec celui des Franciscains. Supprimés en France en 1790, les Dominicains se sont conservés dans les autres pays catholiques, notamment à Rome, où ils ont un couvent célèbre, qui leur sert de ch.-l. Ils ont été depuis peu d'années réintroduits en France par le P. Lacordaire (1841). Ils portent une robe blanche, avec scapulaire et capuchon de même étoffe, et ont un rosaire ou un chapelet suspendu à leur ceinture. Touron a écrit l’Histoire des hommes illustres de l'ordre de S. Dominique, Paris, 1743.

DOMINIQUE (la), une des Antilles anglaises, entre la Guadeloupe au N. et la Martinique au S. ; 46 kil. sur 22; 23 000 hab. (dont 15 000 nègres ou hommes de couleur); ch.-l., Le Roseau. Montagnes volcaniques, beaucoup de soufre, eaux thermales, sol fertile; pas de port. — La D. fut découverte en 1493 par Christophe Colomb, un dimanche, dies dominica : d'où son nom; elle appartint aux Espagnols jusqu'en 1625, puis aux Français, qui la cédèrent aux Anglais en 1763, la reprirent en 1778 et la rendirent à l'Angleterre par la paix de 1783.

DOMINIQUE (S.), fondateur de l'ordre des Dominicains, né en 1170 à Calahorra dans la Vieille-Castille, était, à ce qu'on croit, de l'illustre famille des Guzman. Il se distingua de bonne heure par la ferveur de son zèle et par son talent pour la prédication ; il enseigna la théologie à Palencia, entra en 1198 dans le chapitre de l'évêque d'Osma, et accompagna ce prélat à la cour de France, où le roi de Castille l'avait chargé d'une négociation. A leur retour, ils s'arrêtèrent tous deux dans le Languedoc qui était alors infecté de l'hérésie des Albigeois, et s'étant mis à la tête de quelques missionnaires, ils travaillèrent à convertir les hérétiques. Pendant que Simon de Montfort, à la tête d'une formidable armée de Croisés, les exterminait par le fer (1205-15), S. Dominique opérait un grand nombre de conversions par la seule persuasion ; il ne prit aucune part à la guerre, ne voulant d'autres armes que la prédication, la prière et les bons exemples. Durant son séjour dans le Languedoc, il fonda à Toulouse l'ordre des Frères Prêcheurs, qui a pris de lui le nom de Dominicains (1215). Il alla ensuite se fixer à Rome : Honorius III créa pour lui l'office de maître du sacré palais, le chargea de tenir une école spirituelle au Vatican et de nommer les prédicateurs. Il employa ses dernières années à répandre son institut, qui bientôt compta de nombreux couvents en France, en Italie, en Espagne. Il mourut à Bologne en 1221. Quelques-uns le regardent comme le premier inquisiteur, et disent qu'il fut chargé d'exercer ces fonctions dans le Languedoc; cependant l'inquisition existait avant lui : dès 1198 l'office d'inquisiteur avait été conféré à deux moines de l'ordre de Cîteaux. On attribue à S. Dominique plusieurs miracles; il fut canonisé en 1234 par Grégoire IX, qui fixa sa fête au 4 août. Sa Vie a été écrite par plusieurs auteurs, notamment par le P. Touron, 1739, et par le P. Lacordaire, 1841.

Un autre S. Dominique, surnommé l'Encuirassé, parce qu'il portait une cuirasse de mailles de fer qu'il ne quittait que pour se flageller, vivait en Italie au XIe siècle et mourut en 1060. Il se rendit célèbre par ses austérités. Il passa sa vie dans les déserts de Montefeltro et de Fontavellano, au milieu des Apennins, ne vivant que de pain et d'eau, et se flagellant sans cesse. On l'hon. le 14 oct.

DOMINIQUE de VENISE, peintre du XVe siècle (1420-1470?), reçut d'Antonello le secret de la peinture à l'huile et le communiqua à André del Castagno, qui, poussé par une horrible jalousie, l'assassina pour rester seul en possession d'un si important secret. Dominique avait travaillé à Lorette, à Pérouse, et enfin à Florence. Ses meilleurs ouvrages ont péri. Son dessin était correct et ses raccourcis savants.

DOMINIQUE BIANCOLELLI, nom de deux acteurs de la Comédie-Italienne, père et fils, qui eurent un grand succès sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV, surtout dans le rôle d'Arlequin. Le père, Joseph D., faisait partie de la troupe que Mazarin fit venir à Paris en 1660. — Le fils, Pierre Franç. D., composa lui-même des comédies et excella dans la parodie. L’Œdipe travesti, parodie de l’Œdipe de Voltaire, et l’Agnès de Chaillot, parodie de l’Inès de Castro de Lamotte, firent courir tout Paris.

DOMINIQUIN (le), Domenico Zampieri, vulgairement appelé du diminutif il Domenichino, peintre célèbre, né à Bologne en 1581, mort à Naples en 1641, était fils d'un cordonnier. Il se forma à l'école de Carrache à Bologne, où il se lia avec l'Albane, puis se rendit à Rome. Ce fut dans cette dernière ville qu'il exécuta son premier ouvrage : Adonis tué par un sanglier. Peu de temps après il peignit son beau tableau de la Flagellation de S. André, qu'il composa en rivalité avec le Guide, et sa Communion de S. Jérôme, à Rome, où il resta fidèle au principe de son maître Annibal, qui n'admettait pas plus de 12 figures dans une composition. Le Dominiquin exécuta ensuite à Bologne la Vierge du Rosaire et le Martyre de Ste Agnès; puis il revint à Rome, où il produisit de nouveaux chefs-d'œuvre. Ses succès lui valurent de puissants protecteurs, entre autres le cardinal Aldobrandini, mais aussi ils soulevèrent contre lui une foule d'envieux. Appelé à Naples pour orner à fresque la chapelle du trésor, il essuya dans cette ville de la part de ses envieux les mortifications les plus humiliantes, et il y mourut empoisonné, selon quelques historiens. On refuse au Dominiquin l'invention; mais il s'est placé, par son dessin exact et expressif, par son coloris vrai, au premier rang après Raphaël, le Corrège et le Titien. On estime surtout ses peintures à fresque. Ses contemporains l'avaient surnommé le Bœuf, à cause de son travail lent et opiniâtre. Le Louvre possède plusieurs tableaux de ce