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servit sous ce général à Pharsale, a Thapsus et à Munda, et fut successivement tribun, consul (44 av. J.-C.), et gouverneur de Syrie. Après la mort de César, il fut dépouillé de son gouvernement par Cassius, et s’en vengea en faisant périr Trébonius, gouverneur de l’Asie-Mineure, et l’un des meurtriers du dictateur. Déclaré pour ce meurtre ennemi de la république, il s’enferma dans Laodicée, et y fut assiégé par Cassius, qui le réduisit à se donner la mort, l’an 43 av. J.-C. Il avait à peine 30 ans. Dolabella était très-petit : Cicéron, le voyant un jour ceint d’une épée fort longue, dit plaisamment : « Qui donc a attaché mon gendre à cette épée ? »

DOLCE (Carlo), peintre florentin, né en 1616, mort en 1686, excellait surtout dans le portrait. On lui doit aussi plusieurs tableaux très-estimés, entre autres : J.-C. dans le jardin des Oliviers, qu’on voyait au musée du Louvre avant 1815 ; Hérodiade portant la tête de S. Jean-Baptiste ; une Ste Cécile ; J.-C. bénissant le pain ; la Vierge allaitant Jésus. Il se distingue par une expression vraie et touchante, par la suavité et l’harmonie de la couleur, et par une douceur de pinceau qui lui a valu sans doute le nom sous lequel il est connu.

DOLCE (Ludovico), littérateur vénitien, 1508-1566, a traduit la Vie d’Apollonius de Philostrate, les Métamorphoses d’Ovide (en vers), les Œuvres d’Horace, et a donné plusieurs tragédies dont la plus cél., Marianne, a été refaite par Tristan et par Voltaire.

DÔLE, Dola Sequanorum et Didattium, ch.-l. d’arr. (Jura), près du Doubs et sur le canal du Rhin au Rhône, qui y prend son origine, à 52 kil. N. de Lons-le-Saulnier ; 11 000 hab. Station, belle église de Notre-Dame. Trib., collége (jadis aux Jésuites). Produits chimiques ; mécaniques hydrauliques, etc. Quelques restes de monuments romains. — Dôle est très-ancienne : elle fut érigée en commune en 1274. Elle était la capit. de la Franche-Comté avant Besançon, et eut un parlement et une université célèbre, créée en 1422. Louis XI s’en empara en 1479, mais la perdit bientôt ; Charles-Quint la fortifia en 1530 ; le prince de Condé l’assiégea vainement en 1636, mais Louis XIV la prit en 1674 ; il transféra le siége du gouvernement à Besançon. Patrie du général Malet.

DÔLE (la), un des plus hauts sommets de la chaîne du Jura, est située en Suisse (pays de Vaud), à 26 kil. N. de Genève, et s’élève à 1690m au-dessus du niveau de la mer ; de cette hauteur, on voit le Mont-Blanc et toute la chaîne des Alpes, depuis le St-Gothard jusqu’au Mont-Cenis.

DOLET (Étienne), né à Orléans en 1509, fut dans sa jeunesse secrétaire d’ambassade à Venise, puis étudia la jurisprudence à Toulouse, où il se fit, par son humeur turbulente, des querelles avec le parlement et d’où il fut expulsé en 1534. Il alla s’établir imprimeur à Lyon ; mais il s’attira dans cette ville de nouvelles difficultés par son caractère satirique et par la publication d’ouvrages entachés d’hérésie. Deux fois mis en prison (1542 et 44), il fut bientôt relâché ; mais ayant donné lieu à de nouvelles plaintes, il fut incarcéré une 3e fois, après avoir été condamné par la Sorbonne et par le parlement de Paris. François I, qui l’avait d’abord protégé, l’ayant abandonné, il fut amené de Lyon à Paris pour y subir le supplice : il fut pendu, puis brûlé en place Maubert (1546). On dit que, voyant le peuple attendri sur son sort, il fit lui-même ce vers en allant au supplice :

Non dolet ipse Dolet, sed pia turba dolet.

Son crime était, selon les uns, d’avoir professé le matérialisme et l’athéisme, selon les autres, de s’être montré favorable aux opinions de Luther. Ses principaux ouvrages sont : Commentarii linguæ latinæ, Lyon, 1536-38, 2 vol. in-f. ; Formulæ latinarum locutionum, 1539 ; De Imitatione Ciceroniana, 1535 et 1540, où il combat Érasme. Il a aussi laissé des poésies latines et françaises fort médiocres, des traductions franç. de quelques écrits de Platon et de Cicéron, des pamphlets de circonstance, dont deux sur son emprisonnement, intitulés : le Premier et le Second Enfer d’Ét. Dolet, 1544, et un autre où il demande qu’il soit loisible de lire l’Écriture en langue vulgaire, et qui fut brûlé. Ses Œuvres ont été réimpr. chez Techener, Paris, 1830. M. Jos. Boulmier a écrit sa Vie, 1857 ; M. Taillandier a publié son Procès, 1856.

DOLGOROUKI (les princes), illustre famille russe, qui fait remonter son origine à S. Vladimir et à Rurik. Son nom, qui signifie longue main, fut porté pour la 1re fois, au XIIe siècle, par George, 8e fils de Vladimir Monomaque, qui régna comme grand prince à Moscou, puis à Kiev, de 1147 à 1157. Elle a fourni un grand nombre de généraux et d’hommes d’État distingués. Jacques Fédorovitch D., né en 1639, mort en 1720, fut en 1687 chef de la première ambassade russe envoyée en France et en Espagne, combattit contre les Turcs, puis contre le roi de Suède Charles XII, fut fait prisonnier à Narwa, parvint à s’échapper après dix ans de captivité, fut nommé sénateur en 1702 et se distingua par sa franchise et par la fermeté avec laquelle il sut résister aux volontés souvent despotiques de Pierre le Grand. — Ivan, prince de D., petit-neveu du préc., s’empara de l’esprit de Pierre II, czar de Russie, avec lequel il avait été élevé, fiança sa propre sœur Catherine au czar en 1729, et fit exiler Menzikoff ; à l’avènement de l’impératrice Anne, il fut exilé lui-même en Sibérie avec sa femme, et quelques années après (1738), il fut mis à mort avec la plus grande partie de sa famille sur les plus faibles soupçons. — Parmi les membres de cette famille qui survécurent à ce tragique événement, nous pouvons mentionner Vasili Dolgorouki, général en chef sous Catherine II, qui força les lignes de Pérékop en 1771 et mérita le nom de Krymski pour avoir conquis la Crimée, 1774 ; — Ivan-Mikaïlovitch D., né en 1764, mort en 1824, qui se distingua comme poëte : il a composé des odes, des épîtres philosophiques et des satires. Ses œuvres parurent à Moscou en 1819 sous ce titre : État de mon âme, ou Poésies du prince J. M. Dolgorouki.

D’OLIVET. V. OLIVET et FABRE D’OLIVET.

DOLLART (golfe de), golfe de la mer du Nord, à l’emb. de l’Ems, entre les prov. de Groningue (Hollande) et de Frise orient. (Hanovre) ; il a de 30 à 35 k. d’enfoncement sur 15 de large. Il fut formé par deux irruptions de la mer (1277 et 1287), qui engloutirent 33 villages et firent périr 100 000 hab.

DOLLOND, famille d’habiles opticiens anglais. Jean Dollond, né en 1706, mort en 1762, issu de réfugiés français, était d’abord fabricant de soie ; il étudia seul les mathématiques, et ayant formé ses deux fils, Pierre et Jean Dollond, il se consacra avec eux à la fabrication des instruments de mathématiques et d’astronomie. Ils ont perfectionné les lunettes achromatiques, les télescopes réfringents et le micromètre.

DOLOMIEU, vge du dép. de l’Isère, au N. O. et à 8 kil. de la Tour-du-Pin ; 1300 h. Anc. seigneurie, érigée en marquisat en 1688.

DOLOMIEU (Tancrède GRATET de), géologue et minéralogiste, né en 1750, au château de Dolomieu en Dauphiné, mort en 1801, membre de l’Institut, ingénieur et professeur à l’École des mines et au Muséum d’histoire naturelle, a enrichi la science par ses recherches sur les substances volcaniques et sur une foule de questions de géologie et de minéralogie. Il était entré jeune dans l’ordre de Malte, mais il le quitta après avoir tué en duel un des chevaliers et avoir subi pour ce fait une détention de 9 mois. Rendu à la liberté, il se consacra à l’étude des sciences. Il parcourut à pied pour faire ses observations la plus grande partie de l’Europe, et visita ainsi Malte, le Portugal, la Sicile, la Calabre, l’Italie, le Tyrol, la France, les mont. de la Suisse et de la Savoie, et enfin l’Égypte, pendant l’expédition fran-