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posée à la faction des Orangistes. Elle joua un grand rôle dans les soulèvements de 1798 et de 1803.

DÉFENESTRATION DE PRAGUE, nom donné à un acte de violence exercé à Prague le 23 mai 1618 par les États de Bohême contre les gouverneurs impériaux Slavata et Martiniz, et leur secrétaire Fabricius. L'empereur Mathias ayant violé les privilèges de la Bohême, les mécontents, guidés par le comte de Thurn, se présentèrent en armes au château du Hradchine à Prague, résidence des gouverneurs impériaux ; et comme ces derniers, qui ne pouvaient sans un ordre de l'empereur satisfaire à leurs demandes, imploraient un délai, ils les précipitèrent par les fenêtres ; mais tous trois échappèrent à la mort. Cet événement fut le signal de la guerre de Trente ans.

DEFOE (Daniel), auteur du Robinson, né à Londres vers 1663, mort en 1731, était fils d'un boucher et exerça lui-même l'état de bonnetier ; mais, entraîné par son goût pour la politique et la littérature, il ne s'occupa guère que d'écrire. Appartenant au parti des Whigs et des Non-Conformistes, il combattit dans plusieurs pamphlets virulents le gouvernement impopulaire de Jacques II, et prépara de tout son pouvoir la révolution de 1688. Il jouit de quelque faveur auprès de Guillaume d'Orange, et obtint alors des emplois lucratifs. Mais sous le règne moins libéral de la reine Anne, il fut condamné en 1704 au pilori et à la prison pour avoir écrit contre l'intolérance de l'église anglicane. Il publia de sa prison une Revue, ouvrage périodique qui eut un grand débit, 1704-1713. Rendu à la liberté, il fut employé par le gouvernement à travailler à l'union de l’Écosse et de l'Angleterre et réussit dans cette mission. Mais de nouveaux pamphlets lui ayant attiré de nouvelles disgrâces, il se dégoûta de la politique et ne s'occupa plus que de littérature ; il publia dans les quinze dernières années de sa vie plusieurs ouvrages fort originaux qui obtinrent pour la plupart beaucoup de succès : l'Instituteur de famille, 1715, qui eut une vingtaine d'éditions ; la Vie et les Aventures de Robinson Crusoé, 1719, que tout le monde a lu ; la Vie du capitaine Singleton ; Histoire de Duncan Campbell, — de Molly Flanders, — du colonel Jack, — de Roxane ; Mémoires d'un cavalier, 1720-24; Histoire politique du Diable, 1726 ; Système de Magie, 1729. Le Robinson Crusoé a été traduit dans toutes les langues ; la première traduction française, par St-Hyacinthe et Van Effen, parut dès 1720 ; une des plus fidèles est celle de Mme Tastu, 1833.

DEFORIS (J. P.), bénédictin de la congrégation de St-Maur, né à Montbrison en 1732, guillotiné à Paris en 1794, continua la collection des Conciles des Gaules, et publia : Réfutation d'un nouvel ouvrage de J. J. Rousseau (L’Émile), 1762 ; Réponse à la lettre de J. J. Rousseau à M. de Beaumont, 1764 ; De la Vie monastique, 1768 ; Doctrine de l'Église sur les vertus chrétiennes, 1776. Il a continué la belle édition de Bossuet commencée par Lequeux.

DEFTERDAR, c.-à-d. garde-rôle, grand officier chargé, en Turquie et en Perse, de tenir les rôles de la milice et des revenus de l'État. Comme nos anciens surintendants des finances, il dispose des revenus de l'empire et reçoit les comptes de tous les agents du fisc. Il siège au Divan.

DEGO, bourg du Piémont, à 25 kil. S. d'Acqui, sur la Bormida. Victoire de Bonaparte sur les Autrichiens, 15 avril 1796.

DEGUERLE (J. N. Marie), littérateur, né en 1766 à Issoudun (Indre), mort à Paris en 1824, fut professeur de rhétorique au Prytanée et au Lycée Bonaparte, puis censeur au Lycée impérial (Louis-le-Grand). On a de lui : Éloges des perruques (jeu d'esprit qui parut sous le nom supposé du docteur Akerlio), Paris, an VII (1799); la Guerre civile, imitation libre de Pétrone (en vers français), imprimée avec le texte latin en regard, an VII ; et une traduction en prose de l’Énéide, Paris, 1825,2 vol. in-8, posthume.

DEGUIGNES (Jos.), savant orientaliste, né en 1720 à Pontoise, mort en 1800, étudia les langues orientales, spécialement le chinois, sous Fourmont; fut nommé en 1745 secrétaire-interprète pour ces langues, en 1753 membre de l'Académie des inscriptions, en 1757 professeur de syriaque au Collége de France, et en 1769 garde des antiques du Louvre. Ses principaux ouvrages sont : l’Histoire des Huns, des Turcs, des Mogols et autres Tartares, 1756-1758, 5 vol. in-4, et un Mémoire dans lequel on prouve que les Chinois sont une colonie égyptienne, 1769 : ce système, établi fort ingénieusement par l'auteur, a été fortement attaqué et paraît auj. abandonné.

DEHLI, v. de l'Inde. V. DELHI.

DÉIDAMIE, fille de Lycomède, roi de Scyros, fut aimée d'Achille, alors caché à la cour de Scyros sous des habits de femme, et devint mère de Néoptolème. Stace a chanté cette aventure dans son poëme d’Achille à Scyros.

DEINSE, v. de Belgique (Flandre orient.), sur la Lys, à 20 k. N. E. de Courtray ; 3700 hab. Toiles, grains, bière, genièvre, bestiaux. Les Normands la ravagèrent en 880. Philippe IV, roi d'Espagne, l'érigea en marquisat en faveur de Diego de Guzman, qui la vendit à Florent de Mérode en 1632.

DÉIPHOBE, Deiphobe, sibylle de Cumes. Aimée d'Apollon dans sa jeunesse, elle lui avait demandé de vivre autant d'années qu'elle tenait de grains de sable dans ses mains, mais elle oublia de demander en même temps une jeunesse inaltérable. Quand Énée vint en Italie, elle avait déjà 700 ans : c'est elle qui le guida aux Enfers ; c'est elle aussi, suivant Servius, qui vendit à Tarquin les livres Sibyllins.

DÉIPHOBE, Deiphobus, prince Troyen, fils de Priam, et d'Hécube, épousa Hélène après la mort de Pâris. Il fut poignardé pendant son sommeil par Ménélas, qu'Hélène même avait introduit dans sa maison.

DEIR-EL-KAMAR, c.-à-d. maison de la lune, v. de Syrie (Acre), à 90 kil. N. E. d'Acre ; 2000 hab., Druses et Chrétiens. Église et couvent catholiques. Les Chrétiens y furent égorgés en 1860 par les Druses, qui furent bientôt après châtiés par les Français. Aux env., château fort, résidence de l'émir des Druses.

DÉIRIE, roy. fondé par les Angles dans la Grande-Bretagne au VIe s., fut réuni à celui de Bernicie en 547, et forma le roy. de Northumberland, un des sept de l'Heptarchie.

DÉJANIRE, fille d'Œnée, roi de Calydon, en Étolie, fut épousée par Hercule qui en eut Hyllus. Le centaure Nessus, qui la portait pour lui faire traverser le fleuve Événus, ayant voulu l'enlever, Hercule tua le ravisseur en lui lançant une flèche envenimée. Avant de mourir, Nessus, pour se venger, donna à Déjanire sa tunique teinte de son sang empoisonné, en lui assurant que c'était un talisman propre à ramener son époux s'il était infidèle. Quelque temps après, Hercule s'étant attaché à Iole, fille d'Euryte, roi d'Œchalie, Déjanire voulut faire l'essai de la tunique fatale, mais le poison qu'elle contenait fit mourir le héros dans des souffrances cruelles. Déjanire se tua de désespoir. Cet événement a fourni le sujet des Trachiniennes de Sophocle et de l’Hercule au mont Œta de Sénèque. L’Enlèvement de Déjanire est un des plus beaux tableaux du Guide.

DEJAURE (J. BEDENC), poëte dramatique, né en 1761, mort à Paris en 1799, a donné de 1789 à 1798 18 pièces, comédies, opéras, opéras-comiques, qui, pour la plupart, ont eu du succès, entre autres : Lodoïska, musique de Kreutzer, 1791 ; la Dot de Suzette, comédie en un acte, mêlée d'ariettes, musique de Boïeldieu, 1798 ; Montano et Stéphanie opéra, musique de Berton, 1799 ; Imogène, imitée de la Cymbeline de Shakespeare.

DEJEAN (P. Franç., comte), général du génie, né en 1749 à Castelnaudary, mort à Paris en 1824 ; fut chargé de différentes missions sous le Consulat ; tint de 1802 à 1809 le portefeuille de la guerre ; adhéra au gouvernement de Louis XVIII en 1814, et fut nommé pair de France ; se rallia à l'Empereur après