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emporta Munich par un coup de main, et décida la victoire de Hohenlinden; fut chargé en 1802 d'aller commander les établissements français dans l'Inde, déploya dans cette difficile mission les qualités de l'administrateur aussi bien que celles du guerrier, et défendit pendant 8 ans les îles de France et Bourbon contre tous les efforts des Anglais; fut, à son retour, mis à la tête de l'armée de Catalogne, et gagna l'estime des vaincus mêmes par sa justice et son désintéressement. Après avoir vainement tenté, au commencement de 1814, de repousser les Anglais de Bordeaux, il reconnut Louis XVIII. Nommé gouverneur de la 11e division militaire (Bordeaux), il s'efforça, mais sans succès d'y maintenir l'autorité royale après le débarquement de Napoléon; il n'en fut pas moins incarcéré au retour des Bourbons. Il recouvra sa liberté au bout d'un an, mais fut laissé sans emploi. Il fut rappelé à l'activité par Louis-Philippe en 1830. Decaen avait été fait comte sous l'Empire.

DECAMPS (Gabriel), peintre, né à Paris en 1803, mort en 1860, élève d'Abel de Pujol, se distingua de bonne heure par l'originalité de ses productions. A la suite d'un voyage en Orient, il exposa des tableaux de genre et des paysages empruntés aux contrées orientales qui attirèrent l'attention : Souvenir de la Turquie, Paysage en Anatolie, les Ânes d'Orient, le Café turc, la Ronde de Smyrne, etc. Il a aussi traité quelques sujets historiques (Moïse sauvé des eaux, Joseph vendu par ses frères, le Siége de Clermont, la Défaite des Cimbres); mais il se plaisait surtout à peindre des animaux (chevaux, ânes, chiens, singes) et des scènes de chasse : il périt à Fontainebleau d'une chute de cheval, en suivant une chasse de la Vénerie. Decamps excellait par l'énergie du coloris, les effets de lumière, la vérité, et accusait fortement les contrastes, au risque de forcer l'expression.

DÉCAN ou DEKKAN, c.-à-d. en sanscrit Sud, le pays des Dachinabades des anciens, partie méridionale de l'Inde en deçà du Gange, est bornée au N. par le Nerbudda et le Kattack, et ne se termine au S. qu'au cap Comorin comme la péninsule elle-même. Il se divisait jadis en Décan septentrional, qui comprenait le Kandeich, l'Aurengabad, le Bedjapour, l'Haïderabad, le Bider, le Bérar, le Gandouana, l'Orissa, les Circars septentr., et en Décan méridional (le Karnatic actuel), ou se trouvaient le Kanara, le Malabar le Kotchin, le Travancore, le Koïmbetour, le Karnatic, le Salem ou Barramahal, le Maïssour et le Balaghan. Auj. le nom de Decan ne s'applique plus qu'à la contrée comprise entre la Nerbuddah au N. O. et la Kistnah au S. E. — Cette immense contrée forma longtemps un État particulier; elle fut conquise au XVIIe siècle par Aureng-Zeyb; après la mort de ce prince, elle se partagea en un nombre infini de petites principautés; les Mahrattes y avaient la prépondérance. Après eux, les Anglais ont peu à peu réuni tout le Décan à leurs possessions. Il y forme la plus grande partie de la présidence de Bombay et la partie O. de la présid. de Calcutta. On y compte env. 50 000 000 d'hab.

DÉCAPOLE, c.-à-d. dix villes, nom que portaient divers pays qui comprenaient sans doute dans l'origine dix villes seulement ; mais le nom et le nombre de ces villes ont souvent varié. La Décapole de Palestine, autour du lac de Génésareth, avait pour v. princ. : Gadara, Gérasa, Canatha, Damas, Panéas, Philadelphie.

DECAZES (Élie, duc), homme d'État, né en 1780 à St-Martin-de-Laye près de Libourne, m. en 1860, fut d'abord avocat à Libourne, devint en 1805 juge au tribunal de la Seine, en 1811 conseiller à la Cour impér., fut en même temps attaché comme conseil au jeune roi de Hollande, Louis, et à l'impératrice mère; n'en accueillit pas moins la Restauration avec empressement, refusa de signer une adresse de félicitation à Napoléon après son retour de l'île d'Elbe; fut nommé par Louis XVIII préfet de police le 7 juill. 1815, et bientôt après ministre de la police et pair de France; prit sur ce prince un grand ascendant, qu'il devait à l'aménité de ses manières et au charme de son esprit tout autant qu'à l'accord des vues; s'opposa de toutes ses forces aux excès de la réaction ultraroyaliste, fit rendre dans ce but la célèbre ordonnance du 5 sept. 1816, qui dissolvait la Chambre introuvable; fit abolir la plupart des lois d'exception et modifier la loi électorale dans un sens libéral en abaissant l'âge et le cens (1817); remplaça en 1818 le duc de Richelieu au ministère de l'intérieur; prit plusieurs mesures réparatrices et brisa l'opposition de la Chambre des pairs par une fournée de 60 pairs nouveaux (5 mars 1819); mais devint par là en butte aux plus violentes attaques des royalistes. Il recourut pour se maintenir à un système de bascule qui laissait dominer alternativement chaque parti : il consentit même à abandonner sa propre loi électorale et à constituer un ministère royaliste, dont il fut le président (19 nov.). Malgré ces concessions, il se vit, après l'assassinat du duc de Berry (1820), que des royalistes exaltés ne craignirent pas de lui imputer, contraint de quitter le ministère. Louis XVIII, dont il emportait les regrets, le créa duc et le nomma ambassadeur en Angleterre. Rappelé de ce poste en 1821 sous le ministère Villèle, il prit place, à la Chambre des Pairs, parmi les libéraux modérés. Après la révolution de 1830, il se rallia au roi Louis-Philippe et fut nommé en 1834 grand référendaire de la Chambre des Pairs. Il quitta entièrement les affaires en 1848. Indépendamment de son rôle politique, Decazes signala son administration par des mesures favorables aux arts, à l'agriculture et à l'industrie : il rétablit en 1819 l'exposition quinquennale des produits de l'industrie. Il créa en 1825, avec ses ressources privées, un des plus importants établissements métallurgiques de France. V. DECAZEVILLE.

DECAZEVILLE, bourg de l'Aveyron, à 40 kil. N. E. de Villefranche, dans une vallée, près du Lot; 8842 h. Chemin de fer. Houille, minerai de fer. Immense fabrication de rails pour chemins de fer. Ce lieu était inhabité lorsque le duc Decazes y créa en 1825 une usine qui est auj. une des plus importantes.

DÈCE, Cn. Messius Decius, empereur romain, né en 201 près de Sirmium en Pannonie, dans un rang obscur, était gouverneur de la Mésie pour Philippe l'Arabe, lorsque ses soldats le proclamèrent empereur, en 249. Philippe vint lui livrer bataille près de Vérone : Dèce le tua de sa propre main. Après avoir remporté plusieurs avantages sur les Goths, qui avaient envahi l'empire, il périt, au bout de 2 ans de règne, dans un dernier combat livré en Thrace contre ces barbares. Quelques historiens disent que ce fut par la trahison de Gallus, un de ses lieutenants. Dèce est surtout fameux par une terrible persécution qu'il ordonna contre les Chrétiens et qui commença dès la 1re année de son règne (c'est la 7e persécution). Malgré ses cruautés, le sénat romain ne rougit pas de lui décerner les surnoms d’Optimus et de Trajanus.

DÉCÉBALE, roi des Daces, fit avec succès la guerre aux Romains sous Domitien qui consentit à lui payer tribut (89), mais fut vaincu par Trajan (106).

DÉCÉLIE, v. d'Attique, au N. O. de Marathon.

DÉCEMBRE (DEUX). Le 2 décembre 1851, eut lieu un coup d'État par lequel le prince L. Napoléon supprima l'Assemblée législative, et se fit autoriser par un plébiscite à promulguer une constitution.

DÉCEMVIRS, magistrats qui furent créés à Rome au nombre de dix, l'an 451 av. J.-C., pour rédiger un code de lois, étaient tirés de l'ordre des patriciens. On suspendit en les créant toutes les autres magistratures, et on leur donna un pouvoir absolu. Ils rédigèrent leurs lois sous dix titres, et les firent graver sur dix tables d'airain. Pour compléter ces lois, on élut l'année suivante de nouveaux décemvirs, qui ajoutèrent deux nouvelles tables aux précédentes, ce qui fit appeler ce code Lois des Douze Tables. Pendant cette seconde année, ces magistrats abusèrent du pouvoir et exercèrent un odieux despotisme : Appius Claudius, le plus puissant d'entre eux, s'attira surtout la haine du peuple. Au bout de l'année, ses