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senarium (Cap Vert). On pense que c'est la rivière de Sous, ou même le Sénégal.

DARAH. V. DAHRA.

DARALKHIER. V. ADJMIR.

DARANTASIE, Darantasia, v. de Gaule, ch.-l. des Centrones, est auj. Moustier-en-Tarantaise.

DARCET (Jean), chimiste, né en 1725 à Douazit (Landes), mort en 1801 à Paris, fut d'abord précepteur des fils de Montesquieu et jouit de l'amitié de ce grand homme jusqu'à sa mort; il se fit recevoir médecin en 1762, et, s'étant lié avec Rouelle, se livra spécialement à l'étude de la chimie. Il fut nommé en 1774 professeur au Collége de France, puis directeur de la manufacture de Sèvres, inspecteur des monnaies, membre de l'Académie des sciences où il remplaça Macquer, et enfin sénateur. On lui doit l'art de fabriquer la porcelaine, que jusque-là on tirait de l'étranger, l'extraction de la gélatine des os, l'extraction de la soude du sel marin, l'invention de l'alliage fusible qui porte son nom, et une foule d'analyses chimiques. On a de lui un grand nombre de mémoires dans divers recueils ; on a publié à part ses Mémoires sur l'action d'un feu égal sur un grand nombre de terres, 1766. — DARCET (J. Pierre Joseph), fils du préc., né en 1777, mort en 1844, continua les travaux de son père, et fut nommé commissaire général des monnaies et membre de l'Institut. Il créa les premières fabriques de soude et de potasse artificielles ainsi que d'alun, perfectionna la savonnerie, le clichage, fit de nombreuses recherches sur les alliages, l'affinage des métaux, la fabrication et l'essayage des monnaies, et réussit à diminuer, au moyen des ventilateurs, les dangers d'un grand nombre d'industries (dorure, soufroirs, vidanges, etc.); il est surtout connu par ses expériences sur la gélatine, substance dont il paraît s'être exagéré les vertus alimentaires. Il a laissé une foule de savants Mémoires, qui ont été réunis par Th. Grouvelle, son neveu (1843 et ann. suiv.).

DARDANELLES, nom qu'ont d'abord porté en commun les deux villes de Bovalli-Kalessie et Nagara-Bouroun (jadis Sestos et Abydos), situées sur les deux bords du détroit qui sépare l'Europe de l'Asie, et dont une seule (la 2e) est dans l'anc. Dardanie (d'où son nom). Ces deux villes se nomment auj. Anc.-Dardanelles. On appelle Nouv.-Dardanelles deux autres villes situées sur le même détroit : Kilidh-Bahr et Sultanié-Kalessi, dites aussi Château d'Europe et Château d'Asie. Ces quatre villes sont très-fortifiées et rendent presque impossible le passage des Dardanelles. Néanmoins les Anglais, conduits par l'amiral Duckworth, le forcèrent en 1807.

DARDANELLES (canal ou détroit des), l’Hellespont des anciens, détroit qui sépare l'Europe de l'Asie et lie l'Archipel à la mer de Marmara. Sa largeur varie de 2 à 9 kil.; en quelques endroits on peut le traverser à la nage. La côte occident. est européenne; la côte orient. est asiatique (c'est l'anc. Dardanie, en Mysie). Sur ses bords sont les villes des Dardanelles et plusieurs forts (V. l'art. précéd.); à l'extrémité N. O. se trouve Gallipoli, ce qui le fait aussi appeler Détroit de Gallipoli. Par une clause secrète du traité d'Unkiar-Skélessy, la Russie avait fait fermer le détroit à tous les bâtiments de guerre étrangers autres que les bâtiments russes (1833). Cette clause a été annulée par le traité des Détroits (1841).

DARDANELLES (PETITES-). V. Golfe de Lépante.

DARDANIE, Dardania, nom donné très-anciennement à la Troade, où régna Dardanus, et spécialement à la partie N. de cette contrée. Il s'y trouvait une v. de Dardanie, près d'Abydos, dont le nom se retrouve encore dans les Dardanelles, et où Sylla dicta la paix à Mithridate (85 av. J.-C.).

DARDANIE, région de l'Europe anc., au S. de la Mésie centrale, et sur le revers septent. des monts Scordus et Orbelus. Ch.-l., Scupi. La Dardanie fut soumise par Philippe et par Alexandre, mais ne fit que nominalement partie de leur empire. Les Romains ne l'assujettirent qu'au Ier siècle. Au temps de Constantin la Dardanie devint une prov. du diocèse de Dacie.

DARDANUS, un des plus anciens rois de Troie, né à Corythe (Cortone) en Étrurie, était, selon la Fable, fils de Jupiter. Ayant tué son frère Jasion, il fut forcé de s'expatrier, passa dans l'Asie Mineure, où il épousa la fille de Teucer, roi de Teucrie, lui succéda et régna de 1568 à 1537 av. J.-C. On le regarde comme le fondateur de Troie; on lui attribue le Palladium. C'est de lui que les Troyens sont appelés par les poëtes Dardanides, et la Troade Dardanie.

DARÈS le Phrygien, Troyen, grand prêtre de Vulcain, vivait au temps de la guerre de Troie. Il écrivit, au rapport d'Élien, une histoire de cette guerre; mais il est fort probable que l'ouvrage qu'on avait sous le nom de Darès, et qu'on appelait Petite Iliade, était l'œuvre d'un sophiste moderne. Quoi qu'il en soit, nous n'avons plus cet ouvrage en grec, il n'en existe qu'une trad. latine sous ce titre : De Excidio Trojæ, faussement attribuée à Cornélius Népos. Darès est le plus souvent imprimé avec Dictys de Crète ; les meilleures éditions sont celles de Mme Dacier, Paris, 1680, de Périzonius, Amsterdam, 1702, et de Dederich, Bonn, 1835. Il a été plusieurs fois traduit : la trad. la plus récente est d'A. Caillot, 1813.

DARÈS, athlète troyen dont il est parlé au Ve livre de l’Énéide, osa défier Entelle, qui le terrassa.

DAR-FOUR, c.-à-d. roy. de Four, État de l'Afrique centrale, sur les confins de la Nigritie et de la contrée du Bahr-el-Abiad, à l'E. du Dar-Koulla et du Baghermé, au S. O. de la Nubie, à l'O. du Kordofan. Population, 250 000 h. Ch.-l., Kobbé. Climat chaud, mais sain; grands déserts semés d'oasis. Le commerce s'y fait par caravanes et seulement au moyen d'échanges. Les habitants sont noirs, mais diffèrent des nègres de la Guinée; ils professent l'Islamisme. Ils obéissent à un roi absolu. — Le Dar-Four était jadis maître du Kordofan, du Bégo, du Dar-Runga, etc. : il est auj. réduit à ses propres forces. Il a été visité en 1793 par W. G. Browne, en 1853 par M. d'Escayrac, et en 1858 par M. Cuny.

DARIEL, fort russe en Circassie, à la limite de l'Europe et de l'Asie, sur la r. dr. du Térek, entre Mosdok et Tiflis, donne son nom au défilé appelé chez les anciens Portes Caucasiennes (Caucasiæ pylæ), défilé qui n'a pas moins de 100 k. de longueur.

DARIEN, riv. de N.-Grenade, confondue à tort avec l'Atrato, se jette dans l'Océan pacifique au golfe S.-Miguel. — DARIEN (golfe de), golfe formé par la mer des Antilles, sur la côte N. de la Nouvelle-Grenade, entre 7° 50' et 10° 12' lat. N., et entre 77° 55' et 79° long. O. Il reçoit le Darien et l'Atrato.

DARIEN (isthme de), le même que l'isthme de Panama, est ainsi nommé du golfe de Darien. V. PANAMA.

DARIORIGUM, v. de Gaule, auj. Vannes.

DARIQUE, monnaie d'or et d'argent des Perses, ainsi nommée de Darius I, qui la, fit frapper. Le darique d'or est évalué à 25 fr.

DARIUS I, roi de Perse, fils d'Hystaspe, de la race des Achéménides, monta sur le trône l'an 521 av. J.-C., après l'interrègne qui suivit la mort de Cambyse et de l'usurpateur Smerdis le mage. On dit qu'à la mort de ce dernier les principaux seigneurs, ne pouvant s'accorder entre eux, convinrent de reconnaître pour roi celui dont le cheval hennirait le premier au lever de l'aurore, et que Darius obtint la couronne par l'artifice de son écuyer qui mena d'avance une cavale au lieu du rendez-vous. Darius réprima la révolte de la Babylonie, et s'empara de Babylone après un long siége par le dévouement de Zopyre (V. ce nom). Il marcha ensuite contre les Scythes, mais il perdit presque toute son armée (513). Quelques années après, il envahit la Thrace et la soumit (506). Il pénétra jusqu'aux Indes et en conquit une partie. Il résolut ensuite de faire la guerre aux Grecs, qui avaient secouru les Ioniens révoltés