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et Conegliano. — André D., élu en 1342 à l'âge de 36 ans, mort en 1354, soutint une guerre malheureuse contre Louis le Puissant, roi de Hongrie; mais s'illustra par son amour pour les lettres et par la protection qu'il accorda à Pétrarque. Il a écrit une Chronique de Venise, en latin (dans le T. XII de la collection de Muratori).

DANEBROG (ordre de), ordre danois, fondé en 1219 par le roi Valdemar II en mémoire d'une bataille gagnée sur les Livoniens, dans laquelle apparut un étendard miraculeux dit Danebrog, qui rallia les fuyards, fut renouvelé en 1671 par Christian V et réformé en 1808 par Frédéric VI. Il est destiné à récompenser tous les genres de services, militaires ou civils. L'insigne est une croix blanche pattée, bordée rouge et or, avec les mots Gud og Kongen (Dieu et le roi); le ruban est blanc, liseré de rouge.

DANEGELD (c.-à-d. tribut danois), impôt établi en Angleterre par Ethelred II (vers 1001), pour acheter le départ des Danois dont les flottes désolaient les côtes ou pour solder les troupes destinées à les repousser. Maintenu longtemps après l'expulsion des Danois, il ne disparut que sous le roi Étienne, en 1135.

DANEMARK, Dania en latin, roy. de l'Europe septent., le plus petit des trois royaumes Scandinaves (Suède, Norvège et Danemark), est partout baigné par la mer, excepté au Sud, où il est borné par le duché de Sleswig; il a la Baltique à l'E. et la mer du Nord à l'O. ; le détroit du Sund, le Cattégat et le Skager-Rack le séparent de la Suède et de la Norvège: 1 525 000 h.; capit., Copenhague. Villes principales : Elseneur, Aarhuus, Aslborg, etc. Il se compose : 1° de la péninsule cimbrique (Jutland) ; 2° de l'archipel danois : îles Seeland, Fionie, Laaland, Falster, Bornholm, Mœn, Œroë, Alsen, Femern, etc., auxquelles il faut joindre l'Islande et l'archipel de Féroë. Il faut ajouter à ces possessions les colonies danoises, qui consistent en établissements sur la côte du Groënland; plus les îles Ste-Croix, St-Thomas, St-Jean, aux Antilles (Tranquebar et Serampour, dans l'Inde, et les îles Nicobar, ont été vendues aux Anglais, ainsi que les établissements que les Danois possédaient sur la côte occidentale d'Afrique).

Les possessions danoises d'Europe se partagent administrativement en bailliages ou cercles, comme suit :

Pays. Bailliages.
Copenhague,
Frederiksbourg,
Holbek, îles Seeland et Mœn.
Soroë,
Prestoë,
Bornholm, île Bornholm.
Mariboë, île Falster et Laaland.
Odensée, île Fionie.
Svendborg,
Hiorring,
Aalborg,
Thisted,
Viborg,
Randers,
Aarhuus, Jutland.
Skanderborg,
Veile,
Ringkjobing,
Ribe,
Féroë, Archipel de Féroë.
Œroë, île Œroë.
Nordborg,
Sonderborg, île Alsen.
Femern, île Femern.

Le Danemark a peu de montagnes; les cours d'eau qui l'arrosent sont peu importants; on y trouve beaucoup de marais, surtout dans le Jutland. Le climat est peu rigoureux, mais humide; le sol est fertile en pâturages, et nourrit de beau bétail, et de bons chevaux. L'agriculture, y est très-développée : outre les céréales, qui sont le principal produit, on y cultive avec succès la garance, le houblon. — Les hab. sont presque tous de race scandinave ou germanique. Le gouv., d'abord représentatif, devint absolu en 1660; c'est auj. une monarchie tempérée. Le luthéranisme est la religion dominante; les autres sont tolérées : les Juifs sont très-nombreux. L'industrie consiste surtout en toiles à voiles, draps, porcelaines, armes; on fabrique aussi en Danemark beaucoup de gants dits gants de Suède. Le commerce y est depuis longtemps florissant. L'instruction y est très-répandue.

Histoire. Le Danemark était habité au commencement de l'ère chrétienne par les Jutes ou Goths, par les Cimbres et par les Angles. Il eut longtemps pour rois des princes goths, qui se prétendaient issus d'Odin, et qu'on nomme Skioldungiens, du nom de Skiold, qui régna le premier; ils rendaient à Odin un culte sanguinaire. Le Christianisme ne fut introduit chez eux que vers 826, par S. Anschaire. A partir du VIIIe siècle, les Danois s'adonnèrent à la piraterie, ainsi que les Norvégiens, avec lesquels on les comprend souvent sous le nom de Northmans ou Normands (hommes du Nord). Ils secoururent les Saxons contre Charlemagne, mais furent enfin obligés d'implorer la paix en 803. Leurs fréquentes incursions désolèrent l'empire carlovingien, l'Allemagne, l'Espagne et surtout la Grande-Bretagne pendant un siècle. Deux fois ils conquirent presque toute l'Angleterre : la 1re en 878, au temps d'Alfred, qui bientôt reprit sur eux une partie du pays; la 2e en 1015, à la mort d'Edmond Côte de Fer, et sous Canut le Grand; mais leur domination en Angleterre ne dura que jusqu'en 1042. La dynastie skioldungienne s'éteignit en Danemark en 1047 et fut remplacée par les Esthrithides; sous ceux-ci, le Danemark devint un instant fief de l'Allemagne (1153-62). Redevenu indépendant, il acquit l'île de Rügen (1168), la Slavonie, le Mecklembourg actuel (1184-88), la Pomérélie (1210), que toutefois il perdit bientôt, l'Esthonie (1239) que Valdemar vendit en 1347 à l'Ordre Teutonique. Les Esthrithides s'étant éteints en 1375, la succession devint litigieuse jusqu'à ce que la tutrice du Danemark, Marguerite, fille de Valdemar IV, eût donné la couronne à Éric de Poméranie (1396). Elle l'avait déjà fait roi de Norvège en 1389; elle le fit couronner roi de Suède en 1397, par la célèbre union de Calmar, qui fondait les trois États en un seul. Mais cette, union n'exista guères que nominalement : après avoir été plusieurs fois rompue de fait, notamment en 1448, elle le fut enfin pour toujours en 1523, à la suite de la révolte de Gustave Wasa contre Christian II. La Norvége resta néanmoins unie au Danemark, qui conserva de plus en Suède 5 provinces maritimes de la Gothie. En 1448, après la mort de Christophe de Bavière, Christian I, de la maison d'Oldenbourg, fut élu roi par les Danois et devint le chef de la maison qui règne encore aujourd'hui : il réunit le Holstein à ses États qui comprenaient l'archipel danois, le Jutland et le Sleswig (1460). Sous Christian IV, le Danemark prit une part malheureuse à la guerre de 30 ans : par les traités de Bromsœbro (1645), de Roskilde (1658) et de Copenhague (1660), il perdit ses provinces de Gothie et sa supériorité sur la Suède. En 1665, une insurrection du peuple contre les nobles donna à la royauté le pouvoir absolu : elle en usa pour le bien du pays, améliora la législation, abolit le servage et proclama l'égalité de tous devant la loi. Allié de Napoléon, le Danemark fut cruellement traité par l'Angleterre et vit bombarder Copenhague (1807) ; en 1814, il perdit la Norvége, qui fut réunie à la Suède. En 1816, la Prusse lui céda le duché de Lauenbourg. En 1831, Frédéric VI accorda à ses peuples des assemblées d’États provinciaux; en 1849 Frédéric VII leur donna une constitution parlementaire : la diète se compose