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créé par lui César en 317, et remporta une victoire navale sur Licinius. Ce jeune princa inspira une passion coupable à Fausta, sa belle-mère; ayant repoussé ses offres, il fut accusé par cette princesse artificieuse d'avoir voulu la séduire. Constantin, trop crédule, le fit périr par le poison, 326.

CRISSA, v. de Phocide, au S. O. de Delphes, à 4 kil. de la mer dite de Crissa (partie N. du golfe de Corinthe), avait pour port Cirrha. Les Crisséens ayant pillé le temple de Delphes, leur v. fut rasée par ordre des Amphictyons, 594 av. J.-C.

CRITIAS, le plus célèbre des trente tyrans établis dans Athènes après la prise de cette ville (404 av. J.-C.), était Athénien et avait été exilé de sa patrie. Il commit toutes sortes de cruautés et mit à mort un grand nombre de citoyens pour s'emparer de leurs biens. Thrasybule étant venu, à la tête des exilés, attaquer les trente tyrans, Critias périt dans le combat. Il avait cultivé avec succès l'éloquence et la poésie, et avait suivi quelque temps les leçons de Socrate. Platon a donné le nom de Critias à un de ses dialogues, et a fait figurer ce personnage dans le Timée. Critias était poëte : on a de lui quelques fragments, recueillis à Leipsick, 1827, et dans les Poetæ elegiaci de Schneidewin, Gœtting., 1839.

CRITICISME. V. KANT.

CRITOLAUS, philosophe péripatéticien. Les Athéniens l'envoyèrent en ambassade à Rome avec Carnéade et Diogène, 155 av. J.-C.

CRITON, disciple et ami de Socrate, offrit à ce philosophe les moyens de sortir de prison, sans réussir les lui faire accepter, et resta près de lui jusqu'à ses derniers moments. Il mourut vers l'an 380 av. J.-C, après avoir formé plusieurs disciples distingués. Platon a donné le nom de Criton à un dialogue qui a pour sujet le noble refus de Socrate. Ce philosophe avait composé lui-même des dialogues philosophiques qui ne nous sont pas parvenus.

CROATIE, Liburnia, région d'Europe, à l'E. N. E. du golfe de Venise, bornée à l'O. par l'Illyrie, à l'E. par l'Esclavonie et la Bosnie, est habitée par une population slave et est auj. partagée en deux parties, l'une à l'Autriche, l'autre à la Turquie :

CROATIE AUTRICHIENNE, entre la Hongrie au N., la Slavonie à l'E., la Bosnie au S., le gouv. d'Illyrie à l'O.; env. 1 000 000 d'h.; ch.-l., Agram, Elle se divise en Croatie civile, qui fait partie des pays hongrois et qui forme 3 gouvernements (Agram, Kreuz, Warasdin); et Croatie militaire ou Banat de Croatie. Pays montagneux; sol peu fertile, sauf au N. et à l'E.; forêts. Beaucoup de mines et de carrières. Industrie nulle, peu de commerce.

CROATIE TURQUE, région de la Turquie d'Europe, comprise dans l'eyalet de Bosnie, au N. de l'Herzégovine, entre la Verbasz et l'Unna, forme l'extrémité occid. de l'empire ottoman, et a pour villes principales Gradisca, Dubicza, Novi, Unnacz, etc.

La Croatie est formée de la partie de l'Illyrie à laquelle les Romains donnèrent les noms de Liburnie, puis de Corbavie. De 625 à 641 elle se constitua en roy. indépendant; mais elle fut obligée de reconnaître la suprématie de Charlemagne au VIIIe siècle; elle se mit sous la protection des empereurs grecs au IXe, et finit par être conquise en grande partie par les Hongrois, de 1091 à 1102. Depuis ce temps la Croatie n'a point cessé d'être comprise dans le roy. de Hongrie : c'est à ce titre qu'elle passa sous la domination de l'Autriche. Une partie seulement fut conquise par les Turcs et resta sous la domination ottomane. Les Français ont possédé la Croatie autrichienne de 1809 à 1815. — Les Croates sont partie catholiques romains, partie Grecs orthodoxes. Ils font d'excellents soldats. A l'époque de la guerre de Trente ans, on appelait Croates des troupes de cavalerie légère analogues aux hussards. Dans la guerre de Sept ans, on donna le même nom à des corps francs d'infanterie légère.

CROCIATONUM, v. de Gaule, chez les Unelli, est auj. Valognes ou Turqueville. — Crociatonorum portus serait Barneville.

CROCODILOPOLIS, v. d’Égypte, la même qu'Arsinoé d'Heptanomide, auj. Medinet-el-Fayoum. — Autre v. d’Égypte, la même qu’Athribis, auj. Athrib.

CROCQ, ch.-l. de c. (Creuse), à 19 kil. S. E. d'Aubusson; 500 hab. Jadis fortifié. On prétend que ce village donna son nom aux Croquants, paysans du Périgord et du Quercy, qui s'insurgèrent en 1592 : c'est à Crocq qu'aurait commencé le mouvement.

CROÏA, Eribœa, v. forte de Turquie (Roumélie), dans l'anc. Albanie, à 68 kil. S. E. de Scutari, sur une colline. Env. 6000 hab. Patrie de Scanderbeg.

CROISADES. On donne spécialement ce nom à plusieurs expéditions qui, depuis 1096 jusqu'en 1270, furent entreprises, sous les auspices du Saint-Siége, par différents rois et seigneurs de l'Europe, dans le but de chasser les Infidèles des saints lieux. Tous ceux qui prenaient part à ces expéditions portaient sur leurs vêtements une croix rouge : d'où le nom de Croisés. On compte généralement 8 croisades. La 1re eut lieu de 1096 à 1100, sous le pontificat d'Urbain II : prêchée par Pierre l'Ermite, puis par Urbain lui-même, elle eut pour chefs Godefroy de Bouillon, Eustache et Baudouin, ses frères; Hugues de Vermandois, Robert II, duc de Normandie, Boëmond, prince de Tarente, Tancrède, son neveu, et Raymond de Toulouse. Les faits les plus importants de l'expédition sont la bataille de Dorylée (1097), où les Musulmans furent entièrement défaits; la prise de Nicée, d'Édesse (1097), d'Antioche (1098) et celle de Jérusalem (1099). Les Croisés formèrent à Jérusalem un roy. chrétien, dont ils déférèrent la couronne à Godefroy de Bouillon; et dans les villes voisines plusieurs principautés, où régnèrent les autres chefs des croisés. — La 2e croisade, de 1147 à 1149, entreprise sous le pontificat d'Eugène III, et prêchée par S. Bernard, eut pour chefs Louis VII, roi de France, et Conrad, empereur d'Allemagne (1147). Ces deux princes n'éprouvèrent que des revers. Ils étaient cependant sur le point de prendre Damas (1148), lorsque la discorde se mit entre les seigneurs de leurs armées, et les contraignit à revenir en Europe. — La 3e croisade, de 1189 à 1193, fut entreprise sous le pontificat de Clément III, et prêchée par Guillaume, archevêque de Tyr. Il s'agissait de reconquérir Jérusalem, retombée au pouvoir des Infidèles en 1187. Trois souverains partirent avec de nombreuses armées pour la Terre-Sainte : Philippe-Auguste, roi de France, Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, et Frédéric-Barberousse, empereur d'Allemagne. Mais le succès ne répondit point à l'espérance générale : l'armée de Frédéric fut presque entièrement détruite en Asie, et lui-même il périt en Cilicie (1190); les deux autres princes s'emparèrent de St-Jean-d'Acre, mais, une fâcheuse rivalité s'étant établie entre eux, Philippe revint bientôt en France (1191), et tout le courage de Richard n'aboutit qu'à obtenir de Saladin une trêve de 3 ans. — La 4e croisade, de 1202 à 1204, prêchée par Foulques de Neuilly sous le pontificat d'Innocent III, fut dirigée par Baudouin IX, comte de Flandre, Villehardoin, sénéchal de Champagne, Boniface II, marquis de Montferrat, et Henri Dandolo, doge de Venise. L'armée des chrétiens n'alla pas plus loin que Constantinople. Elle en chassa d'abord l'usurpateur Alexis l'Ange (1203), et plaça sur le trône Alexis le Jeune; l'année suivante, elle reprit Constantinople sur un nouvel usurpateur, Ducas Murtzuphle, mais cette fois ses chefs se partagèrent l'empire grec : Baudouin eut le titre d'empereur; les Vénitiens s'emparèrent des plus belles stations maritimes. — La 5e croisade, entreprise sous le pontificat d'Honorius III (1217-1221), eut pour chefs Jean de Brienne, roi titulaire de Jérusalem, et André, roi de Hongrie. André fut rappelé dans ses États par la révolte de ses magnats : Jean de Brienne prit Damiette, qu'il fut bientôt forcé de rendre. — La 6e croisade, de 1228 à 1229, fut accomplie