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CREVELT, v. murée de Prusse (prov. Rhénane), sur le Rhin, à 17 kil. N. O. de Dusseldorf ; 30 000 h. Jolie ville. Industrie active : bleu de Prusse et produits chimiques ; horlogerie ; instruments de musique ; manufactures de soieries et lainages. Beaux jardins dans la banlieue. Le duc de Brunswick vainquit à Crevelt en 1758 les Français commandés par le comte de Clermont.

CREVIER (J. B. Louis), historien, né à Paris en 1693, mort en 1765, était fils d’un ouvrier imprimeur. Il fut l’élève de Rollin, et devint professeur de rhétorique au collége de Beauvais. Il termina l’Histoire romaine de Rollin (il est l’auteur des vol. VIII à XVI), et la fit suivre d’une Hist. des empereurs romains jusqu’à Constantin, 1750, 6 vol. in-4. On lui doit aussi une Histoire de l’Université de Paris ; une bonne édition de Tite-Live ; une Rhétorique française estimée, et des Remarques sur le Traité des études de Rollin. Comme historien, cet auteur est exact et a plus d’ordre que Rollin, mais il lui est inférieur sous le rapport du style ; il est sec et lourd.

CRICHTON (Jacques), gentilhomme écossais, né vers 1560, dans le comté de Perth, d’une famille alliée à celle des Stuarts, excellait dans tous les exercices de l’esprit et du corps, ce qui le fit surnommer l’Admirable. Il vint à Paris à 20 ans et tint au collége de Navarre une séance publique où il répondit à quiconque voulut disputer avec lui, en vers ou en prose, en 12 langues différentes (hébreu, arabe, grec, latin, espagnol, français, etc.), sur quelque science que ce fût. Le lendemain il parut dans un tournoi qui se donnait au Louvre, et y emporta la bague quinze fois de suite. Il visita l’Italie et résida à Mantoue, où il devint gouverneur de Vincent de Gonzague ; celui-ci le tua, dit-on, par méprise, d’un coup d’épée, un jour de carnaval (1583). On a de Crichton : Judicium de philosophia ; Refutatio mathematica ; Errores Aristotelis ; Controversia oratoria ; Arma an litteræ præstent ? et quelques vers latins, qui ne justifient pas sa réputation.

CRIKS, Creeks en anglais, peuple indigène de l’Amérique du Nord, jadis très-puissant, et qui encore auj. forme une confédération fort nombreuse. Ils habitent des villes et des villages dans les vallées fertiles qui séparent l’État d’Alabama de celui de Géorgie, et se divisent en deux branches principales : 1° les Criks supérieurs ou proprement dits, qui occupent le Haut-Alabama ; ils sont assez avancés en civilisation et ont des écoles ; 2° les Criks inférieurs ou Séminoles, qui vivent dans les plaines traversées par le Flint ; ils sont beaucoup moins civilisés que les précédents. Les Criks soutinrent de 1835 à 1839 une guerre sanglante contre les États-Unis.

CRILLON, en latin Credulio ou Crillonium, vge du dép. de Vaucluse, à 11 kil. N. E. de Carpentras ; 550 hab. — Au XIIIe siècle Crillon appartenait à des sires d’Astouaud ; ceux-ci le vendirent en 1456 à L. de Berton, aïeul du célèbre Crillon et issu de l’illustre famille des Balbes de Chieri en Piémont, qui était venu s’établir en France ; les descendants de L. de Berton portèrent depuis le nom de Crillon. La seigneurie fut érigée en duché en 1725. — Il ne faut pas confondre ce duché avec un second duché de Crillon érigé au XVIIIe siècle en faveur de François Félix de Crillon, issu d’une branche cadette de la même famille. V. ci-après François Félix DE CRILLON.

CRILLON (Louis DES BALBES DE BERTON de), l’un des plus grands capitaines du XVIe siècle, originaire de Piémont, né en 1541 à Murs en Provence, mort à Avignon en 1615, se distingua par sa valeur sous Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV, alla combattre à Lépante sous don Juan d’Autriche (1571), accompagna en Pologne le duc d’Anjou (Henri III), le défendit plus tard contre la Ligue, mais repoussa la proposition d’assassiner H. de Guise. Henri IV ne l’appelait que le brave Crillon. On connaît le billet qu’il lui écrivit du champ de bataille d’Arques, où Crillon n’avait pu se trouver : « Pends-toi, brave Crillon ! nous avons combattu à Arques, et tu n’y étais pas. » Il est le premier qui ait été nommé colonel général de l’infanterie française.

CRILLON-MAHON (Louis, duc de), né en 1718, se distingua dans la guerre de Sept ans ; puis, se plaignant d’un passe-droit, il quitta le service de la France pour celui de l’Espagne, devint commandant général des armées espagnoles pendant les hostilités de 1780 entre l’Angleterre et l’Espagne, reprit sur les Anglais Mahon et l’île Minorque, et fut en récompense créé duc de Mahon. Il m. à Madrid en 1796. Il a laissé des Mémoires, Paris, 1791.

CRILLON (François Félix, duc de), 2e fils du préc., né en 1748, mort en 1820, fit ériger en duché, sous le nom de Crillon, sa terre de Boufflers en Picardie. Il servit en Espagne sous son père, et se distingua à l’expédition de Minorque ; fut député aux États généraux de 1789 par la noblesse du Beauvaisis, et forma chez lui une société d’amis de la Constitution qui fut le noyau du club des Feuillants. En 1792 il fut emprisonné, mais le 9 thermidor le sauva. En 1815 il fut créé pair de France.

CRILLON-MAHON (Louis Ant. François de Paule, duc de), grand d’Espagne, 3e fils du duc Louis, né en 1775, entra au service de l’Espagne en 1784, combattit en 1794 contre les troupes de la République française, fut fait prisonnier et dut à son nom d’être épargné et rendu à la liberté. Il retourna en Espagne et y fut chargé du gouvernement des provinces vascongades ; mais, après l’abdication de Charles IV, il prêta serment au roi Joseph. Proscrit en 1814, il se réfugia en France, où il mourut en 1832.

CRIM, dite aussi Staroï-Krim, anc. capit. de la Crimée, à 70 kil. E. de Simféropol et à 22 kil. N. O. de Caffa, a donné son nom à la Crimée ; c’est auj. une misérable bourgade de 600 maisons.

CRIMÉE, la Chersonèse Taurique des anc., presqu’île de la Russie d’Europe (Tauride), dans la mer Noire, a pour bornes au N. l’isthme de Pérékop, qui la joint au continent ; env. 300 000 hab. Villes principales : Simféropol (ch.l.), Sébastopol, Eupatoria, Caffa, Iénikaleh, Batchi-Saraï, Karasou-bazar, Kertch. Sol très-fertile ; excellents pâturages, où s’élèvent d’immenses troupeaux de chevaux, de bœufs, de moutons. Au midi, coteaux qui produisent des vins estimés. — La Crimée, qui doit son nom actuel à la v. de Crim, fut habitée primitivement par les Tauri, d’où les Grecs l’appelèrent Tauride ou Chersonèse Taurique. Des Milésiens s’y établirent au VIIe s. av. J.-C., y fondèrent plusieurs villes, entre autres Panticapée et Théodosie, et formèrent vers 480 av. J.-C. le petit roy. du Bosphore, qui plus tard fut soumis successivement par Mithridate, par les Romains, par les Alains, les Goths, les Huns et par les Hongrois, qui envahirent la Crimée à la fin du IVe siècle de notre ère. Justinien les en expulsa au VIe s., mais en 679 les Khazares la soumirent complètement. Après eux, la Crimée subit la domination des Petchenègues, des Polovizes, en enfin celle des Tartares du Kaptchak, 1237. Sous ceux-ci, les Vénitiens et les Génois y formèrent quelques établissements, entre autres Caffa. En 1475, Mahomet II soumit la Crimée, en laissant le gouvernement à un khan tartare. Catherine II l’occupa en 1783, et se la fit céder par les Turcs en 1791. L’armée anglo-française l’envahit en 1854 et ne s’en retira qu’après la prise de Sébastopol.

CRIMISE, Crimisus, nom commun à deux rivières chez les anciens : la 1re, dans le Brutium, est auj. la Lipuda ; elle arrosait une ville de Crimise (auj. lo Ziro) ; la 2e en Sicile (auj. Fiume di Calata Bellota), arrosait Ségeste ; elle a son emb. sur la côte mérid. Timoléon vainquit les Carthaginois sur ses bords l’an 340 av. J.-C.

CRIOU-MÉTOPON, c.-à-d. front de bélier, cap de la Chersonèse Taurique, auj. Karadjé-Bouroun.

CRIQUETOT-LESNEVAL, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 22 k. N. E. du Havre ; 1300 hab.

CRISPUS (Flav. Julius), fils de Constantin, fut