Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la v. d’Aleria. Carthage y eut de bonne heure des établissements ; Rome enleva file aux Carthaginois en 237 av. J.-C., mais elle eut à combattre les soulèvements continuels des indigènes. La Corse entière s’était révoltée en 163 av. J.-C. ; elle fut alors soumise par Juventius Thalna. Sous l’empire, elle ne fut guère qu’un lieu d’exil (V. SÉNÈQUE). Après les Romains, les empereurs Grecs, les Vandales, les Goths, les Lombards, Charlemagne, la possédèrent. Elle devint à peu près indépendante après Charlemagne. Dans la suite, les papes s’en déclarèrent souverains. En 1092, Urbain II la céda aux Pisans : Gênes leur disputa cette concession, et, après diverses tentatives qui échouèrent, elle finit par s’emparer de l'île à la suite de la vict. de la Melona, en 1284. En 1553, les Français, en guerre avec les Génois, envahirent la Corse et la soumirent presque tout entière ; mais ils la leur rendirent peu après et le traité de Cateau Cambrésis leur en garantit la possession. Mais après les trois révoltes de 1735, 1741 et 1755 (V. NEUHOFF et PAOLI), Gênes, ne pouvant dompter ce peuple rebelle, vendit ses droits à la France moyennant 40 millions. Le traité fut signé le 15 mai 1767, et le 15 août de la même année Louis XV rendit l’édit de réunion ; mais la prise de possession effective n’eut lieu qu’en 1768 (V. MARBEUF). Les Corses, à l’instigation de Paoli, se donnèrent aux Anglais en 1793, mais ceux-ci furent expulsés en 1796. Sous le gouvernement des Génois, la Corse était divisée en 10 juridictions et quatre fiefs. En 1790 elle fut partagée en deux dép., le Golo et le Liamone. En 1811, les deux dép. furent réunis. Patrie de Sampietro, d’Ornano, des Paoli et des Bonaparte. M. J. M. Jacobi a donné une Hist. générale de la Corse, 1835.

CORSE (Cap), pointe N. de la Corse. Bons vins.

CORSE (Cap-), par corruption pour Cape-Coast, établissement anglais en Afrique, sur la Côte d’Or, par 5° lat. N. 4° long. O. ; 1200 h. presque tous indigènes. Grand commerce de poudre d’or et d’ivoire. Fondé par les Portugais en 1610, il appartient aux Anglais depuis 1661.

CORSEUL, bourg des Côtes-du-Nord, à 4 k. O. N. O. de Dinan ; 400 h. Antiquités romaines. On pense que près de là était la cité des Curiosolites.

CORSICA, île de la Méditerranée, auj. la Corse.

CORSINI, famille de Florence, a fourni plusieurs hommes d’État et plusieurs dignitaires de l’Église entre autres le pape Laurent Corsini (Clément XII).

CORSINI (Édouard), savant antiquaire, né en 1702 à Fanano (Modène), mort en 1765 à Pise, entra dès sa jeunesse dans l’ordre des Clercs réguliers des Écoles pies, dont il devint général ; enseigna la philosophie, puis les belles lettres à Pise. Ses principaux ouvrages sont : Fasti Attici, Florence 1474-1761 ; Dissertationes agonisticæ, 1747, où il traite des jeux olympiques, pythiques, etc. ; De Nummis Arsacidarum, 1754 ; De præfectis urbis Romæ, 1763. Il a aussi écrit sur la philosophie et les mathématiques.

CORSINS ou CAORCINS, V. LOMBARDS.

CORTE, Cenestum, ch.-l. d’arr. (Corse), vers le centre de l'île, à 60 k. N. E. d’Ajaccio ; 5762 h. Tribunal, école Paoli. Commerce de vins et de blés. Château fort ; monument de Paoli.

CORTEREAL (Gaspard), navigateur portugais, explora en 1500 la côte N. E. de l’Amérique, parcourut le Labrador, le Canada, encore inconnus, et pénétra dans le golfe St-Laurent. Il entreprit en 1501 un voyage dans les mêmes parages, cherchant un passage au N. de l’Amérique, mais on ne le revit pas. — Son frère, Miguel de C., partit en 1502 pour aller à sa recherche, mais il ne revint pas non plus.

CORTEREAL (Ieronimo), poëte portugais, né vers 1525, mort en 1593, servit d’abord dans la marine, et commanda une escadre dans l’Inde en 1571 ; puis il se fixa à la cour avec le titre de gentilhomme privé. On a de lui le Siége de Diu, Lisb., 1574, et un poëme touchant, intitulé Le Naufrage de Sépulvéda, publié après sa mort en 1593, et trad. en fr. par Ott. Fournier, 1844. Il a aussi écrit un poëme espagnol, l’Austriada, en l’honneur de don Juan d’Autriche, le vainqueur de Lépante.

CORTÈS (c.-à-d. Cours, Chambres). On nomme ainsi en Espagne et en Portugal les assemblées chargées de discuter les lois et de voter l’impôt.

En Espagne, elles se composent de deux chambres, la Chambre des proceres (pairs), où siégent les prélats, les grands d’Espagne et un certain nombre de citoyens distingués ayant un revenu de plus de 15 000 fr. ; et la Chambre des procuradores (députés), dans laquelle peut être admis tout Espagnol âgé de 30 ans, et possesseur d’un revenu de plus de 3000 fr. Les députés sont élus pour 3 ans. Le souverain convoque et dissout les Cortès. — L’origine des Cortès est aussi ancienne que celle de la monarchie, mais elles ne se composèrent d’abord que des seigneurs et des prélats ; la bourgeoisie n’y fut admise qu’au XIe siècle. Leur autorité, très-grande d’abord, surtout en Aragon, diminua peu à peu devant les accroissements du pouvoir royal, depuis la réunion de la Castille et de l’Aragon par le mariage d’Isabelle et de Ferdinand le Catholique (1469), et surtout depuis le règne de Charles Quint. À cette époque, les Cortès, qui s’étaient révoltées sous la conduite de Jean de Padilla, furent vaincues à Villalar (1522). Ces assemblées cessèrent dès lors d’être convoquées, ou elles ne le furent que pour recevoir les ordres absolus du souverain. En 1810 les Cortès furent rétablies ; elles publièrent en 1812 une constitution célèbre, modelée sur notre constitution de 1791 ; mais en 1814 Ferdinand VII abolit les Cortès. Rétablies en 1820, après l’insurrection de Riégo, elles furent de nouveau anéanties par l’expédition française de 1823. Enfin, après la mort de Ferdinand VII (1833), les Cortès furent rétablies ; sous le gouvernement des deux reines Christine et Isabelle, elles ont augmenté de plus en plus leur autorité. Elles sont aujourd’hui régies par la constitution de 1845.

En Portugal, les Cortès se composent également de deux chambres ; les membres de la 1re sont à vie et héréditaires ; ceux de la 2e sont électifs, et la durée de leurs fonctions est de 4 ans ; ils doivent posséder un revenu de 2400 fr. au moins. — Alphonse I, 1er roi de Portugal, convoqua dans Lamego les premières Cortès de ce roy. (1145) ; sous ses successeurs elles ne furent guère réunies que dans les circonstances critiques, ou lorsqu’il s’élevait quelques difficultés pour la succession au trône. En 1821, les Cortès convoquées par Jean VI publièrent, à l’exemple de Cortès espagnoles, une constitution nouvelle ; cette constitution fut abolie deux ans après. Don Pedro, en 1826, au moment d’abdiquer en faveur de sa fille, rendit aux Cortès une partie de leurs privilèges. Méconnus encore pendant l’usurpation de don Miguel (1828-33), ces privilèges ont été de nouveau confirmés à l’avènement de dona Maria.

CORTEZ (Fernand), capitaine espagnol, conquérant du Mexique, né en 1485 à Médellin dans l’Estramadure, d’une famille noble. Il passa en 1504 dans les Indes occidentales, qui étaient alors pour les Espagnols une source de gloire et de richesses. En 1518, Vélasquez, gouverneur de Cuba, le mit à la tête d’une flotte qu’il destinait à la découverte de nouvelles terres, et en 1519 Cortez aborda près de Tabasco dans le Mexique. Les Indiens de cette ville se soumirent aussitôt à lui, et il marcha sur la capitale du pays, Mexico, qui lui avait ouvert également ses portes et où l’empereur Montezuma le reçut comme son maître. Vélasquez, jaloux de ses succès, envoya alors contre lui une flotte nombreuse : mais elle fut battue, et Cortez vainqueur ne s’occupa plus qu’à conquérir tout le Mexique. Il y parvint en peu de temps ; mais il eut à comprimer de terribles insurrections, et souilla sa conquête par d’horribles cruautés : pour garantie de la soumission des Mexicains, il avait gardé Guatimozin, gendre et héritier de Montezuma : il ne tarda pas à mettre ce prince à