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Capou, et le Vieux-Sérail) ; 344 mosquées, dont les plus belles sont la ci-devant église de Ste-Sophie, construite par Justinien, et les mosquées du sultan Achmet, du sultan Soliman, du sultan Osman et de la sultane Validé ; églises grecques, arméniennes, etc. ; beaucoup de mektebs (écoles primaires) et de medressehs (colléges). Arsenal militaire, dit Top-Khané ; belles casernes, célèbre château des Sept-Tours, qui sert de prison d’État. Les environs de la ville sont charmants ; le long des deux rives du détroit, les côtes sont partout bordées de kiosques et de maisons de campagne délicieuses. Constantinople a une école militaire, des écoles de mathématiques, de navigation, de médecine, près de 40 bibliothèques ; il y paraît depuis quelques années un journal officiel, le Moniteur turc. Peu d’industrie ; assez grand commerce. Climat variable et peu salubre ; on y est exposé à des pestes fréquentes, dont le retour est dû à l’incurie des Turcs. — Cette ville, connue primitivement sous le nom de Byzance, joua, dès les temps les plus anciens, un rôle important (V. BYZANCE). Plusieurs fois ravagée ou même détruite, elle ne recouvra sa splendeur que sous Constantin qui en fit sa résidence, 330, et lui donna son nom. Lors du partage de l’empire, 395, Constantinople devint la capit. de l’empire d’Orient, et bientôt elle surpassa Rome même par la magnificence de ses monuments, par sa population, ses richesses et son commerce. Elle fut renversée sous Justinien par un tremblement de terre (557), mais on la réédifia aussitôt après avec plus de magnificence encore. Elle fut vainement assiégée d’abord par les Avares seuls, 593, puis par les Avares unis aux Perses, 625 ; par les Arabes, 671-678 ; par les Bulgares, 755 ; par les Varègues, 866. Les Croisés s’en emparèrent en 1203 et placèrent sur le trône Alexis le Jeune, dont le père, Isaac, avait été chassé par Alexis l’Ange ; ils la reprirent l’année suivante sur Ducas Murtzuphle, qui avait chassé Alexis le Jeune, et cette fois ils s’y établirent et y fondèrent l’empire latin. En 1261, Michel VIII Paléologue, empereur de Nicée, s’empara de la v. par surprise. Enfin, après avoir été plusieurs fois attaquée, par Orkhan (1337), par Bajazet, par Amurath, Constantinople finit par devenir la proie des Turcs : Mahomet II la prit en 1453 et en fit la capit. définitive de l’empire ottoman. Les Turcs l’ont conservée depuis, mais ils ont laissé dégrader d’une manière déplorable ses monuments les plus magnifiques. — Constantinople joue un grand rôle dans l’histoire de l’Église : elle fut d’abord un simple évêché, qui compta S. Grégoire de Nazianze et S. Jean Chrysostôme parmi ses évêques. Les conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451) l’érigèrent en patriarcat, en lui donnant le 2e rang dans l’Église, ce qui sema le germe du schisme entre les églises d’Occident et d’Orient. En 595, Jean le Jeûneur usurpa le titre de patriarche œcuménique ; il fut imité en cela par son successeur Cyriaque ; mais cette prétention fut repoussée à la fois par le pape (S. Grégoire) et par l’empereur même (Phocas). En 858, le patriarche Photius proclama l’église grecque entièrement indépendante des papes, et commença ainsi le grand schisme d’Orient, qui fut consommé par Cerularius (1054). De nombreux conciles se sont tenus à Constantinople ; on en compte quatre œcuméniques : 1o  en 381 : on y dressa un symbole de la foi qui confirmait celui de Nicée, et on assigna à l’évêque de Constantinople le 1er  rang après le pape ; 2o  en 553 : on y condamna les écrits de trois fameux nestoriens, Ibbas d’Édesse, Théodoret, évêque de Cyr, et Théodore de Mopsueste ; 3o  en 680 : on y condamna le Monothélisme, ainsi que la mémoire du pape Honorius et de quatre patriarches monthélites ; 4o  en 869 : Photius y fut anathématisé. — Pour l’histoire de l’empire d’Orient et pour la série des empereurs, V. ORIENT (empire d’).

CONSTANTINOPLE (canal de). V. BOSPHORE DE THRACE.

CONSTITUANTE (Assemblée). V. ASSEMBLÉE.

CONSTITUTION. En France, depuis 1789, un grand nombre de constitutions ont été successivement proposées et abolies. On en compte 9 principales : 1o  la Constitution française, décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi en 1791 : elle établissait un gouvernement à la fois monarchique et représentatif ; 2o  l’Acte constitutionnel, présenté au peuple français par la Convention en 1793, et qui posait en principe la souveraineté du peuple, l’unité et l’indivisibilité de la République ; 3o  la Constitution de l’an III (1795), créant un Directoire chargé du pouvoir exécutif, et deux Conseils, celui des Anciens et celui des Cinq-Cents, revêtus du pouvoir législatif ; 4o  la Constitution de l’an VIII (1799), nommant trois consuls (V. CONSULAT), un Sénat conservateur, un Corps législatif et un Tribunat : cette constitution fut modifiée en 1802 par le sénatus-consulte organique qui proclama le consulat à vie, et en 1804 par un nouveau sénatus-consulte organique qui institua l’Empire français ; 5o  la Charte octroyée par Louis XVIII en 1814, et revisée en 1830 ; 6o  la Constitution de 1848, qui fut promulguée le 24 nov. par l’Assemblée nationale et qui proclama la République ; elle fut abrogée au 2 déc. 1861 ; 7o  la Constitution promulguée le 14 janv. 1852 par le prince Louis-Napoléon, alors président de la République. Elle confia au président le gouvernement pour dix ans. Un sénatus-consulte du 23 déc. de la même année la modifia et rétablit l’Empire.

CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ, constitution nouvelle imposée au clergé de France par un décret de l’Assemblée nationale du 12 juillet 1790. Par ce décret, il devait y avoir un évêque par département ; l’élection des évêques et des curés serait faite par le peuple à la pluralité des voix ; tous les fonctionnaires ecclésiastiques devaient être salariés par l’État, et une dotation annuelle, qui s’élevait à 77 000 000 de fr., remplaçait les revenus divers et bénéfices que le clergé avait possédés jusque-là. Le roi sanctionna ce décret, quoiqu’à regret, le 26 décembre, et dès le lendemain 58 ecclésiastiques prêtèrent serment à la nouvelle constitution au sein de l’Assemblée nationale ; mais cette constitution ayant été condamnée par le pape, la plus grande partie du clergé refusa le serment. A dater de ce moment, il se fit une scission dans le clergé : on distingua les prêtres constitutionnels ou assermentés, et les prêtres insermentés ou non-assermentés. Le Concordat de 1801 mit un terme à ces divisions.

CONSTITUTIONS DE CLARENDON. V. CLARENDON.

CONSTITUTIONS PONTIFICALES, décisions des papes en matière de doctrine ou de discipline, rendues tantôt en forme de bulles, tantôt en forme de brefs. On connaît surtout la const. Unigenitus. V. BULLES.

CONSUEGRA, Consaburus, v. d’Espagne (Tolède), à 60 k. S. E. de Tolède ; 5400 h.

CONSULAT. A Rome, on appelait Consuls les magistrats suprêmes de la république, institués après l’expulsion des rois (509 av. J.-C.) pour veiller (consulere) aux intérêts de l’État ; ils étaient au nombre de deux et leur magistrature durait un an. Les consuls étaient chargés du pouvoir exécutif, convoquaient, et congédiaient le sénat, présentaient des projets de loi, présidaient à la création des magistrats, levaient les troupes, commandaient les armées ; mais ils ne pouvaient sortir de l’Italie tous deux en même temps. Ils étaient nommés par le peuple assemblé en centuries ; ils entraient en charge au 1er janvier et donnaient leur nom à l’année. Leurs marques distinctives étaient une chaise curule, une baguette d’ivoire et douze licteurs qui portaient devant eux des haches et des faisceaux, symbole du pouvoir exécutif. Dans l’origine, les patriciens seuls purent obtenir le consulat ; ce n’est que l’an 366 avant J.-C. et après de longues luttes que les plébéiens purent y être admis, en vertu de la loi Licinia. Quand la république eut été détruite, le consulat fut conservé, mais l’importance de cette charge