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il mit à mort entre autres victimes Lucilla, une de ses sœurs, Crispina, sa femme, le jurisconsulte Salvianus et un grand nombre de sénateurs. Il périt l’an 192, empoisonné par Marcia, sa maîtresse, qui avait vu son nom sur une liste de proscription. Commode était d’une taille et d’une force extraordinaires : aussi se faisait-il appeler Hercule. Il se livrait en public à tous les exercices des gladiateurs et descendit plus de 700 fois dans le Cirque, où il se plaisait à assommer de sa massue des hommes désarmés.

COMMODORE, titre que l’on donne en Angleterre, en Hollande et en Amérique à un capitaine de vaisseau chargé temporairement du commandement de plusieurs bâtiments réunis.

COMMUNE DE PARIS (la), comité révolutionnaire, né de l’insurrection du 14 juillet 1789, se substitua au Conseil de ville que présidaient le prévôt des marchands et les échevins, et prit comme lui l’hôtel de ville pour lieu de ses séances. La Commune ne fut constituée que le 21 mai 1791. Elle se divisa en 48 sections, nomma un maire (Pétion) et 16 administrateurs, créa un conseil municipal, et un conseil général, que présidaient un procureur de la Commune et deux substituts. Longtemps menée par les démagogues les plus fougueux, Chaumette, Hébert, Robespierre, la Commune lutta contre la Convention et maintint dans les rues de Paris une insurrection permanente. La chute de Robespierre (27 juillet 1794) entraîna celle de la Commune. — Le 18 mars 1871, à la suite des désastres de la guerre contre la Prusse, une partie de la garde nationale installa à Paris un Comité central, et proclama une nouvelle Commune, qui refusa de reconnaître l’Assemblée nationale, soutint contre l’armée une guerre de deux mois, et, vaincue après une semaine de lutte dans Paris, massacra des otages et incendia un grand nombre de monuments publics et de maisons particulières (21-29 mai).

COMMUNES, nom que prirent en France, pendant le XIe siècle, les associations des habitants d’une même ville unis pour se défendre contre les exactions et les violences des seigneurs. L’établissement de la commune du Mans, en 1066, fut le premier indice de cette révolution, qui favorisa singulièrement les accroissements du pouvoir royal, et servit à le dégager des entraves de la féodalité en affaiblissant les grands vassaux. Louis le Gros, voulant se ménager d’aussi utiles auxiliaires, favorisa l’établissement des communes ; il leur permit d’avoir un maire, des échevins, un sceau, une milice bourgeoise. A l’abri de la protection royale, plusieurs communes, celles de Laon, de Soissons, de Reims, par exemple, acquirent la plus grande importance. Mais, dès le XIVe s., les rois, devenus assez forts pour se passer d’elles, en abolirent un grand nombre ; Charles IX enleva la connaissance des affaires civiles a toutes les justices municipales, et à partir du règne de Henri IV tous les privilèges des communes tombèrent en oubli. C’est à peine si en 1789 quelques villes de France avaient conservé les débris de leurs anciennes franchises.

COMMUNES (Chambre des). V. CHAMBRE.

COMMUNISME. V. ce mot au Dict. des Sciences.

COMNÈNE, célèbre famille du Bas-Empire, qui se prétendait issue d’un des ancêtres de Constantin, a fourni six empereurs à Constantinople, un à Héraclée et dix à Trébizonde. Les six empereurs de Constantinople sont : Isaac Comnène, 1057-1059 ; Alexis Comnène I, 1081-1118 ; Jean Comnène 1118-1143 ; Manuel Comnène, 1143-1180 ; Alexis Comnène II, 1180-1183 ; Andronic Comnène, 1183-1185 (V. ISAAC, ALEXIS, JEAN, etc.). Andronic fut détrôné par Isaac l’Ange, et sa famille à jamais privée du sceptre de Constantinople. David, son petit-fils, devint roi de la Paphlagonie, d’Héraclée et de Pont, tandis qu’un 3e  Alexis Comnène fondait à Trébizonde la dynastie des princes qui régnèrent dans cette ville depuis 1204 jusqu’à la conquête de Mahomet II, 1462. Les restes de cette famille se réfugièrent à Maïna en Morée, et de là dans l’île de Corse ; il en existait encore quelques rejetons en France et en Italie au commencement de ce siècle. V. ABRANTÈS.

COMORES (îles), sur la côte orientale de l’Afrique, dans le nord du canal de Mozambique. On en compte 4 principales : la Grande Comore, Anjouan, Mohilla, Mayotte ; env. 20 000 habitants. Montagnes nombreuses, côtes escarpées. Le chef ou sultan d’Anjouan commande à toutes les Comores. Les habitants sont toujours en guerre avec les pirates madécasses. - L’archipel des Comores fut découvert en 1598 par le Hollandais Corneille Houtman. La France prit possession de Mayotte en 1843.

COMORIN (cap), cap qui forme la pointe mérid. de l’Indoustan, par 75° long. E., 8° latitude N. Des rochers dangereux l’environnent.

COMORN, ville de Hongrie. V. KOEMOERN.

COMPAGNIES DES INDES. V. INDE.

COMPAGNIES (GRANDES), troupes d’aventuriers qui désolèrent la France au XIVe siècle, sous les règnes de Jean et de Charles V. Elles s’étaient recrutées d’étrangers de toute sorte et surtout des Allemands qu’Édouard, roi d’Angleterre, avait licenciés après le traité de Brétigny, en 1360. Irrités de leurs déprédations, les paysans les battirent en plusieurs rencontres et les dispersèrent pour quelque temps. Ils reparurent néanmoins sous le nom de Tard-Venus et défirent en 1361 le comte de La Marche (J. de Bourbon), envoyé contre eux. Du Guesclin en délivra la France et les conduisit en Espagne ; elles y soutinrent contre Pierre le Cruel la cause de Henri de Transtamare, son frère.

COMPIÈGNE, Compendium, Carlopolis, ch.-l. d’arr. (Oise), sur l’Oise, à 58 k. E. de Beauvais, à 101 k. N. E. de Paris ; 12 137 h. Superbe château, construit par Louis XIV, Louis XV et Louis XVI ; belle forêt qui a 14 500 hectares de superficie ; elle est traversée par une chaussée de Brunehaut et contient les belles ruines du château de Pierrefonds. Bibliothèque ; collége Louis-Napoléon. Filatures de coton, bonneterie, chantiers de bateaux. Patrie du professeur Hersan. - Compiègne fut bâti par les Gaulois, et agrandi en 876 par Charles le Chauve qui lui donna le nom de Carlopolis. Il s’y tint en 833 un concile où Louis le Débonnaire fut déposé. Jeanne d’Arc y fut prise en 1430. Une statue lui a été érigée en 1860 sur la place même où elle fut prise.

COMPITALIES, fête des dieux Lares chez les Romains, étaient annuelles et se célébraient dans les carrefours (compita) : d’où leur nom.

COMPLUTUM. V. ALCALA DE HENARÈS.

COMPOSTELLE (ST-JACQUES de). V. SANTIAGO.

COMPS, ch.-l. de c. (Var), à 18 k. N. de Draguignan : 800 hab.

COMTAT D’AVIGNON et COMTAT VENAISSIN. V. VENAISSIN (comtat) et AVIGNON.

COMTE. L’origine de ce titre, qui vient du mot latin comes, compagnon, remonte aux premiers empereurs romains ; sous le règne d’Auguste, on voit des sénateurs choisis pour son conseil porter le nom de comites Augusti. Au IVe s., les comtes devinrent des officiers civils ou militaires, et ce titre fut principalement donné aux gouverneurs de villes et de diocèses. Les premiers rois barbares donnèrent indistinctement le titre de comte à tous les officiers de leur maisons ; il y en avait un qu’on appelait comte palatin (comes palatii) : il était chargé de rendre la justice dans le palais, et en général de juger les affaires où le prince avait intérêt. Sous les derniers Carlovingiens, la plupart des comtes érigèrent leurs gouvernements en principautés héréditaires qui portèrent le nom de comtés : le Capitulaire de Quiersy-sur-Oise leur en reconnut le droit (877). En 1564 une ordonnance de Charles IX établit qu’en l’absence d’héritiers mâles, les comtés retourneraient à la couronne. Auj. le titre de comte n’est plus en France qu’une distinction honorifique,