Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tines (Mayence, 1460), qui font partie du droit canonique. Ce pape a été accusé, mais à tort, de mœurs licencieuses et de cupidité. M. Rabanis a démontré (1858) la fausseté des prétendues conventions faites entre Philippe le Bel et Clément V avant son élection.

CLÉMENT VI, Pierre Roger, natif du Limousin, docteur de Paris, élu pape en 1342, mort en 1352, avait été bénédictin, puis archevêque de Rouen et de Bordeaux, enfin cardinal. Ce pape résidait à Avignon : il en acheta la propriété en 1348 de la reine Jeanne de Sicile. Il se refusa aux sollicitations des habitants de Rome qui, ayant Rienzi à leur tête, vinrent le prier de revenir à Rome. Il eut de vifs débats avec Édouard II, roi d’Angleterre, au sujet des investitures, et avec l’empereur Louis de Bavière, à la place duquel il fit élire Charles de Luxembourg. I ! réduisit le retour périodique du jubilé de 100 ans à 50. Clément VI était fort savant et avait une mémoire prodigieuse.

CLÉMENT VII, Jules de Médicis, cousin de Léon X, fut élu pape après la mort d’Adrien VI, en 1523, et mourut en 1534. Il se ligua avec François I, les princes d’Italie et le roi d’Angleterre, contre l’empereur Charles-Quint ; mais cette ligue, appelée L. sainte, parce que le pape en était le chef, ne lui attira que des infortunes. Assiégé dans Rome par l’armée de l’empereur que commandait Charles de Bourbon (1527), il fut pris, détenu 7 mois, et ne put se sauver qu’à la faveur d’un déguisement. Charles-Quint lui enleva en 1531 Modène et Reggio, mais il l’aida à rétablir sa famille à Florence. Clément VII excommunia en 1534 Henri VIII, roi d’Angleterre, qui avait répudié Catherine d’Aragon, ce qui donna occasion au schisme qui sépara l’Angleterre de l’Église romaine.

CLÉMENT VII, antipape. V. ROBERT DE GENÈVE.

CLÉMENT VIII, Hippolyte Aldobrandini, né à Fano, en 1536, fut élu en 1592 et mourut en 1605 à 69 ans. Il s’appliqua à faire fleurir la piété et la science dans l’Église, condamna les duels, donna l’absolution au roi de France Henri IV lors de sa conversion, ramena un grand nombre d’hérétiques au sein de l’Église, et contribua beaucoup à la paix de Vervins (1598). Il éleva au cardinalat Baronius, Bellarmin, Tolet, d’Ossat, Du Perron, et plusieurs autres grands hommes. C’est sous son pontificat que commença la fameuse querelle de la grâce, à propos d’un ouvrage de Molina ; mais il ne voulut rien décider sur les points en litige. Il avait conçu, de concert avec Henri IV, le projet d’une alliance de toutes les puissances chrétiennes contre les Turcs.

CLÉMENT VIII, antipape, V. GILLES MUNOZ.

CLÉMENT IX, Jules Rospigliosi, d’une famille de Pistoie en Toscane, né en 1599, élu en 1667, mort en 1669 à 71 ans, gouverna sagement l’Église, et travailla à réunir les princes chrétiens et à procurer des secours aux Vénitiens contre les Turcs, qui assiégeaient Candie ; mais il ne put empêcher la perte de cette importante place. Il termina l’affaire de la signature du Formulaire par un accord qui reçut le nom de paix de l’Église (1668).

CLÉMENT X, Émile Altieri, fut élu en 1670 à 80 ans, après une vacance de plusieurs mois, et mourut en 1676. Son grand âge l’empêcha de rien faire d’important par lui-même ; le gouvernement fut abandonné au cardinal Antoine Paluzzi.

CLÉMENT XI, J. Fr. Albani, né à Pesaro en 1649, élu en 1700, mort en 1721. Il se montra favorable à Louis XIV dans la guerre de la succession d’Espagne ; il eut de vifs démêlés avec Victor-Amédée, devenu roi de Sicile (1713-18). Pour mettre un terme aux troubles de l’Église de France, il confirma la condamnation des cinq fameuses propositions de Jansénius par la bulle Vineam Domini Sabaoth, 1705, et donna la célèbre constitution Unigenitus, 1713, qui condamnait 101 propositions du P. Quesnel.

CLÉMENT XII, Laurent Corsini, élu en 1730, mort en 1740, à 88 ans, diminua les impôts, punit ceux qui avaient prévariqué dans leurs emplois sous le pontificat précéd., et gouverna l’Église avec sagesse.

CLÉMENT XIII, Charles Rezzonico, né à Venise en 1693, fut élu en 1758 et mourut en 1769. Les Jésuites ayant été expulsés du Portugal, de France, d’Espagne et de Naples, il fit de vains efforts pour les soutenir. Il perdit en 1768 le comtat d’Avignon et le duché de Bénévent, par suite de démêlés avec le jeune duc de Parme, de la maison de Bourbon.

CLÉMENT XIV, Laurent Ganganelli, de l’ordre des Franciscains, né en 1705 dans le duché d’Urbin, succéda en 1769 à Clément XIII : la France avait appuyé son élection. D’un caractère conciliant, il vécut en bonne harmonie avec les cours de l’Europe, leva les difficultés qui s’étaient élevées sous son prédécesseur au sujet du duché de Parme, et recouvra Avignon et Bénévent qui avaient été enlevés à Clément XIII. Pressé par plusieurs princes de décider du sort des Jésuites, il rendit en 1773, après plusieurs années de temporisation, le fameux bref qui prononça leur suppression. Il mourut peu après, en 1774 : on prétendit qu’il avait été empoisonné. Caraccioli a donné une Vie de Clément XIV, en français, Paris, 1775, avec de prétendues Lettres de ce pape, qui n’ont aucune authenticité. Sa véritable correspondance a été publiée par Reumont en 1837. Le P. Theiner a fait paraître en 1853 une Histoire estimée du pontificat de Clément XIV, traduite aussitôt par P. de Geslin, Paris, 3 vol. in-8.

CLÉMENT (Jacques), dominicain, né à Serbonnes, près de Sens, assassina Henri III en 1589. Il fut massacré sur-le-champ. Ce fanatique, qui n’avait que 25 ans, était l’instrument des Ligueurs. Quelques insensés le regardèrent comme un martyr, et furent, dit-on, sur le point de demander sa canonisation.

CLÉMENT (dom François), savant bénédictin, né à Bèze près de Dijon en 1714, mort à Paris en 1793, continua l’Histoire littéraire de la France (XIe et XIIe vol.), ainsi que le Recueil des Historiens de France de dom Bouquet (XIIe et XIIIe vol.) ; puis s’occupa de reviser et de compléter l’Art de vérifier les dates après J.-C., qu’avait publié Clémencet en 1750 ; il donna cette nouvelle édition en 1770, 1 seul vol. in-fol. ; mais mécontent de ce travail, il le refondit tout entier et le porta à 3 vol. in-fol., qui parurent en 1783, 84, 87. Cet ouvrage, qui fait autorité en chronologie, est un des plus beaux monuments du XVIIIe siècle. Il a été réimprimé par St-Allais, en 18 vol. in-8, 1818, et continué jusqu’à nos jours par J. de Courcelles et Fortia d’Urban, 15 vol. in-8, 1821-33. Dom Clément rédigeait un travail semblable sur l’Art de vérifier les dates avant J.-C., lorsqu’il fut frappé d’apoplexie. Ce 2e ouvrage a été publié, en 1820, 5 vol. in-8 ; il est moins estimé que le précédent. Dom Clément avait été nommé en 1785 associé de l’Académie des inscriptions.

CLÉMENT (J. Marie Bernard), critique, connu par son âpreté et surnommé par Voltaire l’Inclément, né à Dijon en 1742, mort à Paris en 1812, fut d’abord professeur à Dijon, puis se livra tout entier à la polémique littéraire ; il attaqua sans ménagement Voltaire, qui en revanche l’accabla d’injures. Ayant écrit contre St-Lambert, celui-ci se vengea en le faisant emprisonner à l’aide d’une lettre de cachet. Ses principaux ouvrages sont : Observations sur les Géorgiques de Delille, sur les Saisons de Saint-Lambert, etc., Genève, 1771 ; Lettres à Voltaire, 1773-76 ; De la Tragédie ; Essai sur la manière de traduire les poëtes en vers, 1784 ; Satires, 1786. Il a en outre rédigé, à partir de 1796, le Journal littéraire et quelques autres écrits périodiques. On lui doit aussi des traductions de quelques discours de Cicéron, 1786 ; des Amours de Leucippe et Clitophon d’Achille Tatius, 1800, et une imitation en vers de la Jérusalem délivrée, 1800.

CLÉMENT DE RIS (Dominique, comte), né à Paris en 1750, mort en 1827, exerça d’abord la profession d’avocat, fut nommé en 1792 membre du directoire du départ. d’Indre-et-Loire, fit partie du comité qui