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Rome, se déshonora dès sa jeunesse par ses vices et par ses crimes, et se fit l'agent de Sylla dans les proscriptions. N'ayant pu réussir à se faire nommer consul, il tenta de faire assassiner les consuls Manlius Torquatus et Aurelius Cotta, qui avaient été ses concurrents (65 av. J.-C.). Ayant encore échoué dans sa demande l'année suiv., il forma une grande conspiration, tendant à faire périr les consuls, le sénat et à détruire Rome par le fer et le feu (63). La conspiration fut découverte par Cicéron, alors consul, qui le foudroya de son éloquence en plein sénat et le força à se démasquer. Catilina sortit aussitôt de Rome et alla en Étrurie se mettre à la tête d'une armée de ses partisans. Se voyant vaincu, il se fit tuer à Pistoria dans un dernier combat que lui livra Pétréius, lieutenant d'Antonius, collègue de Cicéron (62). L'histoire de cette conjuration a été écrite par Salluste et, de nos jours, par M. Mérimée (1844). Les Catilinaires de Cicéron y ajoutent de saisissants détails. Crébillon, dans Catilina, Voltaire, dans Rome sauvée, ont mis sur la scène la conspiration et la fin tragique de Catilina.

CATINAT (Nicolas), maréchal de France, né à Paris en 1637, m. en 1712. Il quitta dans sa jeunesse le barreau pour les armes, se forma sous Turenne, devint lieutenant général en 1688, vainquit le duc de Savoie en 1690 à Staffarde, en 1693 à Marsaille, et s'empara de la plus grande partie de ses États. Le bâton de maréchal fut le prix de ces exploits. Placé une 2e fois à la tête des troupes en Italie, il eut à combattre le prince Eugène; mais le mauvais état de l'armée, le manque d'argent et de subsistances paralysèrent ses efforts, et il éprouva quelques échecs, notamment à Carpi, ce qui le fit disgracier, 1701. Il subit en philosophe cet injuste traitement, et vécut depuis dans sa retraite de St-Gratien (près Montmorency), fuyant la cour et pratiquant toutes les vertus. Catinat avait écrit des Mémoires qui ont été publiés à Paris en 1819, 3 vol. in-8. Son Éloge a été écrit par La Harpe, 1775. Une statue lui a été érigée à St-Gratien en 1860.

CATMANDOU, v. de l'Inde, capit. du Népaul, par 27° 42' lat. N., 82° 34' long. E.; env. 38 000 h. Remarquable par le nombre de ses temples et par ses manufactures. Les Anglais y ont un représentant.

CATON (M. Porcius), surnommé l’Ancien ou le Censeur, Romain célèbre par ses vertus, né à Tusculum, l'an 234 av. J.-C., d'une famille obscure; servit d'abord sous Fabius Maximus pendant la 2e guerre punique. Nommé préteur en Sardaigne, il acheva de soumettre ce pays. Envoyé avec le titre de consul en Espagne et en Grèce (195), il mérita, par sa valeur et sa prudence, les honneurs du triomphe. Censeur huit ans après, il exerça ses fonctions avec une sévérité qui passa en proverbe, et il mérita qu'on lui élevât une statue avec cette inscription : A Caton, qui a corrigé les mœurs. Dans ses dernières années, craignant pour Rome la rivalité de Carthage, il terminait tous ses discours en disant qu'il fallait détruire cette ville : Delenda Carthago. Il mourut l'an 149 ans av. J.-C., à 85 ans. Caton s'appliqua aux sciences et aux lettres; il excellait dans la jurisprudence aussi bien que dans l'agriculture; il étudia jusque dans sa vieillesse et apprit, dit-on, le grec à 80 ans. Cependant il regardait comme dangereux certains arts de la Grèce, et il en empêcha l'introduction à Rome. (V. CARNÉADE). On reproche à ce sage païen son goût pour le vin et son avarice. Caton laissa en mourant un grand nombre de lettres, des harangues, un ouvrage intitulé : Origines romaines, et quelques écrits secondaires. Il ne reste de lui qu'un petit traité intitulé De re rustica, trad. par Saboureux de La Bonneterie, 1771, et dans la collection Nisard, et quelques fragments, réunis par Lion, Gœtt., 1826, et par H. Jordan, Leipsick, 1859. Cornélius Nepos et Plutarque ont écrit sa Vie.

CATON (M. Porcius), surnommé d'Utique, arrière petits-fils du préc., né en 93 av. J.-C., montra de bonne heure une âme ferme et courageuse. Amené à 14 ans au palais de Sylla, et apercevant les têtes sanglantes des proscrits, il demanda un poignard, afin, dit-il, d’affranchir Rome de son tyran. Lors de la conjuration de Catilina, il appuya les mesures de rigueur proposées par Cicéron. Tout en se défiant de Pompée, il s'opposa de tout son pouvoir à l'ambition de César, et vota contre la mesure qui donnait à ce dernier le commandement des Gaules pour cinq ans, disant aux sénateurs qu'ils se décrétaient un tyran pour l'avenir. Pendant la guerre civile, il se prononça pour Pompée, et remporta quelques avantages sur les troupes de César à Dyrrachium. A la nouvelle de la défaite de Pharsale, et peu après l'assassinat de Pompée, il rassembla les débris de l'armée républicaine et se rendit en Afrique, où Q. Métellus Scipion, à la tête de quelques troupes, sa préparait à résister à César; mais Métellus ayant été battu à Thapse, Caton ne voulut pas survivre à la liberté : il s'enferma dans Utique et s'y perça de son épée. On dit qu'avant de se frapper il lut et médita le Phédon, dialogue où Platon traite de l'immortalité de l'âme. Caton était attaché à la doctrine du stoïcisme, qui s'accordait bien avec l'austérité de son caractère. Plutarque a écrit sa Vie. Addison a pris la Mort de Caton pour sujet d'une tragédie célèbre.

CATON (Valérius), poëte latin, qui vivait au temps de Sylla, fut dépouillé de son patrimoine sous ce dictateur et composa à ce sujet, sous le titre de Diræ (Imprécations), un poëme où il maudit les ravisseurs, et qui a été quelquefois attribué à Virgile. Ce poëme se trouve dans les Poetæ minores de Wernsdorf, et a été trad. par M. Cabaret, 1842.

CATON (Dionysius), auteur latin, qui vivait vers le IIIe siècle de notre ère, a laissé 4 livres de Distiques moraux qui ont obtenu beaucoup de vogue au moyen âge. Ils ont eu un grand nombre d'éditions et ont été traduits dans toutes les langues de l'Europe. Les éditions les plus estimées des Distiques sont celles d'Othon Arntzénius, cum notis variorum, Amsterdam, 1754, et de Zarnke, Leips., 1852. Ils ont été traduits en 1533 sous ce titre : Les Mots et sentences dorés de maître de sagesse Caton, et réimprimés en 1798 par M. Boulard. M. J. Chenu les a traduits de nouveau en 1843, dans la collection Panckoucke. M. J. Travers les a mis envers, Caen, 1837.

CATORCE, la plus riche mine d'argent du Mexique, à 170 k. N. de San-Luis-Potosi; longtemps elle a produit par an près de 20 000 000 de francs.

CATROU (le P.), jésuite, né à Paris en 1659. mort en 1737, s'est fait un nom comme critique. Il fonda en 1701 le Journal de Trévoux, où il rendait compte des ouvrages nouveaux, et en fut pendant douze ans le principal rédacteur. On a de lui : Histoire du Mogol, 1705; Histoire du fanatisme protestant, 1733; Histoire romaine, en 21 vol. in-4, 1725-37. Ces histoires ne sont guère que des gazettes. Catrou a aussi traduit Virgile, mais sans plus de succès.

CATTARO, v. et port des États autrichiens (Dalmatie), ch.-l. de cercle, à 60 k. S. E. de Raguse; 3000 hab. Beau port sur le golfe de Cattaro; rade sûre ; château sur le roc inaccessible de la Pella. Évêché. Commerce actif. Cattaro est entouré de montagnes si hautes qu'en hiver à peine voit-on le soleil dans cette ville. — Fondée au VIe siècle, souvent ruinée par les tremblements de terre, notamment en 1563 et 1667. Longtemps république indépendante, elle se soumit à Venise en 1420; elle passa entre les mains de l'Autriche en 1797; elle appartint à la France de 1805 à 1814, époque à laquelle elle retourna à l'Autriche. — Le cercle de Cattaro, entre la Turquie d'Europe et l'Adriatique, a 88 k. sur 22; 40 000 h., du rit grec. Ce cercle est coupé en deux par les bouches du Cattaro. Il est montueux, boisé, et très-fertile; il produit des vins excellents.

CATTARO (golfe et bouches du), petit golfe de l'Adriatique, sur la côte mérid. de la Dalmatie, a 130 k. de tour; deux écueils le divisent en trois parties ou