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l'observation de la nature à l'imitation des meilleurs maîtres. Bientôt il appliqua lui-même ce principe dans un magnifique tableau : la Prédication de S. Jean-Baptiste. Les plus beaux tableaux de Louis sont à Bologne. Le Musée du Louvre possède l'Apparition de la Vierge et de l'enfant Jésus à S. Hyacinthe, l'Annonciation, la Nativité, la Vierge et l'enfant Jésus, et Jésus mort sur les genoux de sa mère. L. Carracne excelle par l'élévation et le grandiose, mais laisse à désirer relativement à la couleur et au dessin. — Augustin C., né à Bologne en 1558, mort à Parme en 1601, s'est surtout illustré par un tableau de la Communion de S. Jérôme (au Louvre), regardé comme un chef-d'œuvre. Augustin aida son frère Annibal dans une partie des travaux de la galerie Farnèse. Il est également célèbre comme graveur; enfin, il composa pour l'Académie de Bologne un Traité de perspective et d'architecture. — Annibal C., frère du préc., né à Bologne en 1560, mort à Rome en 1609, est regardé comme le plus grand peintre de sa famille. Ses principaux ouvrages sont : S. Roch distribuant ses richesses aux pauvres (à Dresde), les peintures du palais Farnèse, le tableau du Silence, l'Apparition de la Vierge à S. Luc, la Résurrection, le Martyre de S. Étienne. Le style d'Annibal est surtout remarquable par le grandiose, l'élévation et la noblesse. — Antoine C., fils d'Augustin, eut aussi de la réputation : le Louvre possède de lui un bon tableau du Déluge.

CARRARA ou CARRARE, ville forte de l'anc. duché de Modène, gouvernement de Massa, à 5 k. N. O. de Massa, sur l'Avenza; 6000 h. Célèbre par ses magnifiques carrières de marbre blanc. On y voit une grotte à stalactites très-curieuse.

CARRARA (principauté de MASSA-ET-). V. MASSA.

CARRARE, Carrara en italien, famille guelfe, qui exerça pendant plus d'un siècle le pouvoir souverain à Padoue. En 1318, Jacques C. fut déclaré chef de la république de Padoue; mais il fut forcé pendant tout son règne de combattre pour maintenir sa souveraineté. Il fut même obligé de la partager avec Frédéric, duc d'Autriche, pour obtenir de lui des secours contre Cane della Scala, seigneur de Vérone. — Son neveu et successeur, Marsilio C., attaqué par un de ses oncles, transféra entièrement à Cane della Scala la seigneurie de Padoue, en ne conservant dans la ville qu'un pouvoir administratif (1328). Il parvint cependant, en 1337, avec l'aide des républiques de Florence et de Venise, à recouvrer sa souveraineté. Il mourut en 1338. — Il eut pour successeur son neveu Ubertino, qui fut confirmé dans sa souveraineté par la famille della Scala, et régna en paix jusqu'à l'an 1345. — Marsilietto C., parent éloigné d'Ubertino, fut désigné par ce prince pour lui succéder; mais à peine avait-il été reconnu seigneur de Padoue, qu'il fut assassiné par Jacques II, neveu de Jacques I. — Jacques II fut reconnu par le peuple, gouverna avec assez de sagesse, mais périt bientôt lui-même assassiné par un bâtard d'un de ses oncles (1350). — Giacomino C., frère du préc., fut proclamé seigneur de Padoue, conjointement avec son neveu François, fils de Jacques II. Pendant cinq ans ils maintinrent entre eux la meilleure harmonie, et l'État prospéra par leurs soins réunis; mais au bout de ce temps, François, informé que son oncle avait formé le projet de le faire assassiner, le prévint en l'arrêtant lui-même (1355), et en le renfermant dans une forteresse où il mourut en 1372. François fit la guerre aux Vénitiens : d'abord battu et forcé de payer tribut (1372), il eut plus de succès en 1378; il faillit alors causer la ruine de Venise, et se fit relever de toutes les conditions onéreuses qui lui avaient été imposées par le précédent traité. Cependant, en 1388, il fut vaincu par Galéas Visconti, et contraint de lui livrer Padoue et Trévise. Il fut lui-même enfermé dans un château fort, et y mourut en 1393. — Son fils, François II, parvint en 1390, avec l'aide des Vénitiens et des Florentins, à rentrer dans Padoue; mais attaqué peu après et vaincu par ces mêmes Vénitiens, il fut conduit à Venise, et étranglé dans sa prison, avec deux de ses fils (1406). — Il laissa deux autres enfants dont le dernier, après avoir servi contre les Vénitiens, fut aussi fait prisonnier et eut la tête tranchée en 1435. En lui finit la maison de Carrare.

CARRÉ DE MONTGERON. V. MONTGERON.

CARREL (Armand), écrivain politique, né à Rouen en 1800, d'une famille de commerçants, servit quelque temps comme sous-lieutenant, passa en Espagne en 1823, et s'enrôla dans un bataillon français qui combattait pour les Cortès; fut pris et traduit devant un conseil de guerre, et n'échappa qu'avec peine à une condamnation capitale (1824); fonda au commencement de 1830, avec MM. Thiers et Mignet, le National, feuille qui dès son apparition exerça une grande influence sur l'opinion; devint après la révolution de Juillet le rédacteur en chef de ce journal, et y professa ouvertement les doctrines républicaines. Il eut par suite à soutenir plusieurs procès de presse, dont un en 1834, devant la Cour des Pairs : il se défendit lui-même et montra une grande hardiesse. Il périt de la manière la plus malheureuse en 1836, tué dans un duel politique. Carrel exerçait un grand empire sur son parti : seul peut-être il eût pu le discipliner; il a mérité l'estime de ses adversaires mêmes par la loyauté de son caractère. Outre ses articles de journaux, on a de lui : Résumé de l'histoire des Grecs modernes, 1823 ; Histoire de la contre-révolution en Angleterre, 1827; Essai sur la vie et les écrits de Paul Louis Courier (en tête des Œuvres de cet écrivain). MM. Littré et Paulin ont publié en 1857-58 ses Œuvres politiques et littéraires, avec une Notice biographique.

CARREY, compositeur anglais. V. CAREY (H.).

CARRHES, Carrhæ en latin, Haran et Charan dans la Bible, auj. Harran, v. de Mésopotamie, au S. d'Édesse, célèbre par le séjour d'Abraham, par la défaite de Crassus (53 av. J.-C.) et de Galère, 296.

CARRICK, anc. division de l’Écosse, dans le comté d'Ayr, au S., sur le golfe de la Clyde; 53 k. sur 35; 21 500 hab. Villes principales, Maybole et Girvan. Mines de fer et de houille : carrières de blind-coal, bois fossile. Les fils aînés des rois d’Écosse portaient le titre de comtes de Carrick.

CARRICK, v. d'Irlande, dans le comté de Tipperary, sur le Suir, à 22 kil. N. O. de Waterford; 11 000 h.. Aux environs, magnifique château de Curraghmore, au marquis de Waterford. — V. d'Irlande (Connaught), sur le Shannon, ch.-l. du comté de Leitrim; 2000 h. — CARRICK-FERGUS, v. d'Irlande (Antrim), à 26 k. E. d'Antrim, sur la baie de Carrick-Fergus; 8700 h. Château fort et prison. C'était jadis la ville maritime la plus considérable de l'Irlande sept. Industrie assez active; pêche. Prise en 1315 par Robert Bruce, en 1760 par le Français Thurot.

CARRIER (J. B.), l'un des hommes les plus sanguinaires de la Révolution, né en 1756 près d'Aurillac, était procureur avant 1789. Il fut en 1792 nommé député à la Convention, et fut en 1793 envoyé en mission dans l'Ouest, où la guerre civile était dans toute sa fureur. Carrier rappela par ses cruautés les temps de Néron : il fit construire des bateaux à soupape qui noyaient cent personnes à la fois ; il inventa ces horribles exécutions, qu'il nommait mariages républicains, et qui consistaient à garrotter ensemble un homme et une femme qu'on précipitait dans la Loire; on évalue ses victimes à 12 000. Ce monstre fut traduit devant le tribunal révolutionnaire, condamné à mort et exécuté le 16 décembre 1794.

CARRIÈRES (Le P. Louis de), prêtre de l'Oratoire, né près d'Angers en 1662, m. en 1717, avait d'abord été militaire. On lui doit une traduction estimée de la Bible, avec un Commentaire littéral, Paris, 1701-16, 24 vol. in-12; 1750, 6 vol. in-4; et 1788, 10 vol. in-12. Elle a été reproduite dans la Bible de Vence.

CARRION DE CALATRAVA, v. d'Espagne (Manche),