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lacs, des grottes fameuses; elle est arrosée par la Save et ses affluents. Riches mines de fer, d'argent, de plomb et surtout de mercure (à Idria). Salines sur les côtes. — La Carniole doit son nom à ses anciens habitants, les Carni; elle appartint successivement aux Romains, aux Hérules, aux Ostrogoths, aux Lombards, aux Venèdes, à Charlemagne; elle faisait, sous ce dernier, partie du duché de Frioul et du roy. d'Italie. Othon le Grand l'annexa à l'Allemagne et en fit une Marche du duché de Carinthie. Plus tard, les 4 maisons de Gœrz, de Méranie, de Carinthie et d'Autriche se la partagèrent; mais dès 1336 l'Autriche était devenue maîtresse de la Carniole tout entière. En 1809, cette puissance fut forcée de la céder à la France, mais elle la recouvra en 1814.

CARNIQUES (ALPES). V. ALPES.

CARNOT (Lazare Nicolas Marguerite), né à Nolay (Côte-D'or), en 1753, mort en 1823, était capitaine du génie lorsqu'éclata la Révolution, lien adopta les principes, fut en 1791 député à l'Assemblée législative, et en 1792 à la Convention. Membre du comité militaire, il fit décréter l'armement d'une nombreuse garde nationale et le licenciement de la garde du roi. En 1793, envoyé comme inspecteur à l'armée du Nord, il destitua le général Gratien, accusé d'avoir reculé sur le champ de bataille, se mit lui-même à la tête des colonnes françaises, et contribua puissamment à la victoire de Wattignies, gagnée par Jourdan. Élu, la même année, membre du Comité de salut public, il s'y occupa exclusivement des opérations militaires et eut la plus grande part aux succès de nos armes; il mérita qu'on dît de lui qu’il avait organisé la victoire. En 1795, il fut l'un des Directeurs; mais il se trouva bientôt en opposition avec Barras, fut proscrit et se retira en Allemagne. Rappelé par le premier Consul après le 18 brumaire, il reçut le portefeuille de la guerre, qu'il conserva jusqu'à la conclusion de la paix, après les batailles de Marengo et de Hohenlinden. Élu tribun en 1802, il vota contre le consulat à vie, puis contre la création de l'Empire. Il resta sans emploi jusqu'après la campagne de Russie : à cette époque malheureuse, il offrit généreusement son épée à Napoléon. La défense d'Anvers lui fut confiée : il s'y maintint longtemps, et ne consentit à remettre la place que sur les ordres du comte d'Artois. Pendant les Cent-Jours il fut ministre de l'intérieur, et après la 2e abdication de Napoléon, fit partie du gouvt provisoire. Exilé à la Restauration, il se retira à Varsovie, puis à Magdebourg, où il consacra le reste de ses jours à l'étude. On lui doit, entre autres écrits, un Éloge de Vauban, couronné par l'Académie de Dijon, 1784; Essai sur les machines, 1786; Métaphysique du calcul infinitésimal, 1797; Géométrie de position, 1803; De la défense des places fortes, 1809. On a aussi de lui un célèbre Mémoire adressé au roi en juillet 1814, où il censurait la marche suivie par le ministère. Carnot était de l'Institut depuis sa fondation; Arago a lu devant cette compagnie sa Notice historique en 1850. Anvers lui a érigé une statue (1857). Des Mémoires sur Carnot ont été publ. par son fils en 1862.

CARNOT (Joseph), frère aîné du préc., né à Nolay (CÔte-d'Or) en 1752, mort à Paris en 1835, se distingua comme jurisconsulte et fut appelé à la Cour de cassation dès sa création. On a de lui des Commentaires sur le Code d'instruction criminelle, 1812 et 1830, et sur le Code pénal, 1823 et 1826. Nommé en 1831 membre d'une commission chargée de reviser notre code criminel, il put y faire admettre une partie des idées qu'il avait constamment défendues. Il fit partie de l'Académie des sciences morales dès son rétablissement (1832). M. Bérenger a prononcé son Éloge devant cette compagnie en 1835.

CARNUTES, peuple de la Gaule (Lyonnaise 4e), entre les Aureliani, les Senones, les Parisii et les Cenomani; ch.-l., Autricum ou Carnutes (Chartres).

CARO (Annibal), littérateur italien, né en 1507 à Citta-Nova, dans la Marche d'Ancône, mort à Rome en 1566, fut secrétaire de P. L. Farnèse, duc de Parme et de Plaisance, puis des cardinaux Ranuccio et Alexandre, frères du duc, qui le comblèrent de bienfaits, et lui procurèrent une commanderie de l'ordre de St-Jean de Jérusalem. On lui doit une trad. en vers blancs de l’Énéide, regardée comme un chef-d'œuvre, Venise, 1581; un Recueil de poésies, 1569, 1572; des trad. de la Rhétorique d'Aristote, de la Pastorale de Longus, etc. Ses Œuvres ont été réunies à Venise, 1757, 6 vol. in-8, et à Milan, 1806 et 1829,-8 vol. in-8. Ses Lettres ont été publiées postérieurement.

CAROLINA (LA), v. d'Espagne (Jaen), ch.-l. des colonies établies en 1767 par Olavidès dans la Sierra-Morena, à 35 kil. N. E. d'Andujar; 3000 hab.

CAROLINA (LEX), loi de l'empire germanique rendue en 1532, sous Charles-Quint, dont elle reçut le nom, réglait la procédure criminelle dans toute l'Allemagne et mettait un ferme à l'arbitraire qui régnait dans cette partie de l'administration. Entre autres dispositions, elle prescrivait la publicité des débats et la publication des jugements.

CAROLINE, contrée de l'Amérique sept., entre la Virginie au N. et la Géorgie au S., se divise en 2 parties, dont chacune forme un des États de l'Union.

CAROLINE SEPTENTRIONALE (North-Carolina), sur l'Océan Atlantique, au S. de la Virginie, par 77° 50'-86° 15' long. O.; 700 kil. sur 220; env. 990 000 h. dont 320 000 esclaves. Elle comprend 68 comtés, et a pour ch.-l. Raleigh. Sol bas et marécageux sur les côtes; montagnes et plaines sablonneuses à l'O. Riz, maïs et grains divers, chanvre, énormes forêts de pins. Climat malsain.

CAROLINE MÉRIDIONALE (South-Carolina), sur l'Atlantique, entre la Caroline septentrionale au N. et la Géorgie au S. O., par 80° 55'-85° 35' long. O., 32° 2'-35° 10' lat. N. : 415 kil. sur 260; 700 000 hab., dont 400 000 esclaves. Elle comprend 30 comtés, Colombia est le siége du gouvt; mais la ville la plus importante est Charleston. Plusieurs chemins de fer. Marais, forêts de pins à résine; sol très-fertile, surtout en coton, en riz, maïs, tabac, indigo, etc.: le riz et le coton de la Caroline sont des plus estimés.

La Caroline du N., longtemps connue sous le nom d’Albemarle, fut découverte en 1512 par l'Espagnol Ponce de Léon; ce pays fut concédé en 1584 par Élisabeth à W. Raleigh, qui tenta, mais sans succès, d'y former un établissement. En 1562, le Français Jean de Ribault, envoyé par Charles IX, s'établit dans la Caroline du Sud, et donna au pays le nom de Caroline, en l'honneur de ce roi; mais en 1565 les Espagnols surprirent la colonie française et la massacrèrent. Quelque temps après, Dominique de Gourgues fut envoyé avec trois vaisseaux pour venger sur les Espagnols le massacre des Français, mais il n'essaya pas de relever la colonie. En 1663, quelques Anglais s'y établirent et y formèrent des établissements privés; en 1729 ils en cédèrent la propriété au gouvt anglais qui divisa tout le pays en deux États, et qui le posséda jusqu'à la déclaration d'indépendance, 1775. Locke avait donné en 1670 une constitution à la Caroline; mais cette constitution ne put être appliquée. Celle qui régit auj. ce pays date de 1790. Les deux Carolines se sont séparées de l'Union en 1861.

CAROLINE DE BRUNSWICK (Amélie Élisabeth), reine d'Angleterre, fille de Ch. Guill. Ferdinand, duc de Brunswick, née à Brunswick en 1768, morte en 1821, fut mariée en 1795 à George Fréd. Auguste, alors prince de Galles (depuis roi sous le nom de George IV), et eut de cette union, l'année suivante, la princesse Charlotte. Peu après la célébration du mariage, les deux époux se séparèrent d'un commun accord. La conduite de Caroline après cette séparation donna lieu à de graves soupçons et par suite à des débats scandaleux. Deux fois son mari lui intenta une accusation publique d'adultère (1806 et 1820); et lorsqu'il fut monté sur le trône, 1820, il ne permit point qu'elle partageât son titre ni