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Brunswick en 1763, mort en 1821, professa la philosophie à Gœttingue dès 1787, puis à Moscou, et enfin à Brunswick. On lui doit, entre autres ouvrages : Traité de l'histoire de la philosophie et d'une bibliographie critique de cette science, Gœttingue, 1796-1804, 8 vol. in-8; Histoire de la philosophie moderne jusqu'à Kant, 1800-1805, 10 vol. in-8; et une traduction allemande de Sextus Empiricus. Il avait entrepris une édition complète d'Aristote; mais il n'en a paru que l’Organon, la Poétique et la Rhétorique, Deux-Ponts, 5 vol. in-8, 1792, et ann. suivantes. Son Histoire de la philosophie moderne est précieuse pour les renseignements, mais elle manque de clarté, de proportion et d'intérêt : elle a été trad. en français par A. J. L. Jourdan, Paris, 1816, 7 vol. in-8. Elle est à l’Index à Rome.

BUIRON-FOSSE, bourg du dép. de l'Aisne, à 15 k. N. O. de Vervins; 1600 h. Saboteries. Philippe VI et Édouard III s'y rencontrèrent le 23 oct. 1339, mais Édouard déclina le combat.

BUIS (le), Buxum, ch.-l. de cant. (Drôme), sur l'Ouvèse, à 14 kil. S. E. de Nyons ; 2033 h. Chapeaux, tanneries, filatures de soie. Jadis ch.-l. des Baronnies.

BUIUKDÉREH (c.-à-d. Grande vallée), village de Turquie (Roumélie), sur le canal de Constantinople, à 18 k. N. E. de Constantinople; 1800 h. Maisons de campagne qu'habitent surtout les ambassadeurs.

BUKOWINE, c.-à-d. forêt rouge, province des États autrichiens, bornée au N. et à l'O. par la Galicie, au S. O. par la Hongrie et la Transylvanie, au S. et à l'E. par la Moldavie, au N. E. par la Russie; 360 000 h. Villes principales : Czernowitz (ch.-l.), Soutchava et Sereth. — La Bukowine faisait jadis partie de la Moldavie; elle en a été distraite en 1777 et réunie à la Galicie. Depuis 1786, elle forme le cercle de Czernowitz. V. CZERNOWITZ.

BULGARES, peuple de la famille ouralienne, habita d'abord les rives du Volga, d'où ils paraissent tirer leur nom, et où une ville de Bolgari témoigne encore de leur séjour. Chassés des bords du Volga vers 475, époque où ils sont mentionnés pour la 1re fois par les historiens, ils s'établirent sur la mer Noire et la mer d'Azov, puis s'avancèrent jusqu'au Danube (487), et de leur nouvelle demeure, ils dirigèrent de fréquentes incursions contre l'empire grec. De 560 à 634, ils furent soumis aux Avares. En 667, les 5 fils de Kouvrat, un de leurs chefs, se partagèrent ses États, et Asparuch, l'un d'eux, passa le Dnieper, le Dniester, et se fixa sur les bords du Pruth. En 679, ils occupèrent la Basse-Mésie et y fondèrent un roy. qui dura près de trois siècles, mais qui devint tributaire des Russes en 968 et fut bientôt après réuni à l'empire grec par Jean Zimiscès. En 980, Sisman fonda en Macédoine un 2e royaume bulgare, et Jean Wladislaw, un de ses successeurs, y joignit la Servie ; mais l'empereur Basile II, après une guerre de 37 ans, renversa en 1018 ce nouvel État : 15 000 Bulgares faits prisonniers dans cette guerre eurent les yeux crevés. En 1186 commença un 3e roy. bulgare dit valaque-bulgare ou valaque-cuman : il se composait de la partie de la Bulgarie au S. du Danube : il eut 5 rois, Calopierre, Asan I, Joannice, Jean Asan II, Sisman. Ce roy. finit en 1396 par la mort du roi Sisman, que fit tuer le sultan Bajazet I. Féroces, sans lois, les anciens Bulgares abandonnaient l'agriculture aux femmes, et ne s'occupaient que de chasse, de guerre, de l'éducation des bestiaux et du commerce de pelleteries. Les Bulgares avaient embrassé le Christianisme dès 861. Ils suivent le rit grec.

BULGARIE, Mœsia inferior, prov. tributaire de la Turquie d'Europe, ainsi nommée parce qu'elle a été longtemps le siége des Bulgares, a pour bornes au N. le Danube, qui la sépare de la Valachie ; au S. les Balkhans, qui la séparent de l'anc. Thrace; à l'O. le Timok, qui la sépare de la Servie; à l'E. la mer Noire. Elle a 530 k. sur 120, et compte env. 4 millions d'hab. Sa capit., au temps des Bulgares, était Pereiaslavl. Auj. les principales villes sont Sophia, qu'on regarde comme la capit., Choumla, Varna, Nicopolis, Viddin, Routchouk, Silistri, Bazarjik, Baltchik, Rassova, etc. Sol montueux, climat salubre; grandes forêts; beau bétail, bons chevaux; beaucoup de grains. — Pour l'hist., V. BULGARES.

BULGNÉVILLE, ch.-l. de c. (Vosges), à 21 kil. S. E. de Neuchâteau; 970 hab. René d'Anjou, duc de Bar, y fut battu et pris en 1431 par Ant. de Vaudemont, qui lui disputait la Lorraine.

BULL (John), qu'on prononce Djonn Boule, sobriquet du peuple anglais, veut dire Jean le Taureau et semble désigner la force que s'attribue la nation.

BULLANT (Jean), sculpteur et architecte de Paris, né vers 1510, mort en 1578, apprit son art en Italie. Le château d'Écouen, qu'il bâtit sous François I, en 1545, celui des Tuileries, 1564, et l'hôtel de Soissons, qu'il éleva avec Philibert de Lorme sous Catherine de Médicis en 1572, ont établi sa réputation. Il se distingua aussi comme sculpteur : on lui doit le mausolée d'Anne de Montmorency, ainsi que le tombeau de Henri II et de Catherine de Médicis, aujourd'hui à St-Denis. Il a laissé la Règle générale d'architecture, Paris, 1568.

BULLES des papes, rescrits des souverains pontifes, ainsi nommées de la bulle ou boule de plomb qu'on y laisse attachée pour leur servir de sceau. On les désigne souvent d'après les mots par lesquels elles commencent. On en distingue de plusieurs sortes, selon leur destination ; les principales sont : les bulles d'excommunication et les bulles doctrinales, qui prononcent sur des points de doctrine. — Parmi les premières on remarque la bulle In Cœna Domini, ainsi nommée parce qu'on la lisait publiquement à Rome tous les ans le jour de la Cène (jeudi saint) : elle prononce une excommunication générale contre tous les hérétiques, les contumaces et les ennemis du Saint-Siége (elle fut rendue par Paul III en 1536; Clément XIV en supprima la lecture en 1770); les bulles rendues contre les rois de France Robert le Pieux, 998, Philippe I, 1095, Philippe-Auguste, 1200, Philippe le Bel, 1296 et 1301 (ces deux dernières sont dites : Clericis laicos et Ausculta, fili); celle par laquelle Grégoire VII défendit aux prélats de recevoir l'investiture des princes séculiers, et qui devint le principe de la fameuse querelle des investitures (1074); celles qui frappèrent les empereurs Frédéric I, 1160, Frédéric II, 1227 et 1246, le roi de Naples Mainfroi, 1263, Louis de Bavière, 1327 et 1346; la bulle dite Execrabilis, par laquelle Pie II défend les appels au futur concile, 1460; celle par laquelle Clément VII condamna le divorce de Henri VIII, 1530, et qui fut le prétexte du schisme d'Angleterre; le bref par lequel Paul IV défend aux Catholiques d'Angleterre de prêter le serment d'allégeance, 1606; enfin la bulle que le pape Pie VII lança, le 10 juin 1809, contre l'empereur Napoléon, sans toucher toutefois aux droits politiques du souverain : on sait qu'elle fut suivie de la captivité du pape. — Parmi les bulles doctrinales, on remarque la bulle de Grégoire XI contre les erreurs de Wiclef, 1377; celle de Léon X contre Luther, dite Exsurge, Domine; la bulle dite Cum occasione, par laquelle Innocent X condamna les cinq fameuses propositions de Jansénius, 1653 ; celle de 1665, pour prescrire un formulaire qui contenait une adhésion à la condamnation de Jansénius, et que tous les ecclésiastiques étaient forcés de signer; enfin la bulle ou constitution dite Unigenitus, rendue en 1713 par Clément XI à la demande des évêques de France et qui condamnait 101 propositions extraites d'un livre du P. Quesnel, prêtre de l'Oratoire et janséniste : cette dernière bulle fut l'occasion de longs troubles en France. D'après le Concordat de 1801, les bulles ne sont exécutoires qu'après enregistrement par le conseil d'État. — Il a été publié divers recueils des bulles des papes. Le plus complet est le Bullarium magnum, imprimé à Rome de 1733 à 1748, en 14 vol.