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bourg, construit en 1725 par Clément-Auguste de Bavière, auj. détruit. Mazarin se retira à Bruhl lorsqu'il fut exilé en 1651.

BRUHL (Henri, comte de), premier ministre et favori d'Auguste III, électeur de Saxe et roi de Pologne, né en 1700, mort en 1764, s'est rendu tristement célèbre par les malheurs que la Saxe et la Pologne essuyèrent sous son administration, ainsi que par son faste et ses prodigalités. Il a laissé à la ville de Dresde une collection de 62 000 volumes.

BRUIX (Eustache), amiral français, né en 1759 à St-Domingue, mort en 1805, fit avec distinction la campagne d'Amérique, fut exclu du service en 1793 avec tous les officiers de l'ancien corps de marine ; mais se fit rappeler dès 1794, devint peu après major général de la marine à Brest, puis contre-amiral et enfin ministre de la marine, 1798. Vice-amiral l'année suivante, il réussit presque miraculeusement à sortir de Brest qui était bloqué par les Anglais, gagna la Méditerranée et ravitailla Gênes où Masséna était bloqué. Nommé amiral en 1803, il devait commander la flottille rassemblée à Boulogne pour faire une descente en Angleterre, mais le délabrement de sa santé l'en empêcha et il mourut peu après.

BRULON, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 39 kil. N. O. de La Flèche; 1228 hab.

BRUMAIRE (le 18) an VIII, journée mémorable dans laquelle le général Bonaparte renversa le Directoire, peu après son retour d’Égypte. Soutenu par les hommes les plus éclairés et les plus influents de l'époque, il obtint la démission de 4 des Directeurs et fit transférer les Conseils de Paris à St-Cloud. Le lendemain, ayant rencontré quelque résistance au Conseil des Cinq-Cents, il fit évacuer par une compagnie de grenadiers la salle où délibérait ce Conseil, puis il forma, avec Sieyès et Roger-Ducos, un nouveau gouvernement sous le nom de Consulat provisoire. Ces journées répondent aux 9 et 10 novembre 1799.

BRUMATH ou BRUMPT, ville d'Alsace-Lorraine, 17 kil. N. O. de Strasbourg; 4545 hab. Station.

BRUMOY (Pierre, dit le Père), savant jésuite, né à Rouen en 1688, mort en 1742, vint de bonne heure à Paris, fit l'éducation du prince de Talmont, travailla au Journal de Trévoux, fut chargé de continuer l’Histoire de l'église gallicane, commencée par Longueval et Fontenay (il en rédigea les vol. XI et XII), et se fit connaître avantageusement par plusieurs autres publications historiques et littéraires. La plus importante est le Théâtre des Grecs, contenant des traductions et des analyses des tragiques grecs, avec de savantes remarques, 1730, 3 vol. in-4, et 1747, 6 vol. in-8. Cet ouvrage a été publié de nouveau, avec de grandes améliorations, par MM. Rochefort et Laporte-Dutheil, Prévost et Brottier, 1785-89, 13 vol. in-8, et par Raoul Rochette, 1825, 16 vol. On a encore de Brumoy un Recueil de diverses pièces en prose et en vers, où l'on remarque deux poëmes latins, l'un sur les Passions, l'autre sur la Verrerie.

BRUNCK (Rich. Fr. Phil.), helléniste français, né à Strasbourg en 1729, mort en 1803, fut commissaire des guerres, puis receveur des finances, et ne commença que vers l'âge de 30 ans à cultiver la littérature grecque, à laquelle il a rendu d'éminents services. On lui doit un grand nombre d'éditions estimées. Les principales sont : Analecta veterum poetarum græcorum, 3 vol. in-8, Strasbourg 1776 : c'est une édition de l’Anthologie beaucoup plus complète que les précédentes; Anacréon, 1778 et 1786; Apollonius de Rhodes, 1780 ; Aristophane, 1783; les Gnomiques, 1784; Sophocle, 1786 et 1789 : ce dernier travail est son chef-d'œuvre. On reproche à Brunck trop de hardiesse dans ses corrections.

BRUNDISIUM ou BRUNDUSIUM. V. BRINDES.

BRUNE (G. M. A.), maréchal de l'Empire, né en 1763 à Brive-la-Gaillarde, mort en 1815, était fils d'un avocat au présidial de sa ville natale. Il adopta avec ardeur les principes de la Révolution, se lia avec Danton et se fit d'abord connaître par quelques écrits politiques. Ayant pris du service en 1793, il devint bientôt général de brigade. Il se distingua à la bat. d'Arcole (1796), fut envoyé en 1799 en Hollande, battit les Anglo-Russes à Bergen, à Castricum, reprit le Helder, força l'ennemi, par la capitulation d'Alkmaer, à évacuer la Hollande, fut envoyé de là dans la Vendée, qu'il pacifia (1800), puis en Italie, où il se couvrit de gloire, força le passage du Mincio (15 déc. 1800), et fut nommé maréchal à l'avénement de Napoléon (1804). Chargé en 1807 du gouvernement des villes hanséatiques, il prit Stralsund; néanmoins il encourut peu après une disgrâce. Quand Napoléon revint de l'île d'Elbe, il lui offrit ses services et fut chargé d'un commandement dans le Midi. Peu après la bataille de Waterloo, il fut assassiné à Avignon par la populace royaliste ameutée : ce crime resta impuni. Brive lui a érigé une statue (1841).

BRUNEHAUT, reine d'Austrasie, née en 534, était fille d'Athanagilde, roi goth d'Espagne, et épousa en 566 Sigebert, roi d'Austrasie. Voulant venger sa sœur Galsuinte, femme de Chilpéric, roi de Neustrie, qui était devenue victime des intrigues de Frédégonde, elle fit déclarer la guerre par Sigebert au roi de Neustrie ; elle allait s'emparer de la personne du roi, quand Frédégonde fit assassiner Sigebert à Vitry-sur-Scarpe (575). Devenue elle-même prisonnière de son ennemie, elle ne s'échappa qu'à la faveur de l'amour qu'elle sut, dit-on, inspirer à Mérovée, fils de Chilpéric. Brunehaut gouverna l'Austrasie sous la minorité de Childebert, son fils, et de Théodebert, son petit-fils. Chassée d'Austrasie par une sédition, elle se réfugia en Bourgogne, auprès d'un autre de ses petits-fils, Thierri II, et exerça dans ce pays une grande influence. Clotaire II, fils de Chilpéric et de Frédégonde, devenu roi de toute la monarchie en 613, se fit livrer Brunehaut, et la mit à mort en la faisant attacher par les cheveux à la queue d'un cheval indompté. Les historiens portent sur cette reine les jugements les plus contradictoires, mais tous s'accordent à louer la beauté de sa personne et la supériorité de son esprit. Elle avait essayé d'introduire chez les Francs les arts et les formes administratives des Romains. On voit en Belgique, en Flandre et en Bourgogne différents ouvrages, notamment de belles chaussées, qui portent encore le nom de Brunehaut; mais la plupart sont plutôt l'œuvre des Romains que de la reine d'Austrasie. On doit à M. Flobert une Étude sur Brunehaut, 1860.

BRUNEL (Marc Isambert), ingénieur français, né en 1769 à Hacqueville (Eure), m. à Londres en 1849, montra de bonne heure un goût instinctif pour la mécanique, servit quelque temps dans la marine française; émigra en 1793, résida six ans aux États-Unis, où il exécuta d'importants travaux, notamment le Théâtre de New-York, alla en 1799 se fixer en Angleterre, y inventa et y appliqua plusieurs machines ingénieuses qui l'enrichirent promptement, entre autres une machine à fabriquer les poulies pour la marine, une scierie de bois d'acajou et de marqueterie, un moulin à scier pour l'arsenal de Chatham, et mit le sceau à sa renommée en formant et exécutant le hardi projet d'un tunnel sous la Tamise : conçus dès 1819, ses plans ne commencèrent à être mis à exécution qu'en 1824; le travail ne fut terminé qu'en 1842. Élu dès 1813 membre de la Société royale de Londres, Brunel en devint en 1833 le vice-président. Il était correspondant de l'Institut. — Son fils, né à Portsmouth en 1806, mort en 1859, le seconda dans la plupart de ses travaux, dirigea la construction du chemin de fer le Great-Western et s'appliqua également avec succès à la construction des bâtiments et des machines à vapeur : c'est lui qui construisit le steamer colossal qui porta successivement les noms de Léviathan et de Great-Eastern.

BRUNELLESCHI (Phil.), architecte célèbre, né à Florence en 1377, mort en 1444, fut d'abord apprenti orfèvre. Un voyage qu'il fit à Rome lui inspira