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il revint en France avec eux, reprit du service, se fit remarquer à Naples, en Russie, en Allemagne, enfin dans la campagne de France, défendit héroïquement Nogent contre des forces beaucoup supérieures (1814), et reçut en récompense le grade de général de division. Après le retour de l'île d’Elbe, il accepta de Napoléon un commandement ; mais, trahissant la confiance de l’Empereur, il abandonna son corps d’armée trois jours avant la bataille de Waterloo, et se rendit à Gand auprès de Louis XVIII. Rentré en France avec ce prince, il fut comblé de faveurs ; en 1823, il commanda un des corps d’armée envoyés en Espagne ; en 1829, il fit partie du ministère Polignac, et fut chargé du portefeuille de la pierre. Nommé en 1830 commandant en chef de l’armée dirigée contre Alger, il accomplit cette importante mission avec autant de célérité que de succès, et entra dans Alger le 5 juillet ; il venait de recevoir le bâton de maréchal, lorsque, par suite de la révolution de Juillet, il se vit forcé de céder son commandement et de quitter la France. Il tenta inutilement, de concert avec la duchesse de Berry, de relever la cause royale en armant la Vendée (1832), puis il alla se mettre au service de don Miguel, en Portugal, mais sans plus de succès. Ayant enfin renoncé à toute menée politique, il put rentrer en France et finit ses jours dans son château de Bourmont.

BOURO ou BOUROU, la plus grande des Moluques après Céram, par 3° 34′ lat. S., 124° 9′ long. E. ; 120 k. sur 80 ; env. 50 000 h. ; ch.-l., Bouro. Climat sain, mais humide. Grand lac, d’où sortent plusieurs rivières. Cette île appartient aux Hollandais, qui en tirent des bois aromatiques et d’ébénisterie.

BOURRIENNE (FAUVELET de), secrétaire de Napoléon et ministre d’État sous Louis XVIII, né à Sens (Tonne) en 1769, mort à Caen en 1834, fut élevé à l’école de Brienne avec Bonaparte et s’y lia avec lui d’une étroite amitié (1785). Lorsque celui-ci fut nommé général en chef de l’armée d’Italie, il appela Bourrienne près de lui et en fit son secrétaire intime ; mais au bout de quelques années il le disgracia. Cependant, en 1804, Napoléon le nomma ministre à Hambourg. En 1814, Bourrienne se rallia aux Bourbons ; il fut nommé directeur des postes par le gouvernement provisoire, puis préfet de police par Louis XVIII. Aux Cent-Jours, il suivit Louis XVIII à Gand, et fut à son retour nommé ministre d’État. Élu député la même année, il siégea au côté droit. La révolution de Juillet 1830 et la perte de sa fortune qui en fut la suite égarèrent sa raison. Les Mémoires de Bourrienne (10 vol. in-8, 1829-31) offrent une foule de détails intéressants, mais ils ne sont pas exempts de partialité. On a publié en 1830 Bourrienne et ses erreurs, 2 vol. in-12 (par le comte d’Aure).

BOURSAULT (Edme), poëte et financier, né à Mucy-l’Évêque en Bourgogne en 1638, mort en 1701, se forma lui-même. Il composa en 1671 un livre intitulé la Véritable Étude du souverain, qui plut tellement à Louis XIV, qu’il le nomma sous-précepteur de son fils ; mais Boursault refusa parce qu’il ne savait pas le latin. La même raison l’empêcha de se présenter à l’Académie. Il rédigea pendant quelque temps une gazette en vers qui eut beaucoup de succès et qui lui valut une pension de 2000 francs ; mais sa gazette fut supprimée parce qu’il avait plaisanté un capucin. Il travailla surtout pour le théâtre, et composa plusieurs comédies qui sont restées au répertoire ; les meilleures sont : le Mercure galant, Ésope à la ville, Ésope à la cour. Il a aussi composé des tragédies, des romans, des lettres, des fables, des épigrammes et bons mots. On a publié son théâtre en 3 vol. in-12, 1725. Tout en cultivant les lettres, Boursault occupait une place de receveur des tailles qui lui assurait une existence aisée.

BOURSE, v. de Turquie, jadis Prusa. V. BROUSSE.

BOURSIER (Laur. Fr.), docteur de Sorbonne, né en 1679 à Écouen, mort en 1749, publia vers 1713 l’'Action de Dieu sur ses créatures, où il traite de la grâce et défend la doctrine des Thomistes sur la prémotion physique. Cet ouvrage fit grand bruit et fut réfuté par le jésuite Dutertre et par le P. Malebranche. Boursier prit une grande part à l’opposition contre la bulle Unigenitus, se mit à la tête des appelants, et fut exilé en 1735.

BOUSSA, v. de la Nigritie centrale, capit. du roy. de ce nom et de tout le Borgou, sur une île du Kouarra ou Niger, au S. E. de Tombouctou, par 10° 14′ lat. N., 4° long. E. C’est près de là que périt le voyageur anglais Mungo-Park.

BOUSSAC, ch.-l. d’arrond. (Creuse), à 33 kil. N. E. de Guéret. Château, vieilles murailles ; 976 hab.

BOUSSAC (Jean DE BROSSE de), chambellan et maréchal de France sous Charles VII, se chargea de tuer Lecamus de Beaulieu, favori du roi, qui déplaisait aux nobles de la cour ; le roi laissa ce crime impuni. Boussac rendit de grands services dans la guerre contre les Anglais, se signala aux siéges d’Orléans, de Compiègne, de Lagny, et assista au couronnement de Charles VII. Mort en 1433.

BOUSSIÈRES, ch.-L de cant. (Doubs), à 14 kil. S. O. de Besançon ; 260 hab.

BOUTAN, région de l’Asie centrale, tributaire de l’empire chinois, est située entre le Thibet au N. et à l’E., le Bengale au S., le pays des Kirâts. à l’O., compte env. 1 820 000 hab., et a pour capitale Tassisudon. Montagnes et plateaux très-élevés, appartenant à l’Himalaya, et couverts de neiges éternelles ; climat, sol et végétation très-variés, superbes pâturages et forêts. Singes, dont une espèce est réputée sacrée, très-bons chevaux. La religion est le Bouddhisme. Les habitants ont le teint blanc, les traits tartares, souvent des goîtres. Le souverain se nomme Deb-radjah ; il exerce un pouvoir absolu.

BOUTERWECK (Frédéric), né à Oker près de Goslar en 1766, mort en 1828, était professeur de philosophie à Gœttingue. D’abord partisan zélé des doctrines de Kant, il se rangea ensuite à celles de Jacobi. Il a écrit un grand nombre d’ouvrages dont les principaux sont : Histoire de la poésie et de l’éloquence depuis le XIIIe siècle, 12 vol. in-8, Gœtt., 1801-19, son œuvre capitale (trad. par Loëve-Veimars pour la partie française et par Mme de Steck pour la partie espagnole) ; Philosophie du Droit, 1798 ; Éléments de philosophie spéculative ; Esthétique ou théorie du beau, 1806 ; Idées sur la métaphysique ; la Religion de la raison, 1824. On lui doit aussi un Manuel des sciences philosophiques (1813), ouvrage classique. Sans créer de système, Bouterweek exposa avec ordre et netteté les doctrines des maîtres.

BOUTEVILLE (François, comte de MONTMORENCY-), né en 1600, s’est acquis une triste célébrité comme duelliste. Forcé de se réfugier à Bruxelles par suite d’un duel où il avait tué son adversaire, il osa, malgré les défenses les plus sévères du roi (Louis XIII), revenir à Paris et se battre en plein jour au milieu de la place Royale (avec le marquis de Beuvron). Il fut arrêté par ordre de Richelieu, condamné à mort et exécuté aussitôt, 1027. Bouteville eut pour fils le célèbre maréchal de Luxembourg.

BOUTILLIER (Jean), jurisconsulte, né à Tournay vers 1340, fut bailli du Vermandois, puis grand bailli, et enfin lieutenant dans sa ville natale. Sous le titre de Somme rurale, il a laissé un livre de jurisprudence, qui fut longtemps le manuel du juge.

BOUTO, une des divinités suprêmes de l’Égypte, existait avant les trois Khaméfis, Knef, Fta, Fré ; elle est le signe du principe générateur féminin et passif. Elle habite les eaux stagnantes et bourbeuses du Buticus lacus. La musaraigne et l’ichneumon lui sont consacrés. Elle est coiffée de la partie inférieure du pchent, emblème des puissances infernales. Les Grecs voyaient dans Bouto la Nuit et les Ténèbres, ainsi que le Chaos, principe du monde. On célébrait en son honneur des fêtes annuelles.

BOUTO, auj. Koum-Zalat ? v. de la Basse-Égypte, près d’un lac qui prenait de là le nom de Buticus