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déjà portait le titre de duc de Bouillon. Il est aujourd'hui compris dans le Luxembourg belge.

BOUILLON (GODEFROY, duc de), premier roi chrétien de Jérusalem, né vers 1058 a Bézy, près de Nivelle en Brabant, était fils d'Eustache de Boulogne et neveu de Godefroy le Bossu, duc de Bouillon, qui lui laissa ses États. Il combattit dans sa jeunesse pour l'empereur Henri IV contre le pape Grégoire VII, et entra dans Rome les armes à la main; mais ayant été gravement malade peu après cette expédition, il fit vœu, pour réparer ses torts, d'aller défendre les Chrétiens en Orient. En effet, il fut un des premiers à prendre la croix lors de la prédication de Pierre l'Ermite. Il vendit son duché de Bouillon, partit pour la Terre-Sainte en 1096, et fut bientôt reconnu pour chef de la croisade. Après avoir triomphé des obstacles qu'opposait aux Croisés l’empereur de Constantinople, Alexis, il pénétra en Asie, s'empara de Nicée, vainquit les Turcs à Dorylée, prit d'assaut Antioche et enfin Jérusalem (1099). Il fut proclamé roi de la ville sainte; mais il se contenta du titre de baron. Il donna à ses nouveaux États un code de lois sages, connu sous le nom d’Assises de Jérusalem. Il mourut en 1100, en revenant d'une expédition contre le sultan de Damas, qu'il avait battu devant Ascalon; on soupçonna qu'il avait été empoisonné par des fruits que lui avait offerts l'émir de Césarée. On raconte de lui des exploits extraordinaires, et probablement fabuleux; il joignait au courage la prudence, la modération et la piété la plus vive. Le Tasse l'a choisi pour le héros de son poëme. Sa statue équestre orne la place Royale de Bruxelles.

BOUILLON (Henri DE LA TOUR-D'AUVERGNE, vicomte de Turenne, duc de), né en 1555, mort en 1623, embrassa le Calvinisme, s'attacha au roi de Navarre, contribua au gain de la bataille de Coutras (1587), fut créé maréchal par Henri IV (1592), et chargé de missions importantes en Angleterre. Il fut compromis dans la conspiration de Biron, mais il obtint son pardon. Il avait acquis le duché de Bouillon et la principauté de Sedan par son mariage avec Charlotte de La Marck, héritière de ce duché (1591). Il épousa en secondes noces une fille de Guillaume, prince d'Orange, et en eut Frédéric Maurice, duc de Bouillon (V. l'art. suivant) et le fameux Turenne (V. TURENNE). Il fonda à Sedan une université protestante qui devint célèbre. Il a laissé des Mémoires, Paris, 1666. — Son fils aîné, Frédéric Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, né à Sedan en 1605, mort en 1652, entra en 1635 au service de la France, prit une grande part aux guerres civiles, et livra, avec le comte de Soissons, le combat de la Marfée contre les troupes de Richelieu (1641). Il fut compromis dans la conspiration de Cinq-Mars (1642), et fut longtemps l'âme de la Fronde. Il ne fit sa paix avec la cour qu'en cédant sa principauté de Sedan. Il a laissé des Mémoires, Amsterdam, 1731.

BOUILLON (Robert DE LA MARCK, duc de), maréchal de France. V. MARCK (La).

BOUILLON (la duchesse de). V. MANCINI.

BOUILLON (Pierre), peintre d'histoire et graveur habile, né en 1775 à Thiviers (Dordogne), mort en 1831, remporta le grand prix de peinture pour un vaste ouvrage de chalcographie, qui lui coûta 17 ans de travail, le Musée des Antiques, Paris, 1810-27, 3 v. in-f., dont le texte est dû à M. de St-Victor.

BOUILLON-LAGRANGE (J. B.), chimiste et pharmacien, né à Paris en 1764, mort en 1844, organisa en 1793 les hôpitaux de l'armée en qualité de pharmacien-major, professa la chimie à l’École polytechnique, puis à l’École de pharmacie, et devint directeur de cette École. On lui doit l'analyse d'une foule de substances médicales, un Manuel du pharmacien et un Manuel de chimie, devenus classiques.

BOUILLY, ch.-l. de cant. (Aube), à 14 kil. S. O. de Troyes: 798 hab. Église gothique. Belle vue.

BOUILLY (Jean Nicolas), littérateur, né à Tours on 1763, mort en 1842, était d'abord avocat à Paris. En 1790, il fit représenter l'opéra de Pierre le Grand, qui dut son succès à quelques allusions aux événements récents. Il remplit à la même époque plusieurs fonctions administratives, et fit partie, après le 9 thermidor, de la commission de l'instruction publique, qui organisa les écoles primaires. A partir de 1800, il se livra tout entier à la littérature; on lui doit un grand nombre de pièces de théâtre dont le succès a été constant et mérité. Telles sont le drame de l'Abbé de l'Épée, les opéras-comiques des Deux Journées et de Fanchon la Vielleuse. Il a aussi beaucoup écrit pour l'enfance : tout le monde a lu ses Contes à ma fille, 1809; ses Conseils à ma fille, 1811; les Contes offerts aux enfants de France, etc. On trouve dans tous ses écrits une morale pure, des tableaux gracieux ou touchants, et une sensibilité exquise. Il publia en 1836 Mes récapitulations, qui sont les mémoires de sa vie.

BOUIN (île), sur la côte du dép. de la Vendée, au fond de la baie de Bourgneuf, à 54 k. N. O. de Bourbon-Vendée; 1392 h., avec un bourg de même nom; 3000 h. Elle n'a que 26 kil. de circuit. Les Normands y firent la 1re de leurs descentes en France (820).

BOUKHARA ou BOKHARA, c.-à-d. Trésor de Science, une des v. les plus importantes de l'Asie, capit. du khanat de Boukhara, par 60° 25' long. E., 39'30'lat N.; env. 100 000 h. Bel aspect; mur d'enceinte élevé. flanqué de tours; quelques monuments; palais du khan; joli minaret de Mirgharab; 360 mosquées; tombeaux de plusieurs saints musulmans, 60 medressées ou colléges; célèbres écoles de théologie, de droit et de médecine. Nombreuses fabriques : étoffes de coton, bonneterie, papier de soie, armes, imprimerie sur toiles, etc. Grand commerce avec la Russie, l'Iran, le Kaboul, etc. — La ville, qui est très-anc., fut prise par les Musulmans en 705 et devint la résidence de la dynastie des Samanides; brûlée par Gengis-Khan, elle redevint capitale à l'avénement des Usbeks.

BOUKHARA (khanat de) V. BOUKHARIE (GRANDE).

BOUKHAREST. V. BUCHAREST.

BOUKHARIE (GRANDE), autrement dite khanat de Boukhara, l'ancienne Sogdiane, État de l'Asie centrale, le plus riche, le plus peuplé, le plus puissant du Turkestan indépendant, entre le steppe des Kirghiz au N., les khanats de Khokhan et d'Hissar à l'E., de Khiva à l'O., de Balk au S., s'étend de 37° à 41° lat. N. et de 61° à 67° long. E.; environ 2 500 000 h., en partie nomades (Tadjiks, Usbeks, Turkomans, etc.). Capit., jadis Samarkand, puis Bikend; auj. Boukhara. La Boukharie est sur le grand plateau central de l'Asie et est traversée par plusieurs chaînes de montagnes; elle est arrosée par l'Amou et le Zer-Afchan. Climat tempéré, fort chaud l'été. Sol varié : grains en abondance, surtout du millet, raisins, fruits, chanvre, safran, tabac, etc; excellents chevaux. Religion mahométane; gouvernement despotique; milice de 30 000 hommes de cavalerie. — Ce pays fit successivement partie de l'empire perse, de celui d'Alexandre et de celui de la Bactriane; fut conquis par les Turcs au VIe siècle, par les Chinois au VIIe, par les Arabes en 705, fut dès lors régi par des princes vassaux des califes, tomba ensuite aux mains des Samanides (IXe s.), des Turcs Hoéïkes (1000), des Seldjoucides (1037), de Mohammed, sultan de Kharism (1207), des Mongols (1219), de Tamerlan (1383), passa sous la domination des Uzbeks en 1505, des Astrakanides (descendants de Batou-Khan) en 1600, et d'une nouvelle dynastie d'Uzbeks en 1786.

BOUKHARIE (PETITE), prov. de l'Empire chinois. V. THIAN-CHAN-NAN-LOU.

BOULAINVILLIERS (Henri, comte de), historien, né à St-Saire en Normandie en 1658, mort en 1722, s'occupa principalement d'histoire de France, et porta dans cette étude un esprit systématique et paradoxal : il voyait dans la féodalité le chef-d'œuvre de l'esprit humain et le gouvernement le plus