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cupée depuis 1832 par les Français, qui ont assaini cette ville et en ont changé la face. V. hippone.

BONFINIUS (Antoine), historien, né à Ascoli en 1427, mort en 1502, fut quelque temps professeur de belles-lettres à Ricanati. Matthias Corvin, roi de Hongrie, l’appela à sa cour pour écrire l’Histoire de la Hongrie jusqu’à son règne. Il rédigea cet ouvrage en latin et conduisit son récit jusqu’en 1445. Sambuc en donna en 1568 une nouvelle édition, avec de fidélité et continuation ; elle a été reproduite à Leipsick, 1771.

BONGARS (Jacq.), savant critique, né en 1546, à Orléans, mort en 1612, était calviniste. Il fut conseiller et maître d’hôtel de Henri IV, et fut très-utile à ce prince par ses négociations avec les cours d’Allemagne. On lui doit le recueil des historiens des croisades intitulé : Gesta Dei per Francos, Hanau, 1611 ; une édition de Justin, 1581, et des Epistolæ, que MM. de Port-Royal ne dédaignèrent pas de traduire (1668), sous le pseudonyme de Brianville.

BONHOMME (col du), défilé des Alpes Grecques, au S. O. du Mont-Blanc, à 4510m au-dessus du niveau de la mer, met la vallée de l’Arve en communication avec celle de l’Isère. - V. jacquerie.

BONIFACE (le comte), général de l’empire d’Occident, né en Thrace, gouverna l’Afrique sous Honorius et sous Placidia, et jouit longtemps de toute la faveur de cette princesse ; mais ayant été injustement disgracié, par l’effet des intrigues d’Aétius, il se vengea en appelant en Afrique Genseric et les Vandales (429) ; il voulut ensuite s’opposer à leur établissement, mais ce fut sans succès. Rappelé à la cour, il fut envoyé par l’impératrice contre l’ambitieux Aétius : il le vainquit, mais il périt de sa main dans un combat acharné (432).

BONIFACE (S.), nommé d’abord Winfrid, né vers 680 dans le Devonshire en Angleterre, alla prêcher l’Évangile aux nations barbares ; parcourut, vers 716, la Thuringe, la Hesse, la Frise, la Saxe ; y fit un grand nombre de conversions ; vint à Rome, où il fut sacré évêque par Grégoire II, en 723 ; retourna en Allemagne vers 751 avec le titre d’archevêque de Mayence, organisa les évêchés de Passau, Freisingen, Ratisbonne, Salzbourg, Erfurt, Wurzbourg et sacra Pepin le Bref. Victime de son zèle, il fut massacré par les barbares en 755, près d’Utrecht. Ses os furent portés à Fulda, dans une abbaye qu’il avait fondée. On a de ce saint des Sermons et des Lettres, recueillis par Serrarius, 1605, in-4, et réimp. par Giles, Lond., 1814. Sa fête se célèbre le 5 juin. Son disciple Willibald a écrit sa Vie en latin.

BONIFACE I (S.), pape, élu en 418, mort en 422, succéda à Zozime et eut pour compétiteur Eulalius. S. Augustin lui dédia ses quatre livres contre les erreurs des Pélagiens. On l’hon. le 25 oct.

BONIFACE II, Romain, élu en 530, mort en 532, succéda à Félix IV. On a de lui une Lettre à S. Césaire d’Arles, dans les Epistolæ rom. pontificum.

BONIFACE III, Romain, élu en 607, mort peu de temps après, obtint de l’empereur grec Phocas que le patriarche de Constantinople n’aurait plus le titre d’évêque universel, qu’il avait usurpé, et que ce titre serait porté seulement par l’évêque de Rome.

BONIFACE IV, succéda au précédent en 608 et mourut en 614. L’empereur Phocas lui ayant fait don de l’ancien Panthéon de Rome, il le consacra à la Vierge, sous le nom de Ste-Marie-de-la-Rotonde.

BONIFACE V, Napolitain, 617-625, défendit aux juges de poursuivre ceux qui se mettraient sous la protection des églises.

BONIFACE VI, élu en 896, mourut au bout de 15 j.

BONIFACE VII, nommé d’abord Francon, antipape, se fit élire irrégulièrement en 974, du vivant de Benoît VI, et fut accusé de la mort de Benoît VI et de Jean XIV, ses compétiteurs. A sa mort, son corps fut traîné par les pieds et aband. sur une place, 985.

BONIFACE VIII, Benoît Caïetan, né à Anagni, fut d’abord avocat et notaire du pape à Rome. Il obtint le chapeau de cardinal en 1281, et fut élu pape

en 1294, à la suite de l’abdication de Célestin V. De même que Grégoire VII, ce pontife voulait élever la puissance spirituelle au-dessus de la puissance temporelle, et prétendait disposer des trônes ; il eut de vifs démêlés avec les Colonna, qui soutenaient les droits de la maison d’Aragon, avec l’empereur d’Allemagne, mais surtout avec Philippe le Bel. Il délia les sujets de ce prince de leur serment de fidélité et fulmina contre lui les fameuses bulles Clericis laicos et Ausculta, fili, que Philippe le Bel fit brûler. Il fut, en 1303, arrêté dans Anagni par Nogaret, d’après les ordres de Philippe, qui voulait l’amener en France et le faire juger par un concile, et il se vit lâchement maltraiter par Sciarra Colonna. Il fut, quatre jours après, délivré par le peuple, mais il tomba malade par suite des mauvais traitements qu’il avait subis, et mourut au bout d’un mois. C’est sous son pontificat que S. Louis fut canonisé. Le P. L. Tosti a donné en 1846 une Histoire de Boniface VIII, trad. par l’abbé M. Duclos.

BONIFACE IX, P. Tomacelli, noble napolitain, élu pape en 1389, mort en 1404, établit des annales perpétuelles. On lui reproche son avarice et sa complaisance pour les déréglements de sa famille.

BONIFACE I, le premier duc de Toscane connu, était, à ce qu’on croit, d’origine bavaroise. Il régna de 813 à 823. — boniface ii, son fils, lui succéda, défendit la Corse contre les Sarrasins, et fit une descente sur les côtes d’Afrique. Ayant irrité Lothaire, en faisant rendre la liberté à Judith, femme de Louis le Débonnaire, il fut obligé de se retirer en France auprès de ce prince. — BONIFACE III, fils du marquis Théodebald, soumit la Toscane en 1027, et y régna jusqu’en 1052. La comtesse Mathilde, sa fille, recueillit son héritage.

BONIFACE, marquis de Montferrat. V. montferrat.

BONIFACIO, Marianum ? v. de Corse ch.-l. de cant., au S. de l’île et en face de la Sardaigne, sur le détroit, dit Bocca di Bonifacio, à 78 kil. S. E. d’Ajaccio ; 2823 hab. Forte citadelle. Port bon et commode. Pêche du corail. Cette v. fut fondée en 820 par un seigneur de Pise nommé Boniface ; elle fut prise en 1195 par les Génois. — Le détroit de Bonifacio sépare la Corse de la Sardaigne. Dans sa partie la plus étroite, il n’a que 12 kil.

BONJOUR (Casimir), homme de lettres, né en 1795 à Clermont en Argonne, fut admis à l’École normale, professa quelque temps, puis entra dans les bureaux des finances ; mais fut au bout de quelques années destitué par M. de Villèle comme libéral. Il se livra dès lors tout entier à ses goûts littéraires et donna au Théâtre-Français plusieurs comédies de mœurs qui réussirent. En 1830, il refusa une préfecture ; il fut nommé depuis bibliothécaire à Ste-Geneviève. On a de lui : la Mère rivale (1821), les Deux Cousines (1823), le Mari à bonnes fortunes (1824), l’Argent (1826), le Protecteur et le Mari (1829), le Presbytère (1833), le Bachelier de Ségovie (1844), toutes comédies en vers : les trois premières sont les meilleures. C. Bonjour est un de ceux qui luttèrent contre l’invasion du mauvais goût : si ses œuvres n’ont pas une grande force comique, elles sont pleines d’esprit et de finesse et ont toujours un but louable ; en outre, le style en est pur et châtié. Il est mort en 1856.

BONN, Bonna ad Rhenum, v. des États prussiens (prov. Rhénane), dans la régence de Cologne, sur la r. g. du Rhin, à 25 kil. S. E. de Cologne ; 18 000 h. Évêché catholique, université florissante, fondée en 1785, changée en lycée sous l’Empire, rétablie en 1818 ; académie Léopoldine. Ancien palais de l’électeur de Cologne ; cathédrale, hôtel de ville ; bibliothèque. Soieries, faïences, huile de vitriol. Anc. place forte. Patrie de Beethoven. — Bonn doit son origine à un château fort, élevé par les Romains ; détruite au ive siècle, elle fut relevée par Julien. Elle appartint longtemps aux électeurs de Cologne, qui y résidèrent à partir de 1273 ; elle fut