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d’elle une tragédie, les Amazones, quelques romans et des Lettres intéressantes. Mme du Boccage excita de son temps un grand enthousiasme ; Fontenelle et Voltaire furent au nombre de ses prôneurs.

BOCCAGE (Manoel-Barbosa du), poëte portugais, originaire de France, né en 1771 à Sétuval, mort à Lisbonne en 1806, eut un talent extraordinaire pour l’improvisation. Il s’exerça dans des genres divers : odes, sonnets, cantates, idylles, élégies, épigrammes, tragédies, et traduisit plusieurs poëmes français en vogue de son temps, ceux de Delille, Rosset, Castel, Mme du Boccage. Il avait aussi un grand penchant pour la satire et s’attira par là plusieurs mésaventures. On a recueilli une partie de ses ouvrages à Lisbonne, en 6 vol. in-12, 1798-1805.

BOCCALINI (Trajan), auteur satirique italien, né en 1556 à Lorette, mort en 1613, fut pendant quelque temps chargé d’un gouvernement dans les États de l’Église ; mais se fit tant d’ennemis qu’il fut obligé de se démettre de ses fonctions ; il se retira à Rome, puis à Venise, où il mourut. Son principal ouvrage est Ragguagli di Parnasso ou Nouvelles du Parnasse, 1612 (trad. par Fougasse, Paris, 1615) : il y attaque les princes, les guerriers et les auteurs contemporains. On a encore de lui la Pierre de touche politique, 1615, où il attaque l’Espagne, et des Commentaires sur Tacite.

BOCCANERA (Guillaume), d’une famille illustre de Gênes. Bien que patricien il se fit le chef du parti démocratique, aida le peuple à secouer le joug de la noblesse, en 1257, et fut mis à la tête du gouvernement. Son orgueil l’ayant ensuite rendu odieux aux Génois, il fut déposé, en 1202. — Son petit-fils, Simon Boccanera, fut le 1er doge de Gênes. Il fut élu en 1339, en remplacement des tribuns du peuple (Abbati). Il eut à combattre les Doria, les Spinola, les Grimaldi et les Fieschi, chefs du parti guelfe, fut assiégé par eux dans Gênes et forcé de se démettre du pouvoir, 1347 ; il se retira à Pise, d’où il revint bientôt pour armer son parti, et réussit en 1356 à rétablir sa puissance. Il mourut empoisonné, en 1362. Sous son administration, les Génois firent la conquête de l’île de Chio, et défirent les Tartares qui avaient mis le siége devant Caffa. — Gilles Boccanera, frère du préc., fut envoyé par lui, en 1340, au secours d’Alphonse XI, roi de Castille, contre les Maures. Il l’aida à gagner plusieurs batailles, contribua à la prise d’Algésiras et rendit de si grands services qu’Alphonse le fit amiral de Castille et lui donna le comté de Palma. En 1372, il vainquit, pour la France, les Anglais près de La Rochelle. — Baptiste Boccanera, fils de Simon, chercha à soulever les Génois, ses compatriotes, contre les Français, et fut décapité par ordre de Boucicaut, 1401.

BOCCHERINI (Louis), célèbre compositeur, né à Lucques en 1740, mort à Paris en 1806, excella dans les symphonies et fut le précurseur de Haydn. Le roi d’Espagne l’attira auprès de lui et le fixa à Madrid. Ses compositions ont un caractère tellement religieux que l’on a dit que si Dieu voulait entendre de la musique, il choisirait celle de Boccherini. On admire surtout son Stabat à 3 voix.

BOCCHETTA (la), défilé de l’Apennin septentrional, est la clef de la route qui conduit de Novi à Gênes : il est à 22 kil. de chacune. Vue magnifique. Redoutes élevées par les Impériaux en 1746. Les Français franchirent ce défilé en 1796.

BOCCHORIS, roi d’Égypte, fut le législateur de son pays, favorisa le commerce, et laissa une grande réputation de justice. Cependant, le peuple superstitieux l’accusa d’avoir insulté le taureau sacré, et engagea Sabacon, roi d’Éthiopie, à venger cette impiété ; celui-ci vint combattre Bocchoris, qui fut fait prisonnier et aussitôt livré aux flammes (771-765). Quelques-uns voient dans Bocchoris le Pharaon qui permit aux Israélites de quitter l’Égypte sous la conduite de Moïse ; il aurait vécu par conséquent vers le XVIIe siècle av. J.-C. D’autres prétendent que ce roi est le même qu’Anysis, et le font régner dans le VIIIe siècle, tandis qu’ils placent sous Aménophis, père de Sésostris, le départ des Hébreux.

BOCCHUS, roi de Mauritanie, prit les armes avec Jugurtha, son gendre, contre les Romains. Vaincu deux fois par Marius, il se rapprocha des Romains traita avec Sylla, alors questeur sous Marius, et consentit à lui livrer son gendre (106 av. J.-C.) ; il reçut en récompense le pays des Massésyliens.

BOCHART (Samuel), orientaliste, né à Rouen en 1599, mort en 1667, était fils d’un ministre protestant et fut lui-même ministre à Caen. Il possédait la plupart des langues orientales, l’hébreu, le syriaque, le chaldéen, l’arabe, l’éthiopien, etc. Christine, reine de Suède, l’engagea, en 1652, à faire le voyage de Stockholm, et le reçut avec les plus grands honneurs. De retour à Caen, il y mourut subitement en disputant contre Huet dans l’académie de cette ville. Ses principaux ouvrages sont : une Géographie sacrée en latin, qu’il publia sous le titre de Phaleg et Chanaan ; Hierozoicon, ou Histoire des animaux de l’Écriture ; Traité des minéraux, des plantes, des pierreries, dont la Bible fait mention ; Traité du Paradis terrestre. Ses ouvrages ont été réimprimés à Leyde en 1712, 3 vol. in-fol. Ce savant, comme tous les érudits qui s’enthousiasment pour l’objet de leurs études, ne voyait qu’hébreu partout et donnait à la plupart des mots des autres langues les étymologies hébraïques les plus chimériques.

BOCHART DE SARON. V. SARON.

BOCHNIA, v. des États autrichiens (Galicie occid.), à 38 kil. S. E. de Cracovie, à 28 k. E. de Wiélicza ; 5000 hab. Ch.-l. de cercle. Immenses mines de sel.

BOCK (Jérôme), qu’on nomme aussi Le Bouc et Tragos, en traduisant son nom en français et en grec ; l’un des pères de la botanique, né en 1498 à Heidelbach, près de Deux-Ponts, mort à Hornbach en 1554, fut à la fois médecin et ministre protestant. Il tenta le premier une classification naturelle des végétaux et chercha à retrouver sous leurs noms modernes les plantes mentionnées par les anciens. Il publia en allemand un Nouvel Herbier des plantes qui croissent en Allemagne, Strasb., 1539, in-fol., trad. en latin par David Kyber, Strasb., 1552.

BOCOGNANO, ch.-l. de cant. (Corse), à 28 k. N. E. d’Ajaccio ; 2351 h.

BOCTHOR (Ellious), orientaliste, de race copte, né à Syout dans la H.-Égypte, en 1784, mort a Paris en 1821, fut attaché fort jeune à l’armée d’Égypte, vint en France après l’expédition, et fut nommé en 1819 professeur d’arabe vulgaire à l’école des langues orientales. Il a laissé un excellent Dictionnaire arabe et français, qui a été imprimé en 1828, par les soins d’A. Caussin de Perceval, 2 v. in-4.

BODE (J. Elert), astronome, né à Hambourg en 1747, mort en 1826 ; fut nommé en 1772 astronome pratique à Berlin, et dirigea pendant 50 ans l’observatoire de cette ville. Il avait été admis en 1782 à l’Académie de Berlin. Outre un excellent Manuel d’Astronomie, publié dès 1768, on lui doit une Uranographie (Berlin, 1801, in-fol.), où sont marquées les positions de 17 240 étoiles. En outre, il a publié, chaque année, depuis 1774 jusqu’à sa mort, les Éphémérides astronomiques. Bode a découvert plusieurs comètes et un grand nombre d’étoiles. Son nom est resté attaché à une loi selon laquelle les intervalles des orbites des planètes iraient à peu près en doublant à mesure que l’on s’éloigne du soleil, loi déjà soupçonnée par Kepler et par J. Daniel Titius.

BODEL (Jean), trouvère français du XIIIe s. On a de lui la Chanson des Saxons, édité par Fr. Michel, 2 vol. in-8, 1839, et un drame (Vie de S. Nicolas), édité par le même dans le Théâtre français au moyen âge.

BODENSÉE, nom allemand du lac de Constance.

BODILLON. V. CHILDÉRIC II.

BODIN (J.), publiciste, né à Angers vers 1530,