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telle de Leipsick, entra un des premiers en France, gagna à La Rothière et à Laon deux batailles qui influèrent puissamment sur le sort de la campagne, et fut en récompense fait prince de Wahlstadt et maréchal. En 1815, il se fit battre à Ligny, mais il décida le gain de la bataille de Waterloo par son arrivée inopinée. Ennemi implacable des Français, Blucher leur fit tout le mal qu'il put : pendant son séjour à Paris, il avait donné l'ordre de faire sauter le pont d'Iéna. Excellent officier de cavalerie, ce général brillait surtout par la rapidité de ses mouvements. Des statues lui ont été élevées à Berlin et à Rostock.

BLUMENBACH (Jean Frédéric), célèbre naturaliste, né à Gotha en 1752, mort en 1840, fut reçu médecin à 21 ans, enseigna de bonne heure les sciences naturelles à Gœttingue et devint bientôt un des savants les plus distingués de l'Allemagne. Il s'est spécialement occupé de l'histoire physique de l'homme, et a publié sur ce sujet : De generis humani varietate nativa, Gœttingue, 1775 et 1794; Decades VIII craniorum diversarum gentium, 1790-1808. Il partage le genre humain, d'après la conformation du crâne, en cinq races distinctes : la caucasienne, la mongole, la nègre, l'américaine et la malaise. On a de lui un Manuel d'histoire naturelle, très-estimé (trad. en français par S. Artaud, Metz, 1803). Il a laissé aussi de nombreux travaux sur l'anatomie comparée : Specimen physiologiæ comparatæ inter animantia calidi ac frigidi sanguinis, vivipara et ovipara, 1787 et 1789, Manuel d'anatomie comparée, 1805 et 1815; et sur la médecine : Introductio ad historiam medicinæ litterariam, 1786; Institutiones physiologicæ et pathologicæ, 1787 et 1798; Bibliothèque médicale, 1793-1795. La gloire de Blumenbach est d'avoir, avant Cuvier, assis l'histoire naturelle sur une base scientifique, l'anatomie comparée. Ce savant était associé de l'Institut : M. Flourens y a prononcé son Éloge en 1847.

BOABDIL ou ABOU-ABDALLAH, dernier roi maure de Grenade, fils de Mulei-Hassem, se révolta contre son père en 1481, et chassa de sa capitale ce malheureux prince, qui en mourut de douleur. Peu après il fut vaincu par les troupes réunies de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille, et fait prisonnier; il n'obtint la liberté qu'en se reconnaissant vassal du vainqueur. La division s'étant mise entre ses sujets par suite de ce traité honteux, Ferdinand profita de cet état de troubles pour assiéger Grenade, et s'en empara bientôt (1492). Boabdil pleura comme une femme en perdant un trône qu'il n'avait pas su défendre. Il passa en Afrique et fut tué en combattant pour le roi de Fez contre celui de Maroc.

BOADICÉE, reine des Icènes, peuple puissant de la Grande-Bretagne, se révolta contre les Romains qui avaient envahi ses États, leur tua près de 80 000 hommes, et s'empara de Camalodunum (Colchester), une de leurs colonies. Vaincue à son tour par le gouverneur Suétonius, elle s'empoisonna, l'an 61 de J.-C.

BOAISTUAU (Pierre), dit LAUNAY, compilateur, né à Nantes vers 1500, mort à Paris en 1566, a publié plusieurs ouvrages qui eurent de son temps une grande vogue : Le Théâtre du monde, discours sur les misères et l'excellence de l'homme, écrit d'abord en latin; les Amants fortunés; Histoires prodigieuses, extraites de divers auteurs; Histoires tragiques, traduites de Bandello. Ces deux derniers ouvrages ont été continués et augmentés par Belleforest. La Fontaine a emprunté aux Histoires prodigieuses le sujet du paysan du Danube; Shakspeare a tiré des Histoires tragiques plusieurs des sujets de ses tragédies entre autres Roméo et Hamlet.

BOA-VISTA (île), c.-à-dire Bonne Vue, la plus orientale des îles du Cap-Vert. Elle a 80 kil. de tour et compte 8000 hab. Coton, indigo Elle fut vue la première lors de la découverte de l'Archipel, en 1450.

BOBBIO, Bobium, v. du roy. d'Italie sur la Trebbia à 60 kil. N. O. de Gênes; 4000 hab. Ch.-l. d'intendance; évêché — Bobbio doit son origine à un célèbre monastère qui y fut fondé en 612 par S. Colomban. Cette v. fut cédée par l'Autriche au roi de Sardaigne en 1743.

BOCAGE (le), nom donné vulgairement à deux petits pays de l'anc. France, à cause des bois et taillis qui les couvrent : 1° Pays de l'anc. Poitou, qui avait pour v. principales Clisson, Maulevrier, Les Herbiers, Tiffauges. Ce pays, qui est sur les limites des dép. de la Vendée, de la Loire-Inf., de Maine-et-Loire, est célèbre par la part que ses habitants prirent aux guerres de la Vendée. Les taillis qui protégeaient les Chouans ont disparu et tout le pays est auj. sillonné de routes stratégiques. — 2° Pays de l'anc. Normandie, qui fait auj. partie des dép. de la Manche, de l'Orne, du Calvados, avait pour v. principales Vire, Tinchebray, Thorigny, Condé-sur-Noireau. On y fait du linge ouvré dit bocage, du nom du pays.

V. BOCCAGE et BARBIÉ du BOCAGE.

BOCCACE (Jean), Giovanni Boccaccio, célèbre auteur italien, fils d'un marchand de Florence, né en 1313, à Paris ou, selon d'autres, à Certaldo, près de Florence, d'une union illégitime, mort en 1375. Son père le destinait au commerce et le plaça pour l'y former dans différentes maisons de Florence, de Paris et de Naples; mais il n'avait de goût que pour les lettres, et dès qu'il fut libre, il s'y livra exclusivement. Pendant son séjour à Naples, il devint l'amant d'une fille naturelle du roi Robert, nommée Marie, qu'il désigne dans ses écrits sous le nom de Fiammetta, et fut admis auprès de la reine Jeanne; c'est, dit-on, pour complaire à ces deux princesses qu'il composa le Décaméron (les Dix jours), recueil de cent nouvelles, ouvrage qui l'a placé à la tête des prosateurs italiens et qui a contribué à fixer la langue. Ces nouvelles offrent un vif intérêt et sont pleines de gaieté; malheureusement, la décence y est trop souvent offensée. Après la mort de son père, Boccace se fixa à Florence, où il se lia étroitement avec Pétrarque, et il obtint auprès de ses concitoyens une telle considération qu'il fut chargé de plusieurs missions importantes. Boccace, qui n'est aujourd'hui connu que comme un conteur admirable, était en même temps un érudit. On lui doit de savants traités : De genealogia Deorum; De montium, sylcarum, etc., nominibus; De casibus virorum et mulierum illustrium; De claris mulieribus, etc. Il s'exerça aussi dans la poésie; mais quand il eut lu Pétrarque, il jeta au feu la plus grande partie de ce qu'il avait fait; cependant il reste de lui quelques poëmes (la Théséide, il Filostrato, la Vision amoureuse). Boccace avait une grande admiration pour Homère; il fut, dit-on, le premier qui fit venir de Grèce en Italie des copies de l’Iliade et de l’Odyssée; en outre, il fit copier à grands frais nombre de manuscrits grecs et latins. Il était aussi très-passionné pour le Dante : il écrivit la Vie de ce poëte, et il avait entrepris un commentaire de la Divine Comédie, que la mort l'empêcha d'achever. On a donné des principaux ouvrages de Boccace et surtout du Décaméron une foule d'éditions; la plus complète est celle de Florence, 18 vol. in-8, 1827 et années suivantes. Le Décaméron a été fréquemment traduit en français : une des traductions les plus estimées est celle d'Antoine Le Maçon, dédiée à la reine de Navarre, Marguerite de Valois, Paris, 1545. On doit des traductions plus récentes à Sabatier de Castres, 1779, et au célèbre Mirabeau, 1802 (posthume). La Fontaine a imité quelques contes de Boccace; il est à regretter qu'il ait choisi les plus licencieux et qu'il ait encore ajouté à la licence de l'original.

BOCCAGE (Mme du), femme poëte, née à Rouen en 1710, morte à Paris en 1802, avait épousé un receveur de Dieppe qui la laissa veuve encore jeune; elle vint alors se fixer à Paris, où elle se fit remarquer à la fois par ses talents et par les agréments de sa personne. Elle a composé plusieurs poëmes: le Paradis perdu, en 6 chants, faible imitation de Milton; la Mort d'Abel, imitée de Gessner; la Colombiade, en 10 chants, le meilleur de ses ouvrages. On a aussi