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tour en France (1668), il publia ses écrits ; puis il alla visiter l'Angleterre (1685), et mourut à Paris en 1688. Ses Voyages parurent pour la 1re fois en 1670-1671 : ils sont regardés comme un modèle d'exactitude. On a de lui un Abrégé de la philosophie de Gassendi, 1678, auquel il joignit en 1682 des Doutes sur quelques chapitres de l'Abrégé. Bernier était d'un caractère enjoué et aimable ; il fut lié avec Gassendi, Molière, Chapelle, Ninon de Lenclos. St-Evremond l'appelait le Joli Philosophe.

BERNIER (l'abbé), né en 1764 à Daon (Mayenne), mort en 1806, était curé de St-Laud à Angers quand éclata la Révolution. Il refusa en 1790 de prêter serment à la constitution civile du clergé, se rendit en 1793 à l'armée vendéenne, et fut quelque temps, avec Stofflet, l'âme de l'insurrection. Quand tout espoir raisonnable fut perdu, il négocia avec Hoche et travailla à pacifier le pays ; il seconda également les efforts faits dans ce sens par Bonaparte, auprès de qui il était comme l'ambassadeur de la Vendée. Il fut un des plénipotentiaires qui négocièrent le Concordat, et fut, en récompense, promu à l'évêché d'Orléans (1802).

BERNIK, pour BÉRÉNICE. V. BENGAZY.

BERNINA, montagne de Suisse (Grisons), à 44 k. S. E. de Coire, dans les Alpes Rhétiques ; 4052m. Passage très-fréquenté entre la Haute-Engaddine et la Valteline. Glacier magnifique.

BERNINI (J. Laurent), dit le Cavalier Bernin, artiste célèbre, né à Naples en 1598, mort en 1680, se distingua à la fois comme peintre, comme statuaire et comme architecte, et mérita d'être surnommé le second Michel-Ange. Amené de bonne heure à Rome, il se concilia par son talent précoce la faveur du pape Paul V, et fut employé sans interruption par les pontifes qui suivirent. Grégoire XV le créa chevalier ; Urbain VIII le combla de richesses. Charles I, roi d'Angleterre, fit faire sa statue par lui ; Louis XIV l'appela en France (1665) pour prendre ses conseils sur la restauration du Louvre, lui fit faire sa statue équestre, et le garda cinq mois près de lui, le comblant d'honneurs. A Rome, Bernini avait été chargé des embellissements de la basilique de St-Pierre : il exécuta le baldaquin et la chaire que l'on admire dans ce monument, ainsi que la place circulaire qui précède le temple. Parmi ses ouvrages de sculpture on remarque la statue de Constantin, à St-Pierre de Rome, les groupes d’Apollon et Daphné, d’Énée et Anchise, et la statue équestre de Louis XIV, à Versailles. On reproche à cet artiste peu d'élévation et un style maniéré, que ses contemporains exagérèrent encore, et qui influa d'une manière fâcheuse sur l'art.

BERNIS, vge du dép. du Gard, à 9 kil. S. O. de Nîmes ; 1200 hab. Station du chemin de fer de Cette.

BERNIS (Franç. Joachim DE PIERRES de), cardinal et poëte, né en 1715, à St-Marcel (Ardèche), d'une famille noble, mais pauvre, mort à Rome en 1794, reçut les ordres, et vint de bonne heure à Paris, où il se fit avantageusement connaître par des vers galants, ainsi que par les grâces de son esprit et de sa personne. Il plut à Mme de Pompadour, qui lui fit obtenir une pension du roi, et il fut reçu à l'Académie française dès l'âge de 29 ans. Après la mort du cardinal de Fleury, qui n'avait pas voulu l'employer, Bernis fit une fortune rapide : il fut nommé ambassadeur à Venise et devint cardinal. Chargé en 1756 du ministère des affaires étrangères, il signa en cette qualité le traité d'alliance avec l'Autriche ; mais pendant la guerre de Sept ans, il fut disgracié pour avoir conseillé la paix contre l'avis de Mme de Pompadour (1758). Cependant il fut nommé en 1764 archevêque d'Alby, et cinq ans après ambassadeur à Rome. Révoqué à l'époque de la Révolution, et dépouillé de toute sa fortune, il resta néanmoins à Rome, subsistant des libéralités que lui fit obtenir de la cour d'Espagne le chevalier d'Azara, son ami. Les poésies qui avaient fait la réputation de Bernis consistent en épîtres, madrigaux, odes anacréontiques, etc.; on y trouve de l'afféterie et une grande profusion de figures et de fleurs de rhétorique : aussi Voltaire avait-il surnommé l'auteur Babet la Bouquetière. On a en outre de Bernis un poëme sérieux, la Religion vengée, publié après sa mort ; une correspondance avec Voltaire, et une autre avec Pâris-Duverney. On a réuni ses poésies en 1 vol. in-8, Paris 1797 et 1825.

BERNON, noble bourguignon, mort en 927, fut le premier abbé de Cluny et réforma plusieurs autres monastères. Il prit l'habit religieux dans l'abbaye de La Baume, dont il devint prieur, donna sa démission en 926, et partagea ses abbayes entre Vidon, son parent, et Odon, son disciple.

BERNOUILLI et mieux BERNOULLI, famille suisse, originaire d'Anvers, a produit dans les XVIIe et XVIIIe siècles une suite de savants, dont les plus connus sont Jacques, Jean, son frère, et Daniel, fils de Jean.

BERNOUILLI (Jacques), savant mathématicien, né à Bâle en 1654, mort en 1705, professa les mathématiques à l'Université de Bâle, et mérita par ses travaux et ses découvertes d'être nommé associé de l'Académie des sciences de Paris (1699) et de celle de Berlin (1701). Il fut un des premiers à comprendre et à appliquer le calcul différentiel et intégral, proposé par Leibnitz, découvrit les propriétés des nombres dits depuis nombres de Bernouilli, et donna la solution de problèmes regardés jusque-là comme insolubles. On a de lui Ars conjectandi, publié après sa mort par son neveu Nic. Bernouilli, Bâle, 1713. trad. par Vastel, Paris, 1801, ouvragés où sont posées les bases du calcul des probabilités, et une foule de mémoires, recueillis sous le titre de Jacobi Bernoulli Opera, Genève, 1744,2 vol. in-4.

BERNOUILLI (Jean), frère du préc., et comme lui profond géomètre, né à Bâle en 1667, mort en 1748, professa les mathématiques à Groningue (1695), puis à Bâle, après la mort de Jacques (1705), et devint associé des Académies de Paris et de Londres, de Berlin et de St-Pétersbourg. Formé par son frère, il avait longtemps travaillé de concert avec lui à développer les conséquences du nouveau calcul inventé par Leibnitz ; mais il s'établit ensuite entre eux, à l'occasion de la solution de quelques problèmes, une rivalité qui dégénéra en inimitié. Jean B. eut aussi des démêlés assez vifs avec Hartzoeker sur la physique, et avec quelques savants anglais au sujet de l'accusation de plagiat intentée à Leibnitz. Il vint à Paris en 1690, et se lia avec les savants les plus distingués de l'époque, particulièrement avec L’Hôpital. Il découvrit le calcul exponentiel et fournit un grand nombre de mémoires aux Académies dont il était membre ; on les a réunis sous le titre d’Opera omnia, Lausanne, 1742, 4. vol. in-4. Il faut y joindre son Commercium philosophicum et mathematicum avec Leibnitz, 2 v. in-4, Lausanne, 1745. Il eut la gloire de former Euler.

BERNOUILLI (Daniel), 2e fils de Jean, né à Groningue en 1700, mort à Bâle en 1782, cultiva à la fois les sciences mathématiques et les sciences naturelles ; se fit recevoir médecin, puis alla enseigner les mathématiques à Pétersbourg, et revint en 1733 dans sa patrie, où il remplit une chaire d'anatomie et de botanique, puis une chaire de physique. Il fut le rival d'Euler, et remporta un si grand nombre de prix à l'Académie des sciences de Paris qu'il s'en fit une sorte de revenu. Il fut comme son père membre des Académies de Paris, de Berlin, de Londres et de St-Pétersbourg. L’Hydrodynamica (Strasbourg, 1738, in-4) est le plus important de ses ouvrages. — Un 2e Jean Bernouilli, son neveu (1744-1807), s'est distingué comme mathématicien et astronome.

BERNSTORF (Jean Ernest HARTWIG, comte de), l'un des plus grands hommes d'État du XVIIIe siècle, né à Hanovre en 1712, se fixa de bonne heure en Danemark. Après avoir été employé dans diverses ambassades, il fut placé par Frédéric V à la tête des affaires étrangères. Il assura la paix au Dane-