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BERNARD (S.) de Menthon, fondateur de l'hospice du mont St-Bernard, né en 923, au château de Menthon, près d'Annecy, en Savoie, mort en 1008, fut archidiacre d'Aoste. Témoin des dangers qu'offrait le passage des Alpes, il fit construire, en 962, sur le sommet des deux montagnes qui ont depuis conservé les noms de Grand et de Petit St-Bernard, deux hospices consacrés à recueillir les voyageurs et à rechercher les malheureux qui auraient perdu leur route ou qui seraient engloutis par les neiges, et il en confia le soin à des religieux de l'ordre de St-Augustin. Ces généreux hospitaliers se font aider dans leurs recherches par des chiens intelligents dressés à ce service. On le fête le 15 juin.

BERNARD (S.), fondateur de l'ordre des Bernardins, né en 1091, à Fontaine-lès-Dijon, d'une famille noble, mort en 1153, entra dans l'ordre de Cîteaux, réforma cette communauté dont les religieux prirent de lui le nom de Bernardins, et fut le premier abbé de Clairvaux (1115). Il se fit une telle réputation par sa piété et son éloquence, qu'il attira autour de lui une foule de novices, dont plusieurs devinrent par la suite des hommes éminents, et que les évêques, les rois et les papes le prenaient pour arbitre de leurs différends. Lorsque Innocent II et Anaclet se disputèrent la tiare (1130), on s'en remit à sa décision. Il prêcha en 1146 la 2e croisade à Vézelay; il le fit avec un tel succès que le roi Louis le Jeune et l'empereur Conrad III prirent eux-mêmes la croix. Plein de zèle pour l'orthodoxie, il combattit les erreurs d'Abélard, de Pierre de Bruys, d'Arnaud de Brescia, de Gilbert de la Porée, mais il s'opposa aux excès du moine Raoul, qui voulait qu'on massacrât tous les Juifs. S. Bernard fonda jusqu'à 72 monastères, répandus dans toutes les parties de l'Europe. Ses œuvres, écrites en latin, ont été plusieurs fois imprimées : l'édition la plus estimée est celle de Mabillon, 1690, 2 vol. in-fol., réimprimée à Paris par les frères Gaume, 1835-40, 4 vol. in-8, et à Milan, 1852, 3 vol. in-4. Elles renferment des traités théologiques, des lettres et des sermons, dont quelques-uns, notamment les harangues pour la croisade, ont été prononcés en langue romane. On le fête le 20 août. M. de Montalembert a donné l’Histoire de S. Bernard. Ses Œuvres ont été trad. par abbé Charpentier, 1867.

BERNARD, roi d'Italie, fils de Pepin et petit-fils de Charlemagne, fut placé en 812 sur le trône d'Aquitaine qu'avait occupé son père. Après la mort de Charlemagne, il eut des démêlés avec Louis le Débonnaire, son oncle, qui voulait le dépouiller au profit de son fils Lothaire, associé à l'empire, et il prit les armes contre eux; mais il fut battu et fait prisonnier, en 818. Louis eut la barbarie de lui faire arracher les yeux; Bernard mourut de ce supplice.

BERNARD, duc de Septimanie, fut investi de ce duché en 820 par Louis le Débonnaire, et jouit d'une telle faveur à la cour de ce prince qu'on l'accusa d'adultère avec l'impératrice Judith. Louis le dépouilla de son duché en 832, mais il le lui rendit l'année suivante, parce qu'il l'avait secouru contre ses fils révoltés. Ayant plus tard favorisé la rébellion de Pépin II d'Aquitaine, il fut mis à mort par Charles le Chauve (844).

BERNARD del CARPIO, héros castillan du IXe siècle, vainqueur de Roland. V. CARPIO.

BERNARD, duc de Saxe-Weimar, général célèbre, né à Weimar en 1604, fut un des principaux soutiens du parti protestant pendant la guerre de Trente ans. Il fit ses premières armes sous le roi de Bohême et se signala au combat de Wimpfen, 1622; puis servit sous Christian de Brunswick, et enfin sous Gustave-Adolphe; il chassa les Impériaux du Landgraviat de Hesse-Cassel, aida à la prise de Wurtzbourg, 1631, passa le Rhin à Oppenheim, surprit Manheim, et remporta plusieurs avantages sur Wallenstein. Il prit le commandement de l'armée après la mort de Gustave à la bataille de Lutzen, et acheva la victoire, 1632. Privé par Oxenstiern d'une moitié de l'armée et mis sous les ordres de Horn, il n'en fit pas moins capituler Ratisbonne; mais il perdit la bataille décisive de Nordlingen contre les Impériaux, 1634. Écarté par les Suédois à la suite de ce revers, il se mit au service de la France, qui était entrée dans la ligue protestante, délivra ou prit diverses villes, entre autres Mayence, opéra une admirable retraite en Lorraine, 1635, seconda les manœuvres de Condé en Bourgogne, 1636, conquit l'Alsace sur les Impériaux, les battit en 1637 à Rheinfeld, et prit Fribourg et Brisach, 1638. Il mourut au milieu de ses succès, près d'Huningue, en 1639, enlevé par la fièvre, ou, selon d'autres, par le poison.

BERNARD (Claude), dit le Pauvre Prêtre, et le Père Bernard, fils d’Étienne Bernard, avocat et magistrat distingué du temps de Henri IV, naquit à Dijon en 1588, et mourut à Paris en 1641. Après une jeunesse dissipée, il se convertit, reçut les ordres et se consacra tout entier au service des pauvres, des malades et des condamnés. Il exerça ces fonctions pénibles pendant 20 ans à l'Hôtel-Dieu de Paris, puis à la Charité, et employa en aumônes un héritage de 400 000 fr. Il fut l'émule et l'ami de S. Vincent de Paul.

BERNARD (Catherine), née à Rouen en 1662, morte à Paris en 1722, était parente de Corneille. Elle se distingua par son talent pour la poésie dramatique, obtint plusieurs couronnes à l'Académie française et à celle des Jeux-Floraux, et fut membre de l'Académie des Ricovrati de Padoue. Elle a donné au Théâtre Laodamie, 1689, Brutus, 1690, Inès de Cordoue, 1696, et a fait quelques romans.

BERNARD (Samuel), riche financier, né en 1651 à Paris, mort en 1739, âgé de 88 ans, était fils d'un artiste distingué, nommé aussi Samuel, qui fut nommé en 1655 professeur à l'Académie de peinture. Il s'enrichit dans le métier de traitant sous le ministère Chamillard, et amassa une fortune d'environ 60 millions, dont il fit, du reste, un noble usage. Deux fois il vint au secours de l'État et prêta des sommes considérables à Louis XIV et à Louis XV, qui ne dédaignèrent point de venir les lui demander en personne. Il fut fait chevalier, et il allia ses enfants aux plus nobles familles du royaume.

BERNARD (Jacq.), laborieux écrivain, né en 1658 à Nyons en Dauphiné, mort en 1708, était calviniste. Chassé de France par la révocation de l'édit de Nantes, il alla s'établir à La Haye, y fonda une école pour les lettres et la philosophie, y continua la Bibliothèque universelle de Leclerc et les Nouvelles de la République des Lettres de Bayle, travailla au Supplément de Moréri, et donna un Recueil des Traités de paix, La Haye, 1700, 4 vol. in-fol.

BERNARD (J. Fréd.), libraire et compilateur d'Amsterdam, s'établit dans cette ville en 1711 et y mourut en 1752. Oh a de lui un grand nombre de publications, dont les plus importantes sont : Recueil de Voyages au Nord, 1715-38, 10 vol. in-12, Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples, représentées par des figures dessinées par Bernard Picart, 1723-43, 9 vol. in-fol., suivies des Superstitions anciennes et modernes, 1733-36. Ce grand ouvrage a été reproduit avec quelques modifications par Banier, Paris, 1741, et réimpr. avec additions, par Prudhomme, en 13 v. in-f., 1807-1810.

BERNARD (P. Jos.), poëte connu sous le nom de Gentil Bernard, que lui donna Voltaire, né à Grenoble en 1710, mort en 1775, montra de bonne heure pour la poésie un goût que les circonstances ne lui permirent pas toujours de satisfaire. Il fut d'abord clerc de procureur, puis s'enrôla et devint secrétaire du maréchal de Coigny, qui commandait l'armée d'Italie. Il obtint après la mort du maréchal une place lucrative, et put alors suivre son goût pour la poésie et pour les plaisirs; mais ayant commis un excès dans un âge déjà avancé, il perdit tout d'un coup la mémoire (1771), et resta jusqu'à la fin de sa vie dans un état d'enfance. On