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paru qu'en français, rédigés de concert avec lui par Etienne Dumont, ministre calviniste à Genève. Ses Œuvres complètes ont été publ. à Bruxelles en 1840.

BENTHEIM, bourg du Hanovre, à 60 kil. N. O. d'Osnabrück; 1800 hab. Château fort. Cour d'appel. — Jadis ch.-l. d'un comté situé entre l'Over-Yssel et l'évêché de Munster, le long de la Vecht. Les comtes de Bentheim étaient feudataires immédiats de l'Empire. En 1421, cette maison se divisa en trois branches, Bentheim, Tecklembourg et Steinfurt. Les domaines de cette dernière branche, qui est éteinte aujourd'hui, appartiennent aux comtes de Bentheim; le comté de Tecklembourg a été acquis par la Prusse en 1706. En 1753, le comte de Bentheim fut obligé d'engager ses domaines au Hanovre. Napoléon comprit le comté dans le grand-duché de Berg (1807), puis le réunit à la France (1810). En 1815, le comté rentra dans le territoire de Hanovre, mais le Steinfurt fut donné à la Prusse. Les comtes de Bentheim ont été faits princes en 1817.

BENTINCK (William), premier comte de Portland, né en Hollande en 1648, mort en 1709, fut d'abord page de Guillaume, stathouder de Hollande, devint son ami dévoué, l'accompagna dans son expédition en Angleterre, et contribua a le mettre sur le trône. Devenu roi, Guillaume le créa comte de Portland (1689), pair d'Angleterre, l'envoya en ambassade en France (1698), et l'employa dans plusieurs négociations importantes. — BENTINCK (Will. H. CAVENDISH), duc de Portland, arrière petit-fils du précédent, né en 1738 à Oxford, mort en 1809, avait pour mère l'héritière des Cavendish. Nommé pair en 1762, il fut d'abord dans l'opposition, puis il accepta diverses charges importantes, fut gouverneur de l'Irlande, et devint en 1783 premier lord de la trésorerie et chef du ministère dit de la coalition; mais il fut renversé la même année et rentra dans l'opposition. Il se rapprocha du ministère en 1792, reçut alors les titres de chancelier de l'Université d'Oxford, de secrétaire d'État de l'intérieur, et devint en 1801 président du conseil, après la retraite de Pitt. Il donna sa démission en 1805. Il est un de ceux auxquels on a fait l'honneur des Lettres de Junius. — BENTINCK (Will. Charles CAVENDISH, lord), 2e fils du précédent, né en 1774, mort en 1839, était dès l'âge de 20 ans gouverneur de Madras. Il commanda en Sicile les troupes anglaises qui protégeaient cette île contre les armes de Napoléon, et y introduisit, malgré la reine Caroline, une constitution libérale (1810). En 1814, ayant reçu la mission de soulever l'Italie contre l'empereur, il adressa plusieurs proclamations aux Italiens, et entraîna Gênes par la promesse du rétablissement de la république; mais lord Castlereagh le désavoua, et le congrès de Vienne livra les Génois au roi de Sardaigne. Nommé en 1827 gouverneur général de l'Inde, il montra dans ces hautes fonctions, qu'il remplit jusqu'en 1833, beaucoup de talent et de désintéressement. Il combattit l'usage qui obligeait les veuves à se brûler sur le corps de leur mari. — Son fils, G. Fréd. B., 1802-1848, membre de la Chambre des communes, zélé protectioniste, combattit avec ardeur en 1845, mais sans succès, la proposition faite par Robert Peel d'autoriser la libre importation des grains. Ce lord avait la passion des courses et possédait un magnifique haras.

BENTIVOGLIO, illustre famille de Bologne, qui occupa le pouvoir souverain dans cette ville au XVe siècle, prétendait descendre d'un fils naturel de l'empereur Frédéric II. Les Bentivoglio disputèrent longtemps dans Bologne le pouvoir aux papes; ils finirent par être dépouillés en 1512. Expulsés de Bologne, ils se réfugièrent à Mantoue et à Ferrare. Plusieurs de leurs descendants se sont distingués dans les lettres et la diplomatie. Les plus connus sont :

BENTIVOGLIO (Hercule), né vers 1506 à Bologne, mort en 1573, fils d'Annibal Bentivoglio, qui régna le dernier sur Bologne. Il vécut à la cour de Ferrare et fut plusieurs fois employé dans des négociations délicates; mais il est surtout estimé comme poëte. On a de lui des comédies, des sonnets, des églogues et des satires; dans ce dernier genre, il se plaça près de l'Arioste. Ses œuvres ont été publiées à Venise, 1633, et à Paris, 1719. — BENTIVOGLIO (Gui), cardinal, historien et politique habile, né à Ferrare en 1579, mort en 1644. Il jouit de la faveur des papes Clément VIII, Paul V et Urbain VIII; fut envoyé comme nonce en Flandre (1607) et en France (1617) et plut tellement à Louis XIII que ce prince le choisit pour défendre les intérêts de la France à Rome. Il mourut au moment où il allait être nommé pape. On a de lui une Histoire de la guerre de Flandre, en italien, Cologne, 1632-1639, trad. par l'abbé Loiseau, 1769; un Recueil de lettres, Cologne, 1631, trad. par Biagioli, Paris, 1807; des Mémoires sur sa vie, publiés en 1648, et trad. en français par Vayrac, 1713. Ses œuvres ont été réunies à Milan, 1806-1807, 5 vol. in-8.

BENTLEY (Richard), savant critique anglais, né en 1661 dans le comté d'York, mort en 1742, était fils d'un artisan et fut d'abord maître d'école. Il devint ensuite chapelain de l'évêque de Worcester, bibliothécaire de St-James, maître du collége de la Trinité à Cambridge, et archidiacre d'Ely. Il était d'un caractère difficile et eut partout de vifs démêlés; sa querelle avec Ch. Boyle, qui avait contesté sa science, occupa tout le public lettré. On a de lui des Sermons, prononcés en 1692 pour la fondation de Robert Boyle (V. BOYLE); une Dissertation sur les Épîtres de Thémistocle, Socrate, Euripide, Phalaris, et sur les Fables d'Ésope, en anglais (1797) : il y prouve que ces ouvrages sont apocryphes; des Observations sur Aristophane, Ménandre et Philémon (1710); des éditions estimées d'Horace (1711 et 1728), de Térence et de Phèdre (1726), ainsi que de Manilius (1739); une édition de Milton (1732); des Remarques sur le Discours de la liberté de penser de Collins (1713), qu'il publia sous le nom de Phileleutherus lipsiensis (trad. sous le titre de Friponnerie des esprits forts, par Armand La Chapelle, 1738); enfin des Lettres fort instructives, plusieurs fois réimprimées, notamment à Londres en 1842, 2 v. in-8. On reproche à ce savant une trop grande hardiesse dans ses corrections.

BÉNUÉ ou BINUÉ, riv. d'Afrique centrale, la même que la Tchadda, un des affluents du Niger. V. TCHAD.

BENVENUTO CELLINI. V. CELLINI.

BENY-BOCAGE, ch.-l. de cant. (Calvados), à 3 k. de Vire; 303 hab.

BÉOTIE, Bœotia, contrée de l'anc. Grèce, avait pour bornes au N. la Phocide et la Locride, à l'O. l'Étolie, au S. E. l'Attique, et n'était séparée de l'Eubée, au N. E., que par un canal étroit. Thèbes en était la ville principale. La partie septent. de la Béotie est froide, âpre, montueuse et peu fertile; la partie mérid., au contraire, est riche en fruits et en vins, mais l'atmosphère y est plus lourde et plus malsaine. C'est en Béotie qu'on trouvait l'Hélicon, le Cithéron, montagnes si célèbres dans la Fable. Elle était arrosée par l'Asope, le Permesse et le Céphise, et contenait les deux lacs Copaïs et Hylice, dont le débordement, qui eut lieu vers 1862 av. J.-C., est connu sous le nom de déluge d'Ogygès. Les Béotiens furent d'abord presque tous pasteurs (de là sans doute leur nom : Boôtai, bouviers). Ils avaient dans la Grèce une réputation de stupidité que démentent les grands hommes qui sont nés parmi eux, tels qu'Hésiode, Corinne, Pindare, Épaminondas, Pélopidas, Plutarque, etc. — La Béotie eut pour premiers habitants les Aones et les Hyantes, de race pélasgique, et forma d'abord avec l'Attique une seule et même contrée ; toutes deux étaient réunies sous le nom commun d'Ogygie ou domaine d'Ogygès. Plus tard, elle eut une existence à part, lorsque vinrent s'y établir d'abord Cadmus (1580) avec des Phéniciens, puis des Minyens : il y eut alors deux villes principales en Béotie : Thèbes et Orchomène,